En effet, les discussions sur le
contrat de livraison de chasseurs
français à la République indienne se
poursuivent depuis déjà trois ans
pour en arriver à la situation où il
y a plus de chances que l'Inde
annule la transaction que la France
obtienne les 20 milliards de dollars
initialement prévus…
Les raisons avancées par la partie
indienne sont relativement simples:
coût trop important pour le rapport
qualité/prix, refus de la France de
se conformer aux exigences de l'Inde
en matière de transferts de
technologie et d'offset, et puis
surtout des alternatives existantes
certainement plus intéressantes. Ces
alternatives ont d'ores et déjà
étaient nommés: les chasseurs russes Sukhoi Su-30MKI. Dans les couloirs
de la récente visite de Vladimir
Poutine chez l'allié indien, les
bruits couraient déjà sur cette
éventualité. Une « preuve »
supplémentaire d'ailleurs que «
l'isolation de la Russie sur l'arène
internationale » est plus «
qu'évidente »…
« La Russie est prête à signer un
contrat avec l'Inde sur la livraison
d'un lot supplémentaire de chasseurs Sukhoi Su-30MKI qui remplaceraient
les Rafale français », c'est ce qu'a
déclaré le directeur général adjoint
de l'Agence russe d'exportation
d'armements (Rosoboronexport),
Sergueï Goreslavski, à RIA Novosti.
Pour rappel, la Russie est
traditionnellement le plus important
partenaire de la République indienne
dans le domaine de la Défense et
cette dernière est tout simplement
le plus important acheteur
d'armements russes au niveau mondial
(devant la Chine).
Mais ce risque d'annulation
avancé par le gouvernement indien
est-il uniquement lié aux raisons
citées plus haut? Probablement pas.
Nous avons déjà mentionné dans nos
articles précédents à ce sujet que
dans tout domaine et surtout dans un
secteur aussi crucial que celui de
la Défense, l'aspect réputationnel
joue un rôle prépondérant. Et la
France d'aujourd'hui, ou plutôt son
élite politique, ont déjà prouvé aux
yeux de tous que sa réputation est
gravement remise en cause, le tout
au profit des intérêts
outre-Atlantique mais aucunement
français, ni européens.
L'affaire avec les Mistral en est la
preuve nette. Ne pas honorer un
contrat pour lequel le paiement est
déjà dans les mains n'est pas digne
d'un partenaire, quel qu'il soit.
Jusqu'ici, la Russie a fait preuve
de très grande patience dans cette
affaire et n'a pas encore engagé de
poursuites judiciaires contre la
France. Des poursuites qui non
seulement rendront à la Fédération
de Russie la somme engagée mais
également feront payer au
gouvernement « français » de bien
lourdes pénalités: au total environ
trois milliards d'euros. Après tout,
la patience a des limites.
L'Inde est à l'instar de la
Russie, ainsi que des autres pays
BRICS, une nation qui a toujours
placé le respect de sa souveraineté
et la défense de ses intérêts
nationaux au plus haut. Son élite
sait aussi parfaitement observer et
analyser les événements qui se
déroulent dans notre nouveau monde
multipolaire, dont l'Inde est elle
aussi l'un des principaux
architectes. Il était donc trop
simpliste de croire que l'Inde
allait s'engager définitivement dans
une transaction à onze chiffres sans
être certaine de le faire avec le
bon partenaire. Il est tout à fait
normal de chercher la
diversification dans ses
partenariats extérieurs, c'est aussi
à cela que sert la concurrence, et
l'Inde ne fait pas exception sur ce
point, néanmoins cette
diversification ne peut se faire que
lorsque le client est assuré que son
cahier des charges et les conditions
du contrat seront en intégralité
respectés par l'autre partie.
Il est certain qu'au vu de la
situation, la diplomation hexagonale
et les professionnels de la Défense
française vont engager de gros
moyens pour tenter de convaincre
l'Inde de finaliser ladite
transaction. Néanmoins et vu l'état
de sous-traitance dans laquelle se
trouve la douce France à l'heure
d'aujourd'hui, elle aura bien de mal
à obtenir des résultats qui
satisferont ses intérêts nationaux
et à rendre la fierté méritée aux
citoyens français.
© 2014 Sputnik
Tous droits réservés.
Publié le 19 février 2015 avec l'aimable
autorisation de l'auteur
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