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Russie-Chine, nouvel axe majeur du
monde multipolaire en 2018
Mikhail Gamandiy-Egorov

© AFP 2017
How Hwee Young
Mardi 9 janvier 2018
Source:
Sputnik
Économie,
diplomatie, géopolitique, mais aussi
culture ou médias: 2017 aura été l’année
du grand rapprochement entre la Chine et
la Russie et du renforcement de leurs
positions respectives dans les affaires
mondiales. Une tendance qui devrait se
poursuivre en 2018, au plus grand
bénéfice de la multipolarité.
L'année 2018 sera
sans aucun doute celle de la poursuite
des relations d'alliance
russo-chinoises. Une perspective qui ne
devrait que ravir les partisans du monde
multipolaire, concept dans lequel les
deux nations jouent un rôle-clé.
Plus généralement,
il est aujourd'hui admis aussi bien à
Moscou que Pékin que les relations
russo-chinoises sont stratégiques pour
les deux nations.et ce tout d'abord dans
la sphère économico-commerciale, avec un
volume d'échanges entre les deux
puissances qui ne cessent d'augmenter.
Il représente l'équivalent de plus de 66
milliards de dollars en 2016, tandis que
pour les seuls quatre premiers mois de
2017 il avait déjà atteint l'équivalent
de 24,5 milliards de dollars, soit une
augmentation de 37% par rapport à la
même période de l'année précédente.
L'objectif des deux pays est d'atteindre
le niveau de 200 milliards de dollars
d'échanges commerciaux d'ici 2020, en
privilégiant d'ailleurs activement les
échanges en monnaies nationales.
Les deux nations
convergent également beaucoup aussi dans
le domaine énergétique, sachant que
la Chine et la Russie figurent
respectivement parmi les plus importants
consommateurs et fournisseurs. En outre,
la Russie appuie fermement le projet
chinois de la Nouvelle route de la soie,
qui rejoint pleinement l'initiative de
Moscou sur le grand espace eurasien.
Ajoutez à cela le fonds commun de
placement créé l'été dernier entre le
Fonds russe d'investissements directs et
la Banque de développement de Chine, les
projets conjoints qui verront le jour
grâce à la Nouvelle banque de
développement des BRICS dont le siège
est à Shanghai, et vous comprendrez
pourquoi l'Occident n'a plus le monopole
sur les affaires mondiales, y compris
économiques. Surtout lorsqu'on sait que
les cinq pays des
BRICS représentant à eux seuls plus
de 35% du PIB mondial, un chiffre appelé
à augmenter dans les prochaines années,
sans même compter les nombreux pays du
monde qui convergent dans cette approche
multilatérale.
Passons maintenant
aux affaires politiques et
géopolitiques. La Chine n'a cessé
d'appuyer la position russe sur la
Syrie. Une alliance au sein du Conseil
de sécurité de l'ONU qui s'opposait
nettement au trio occidental USA —Royaume-Uni-
France —qui représentent au passage
démographiquement parlant moins d'un
tiers de la population des deux
premiers.
Mais l'accord entre
Pékin et Moscou ne s'arrête pas à la
Syrie. L'unité russo-chinoise au sein du
Conseil de sécurité de l'ONU s'est
concrétisée également dans le soutien à
la souveraineté du Burundi, ce pays
d'Afrique de l'Est, lui aussi dans le
viseur des puissances occidentales et
plus récemment encore sur les
manifestations en Iran, où les USA,
comme sur la question de Jérusalem, se
sont clairement retrouvés isolés, au
point que même
France 24 a parlé d'isolation des
USA au Conseil de sécurité onusien.
Justement, lors de leur dernière
rencontre en été 2017, le leader chinois
Xi Jinping avait déclaré à Poutine: «En
mars 2013, juste après mon élection au
poste de Président de la République
populaire de Chine, la Russie a été le
premier pays étranger que j'ai visité
[…]. Depuis lors, nous nous sommes
rencontrés 22 fois, selon mes calculs.
Ainsi, la Russie est-elle devenue le
pays que j'ai visité le plus souvent et
parmi les dirigeants étrangers, c'est
avec vous, M. Poutine, que je maintiens
les contacts et les relations les plus
étroits».
Après cela,
certains sont-ils encore surpris de
cette convergence Russie-Chine, qui
permet au monde entier de retrouver une
dynamique de stabilité et d'équité face
à un diktat unipolaire appartenant
désormais au passé? Et c'est aussi grâce
à cette convergence d'approche appelant
au dialogue et au respect mutuel, promue
tellement de fois par Moscou et Pékin,
que l'on observe l'espoir d'un dialogue
direct entre Pyongyang et Séoul, après
des mois de crise —où le leadership
étasunien ne cessait de mettre de
l'huile sur le feu.
Les relations entre
les deux pays sont donc de premier ordre
dans le domaine politique et
géopolitique, y compris grâce à des
organisations telles que les BRICS ou
l'Organisation de coopération de
Shanghai (OCS). Mais elles sont
également très poussées sur le plan
militaire, la Chine étant le second
principal acheteur de l'armement russe
au niveau mondial et les deux pays
organisant régulièrement des exercices
conjoints, médiatique —les deux nations
ayant signé l'été dernier un accord sur
l'interaction dans la sphère médiatique,
mais aussi culturelle: la Russie est en
effet devenue l'une des principales
destinations pour les touristes chinois
et les Russes comptent parmi les
principaux visiteurs de l'Empire du
Milieu.
Et malgré tout
cela, le plein potentiel des relations
russo-chinoises est encore loin d'être
atteint, le meilleur reste à venir. Les
partisans de la multipolarité s'en
félicitent.
© 2017 Sputnik
Tous droits réservés.
Publié le 10 janvier 2018 avec l'aimable autorisation de l'auteur.
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