Sputnik
L'irrésistible montée en puissance de
l'Eurasie
Mikhail Gamandiy-Egorov
CC0
/
geralt
Mercredi 30 mai 2018
Source:
Sputnik
L’espace eurasiatique renforce son
intégration. Géopolitique, économie,
Défense, liens culturels: rien ne semble
pouvoir entraver ce processus, qui se
nourrit du renforcement de la
multipolarité. Pour la Russie, pour la
région et pour le monde, quelles
perspectives?
Alors que les
relations internationales sont à un
tournant, l'Eurasie va être de plus en
plus amenée à occuper une position
stratégique, pas seulement pour la
région qui la concerne, mais plus
généralement pour la planète tout
entière. Union eurasiatique,
Organisation de coopération de Shanghai
(OCS),
Organisation du Traité de sécurité
collective (OTSC),
Nouvelle route de la soie, les projets
dans l'espace eurasien ne manquent pas.
Une chose est certaine, les peuples
eurasiens se rassemblent. Et ce, aux
dépens des ambitions occidentales.
Faut-il rappeler
que les intellectuels russes du début du
XXe siècle, et notamment à partir des
années 1920, ont activement promu l'idée
que la Russie était culturellement et
idéologiquement plus proche des peuples
turcophones et iranophones d'Asie
centrale que de l'Occident? Avaient-ils
tort ou raison, le débat se poursuit
jusqu'à aujourd'hui. Le fait est que la
Russie actuelle, après avoir surmontée
les années de marasme des années 1990,
arrive bien plus facilement à trouver
des intérêts communs au plus haut niveau
avec la Chine, l'Iran et la Turquie
qu'avec les pays d'Europe dite
bruxelloise. C'est un fait.
Cela sans même
parler des liens étroits
historico-culturels entre la Russie et
les pays d'Asie centrale d'ex-URSS, qui
font partie aussi bien de la Communauté
des États indépendants (CEI) que de
l'Organisation de coopération de
Shanghai (OCS) et pour certains
également de l'Union économique
eurasiatique. Tout cela sont des choses
qui ne s'effacent pas.
Les libéraux russes
des années 1990 avaient beau faire
miroiter l'intégration européenne et
pro-occidentale à la Russie, au final,
on revient aux sources. Et qu'on se le
dise très clairement: l'avenir de la
Russie se trouve bel et bien en Eurasie.
La vraie. Évidemment, on peut toujours
penser aux idées gaullistes d'une
«Grande Europe» allant de Lisbonne à
Vladivostok, le fait est que cela
représente une utopie pure et simple sur
le moyen et même le long terme. L'Europe
dans sa version bruxelloise reste
tellement assujettie aux intérêts de
Washington que les «belles» déclarations
des Merkel, Macron & Co. n'y changeront
rien.
L'Eurasie, elle,
continuera naturellement son chemin,
comme l'avaient voulu et souhaité les
intellectuels Troubetskoï, Savitsky,
Alexeïev et d'autres qui les
soutenaient. Elle collaborera avec les
autres grands ensembles du monde
multipolaire que sont l'Afrique,
l'Amérique latine et le monde arabe,
entre autres. L'Occident n'impressionne
plus grand monde. D'ailleurs ce fut
vraiment amusant que d'observer les
délégations occidentales venues
récemment en masse au Forum économique
international de Saint-Pétersbourg pour
parler de collaboration
économico-commerciale avec la Russie,
tout en maintenant des sanctions contre
cette même Russie.
Évidemment, la
vaste diversification de ses relations
extérieures entreprise par la Russie
fait peur. Les Occidentaux craignent
réellement de perdre leurs parts de
marché, tout en devant désormais faire
face à l'offensive russe dans les
régions que les élites occidentales
considéraient jusqu'à maintenant comme
étant leur «pré carré». Eh bien oui, la
vieille approche, c'est fini. Le grand
marché russe est ouvert à tous. Aux
exportateurs asiatiques, africains,
latino-américains —et pas moins qu'aux
Européens.
D'autre part si les
Occidentaux pensaient qu'en venant
soutenir un coup d'État armé et
anticonstitutionnel à Kiev —la mère des
villes russes- la Russie resterait les
bras croisés, en continuant à croire aux
illusions de relations honnêtes avec
cette même Europe, c'était vraiment
sous-estimer Moscou.
Tout cela, c'est
désormais fini. La Russie ira partout où
elle sera la bienvenue —et ces endroits
ne manquent pas aux quatre coins du
monde, dans le cadre des intérêts
mutuels qu'elle entretient avec ses
partenaires. Quant à l'Eurasie, elle
représente indéniablement l'une des
principales priorités de Moscou. Et dans
cette prolongation du concept eurasien,
il n'y a pas de place pour les
retardataires européens.
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Publié le 30 mai 2018 avec l'aimable autorisation de l'auteur.
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