Sputnik
Sommet Chine-Afrique à
Johannesburg :
l’alliance renforcée
Mikhail Gamandiy-Egorov
© AFP
2015. Mujahid Safodien
Mercredi 9 novembre 2015
Source:
Sputnik
Le sommet
Chine-Afrique s’est clôturé dans la
ville de Johannesburg, en République
d’Afrique du Sud.Que dire d’autre si ce
n’est que l’Empire du Milieu renforce
l’étroite collaboration, ou plutôt son
alliance stratégique avec le continent
africain.
Il est déjà connu
que la Chine représente aujourd'hui le
principal partenaire économique et
commercial de l'Afrique, ayant dépassé
les anciennes métropoles coloniales
européennes, ainsi que les USA, au grand
dam de ces derniers. Les élites
occidentales n'ont depuis cessé de
lancer des campagnes de diffamation
visant les intérêts chinois dans les
pays africains, les accusant tantôt de «
néocolonialisme » (qui parle de
colonialisme?), tantôt de concurrence
déloyale, et autres accusations sans
fondement. Bien que certains
représentants de la cinquième colonne
africaine pro-occidentale ait suivi les
ordres de leurs chefs et malgré les
moyens investis, les intérêts chinois
sont restés pratiquement intacts.
Raison à cela? Un
soutien assez évident d'une très large
partie de la population africaine à la
présence chinoise. D'ailleurs aussi bien
de la part de la société civile, que des
cercles politiques et d'affaires,
surtout dans les pays ayant assumé (ou
en phase de le faire) leur souveraineté.
Pourquoi ce soutien? Car quoiqu'en
disent les médias du mainstream, la
Chine et l'Afrique arrivent à travailler
dans la fameuse logique du partenariat
gagnant-gagnant. Une notion tellement
belle mais si rarement applicable. Mais
dans le cas sino-africain, il faut
avouer que cette notion arrive
globalement à se réaliser.
Maintenant pour
revenir au dernier sommet de
Johannesburg. D'abord il faut rappeler
que les échanges commerciaux annuels
entre Pékin et les Etats africains
représentent plus de 200 milliards
d'euros d'échange. Un chiffre plus que
sérieux. Mais certains s'étaient
empressés d'annoncer la fragilisation de
ces échanges en raison du ralentissement
de la croissance chinoise. Evidemment,
l'inquiétude était en partie justifiée
puisque au cours des six premiers mois
de cette année, les investissements de
la Chine en Afrique ont chuté de près de
40%. Evidemment, cette chute concernait
directement les achats chinois des
matières premières, représentant une
partie importante des relations
commerciales sino-africaines, faisant
perdre des revenus à plusieurs pays du
continent, dépendant des exportations de
leurs matières premières: Zambie,
Afrique du Sud, République démocratique
du Congo notamment. Tout cela faisant
revenir le thème de l'importance de la
diversification des économies
africaines.
Mais quand on dit
diversification, on parle avant du
développement du secteur de
transformation sur place des matières
premières. Un sujet d'énorme importance
pour l'Afrique. Une transformation qui
permettra bien évidemment à de très
nombreux pays africains de profiter
beaucoup mieux de leurs ressources et
d'avoir beaucoup plus de poids
économiquement parlant sur la scène
mondiale, surtout connaissant les
énormes ressources dont dispose le
continent. La Chine l'a parfaitement
compris. Et compte jouer un rôle de
premier plan dans cette diversification.
Ainsi lors du sommet de Johannesburg, le
président chinois Xi Jinping, a annoncé
que son pays allait investir 60
milliards de dollars (un chiffre de 74
milliards a été avancé par la suite)
dans des projets transcontinentaux en
Afrique et pour le développement du
continent africain. Il n'a pas non plus
manqué de préciser que Pékin souhaite
que la relation Chine-Afrique soit et
reste équitable. Le leader chinois a
détaillé devant plusieurs chefs d'Etats
africains un projet de développement du
continent en dix points.
« La Chine va
mettre en œuvre ces dix plans de
coopération au cours des trois
prochaines années. Ces plans sont
destinés à régler trois problèmes qui
retardent le développement de l'Afrique.
A savoir des infrastructures inadaptées,
le manque de personnel professionnel et
qualifié, ainsi que le manque de
financement », a-t-il déclaré.
Certains «
bien-pensants » diront bien sûr qu'il
est à douter de la sincérité chinoise
pourtant les résultats parlent
d'eux-mêmes: depuis que la Chine a fait
de l'Afrique une de ses priorités en
matière de politique extérieure,
l'infrastructure des pays du continent
s'est largement améliorée. C'était
d'ailleurs ce qu'avait rappelé le
président sud-africain Jacob Zuma lors
d'une interview à RT en marge du
sommet des BRICS à Oufa, en Russie,
en insistant sur le pied d'égalité
utilisé par la Chine à l'égard de
l'Afrique. Qu'en est-il de l'Occident?
Tout le monde connait la réponse.
Comme quoi et
malgré les « espoirs » de certains de
voir la Chine perdre ses
impressionnantes positions en Afrique,
qu'ils les remettent à plus tard. La
Chine et l'Afrique, ou du moins les pays
africains ayant choisi de tourner la
page du diktat néocolonial, garderont
l'alliance stratégique qui caractérise
leur relation. La Chine a parfaitement
compris que le fait de ne pas avoir été
une puissance coloniale lui donne de
sérieux avantages. Mais elle a aussi
parfaitement compris que dans le monde
contemporain, seule une relation de
respect du partenaire, et notamment de
sa souveraineté, en y mettant en plus
les moyens nécessaires, lui permettra
d'être considérée comme un partenaire
privilégié. La Chine a misé sur
l'Afrique et n'a pas perdu (tout comme
les pays africains qui ont fait
confiance à la Chine). L'Inde et le
Brésil suivent le pas. Un membre des
BRICS est lui-même un pays africain. Un
autre membre arrive (ou plutôt revient)
sous peu.
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Publié le 10 décembre 2015 avec l'aimable
autorisation de l'auteur
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