Sputnik
Coalition US-Arabie saoudite & Co.
:
les masques tombent définitivement ?
Mikhail Gamandiy-Egorov
© AFP 2016
Ahmed Farwan
Mardi 9 février 2016
Source:
Sputnik
L’Arabie saoudite,
l’un des principaux alliés des USA au
Moyen-Orient et au niveau global, s’est
une fois de plus démarquée au moment où
elle aurait mieux fait de se tenir à
l’écart.
Le royaume
wahhabite n'a vraisemblablement pas
apprécié, en plus de ses revers évidents
au
Yémen, l'avancée offensive sur tous
les axes du territoire national de
l'armée gouvernementale syrienne. Sans
oublier les récents succès au niveau
diplomatique et économique de l'Iran,
ennemi juré.
En effet, l'Armée
arabe syrienne est à l'offensive aussi
bien au nord du pays, dont l'objectif
est de prendre le contrôle de la
frontière turco-syrienne, qu'au sud dans
la région de Deraa et la frontière
syro-jordanienne, ainsi qu'à l'est du
pays où se trouvent justement les
principaux bastions des terroristes de
Daech. Devant cette avancée victorieuse
et la débâcle des groupes takfiristes,
dont ceux soutenus ouvertement par
l'Arabie saoudite et le Qatar, l'heure
n'est pas à la joie côté occidental et
golfiste.
Riyad a donc
annoncé l'éventualité d'envoyer des
troupes terrestres en Syrie. Une annonce
similaire s'en est ensuite suivie de la
part des Emirats arabes unis (pays pour
rappel ayant participé en 2011 aux côtés
de l'OTAN aux bombardements contre la
Jamahiriya libyenne). Censés donc par
ces manœuvres d'avouer que ceux sur qui
ils sont misés en Syrie (y compris les
plus « modérés » mais désireux quand
même d'établir la charia dans toute la
Syrie), sont en train de perdre.
La réaction
syrienne ne s'est pas fait attendre. Le
ministre syrien des Affaires étrangères
Walid Mouallem a prévenu: « ceux qui
rentreront en Syrie sans autorisation
reviendront chez eux dans des cercueils
», fin de la citation. Ceci étant
parallèle au moment où l'état-major du
ministère russe de la Défense a annoncé
que la Turquie aussi mobilise ses
troupes et matériel militaire à sa
frontière avec la Syrie (Erdogan étant
un autre mécontent des défaites subies
par les groupes terroristes soutenus par
Riyad, Doha et Ankara).
Reste bien sûr le
rôle décisif de Washington, sans
l'accord de qui il est peu probable que
l'Arabie saoudite puisse se lancer dans
une opération militaire terrestre en
Syrie. D'ailleurs côté saoudien et
émirati, les déclarations faisaient
directement comprendre qu'ils attendent
le feu vert étasunien. Maintenant pour
parler des perspectives. Nous avons
mentionné précédemment que l'Arabie
saoudite aurait beaucoup plus à perdre
qu'à gagner en cas d'un conflit sérieux
avec l'Iran. Et si l'Arabie saoudite
décidait d'envoyer des troupes en Syrie
(bien que la déclaration officielle
affirme que « c'est pour combattre Daech
»), ce sera bien évidemment pour au
contraire tenter de sauver ce qu'il
reste de leurs substituts takfiristes
face à l'armée syrienne. Et si elle le
faisait, elle devrait vite faire face en
plus des militaires syriens, aux
combattants d'élite iraniens et du
Hezbollah libanais (dont la présence
avec les forces aérospatiales russes est
légitime car validée par Damas). Les
forces des Saoud n'y tiendront pas
longtemps.
Plus que cela, le
moment serait extrêmement mal choisi
pour la principale concernée: sa
campagne contre les combattants houthis
au Yémen est déjà au plus mal, ces
derniers ne reculent pas et menacent
constamment la partie sud du territoire
saoudien ayant déjà subi des attaques
armées directes. S'enliser donc dans un
conflit encore plus radical et en face
de forces en présence contre lesquelles
elle n'aurait pas beaucoup de chances de
tenir, ce serait catastrophique pour
l'Etat wahhabite, devant en plus gérer
les mécontentements internes, notamment
de la minorité chiite.
Il est vrai qu'il
sera bien difficile à Riyad et Doha de
reconnaitre leur défaite en Syrie après
avoir investi des sommes faramineuses
dans différents groupes extrémistes. De
même qu'il est fort difficile de faire
de même aux élites occidentales. Mais
reste à savoir s'ils préfèreront s'en
limiter là, après avoir tout de même
énormément martyrisé la nation syrienne,
ou opteront-ils pour un prolongement du
conflit en s'embourbant avec les
conséquences qui iront avec. On suivra
avec attention.
En tout cas et ce
qui est certain, c'est qu'effectivement
les masques tombent un à un au sein de
cette fameuse coalition US et consorts.
Leur objectif n'a jamais été de lutter
contre le terrorisme, l'objectif était
de détruire un pays arabe multiethnique
et multiconfessionnel laïc, y compris en
utilisant à ces fins les groupes
terroristes coupeurs de têtes. Depuis
que ces plans tombent progressivement à
l'eau et surtout depuis l'intervention
des forces aérospatiales russes, ils ne
savent plus à quel diable se vouer (ou
damner).
© 2016 Sputnik
Tous droits réservés.
Publié le 12 février 2016 avec l'aimable
autorisation de l'auteur
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