Sputnik
Bachar al-Assad,
la seule option possible
Mikhail Gamandiy-Egorov
© AFP
2015. Louai Beshara
Jeudi 17 septembre 2015
Source:
Sputnik
A l'heure où la Syrie
est de nouveau au premier plan, non sans
la crise des migrants comme l'une des
raisons à cela, et au moment des
nombreuses discussions occidentales sur
la présence militaire russe en Syrie, il
serait juste une fois encore de remettre
plusieurs points sur les « i ».
Les élites
occidentales s'enfoncent une fois de
plus dans la contradiction pure et
simple. Et même les spécialistes
occidentaux, loin d'être pro-russes ou
pro-syriens, commencent par l'avouer.
D'un côté, les leaders occidentaux
affirment leur volonté à combattre
l'Etat islamique, de l'autre continuent
encore de réclamer le départ du
président syrien Assad.
Mais ce n'est de
loin pas la seule contradiction
observée. Tout d'abord, souvenons-nous
de l'invasion US et consorts en Irak, en
2003 (à une époque d'ailleurs lorsque un
pays comme la France ne faisait pas
automatiquement le suiveur de la
politique étasunienne). Il a fallu bien
peu de temps aux forces de cette
coalition pour arriver à leur fin, à
savoir faire chuter l'Irak Baathiste et
son leader Saddam Hussein. Certains
diront à juste titre que c'était une
opération terrestre et c'est vrai. Mais
on a eu aussi il y a quelques années la
Libye. L'OTAN, qui menait les opérations
de bombardement du territoire libyen en
visant les forces de l'armée régulière,
n'a eu en outre aucun mal à détecter et
viser le cortège où se trouvait feu
colonel Mouammar Kadhafi. On connait la
suite.
Et en Syrie malgré
toutes les déclarations déclarées de
mener la guerre à l'EI en bombardant ses
positions, on a vraiment dû mal jusqu'à
maintenant (pourtant ce n'est pas la
volonté qui manque) à voir un quelconque
résultat notable. Certains diront même
que ces bombardements nuisent plus aux
forces gouvernementales de l'Armée arabe
syrienne, sans oublier les civils,
qu'aux terroristes. Il y a donc de quoi
à se poser des questions: quelle est la
véritable cible de la coalition
occidentalo-golfiste? Les barbares de
l'EI ou les militaires syriens avec
Bachar al-Assad? Sans oublier
l'implication d'Israël qui a maintes
fois bombardé les positions de l'armée
syrienne, sans jamais toucher aux
terroristes. Etonnant?
Autre question tout
aussi importante. Les élites de
l'Occident jouant aux aveugles affirment
jusqu'à maintenant que la Syrie n'aura
pas d'avenir avec Assad. Le problème
c'est que jusqu'à maintenant ils n'ont
aucune alternative à proposer.
Absolument aucune. Tous les groupes
soi-disant non liés à l'Etat islamique
et combattant également l'armée
régulière de Syrie, les Occidentaux les
appellent eux-mêmes être « des
islamistes modérés ». Assez incroyable
comme notion. C'est vrai qu'en terme de
barbarie et de cruauté, difficile de
concurrencer l'EI (même Al-Qaida est
devenue un peu ringarde), mais en
suivant cette « logique », on arrive à
croire qu'il devient presque possible de
classer les terroristes en plusieurs
groupes, selon leur niveau de radicalité
ou de « modération »: terroristes
modérés, semi-modérés, plutôt modérés,
pas vraiment modérés, pas du tout
modérés, radicaux, ultra-radicaux et
ainsi de suite. Cela peut même paraitre
drôle pour certains, si derrière cette
pseudo-logique il n'y avait pas des
centaines de milliers de vies en jeu.
Mais l'Occident vraisemblablement ne
peut plus faire marche arrière, de peur
de se retrouver une fois de plus dans le
ridicule. Même si parfois il est bien
mieux de reconnaitre ses erreurs, ne
serait-ce que pour sauver tellement de
vies humaines.
Maintenant pourquoi
le président al-Assad reste la seule
option possible? Pour plusieurs raisons.
Tout d'abord car il reste le leader
légitime de son pays. Un pays pour
rappel indépendant et souverain. D'autre
part, car il est bien soutenu par la
grande majorité de la population, aussi
bien en Syrie qu'au sein de la diaspora
syrienne. Qui le dit? Le rapport datant
de 2013 (alors que la Syrie était déjà
en pleine guerre) de la CIA (!) repris
entre autres par Wikileaks et un certain
nombre de
médias, qui confirme que le
président Assad aurait au moins 75% de
soutien de la part de ses concitoyens.
Alors après, les « bienpensants
démocratiques » devraient nous répondre
à une question: de quel droit un leader
ayant le soutien avéré des ¾ de son
peuple peut être considéré « illégitime
» (terme employé par plusieurs chefs
d'Etat occidentaux)?
Un autre exemple
confirmant lui aussi la légitimité d'Assad
et lié à l'aspect ethnico-religieux. On
sait qu'il appartient à la minorité
religieuse alaouite, qui représente à
peu près 20% de la population de Syrie.
L'Occident tente par tous les moyens de
faire croire que c'est cette minorité
qui dirige, les autres représentants
ethniques et religieux seraient
soi-disant tous ou presque opposés à
elle. Pourtant, la grande majorité des
Syriens (environ 75%) sont eux musulmans
sunnites, 10% sont chrétiens. Alors en
analysant ne serait-ce qu'avec un
minimum de logique, les 20% d'alaouites
et les 10% de chrétiens ne pourraient
jamais assurer à Assad une si longue
résistance si la grande majorité des
musulmans sunnites syriens n'étaient pas
eux aussi majoritairement derrière leur
président. Cela est tout simplement
impossible. L'Armée arabe syrienne est
également fort représentative de ce
puzzle multiethnique et
multiconfessionnel de la Syrie. La
grande majorité des militaires syriens
sont eux aussi musulmans sunnites. Et il
serait tout simplement illusoire de
croire que si ces militaires sunnites ne
soutenaient pas eux aussi Assad et avec
une telle ardeur, jamais il n'aurait pu
tenir ne serait-ce que quelques mois.
Donc la propagande
occidentale s'écroule comme un château
de cartes, notamment sur le fait que la
Syrie serait dominé par un « dictateur »
(un dictateur ayant tout de même 75% au
moins de soutien, y compris au sein de
la diaspora, y compris celle vivant en
Occident) et que c'est une minorité
religieuse qui impose sa volonté aux
autres. Tout cela est faux. La Syrie, en
plus d'être l'un des berceaux de
l'humanité, c'est aussi un pays
multiculturel, multiethnique et
multiconfessionnel. Mais c'est aussi
fort malheureusement un pays martyrisé
depuis plusieurs années maintenant par
la volonté unipolaire du néocolonialisme
occidental et le salafisme importé du
Golfe et de quelques autres pays. Et
dans ce pays de la diversité, un homme
continue de représenter l'unité de tous
les Syriens, peu importe leur
appartenance ethnique ou religieuse et
qu'ils soient musulmans sunnites,
alaouites, chiites, chrétiens ou yézidis.
C'est bien Bachar al-Assad. Les
dirigeants occidentaux devront donc bien
à un moment ou un autre reconnaitre
cette réalité que beaucoup de Syriens
tentent de leur faire entendre. Et une
réalité qu'ils devront accepter. Entre
temps, il faut se débarrasser des
terroristes égorgeurs. Et pour cela, aux
côtés de l'armée syrienne et du peuple
de Syrie, ce sera vraisemblablement une
autre coalition.
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Publié le 17 septembre 2015 avec l'aimable
autorisation de l'auteur
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