Sputnik
Le monde arabe se convertit à la
multipolarité
Mikhail Gamandiy-Egorov
© REUTERS/
Omar Sanadik
Vendredi 29 août 2017
Source:
Sputnik
Alors que la Syrie est en passe
d’éradiquer la menace terroriste qui
menaçait le pouvoir légal et l’intégrité
territoriale du pays depuis plusieurs
années, des changements évidents
s’opèrent dans la région.
Les succès des alliés de la Syrie,
notamment de la Russie, replacent
celle-ci au centre du jeu
moyen-oriental, au plus grand bénéfice
de la multipolarité.
L'armée
gouvernementale syrienne, appuyée par la
Russie, poursuit à rythme élevé son
offensive contre la secte Daech,
toujours plus à l'est du territoire
national, avec l'objectif clairement
annoncé: libérer complètement la ville
de Deir ez-Zor et la province éponyme.
Conséquence de ces offensives: la Syrie
retrouve progressivement la paix et la
stabilité. Le travail n'est pas encore
terminé, comme l'a récemment rappelé le
président al-Assad, s'exprimant devant
les cadres diplomatiques syriens. Même
vaincu, le terrorisme compte poursuivre
ses actes à travers des cellules
dormantes. C'est un défi global auquel
il faut être prêt et prendre les mesures
nécessaires, en coordination avec les
pays alliés. Une chose est néanmoins
certaine: la Syrie n'est pas tombée et
ne tombera pas. C'est le résultat direct
de la résistance du peuple syrien aussi
bien face au terrorisme qu'au
néocolonialisme qui voulait abattre la
souveraineté de cette ancienne nation.
Les alliés de la
Syrie ont évidemment joué aussi un rôle
de premier plan dans cette reconquête du
territoire national face au terrorisme
international. Ces alliés sont connus:
Russie, Iran, Hezbollah libanais. Chose
surprenante et passée sous silence par
les médias mainstream: c'est seulement
en deux ans d'intervention de la Russie
en Syrie, à la demande du gouvernement
syrien, que Daech a commencé à très
sérieusement reculer, au point d'être
aujourd'hui tout simplement acculé de
tous côtés.
Alors comment se
fait-il que durant la campagne de la
large «coalition» US, qui agit depuis
2014 sans le consentement du
gouvernement syrien, Daech n'ait fait
qu'avancer et jamais reculer? Comment se
fait-il qu'en ayant un nombre de
matériels (notamment d'avions de combat)
beaucoup plus important que la Russie,
que la prétendue coalition ait réalisé
plusieurs fois moins de frappes contre
les terroristes de Daech que les forces
aérospatiales russes?
Les médias
occidentaux et consorts se gardent bien
de poser ces questions embarrassantes,
encore moins d'y répondre. Chacun a déjà
ou se fera sa propre opinion.
D'ailleurs, leur relatif silence en ce
qui concerne les tout derniers succès de
l'armée syrienne et de ses alliés face à
Daech sont eux aussi fort révélateurs.
Observez simplement le fil d'actualité
sur la Syrie sur Google pour vous en
convaincre, même si certains médias
centraux préfèrent avouer malgré eux la
vérité, au risque de se ridiculiser.
En tout cas, cette
réalité pousse déjà plusieurs pays de la
région à réévaluer leur positionnement
en matière de politique internationale.
Ainsi, la Russie, «isolée» selon les
termes pas si lointains de
l'administration Obama, accueille
pratiquement toutes les semaines des
représentants d'un grand nombre de pays
venant chercher le soutien, ou du moins
le renforcement de ses relations avec
Moscou.
Après le maréchal
libyen Khalifa Haftar, venu chercher le
soutien militaire de la Russie, les
représentants d'autres pays arabes, y
compris «traditionnellement» plus
proches de l'Occident, s'activent pour
se rapprocher de Moscou, notamment dans
le domaine de la Défense. À ce titre, le
Qatar projette d'acheter des
technologies russes de systèmes de DCA,
les Émirats arabes unis mènent des
négociations en vue d'acquérir sous peu
plusieurs dizaines de chasseurs russes
Su-35 dernier cri. Enfin, le ministre
libanais de la Défense, en visite
récente à Moscou, n'a pas mâché ses mots
en affirmant que «le Liban compte sur
l'aide de la Russie dans la lutte
antiterroriste».
Quant aux
partenaires traditionnels de la Russie,
comme l'Algérie, dont le partenariat
date de plusieurs dizaines d'années, le
niveau des relations est non seulement
maintenu, mais prend de plus en plus
d'ampleur. Les relations
russo-égyptiennes s'intensifient
également dans différents domaines.
Quant au Maroc, qui diversifie
actuellement largement ses relations
extérieures, il ne cache pas que la
Russie figure parmi ses principales
priorités. Le gouvernement palestinien,
quant à lui, souhaite une participation
beaucoup plus importante de la Russie
dans la résolution du conflit
israélo-palestinien, aux dépens du
«rôle» étasunien.
On voit que la
campagne militaire russe en Syrie a
confirmé plusieurs choses. La Russie en
ce XXIe siècle n'a absolument plus rien
à avoir avec celle ayant succédé dans la
dizaine d'années de la chute de l'URSS.
Absolument rien.
L'armement et les
spécialistes russes ont démontré toute
leur efficacité, y compris dans des
conditions extrêmes, ce que mettaient en
doute depuis tellement d'années les
«experts» occidentaux autoproclamés.
Mais la Russie a
aussi prouvé que lorsqu'elle combat le
terrorisme, elle le fait sans
arrière-pensée, à l'inverse de certains
pays qui prétendent combattre ce même
terrorisme tout en le promouvant de par
leurs interventions purement
néocoloniales et en l'utilisant lorsque
cela arrange leurs objectifs
géopolitiques et géoéconomiques.
Enfin, la Russie a
confirmé une fois de plus son respect de
la souveraineté des États et du droit
international. Et même certains pays,
qui au départ jouaient le jeu des
terroristes en cherchant la chute du
gouvernement légitime de Syrie, sont
arrivés progressivement à la conclusion
qu'il était préférable de travailler
avec des partenaires qui respectaient
leur souveraineté, qu'avec ceux qui les
feraient chuter lorsque cela serait
«nécessaire» à leurs intérêts ou à leurs
appétits.
Il en est ainsi du
Moyen-Orient, devenu pratiquement
l'arrière-cour des USA après les
interventions du début des années 2000
de l'administration Bush Jr.: la
révolution non seulement arrive à grands
pas, mais a déjà commencé. Une grande
partie du monde arabe voit en la Russie
et dans le concept multipolaire la
solution à de nombreux problèmes
auxquels elle fait face, qu'ils soient
liés aux questions sécuritaires ou au
problème d'interférence d'acteurs
extrarégionaux dans les affaires
intérieures. Toutes ces raisons font que
le monde arabe et la Russie retrouvent
un niveau de relations tout aussi
important qu'à l'époque soviétique,
voire le dépassant sur certains aspects.
Et si en plus du
monde arabe, on garde en tête que des
pays comme l'Iran ou la Turquie, acteurs
de premier plan du monde musulman, se
trouvent eux-aussi dans un partenariat
stratégique avec la Russie, on comprend
à quel point la multipolarité prend de
l'ampleur.
Un concept dont le succès s'opère aux
dépens de ceux qui s'obstinent à
promouvoir le concept unipolaire,
définitivement révolu- qu'ils le
veuillent ou non.
© 2017 Sputnik
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Publié le 2 septembre 2017 avec l'aimable autorisation de l'auteur.
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