Sputnik
Organisation de coopération de
Shanghai:
élargissement confirmé
Mikhail Gamandiy-Egorov
© Sputnik.
Vladimir Astapkovic
Vendredi 9 juin 2017
Source:
Sputnik
La multipolarité
est un processus complexe. Complexe, ne
serait-ce que pour la raison d’une vive
opposition à la nouvelle réalité de la
part des nostalgiques du système
unipolaire des relations
internationales, ayant suivi la chute de
l’URSS. Néanmoins, rien ne semble
pouvoir arrêter ce train multipolaire.p>
Astana, qui reçoit
déjà les négociations sur la Syrie,
accueille en ce moment le Sommet des
chefs d'États de l'Organisation de
coopération de Shanghai (OCS). Fait
majeur de ce sommet de deux jours:
l'entrée officielle de deux nouveaux
membres, à savoir l'Inde et le Pakistan
en tant que membres désormais à part
entière de l'organisation. Pour rappel,
l'OCS a été lancée en 2001 par six pays:
la Russie, la Chine, le Kazakhstan, le
Tadjikistan, le Kirghizistan et
l'Ouzbékistan (cinq pays d'ex-URSS et
l'Empire du Milieu).
En outre,
l'organisation compte quatre
membres-observateurs: l'Iran, la
Biélorussie, l'Afghanistan et la
Mongolie. Et six États partenaires de
discussion: l'Arménie, l'Azerbaïdjan, la
Turquie, le Cambodge, le Népal et le Sri
Lanka.
Et depuis que deux
nouveaux poids lourds que sont l'Inde et
le Pakistan se sont joints aux six
pays-fondateurs, l'OCS représentera
désormais une union de plus de trois
milliards de personnes, soit près de la
moitié de la population mondiale. Par
ailleurs, les États-membres de l'OCS
s'étendent sur près de 23% des terres
immergées et produisent environ un quart
du PIB mondial.
Un accent important
est mis sur la sécurité collective et la
lutte antiterroriste dans l'agenda de
travail des pays-membres. En ce sens, un
autre fait majeur devrait avoir lieu
dans un avenir proche: l'Iran devrait
passer du statut d'observateur à membre
de plein droit. Une initiative largement
soutenue par la Russie. En effet et
depuis les récents attentats terroristes
ayant visé la capitale iranienne
Téhéran, il va de soi qu'une interaction
encore plus importante dans le domaine
sécuritaire doit avoir lieu. D'autant
plus que certains pays ne cachent pas
leur haine ouverte envers l'État
iranien, notamment les États-Unis,
l'Arabie saoudite et bien sûr Israël.
Autre fait
intéressant et dont il faut tenir
compte: l'OCS, à l'instar de
l'Organisation du traité de sécurité
collective (OTSC, formée par la Russie,
l'Arménie, le Kazakhstan, la
Biélorussie, le Kirghizistan et le
Tadjikistan) est clairement vu comme un
adversaire de l'Otan du point de vue des
capacités militaires et des visions
stratégiques. En effet et au-delà de
l'aspect militaire, il y a aussi autre
chose qui les sépare. L'OCS est partisan
d'un système multipolaire du monde,
tandis que l'Otan continue de défendre
corps et âme l'unipolarité bâtie à la
chute de l'URSS, aujourd'hui révolue.
Et si dans l'Otan
les États-Unis jouent clairement le rôle
du premier violon (et du chef
d'orchestre par la même occasion), au
niveau de l'OCS on observe une structure
beaucoup plus égalitaire, même si la
Russie et la Chine se démarquent par
leurs puissances par rapport aux autres
membres. Last but not least, si dans
l'Otan les divergences des pays membres
s'accentuent clairement à l'heure
actuelle, notamment entre la Turquie et
les pays occidentaux, l'OCS peut au
contraire être vue comme une plateforme
à succès des consensus. Les divergences
existantes entre l'Inde et le Pakistan
ne les ont pas empêchés de rejoindre
simultanément l'organisation et avant
cela dans une moindre mesure les
quelques désaccords sino-indiens n'ont
aucunement stoppé l'intégration de
l'Inde. C'est d'ailleurs aussi ce qui
caractérise cette idée même du concept
multipolaire: chercher et trouver des
consensus. À condition évidemment de le
souhaiter vraiment. Dans le cas de
l'Otan, lorsque le schéma était dès le
départ bâti sur d'autres « valeurs »,
c'est logiquement beaucoup plus
compliqué. Et donc, à un moment ou à un
autre, il faut s'attendre à ce qu'un
pays désireux de prendre en main sa
souveraineté et ses intérêts nationaux
finisse par claquer la porte.
Une chose est sûre.
L'OCS a de beaux jours devant elle. Et
maintenant que l'Inde et le Pakistan
font eux aussi partie intégrante de
l'organisation, le travail peut
commencer pour une intégration de plein
droit de l'Iran. L'OCS n'en sortira que
renforcée et avec elle tous les
partisans de la multipolarité.
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Publié le 10 juin 2017 avec l'aimable autorisation de l'auteur.
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