Russie
Depuis son retour en Russie,
la Crimée se porte de mieux en mieux
Mikhaïl Gamandiy-Egorov
© Photo :
RIA Novosti/Konstantin Chalabov
Vendredi 27 juin 2014
On se souvient tous de ce jour.
Le jour où justice historique fut faite
: celui du 16 mars 2014. Les habitants
de la Crimée avaient alors dans
l’écrasante majorité fait le choix de
retourner au sein de la Russie et
quitter définitivement l’Etat ukrainien.
On se souvient également de
l’énorme enthousiasme qu’a suscité ce
choix au sein de la population criméenne.
De même que dans le reste de la Russie.
Larmes de joie chez les jeunes et les
moins jeunes. Et surtout beaucoup
d’espoir quant à l’avenir. Justement,
qu’en est-il aujourd’hui ? Quels sont
les sentiments régnant au sein des
Criméens, puisque c’est bien de leur vie
qu’il s’agit.
Eh bien, la Crimée, région
ayant toujours possédé d’énormes
opportunités (tourisme, agriculture et
industrie vinicole notamment, sans
parler de sa position stratégique en Mer
Noire,…), était pourtant laissée à
l’abandon par les différents pouvoirs
ukrainiens, étant même devenue une
région largement dépendante en terme de
subventions de l’Etat central ukrainien.
Pourtant rien d’étonnant : la Crimée n’a
jamais inspiré confiance aux leaders
ukrainiens qui ont toujours vu en elle
le foyer des sentiments pro-russes.
Et lorsqu’il était devenu
tout simplement impossible pour les
habitants de la péninsule de rester au
sein dudit Etat ukrainien, compte tenu
des événements dans l’Ouest de l’Ukraine
et à Kiev, ils ont pris leur avenir en
main et ont choisi la voie du retour au
sein de la Russie, qu’ils ont toujours
considéré comme étant leur Mère-Patrie.
À rappeler qu’au moment même de
l’éclatement de l’URSS, les Criméens
avaient déjà demandé à rejoindre la
Fédération de Russie, demande restée
sans réponse de la part du premier
pouvoir de la nouvelle Russie de
l’époque…
Aujourd’hui, après plus de
trois mois qui ont suivi le ralliement à
la Russie et en discutant avec les
différents représentants de la Crimée,
on s’aperçoit que l’enthousiasme n’a
guère baissé. Bien au contraire. Un ami
entrepreneur (ethniquement Ukrainien) me
disait l’autre fois que depuis le
ralliement à la Russie (pour lequel il a
voté) et mis à part l’aspect de justice
historique, les opportunités d’affaires
sont devenues beaucoup plus
intéressantes et surtout bien plus
organisées, et ce malgré les nouvelles
règles auxquelles il a fallu se
conformer compte tenu du fait d’être
désormais sous la juridiction d’un
nouvel Etat.
Les Tatars de Crimée, ayant
été la communauté qui était plus ou
moins divisée sur la question du
ralliement, eux, affirment être
aujourd’hui rassurés et ne regrettent
pas d’avoir choisi en majorité eux aussi
le choix de rejoindre la Russie. Leur
langue est désormais l’une des langues
officielles de la Crimée. D’autre part,
le président Poutine a comme il avait
promis, signé le décret de
réhabilitation des Tatars de Crimée, qui
comme plusieurs autres peuples avaient
été victimes de répressions des années
1930. Rien de cela n’avait été fait sous
le pouvoir de Kiev.
Qu’en est-il économiquement
parlant ? L’un des points à souligner
dans cette question (cruciale) est la
mise à niveau des salaires et retraites
de la presqu’île au niveau moyen russe,
soit une augmentation de plus de 2-3
fois selon les cas. L’autre aspect est
de transformer la Crimée d’une région
totalement dépendante (comme c’était le
cas sous la domination de Kiev) en une
région économiquement autonome et
efficace, et compte tenu des atouts que
possède la péninsule, les premiers
résultats font ravir plus d’un.
Dans le domaine
touristique, la Crimée qui a toujours
attiré de nombreux touristes russes, en
attirera aujourd’hui vraisemblablement
un nombre bien plus conséquent, y
compris pour des raisons patriotiques,
bon nombre de citoyens russes
privilégiant désormais les vacances à
l’intérieur du pays et y voyant comme
une sorte de réponse à la rhétorique des
« sanctions » occidentales. Il est bien
connu que les touristes russes sont
parmi les plus dépensiers, et ce aux
quatre coins du monde, mais lorsque
certains pays menacent (tout en étant
très dépendants des touristes russes),
ces derniers répondent par un tourisme
patriotique. Par ailleurs, grand nombre
de foyers russes envoient aujourd’hui
leurs enfants passer les vacances en
Crimée, un peu comme à l’époque
soviétique lorsque la péninsule était le
principal centre balnéaire pour les
enfants du pays.
La Crimée attire également
grand nombre d’investisseurs,
principalement russes mais pas
seulement. Lors de la dernière visite de
Vladimir Poutine en Chine, plusieurs
hommes d’affaires et investisseurs
chinois ont exprimé un vif intérêt pour
différents projets en Crimée. Et mis à
part nos amis chinois, de plus en plus
d’investisseurs occidentaux et notamment
européens s’intéressent activement eux
aussi à la péninsule, et ce malgré les «
positions » de leurs gouvernements.
Beaucoup d’entre eux vont en Crimée et
discutent des opportunités sur place.
A rappeler que la Russie
investira près de 4 milliards d’euros
par an dans le développement de la
Crimée : le coup de pouce nécessaire
pour les débuts. Une bonne partie de ces
investissements iront dans
l’infrastructure (complètement négligée
sous le pouvoir ukrainien). L’Etat russe
sera pour le moment le principal
investisseur mais de plus en plus
d’investisseurs privés participeront au
fur et à mesure. En ce qui concerne le
secteur de l’agriculture et malgré les
tentatives de la part de Kiev de faire
saboter les récoltes, notamment en
coupant massivement l’eau à la
presqu’île, au final les résultats sont
loin d’être négatifs. Au contraire, les
professionnels du domaine ne cachent pas
leur optimisme.
Tout cela pour dire que la
Crimée est désormais partie intégrante
de la Fédération de Russie, non pas
seulement juridiquement, mais bien
économiquement, bien que beaucoup encore
reste à faire. Le principal étant que
dans le cœur des Criméens, la Russie et
la Crimée sont désormais indivisibles.
Et cela n’a pas de prix.
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