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« Du panafricanisme théorique au
panafricanisme pratique ». Entretien
avec Thierry Mbepgue
Mikhail Gamandiy-Egorov
© Sputnik
Mardi 21 juin 2016
Source:
Sputnik
Thierry Mbepgue est
un activiste patriote et souverainiste
camerounais.
Il est en outre
président fondateur du Mouvement
Africain pour la Libération du Continent
(MALCON), secrétaire général adjoint du
Réseau Mondial des Défenseurs de la
Cause Africaine (RMDCA), ainsi que le
fondateur du projet UNIRTA, destiné à
rassembler les différents mouvements
panafricains, aussi bien en Afrique
qu'au-delà, dont le lancement officiel
est prévu le 27 août prochain à
Douala, la capitale économique du
Cameroun.
Sputnik France:
Bonjour. Le lancement désormais official
de votre projet panafricain UNIRTA est
prévu pour le mois d'août à Douala. Il
est à penser que beaucoup de choses ont
évalué depuis notamment notre dernier
entretien. Racontez-nous.
Thierry Mbepgue:
Bonjour. Oui justement le lancement
officiel du projet UNIRTA est prévu pour
le 27 août 2016 à l'hôtel la Renardière
de Douala. Comme vous pouvez le
constater, tellement de choses ont
évolué dans la mesure où nous avons
jusqu'ici malgré les innombrables
difficultés rencontrées réussi à
installer plusieurs coordinations
nationales dans plusieurs pays africains
et étrangers. Les Africains
s'intéressent de plus en plus au projet
parce qu'ils ont compris son bien fondé,
les objectifs qu'on veut atteindre à
travers lui et surtout le but qu'il
vise.
Sputnik France:
Parmi les intervenants qui selon votre
annonce prendront part au lancement
officiel du mouvement, on trouve des
représentants et activistes panafricains
de différents pays d'Afrique mais
également issus de la diaspora d'Europe,
d'Amérique du Nord et des Caraïbes. Cela
signifie-t-il que les idées du
panafricanisme se renforcent au sein de
la diaspora africaine?
Thierry Mbepgue:
Les idées du panafricanisme ont toujours
existé au sein de la diaspora africaine.
Nos frères de la diaspora n'attendaient
qu'une plate forme comme UNIRTA pouvant
leur permettre de s'exprimer ou de
véhiculer leurs idéaux dans leur zone
géographique respective. Le
panafricanisme prône l'union sacrée des
Africains, on ne peut pas le vivre tant
qu'on reste divisé, voila pourquoi
plusieurs intervenants viendront de
l'étranger parmi lesquels les
coordonnateurs nationaux, les
représentants de partis politiques aux
idéaux panafricanistes, les
panafricanistes, les nationalistes, les
activistes panafricains de différents
pays d'Afrique et de la diaspora pour
montrer qu'il est temps de passer du
panafricanisme théorique au
panafricanisme pratique.
Sputnik France:
En parlant d'Amérique du Nord. Nous
avions tous suivi les nombreuses
violences policières à caractère raciste
envers les représentants
afro-américains, avec pas mal de fois un
résultat létal pour les victimes. Quelle
position adoptez-vous vis-à-vis de ces
violences qui touchent des représentants
US aux origines africaines? Est-ce qu'un
contact est déjà pris en ce sens entre
les représentants panafricains et
certaines organisations
afro-américaines? Une coordination
aura-t-elle lieu?
Thierry Mbepgue:
Je suis triste à chaque fois qu'un noir
est victime d'acte de racisme aux USA.
Je me dis toujours qu'on peut bien
éviter dorénavant cela en montrant par
des actes fermes aux coupables de ces
violences que nous ne sommes pas
faibles. Et pour cela, nous devons nous
mettre ensemble pour devenir forts. Si
tous les Noirs du monde, surtout les
Africains se mobilisent instantanément
dans tous les pays où une coordination
UNIRTA est installée pour crier leurs
indignations face à l'assassinat de leur
frères aux USA par un policier blanc, je
pense que cela emmènerai les autorités
étasuniennes et surtout la communauté
internationale à prendre des mesures
strictes pour y mettre un terme.
Je suis entrain de
nouer des contacts avec des
organisations afro-américaines et
bientôt j'irai en personne pour
mobiliser comme je l'ai fais dans
plusieurs pays africains. Ainsi une
coordination sera mise sur pied.
Sputnik France
: Revenons à l'Afrique. L'un des
buts annoncés de votre mouvement est de
combattre le néocolonialisme et de
défendre la souveraineté des Etats
africains. Par quels moyens
comptez-vous-y arriver?
Thierry Mbepgue:
Par tous les moyens conventionnels
possibles. Je ne peux pas tout dévoiler
ici car une stratégie dévoilée n'en
demeure plus une, nous sommes dans une
guerre. Tout ce que je peux vous dire
est qu'UNIRTA sera le pire cauchemar des
néocolonialistes. Nous allons défendre
par tous les moyens la souveraineté des
Etats africains. Nous avons plusieurs
réseaux dont je vais vous dévoiler
quelques uns:
1-Le réseau des
médias, blogueurs, activistes et cyber
activistes acquis à la cause: il est ici
question de réunir tous les médias
panafricains acquis à la cause de telle
sorte que nos informations soient
diffusées facilement et rapidement à
travers le monde. Nous pouvons
dorénavant salir un néocolonialiste
présenté comme un saint par les médias
occidentaux et laver un panafricaniste
ou souverainiste salit par les mêmes
médias impérialistes occidentaux. C'est
ainsi qu'on a réussi à rendre propre
l'image de Gbagbo qui était présenté par
les médias occidentaux comme étant un
grand criminel.
2-Le réseau des
universités: pour une injustice vécu par
un étudiant dans une université
d'Afrique ou en Europe, nous pouvons
déclencher instantanément des
manifestations de protestations
pacifiques dans tous les pays où nous
sommes représentés pour attirer
l'attention des dirigeants et afin que
l'injustice soit réparée. Je prends un
exemple bien récent: pour le cas du
jeune étudiant handicapé qui s'était
fait renversé par un cargo de police
ivoirienne avant de prendre la fuite,
toutes les universités membres de ce
réseau de l'UNIRTA ont compati et marqué
leur indignation, et cela a eu plus
d'effets et d'échos.
3-Réseau des
mouvements et partis politiques: je ne
dévoilerai pas pour l'instant comment
fonctionne ce réseau.
4-La fraternité
En tout cas et
désormais, nous pouvons contrarier nos
adversaires.
Sputnik France:
On entend parfois des appels demandant
une « intervention armée » directe de
pays comme la Russie ou la Chine pour
libérer totalement l'Afrique de
l'interventionnisme occidental. Mais
n'est-ce pas aux Africains de se
mobiliser en premier lieu s'ils
souhaitent passer à autre chose? Que
pensez-vous là-dessus?
Thierry Mbepgue
: J'avais déjà dit ici que le moment
était propice pour les Africains de
prendre enfin leur indépendances, il
leur suffit de regarder du bon côté.
Pour moi, le bon côté est celui de ceux
qui combattent la même force qui
maintient l'Afrique esclave depuis des
décennies, le côté de la Russie et les
BRICS en général. L'Afrique a besoin de
la protection russe, chinoise pour
s'affirmer sans être inquiétée. Tant que
les quelques rares dirigeants africains
qui ont manifesté jusqu'ici le désir de
s'affranchir n'obtiendront pas la
garantie sécuritaire de la Russie, ils
ne parviendront pas à aller jusqu'au
bout de leur ambition. Que le cas de la
Syrie sert de leçon aux Africains. Il ne
faudrait pas non plus oublier que c'est
bien l'ex URSS qui a aidé beaucoup de
pays à se libérer du joug occidental,
pourquoi la Russie ne ferait-elle pas la
même chose aujourd'hui?
Sputnik France
: En parlant d'Occident et notamment
de ses élites, vous et vos camarades
panafricanistes allez-vous suivre les
prochaines élections présidentielles aux
USA de cette année et de France l'année
prochaine? Des préférences à transmettre
ou la politique occidentale restera la
même?
Thierry Mbepgue:
Pour nous, ils sont tous les mêmes,
bonnet blanc, blanc bonnet. Nous les
Africains devrons plutôt travailler dans
le sens de mettre sur pied une force
pouvant contrecarrer celle d'en face.
L'ennemi idéologique c'est justement la
politique occidentale en Afrique.
Sputnik France:
Justement les élites occidentales ont
repris la déstabilisation active des
pays de l'alliance BRICS (le Brésil
récemment, l'Afrique du Sud est
également visée de l'aveu même de
plusieurs hauts cadres du parti au
pouvoir l'ANC) et de leurs alliés,
notamment en Amérique latine (Venezuela)
ou en Afrique (Zimbabwe, Burundi,…).
Quel apport les mouvements panafricains
comme le vôtre peuvent-ils apporter pour
contrer ces tentatives?
Thierry Mbepgue:
Il faut conscientiser les populations,
les sensibiliser sur le danger qui plane
sur les pays, il faut pouvoir dénoncer
le complot qui pèse sur les Etats et le
chaos qui s'en suivrait si les
populations suivaient les
déstabilisateurs. Et lorsqu'un pays est
déstabilisé, nous pouvons empêcher le
factotum de diriger par des actions
comme la désobéissance civile, la
paralysie économique, qui sont très
efficaces dans un tel cas de figure.
© 2016 Sputnik
Tous droits réservés.
Publié le 22 juin 2016 avec l'aimable
autorisation de l'auteur
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