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À terme une base russe au Venezuela ?
Mikhail Gamandiy-Egorov
© Sputnik.
Alexei Kudenko
Samedi 7 octobre 2017
Source:
Sputnik
Alors que les États-Unis et son bras
droit l’Otan possèdent des dizaines de
bases militaires à l’étranger, le temps
approche vraisemblablement pour mettre
un peu d’ordre dans le secteur.
Le président
vénézuélien
Nicolas Maduro est arrivé en visite
officielle en Russie. D'une part pour
rencontrer de nouveau le leader russe et
de l'autre pour prendre part à la
Semaine énergétique de Russie 2017. Si
l'accent de la rencontre a été mis sur
l'amitié qui unit les deux pays et les
nombreux domaines d'intérêts
réciproques, notamment dans le secteur
énergétique, il n'en demeure pas moins
que la sphère de la Défense reste elle
aussi une orientation prioritaire dans
les relations russo-vénézuéliennes, de
même qu'avec d'autres pays
latino-américains.
Juste avant son
départ pour Moscou, le leader du
Venezuela avait déclaré: «Je vais
avoir une réunion de travail très
importante avec le président Vladimir
Poutine. Très importante pour l'avenir
de la coopération financière,
technologique, agricole et militaire
entre la Russie et le Venezuela». À
noter que la visite de Maduro à Moscou
est la première étape d'une tournée dans
trois pays: Russie, Biélorussie,
Turquie. Les médias occidentaux n'ont
évidemment pas pu manquer l'occasion de
dire que c'était une «tentative du
Venezuela de sortir de l'isolement
imposé par la communauté
internationale»… À ce niveau rien de
nouveau côté mainstream occidental. De
la même manière depuis 3 ans ces mêmes
médias s'acharnaient à parler de la
prétendue «isolation» de la Russie et
restent maintenant bouche bée en
observant les leaders des quatre coins
du monde faire pratiquement la queue
pour atterrir dans la capitale russe, y
compris les alliés encore déclarés du
camp atlantiste. À ce titre le tout
récent reportage de BFM TV sur la venue
du roi saoudien en Russie (la première
visite officielle d'un monarque saoudien
en terre russe), qui a suivi l'arrivée
du président Maduro, avec une délégation
de près de 1000 personnes a fait bien
sourire, surtout les mots de la fin:
Dans le cas du
Venezuela, il est aussi ridicule de
parler d'un quelconque isolement,
sachant que plusieurs pays d'Amérique
latine n'ont pas manqué d'afficher leur
soutien à Caracas face aux pressions
occidentales. Ajoutez à cela le soutien
officiel de Moscou, Pékin et Téhéran et
il devient réellement absurde qu'une
communauté représentant moins de 10% de
la population terrestre puisse encore
s'autoproclamer «communauté
internationale»… Passons.
Au-delà de la
rencontre très constructive Poutine-Maduro
et du renforcement de l'alliance qui
caractérise les deux pays, l'heure est
effectivement à l'intensification du
partenaire bilatéral. Ainsi, Rosneft et
Gazprom se voient offrir de nouvelles
opportunités d'affaires sur le sol de la
République bolivarienne (le premier y
étant déjà très actif). Pour rappel
aussi: la Russie et le Venezuela font
partie du comité chargé par l'OPEP
d'assurer le suivi de l'accord passé
entre les pays membres du cartel
pétrolier pour réduire l'offre et
stabiliser les prix du brut.
Mais en supplément
des accords économiques et énergétiques
qui caractérisent les relations entre
les deux nations, l'interaction dans le
secteur de la Défense est effectivement
appelée elle aussi à croître, surtout au
moment où la rhétorique agressive
émanant de Washington en direction de
Caracas et d'autres capitales de cette
région du monde ne fait que
s'intensifier.
Pour rappel,
plusieurs hauts cadres du ministère
russe de la Défense, y compris le
ministre Choïgou, avaient déclaré à
maintes reprises que la Russie avait
entamé une série de négociations en vue
de retrouver des bases militaires à
l'étranger, utilisées dans le passé par
l'URSS, voire en créer de nouvelles. En
Asie, c'est le Vietnam qui a été
mentionné. En Amérique latine: Cuba, le
Nicaragua et le Venezuela, notamment.
À noter
qu'actuellement la présence militaire
russe en dehors des frontières
nationales se trouve principalement chez
les alliés de l'étranger dit «proche»
d'ex-URSS: Biélorussie, Arménie,
Kazakhstan, Kirghizistan, Tadjikistan,
Abkhazie, Ossétie du Sud, République
moldave du Dniestr. La Syrie, bien
qu'alliée de longue date mais considérée
comme faisait partie de l'étranger
«lointain» est un peu l'exception à la
règle. Mais soyons honnêtes: même si
cette présence devait s'élargir aux pays
d'Asie du Sud-Est et d'Amérique latine
mentionnés (voire à d'autres), elle
resterait inférieure en terme de nombre
par rapport aux bases militaires
américaines et plus généralement
occidentales de par le monde. C'est un
fait. Et c'est pourquoi la rhétorique
d'une Russie «agressive», venant de la
part de ceux qui ne négocient même pas
mais imposent leur présence à différents
endroits de la planète, fait sourire.
En ce qui concerne
le cas particulier du Venezuela, il faut
savoir qu'il est plus que probable que
l'opposition locale (libéraux +
extrême-droite) soutenue depuis
Washington et plusieurs capitales
occidentales fera de son mieux pour
bloquer tout accord russo-vénézuélien en
la matière. Mais plus les atteintes à la
souveraineté vénézuélienne se
poursuivront de la part de ceux qui se
sont un peu trop habitués à dicter leur
volonté, plus Caracas aura la
détermination de la protéger par un
renforcement des alliances existantes.
Et probablement, il ne sera pas le seul.
Le reste à suivre.
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Publié le 7 octobre 2017 avec l'aimable autorisation de l'auteur.
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