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Pourquoi Israël ne peut pas être un
partenaire
de confiance de la Russie?
Mikhail Gamandiy-Egorov
© AP
Photo/ Menahem Kahana
Jeudi 24 août 2017
Source:
Sputnik
Nouvelle visite de Netanyahu en Russie
est une nouvelle tentative de convaincre
le leadership russe de changer de cap
géopolitique. Pourquoi probablement en
vain ?
Avant de rentrer
dans les détails des cartes
contemporaines, il est essentielde
rappeler brièvement l'historique des
relations entre l'URSS et l'État
sioniste. Le principal à retenir étant
que depuis l'apparition de l'État
d'Israël et dans le contexte de la
Guerre froide, les relations
diplomatiques entre l'État sioniste et
l'URSS se remarquaient surtout par leur
absence. L'opposition était nette: les
USA soutenant Israël (qui est encore
leur principal allié à ce jour dans la
région et l'un des principaux en
général), l'URSS ayant au contraire
toujours soutenu la cause des pays
arabes opposés à Israël.
Mais les tensions
existantes ne se limitaient pas à
l'absence des relations diplomatiques.
Il est en effet important de rappeler
que plusieurs attaques visant des
représentations soviétiques à différents
endroits du monde et imputées aux
extrémistes radicaux sionistes ont eu
lieu durant cette période. Les relations
diplomatiques n'ont été officiellement
rétablies qu'à l'éclatement de l'Union
soviétique, avec l'arrivée dans la
Russie post-soviétique d'une équipe
dirigeante ouvertement libérale et
orientée vers l'Occident. Depuis lors
tout semblait aller bien dans ces
relations bilatérales mais qu'en
était-il vraiment? Et surtout qu'en
est-il aujourd'hui?
Si la Russie tente
de garder un maximum de contacts avec
les citoyens israéliens russophones,
c'est effectivement dans le cadre du
concept de « Monde russe » visant à
garder un maximum de liens avec les
personnes parlant la langue russe où
qu'ils soient, tout en assurant la
promotion de la langue et de la culture
russes dans divers endroits du monde.
Mais politiquement parlant, les
relations russo-israéliennes
étaient-elles si « appaisées »,
notamment à partir des années 2000 —
période à partir de laquelle la Russie
commence, progressivement, à récupérer
la place qui lui revient dans l'arène
internationale? Pas vraiment. Ne
serait-ce que pour la raison que la
Russie continue d'insister sur la
création d'un État palestinien en bonne
et due forme, avec Jérusalem-Est pour
capitale. Et les nombreux votes à ce
sujet au niveau de l'Organisation des
Nations Unies, comme les nombreux
rappels de la diplomatie russe à ce
sujet ne font que le confirmer. Et même
les représentants du lobby pro-israélien
basés à Moscou n'ont pas réussi à faire
abandonner à la Russie cette position
que ce soit au niveau politique ou
diplomatique.
Tout s'accélère
avec la crise en Syrie, la République
arabe syrienne étant un allié de Moscou
depuis des dizaines d'années. C'est dans
le cadre de cette alliance que la Russie
intervient militairement en Syrie à la
demande officielle du gouvernement
légitime de Damas afin de l'aider à
lutter contre les groupes terroristes
présents sur son territoire. Israël, de
son côté, faisait partie dès le départ
de ce conflit de la «coalition» de pays
souhaitant faire tomber le président al-Assad
(ennemi de longue date de Tel-Aviv),
mais aussi faire perdurer le chaos
autant que possible. Sachant d'autant
plus que la République syrienne a le
soutien (en plus de celui de la Russie)
de l'Iran et du Hezbollah libanais —
ennemis jurés de l'État sioniste.
Pour cela, Israël
ne s'est pas seulement limité à une
rhétorique hostile à Damas et à un
soutien verbal aux terroristes: il l'a
confirmé par les faits. En effet, des
représentants de plusieurs groupes
terroristes ont reçu des soins dans des
hôpitaux israéliens, tandis que des
armements et des moyens de transport de
production israélienne ont été retrouvés
au sein de plusieurs groupes
terroristes. Enfin, et cela est le
comble: l'aviation israélienne a
effectué plusieurs frappes en territoire
syrien, visant les forces
gouvernementales sans jamais (!)
s'attaquer à un quelconque groupe
terroriste, Daech ou Al-Qaida compris.
Évidemment, ces actions ont fait
apparaitre au grand jour les tensions
existantes entre Moscou et Tel-Aviv.
Et là encore ce
n'est pas tout. Alors qu'Israël reste
l'allié par excellence de Washington au
Proche et au Moyen-Orient (dépassant par
la même occasion l'Arabie Saoudite), un
rapprochement évident a été observé
entre Téhéran et Moscou. Aussi bien en
raison d'une vision de facto similaire
en ce qui concerne la lutte
antiterroriste en Syrie, mais également
d'une convergence de points de vue sur
plusieurs dossiers régionaux et
internationaux. À ce titre, il ne faut
pas oublier qu'au-delà de la lutte armée
fructueuse contre le terrorisme en terre
syrienne, les deux pays jouent (avec la
Turquie) un rôle clé dans l'espace
diplomatique en charge de résoudre une
bonne fois pour toute la crise syrienne
dans le cadre des pourparlers d'Astana.
D'ailleurs, là aussi les résultats sont
plus qu'encourageants.
Tout cela ne plait
pas à Israël, qui ne cache pas son
opposition à l'accord de cessez-le-feu
en Syrie (qui ne concerne évidemment pas
Daech, Al-Qaida et affiliés), ce qui
revient à dire que Tel-Aviv souhaite
tout simplement la poursuite du bain de
sang en territoire syrien. Évidemment,
sa peur est motivée par plusieurs
facteurs: l'alliance russo-iranienne, le
renforcement de l'État syrien qui aura
lieu après la victoire totale sur les
groupes terroristes et la relance de
l'économie (avec le soutien des alliés
de la Syrie). Mais aussi par le fait que
désormais il y aura face à l'État
sioniste un Hezbollah encore plus
expérimenté et renforcé par l'expérience
unique des combats acquise grâce à la
lutte contre les terroristes en
territoire syrien (d'autant que la
douloureuse expérience de 2006 n'est
toujours pas oubliée du côté des
responsables à Tel-Aviv).
Plus récemment, un
autre dossier a ravivé les tensions
russo-israéliennes. L'ambassadeur
israélien en Russie, Gary Koren, a été
convoqué par le ministère russe des
Affaires étrangères, suite à la décision
de la Pologne de ne pas autoriser la
Russie à participer à la construction
d'un musée et d'un lieu commémoratif
pour les victimes du camp
d'extermination de Sobibor. Décision
qu'Israël a soutenu. Voici sur ce sujet
le commentaire de Maria Zakharova, la
porte-parole du ministère russe des
Affaires étrangères: « À titre
personnel, je refuse d'accepter la
position d'Israël. La décision des
autorités israéliennes est inacceptable
et cynique. Cette position est à la
limite d'une trahison historique ».
Trahison historique en effet lorsqu'on
connait les sacrifices de l'armée rouge
et du peuple soviétique pour anéantir la
peste brune nazie. Et lorsqu'on sait ce
qui aurait pu advenir du peuple juif
sans les sacrifices consentis par
l'URSS.
Plusieurs choses
sont certaines: Israël reste l'un des
principaux alliés des États-Unis — dont
la Russie reste un adversaire
indiscutable et de premier plan. En
outre, il est fermement opposé à l'ère
multipolaire qui s'ouvre et dans
laquelle il voit clairement un danger
pour lui (création tant attendue de
l'État de Palestine, évolution des
alliances et des réalités régionales).
Tout cela pour dire que Netanyahou peut
faire autant de visites en Russie qu'il
le souhaite, Moscou sait ce qu'il a à
faire. Les changements au niveau
international ne sauront être stoppés,
Tel-Aviv doit en prendre bonne note.
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Tous droits réservés.
Publié le 26 août 2017 avec l'aimable autorisation de l'auteur.
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