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En quoi la coopération
russo-algérienne
est-elle stratégique ?
Mikhail Gamandiy-Egorov
© Sputnik.
Dmitry Astahov
Samedi 20 janvier 2018
Source:
Sputnik
Coopération datant de plusieurs dizaines
d’années, les deux pays convergent
aujourd’hui dans nombre de domaines.
Défense, commerce, géopolitique,
lutte-antiterroriste… les intérêts
communs de la Russie et de l’Algérie
sont loin de manquer.
Au-delà d'une
alliance qui dure, il y a aussi des
faits qui confirment une certaine
ressemblance entre les deux nations. Une
chose est certaine: le plus grand pays
du monde et le plus grand d'Afrique
en termes de superficie n'ont jamais
lésiné sur les moyens lorsqu'il
s'agissait de défendre la souveraineté
et la sécurité nationale. Grande Guerre
patriotique pour la Russie face aux
nazis: avec les plus lourds sacrifices
au niveau mondial, civils comme
militaires. L'Algérie,
elle, aura sa longue guerre
d'indépendance, acquise au prix
d'innombrables victimes.
Puis les fameuses
années 1990, chaotiques pour les deux
pays. Éclatement de l'URSS,
appauvrissement d'une large partie de la
population, extrémisme et terrorisme,
une grande partie du peuple russe se
souvient de cette période avec joie de
l'avoir surmontée. Guerre contre le
terrorisme salafiste à la même période
pour l'Algérie, qui a une fois de plus
dû compter les martyrs et faire de son
mieux pour surmonter cette page terrible
de son histoire contemporaine.
Mais les deux
nations se sont relevées. Loin de dire
que les défis ne manquent pas, le fait
est qu'il est aujourd'hui admis que les
deux pays sont en position de force:
l'Algérie sur la scène régionale et
continentale, la Russie sur la scène
mondiale. Les soutiens à la souveraineté
nationale des États et au concept
multipolaire de la gestion du monde sont
également des aspects qui rapprochent
considérablement Alger et Moscou.
S'il fallait
décrire en un mot la politique
internationale algérienne, elle se
résumerait certainement par le suivant:
indépendance. En effet, la République
algérienne se démarque très clairement
de plusieurs pays arabes de par son
indépendance de l'influence politique
occidentale. Et cela se traduit sur
plusieurs dossiers. Faut-il d'ailleurs
le rappeler, l'Algérie a été l'un des
rares pays arabes à avoir adopté une
position responsable face à la guerre
qui a été orchestrée par l'Otan alliée
des salafistes locaux contre la
Jamahiriya de Kadhafi. En allant même
jusqu'à accorder l'asile à plusieurs
membres de la famille Kadhafi et en
refusant catégoriquement leur
extradition aux nouvelles «autorités»
libyennes.
Autre exemple: le
refus d'Alger de classer, à la demande
insistante de l'Arabie saoudite, le
mouvement libanais Hezbollah comme
terroriste, en appelant à respecter les
affaires intérieures libanaises. Tout
comme le refus de se positionner contre
l'Iran, toujours sous pression de Riyad.
Enfin, sur la Syrie, les autorités
algériennes se sont également
positionnées dès le départ de la guerre
en faveur du respect de la souveraineté
syrienne. Et, selon plusieurs sources,
ont même tenté de réconcilier Damas et
Ankara.
Aussi, et cela
n'est pas des moindres: l'Algérie
représente-t-elle l'un des principaux
partenaires militaires de la Russie au
niveau mondial. Plus précisément dans le
top 3 actuel des plus grands acheteurs
d'armement russe à l'international, avec
l'Inde et la Chine. En effet, les
hélicoptères de combat, avions de
chasse, bombardiers, avions de transport
et de ravitaillement, défense
anti-aérienne, chars, sous-marins,
navires, armements légers… de la 2e plus
puissante armée d'Afrique (derrière
l'Égypte), et 26e au niveau mondial
(selon Global Firepower
http://www.huffpostmaghreb.com/2017/01/11/algerie_n_14100866.html),
proviennent très majoritairement de
Russie. Et qui constitue d'ailleurs un
domaine clé de la coopération algéro-russe.
Ces technologies,
de même que le savoir-faire qui va avec
(sachant qu'une bonne partie de l'élite
militaire algérienne a été formée en
terre russe), permettent aujourd'hui au
pays non seulement de parer aux menaces
terroristes qui existent dans la région
nord-africaine, mais aussi d'être une
force capable de résister efficacement à
toute visée néocoloniale de certains.
Une chose est aujourd'hui pratiquement
évidente: le scénario libyen n'aura pas
lieu en terre algérienne. Et même si
certains personnages s'aviseraient à
tenter de le réaliser, ils feront face à
une Algérie qui peut amplement compter
sur ses propres moyens en vue de
défendre sa souveraineté. Surtout que
l'expérience de la résistance ne lui
manque pas. D'autre part, l'Algérie sait
qu'elle peut compter sur des partenaires
de longue date.
Les secteurs
énergétique, minier, du nucléaire civil
ou encore celui de l'agriculture: telles
sont les autres domaines d'interaction
des deux pays. Concernant d'ailleurs ce
dernier, il est loin d'avoir atteint son
apogée. Pourtant, si l'Algérie décidait
de booster ledit domaine pour une plus
grande part destinée à l'export, il n'y
a pas de doute que le vaste marché russe
lui sera grand ouvert. Ce qui est sûr
c'est que le partenariat stratégique
russo-algérien a de beaux jours devant
lui. Et c'est tant mieux.
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Publié le 21 janvier 2018 avec l'aimable autorisation de l'auteur.
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