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A quand Bush et Blair poursuivis
pour
crimes contre l’humanité ?
Mikhail Gamandiy-Egorov
© AFP 2016 Haidar
Mohammed Ali
Mercredi 13 juillet 2016
Source:
Sputnik
Depuis les récentes
révélations de John Chilcot sur le fait
que la décision du Royaume-Uni et
notamment de son ex-Premier ministre
Tony Blair d’envahir l’Irak en 2003 en
soutien de l’allié étasunien, était «
loin d’être acceptable du point de vue
légal », la question qui tracasse un
certain nombre de personnes est la suite
de ces révélations.
Beaucoup de
personnes, aussi bien en Europe que dans
le monde arabe se posent la légitime
question de savoir si la justice dite
internationale lancera des poursuites
judiciaires à l'encontre des
responsables de
la guerre en Irak. Une guerre ayant
fait pour rappel plus de 170 000 morts
civils, sans oublier le chaos qui y
règne encore jusqu'à maintenant. Cette
question tracasse aussi bon nombre de
familles des soldats US et britanniques
tués au combat. Après tout, les
nouvelles révélations confirment donc
une fois de plus que l'intervention
US/consorts en Irak était purement
criminelle. Les pseudos armes de
destruction massive n'ont jamais été
trouvés. Le leadership US et britannique
en premier lieu en portent donc entière
responsabilité.
Cette question
inquiète aussi grand nombre d'Africains,
notamment d'Ivoiriens.
Le président Laurent Gbagbo destitué
par l'armée française en 2011 fait face
en ce moment même à un procès à la
fameuse Cour pénale internationale
(CPI), de même que son ministre de la
Jeunesse Charles Blé Goudé. Le tout en
étant accusés de faits non seulement
discutables mais qui n'ont de facto
aucune base légale, connaissant
l'histoire de la crise en Côte d'Ivoire
depuis 2002. En effet, comment pouvoir
expliquer qu'un chef d'Etat africain
ayant tenté de défendre l'indépendance
et la souveraineté de son pays se
retrouve aux mains d'une justice
prétendument internationale, pendant que
les responsables de crimes contre
l'humanité ayant fait plus de 250 000
morts (si en plus des civils on y ajoute
les pertes des combattants), se baladent
tranquillement en liberté et ne sont
guère inquiétés? En cela se trouve toute
la logique des élites occidentales.
On revient donc à
cette fameuse « justice internationale »
de La Haye. Un sujet que l'on n'avait
pas abordé depuis quelques mois. La Haye
vient d'émettre la « décision » que la
Chine doit oublier ses intérêts en Mer
de Chine. Une décision que de toute
façon Pékin ne compte pas reconnaitre
puisque il ne reconnait tout simplement
pas cette juridiction. Bref, constat
simple: cette « justice » n'attaque que
les intérêts non-occidentaux et
principalement ceux n'ayant pas
forcément la possibilité de se défendre.
Cas intéressant est
celui des USA. Les gendarmes
auto-déclarés du monde apprécient
beaucoup le « rôle » de la CPI comme
instrument néocolonial de pression et de
chantage, principalement envers les
petites nations refusant leur diktat,
mais jusqu'à maintenant n'ont toujours
pas ratifié le statut de Rome, qui
définit les règles de fonctionnement
élémentaire de la Cour pénale
internationale. D'autres pays, comme la
France, apprécient eux aussi
l'utilisation dudit instrument,
notamment vis-à-vis de leurs anciennes
(?) colonies africaines. Le cas de la
Côte d'Ivoire nous le rappelle bien.
Pour revenir à Bush
et Blair, la seule chose qui peut-être
nous intéresser véritablement est
d'observer la suite des événements, ou
plutôt vraisemblablement l'absence d'une
quelconque suite. Les leaders
occidentaux continuent de connaitre
l'impunité puisque tout le système
post-guerre froide a été bâti sur des
principes (si on peut parler de
principes) dictatoriaux défendant coûte
que coûte les intérêts néocoloniaux de
l'Occident et attaquant tout autre qui
oserait remettre cela en question.
Personnellement et
une fois encore, je ne crois pas que des
personnes responsables de crimes de
masse comme Bush et Blair seront au banc
des accusés dans un avenir proche. Le
système de justice, ou plutôt
d'injustice, internationale n'est pas
prêt à subir une quelconque
restructuration intérieure. Au
contraire, plus on le remet en cause,
plus les intéressés s'accrochent à ce
qui reste encore de l'unipolarité. Que
faire à notre tour? Les grandes
puissances refusant ce système, de même
que les puissances émergentes, doivent
sérieusement réfléchir ensemble à mettre
en place une alternative une bonne fois
pour toute. Evidemment, cela ne se fait
pas en quelques jours. Il faut
énormément de travail, de coordination
et de consensus. Mais ce n'est pas
impossible.
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Tous droits réservés.
Publié le 14 juillet 2016 avec l'aimable
autorisation de l'auteur
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