La Voix de la
Russie
Yougoslavie, Irak, Libye, Syrie,
Venezuela,
Ukraine… : trop, c’est trop !
Mikhaïl Gamandiy-Egorov
© La Voix
de la Russie
Mardi 4 mars 2014
Ces derniers jours, le monde
entier vit un véritable bouleversement.
Les événements en Ukraine que suit
attentivement la planète toute entière
confirment le changement tant annoncé
depuis le temps : adieu l’ère du diktat,
bonjour l’ère multipolaire !
L’élite politique
occidentale tremble. Elle ne s’attendait
certainement pas à cela. Pourtant, la
Russie avait prévenu maintes fois les
Occidentaux que s’allier avec des
extrémistes est un jeu bien dangereux.
Que ce soient des intégristes salafistes
ou des révisionnistes néo-nazis.
Pourtant, l’occident politique a
confirmé une nouvelle fois que tant que
cela sert ses intérêts géopolitiques et
que cela peut déstabiliser les Etats qui
mènent une politique indépendante, il
est prêt à s’allier y compris avec le
diable. Mais il y a une ligne rouge à ne
plus dépasser désormais.
Aujourd’hui, nous y voilà.
Revenons à l’Ukraine puisque c’est
l’actualité phare en ce moment. Où en
est-on ? Pour résumer la situation
brièvement (bien que cela soit
difficile) : un putsch a eu lieu dans la
capitale ukrainienne Kiev, à la suite
duquel est destitué le président
légitime du pays, reconnu par la
communauté internationale (dont fait
partie également la communauté
occidentale), Viktor Ianoukovitch. Le
tout, dans la violation totale des
accords conclus entre Ianoukovitch et «
l’opposition ». Cet accord de sortie de
crise signé le 21 février à Kiev en
présence des « médiateurs » français,
allemands et polonais, prévoyait
notamment une élection anticipée du chef
de l’Etat, la formation d’un
gouvernement d’unité nationale, ainsi
qu’une réforme constitutionnelle qui
diminuerait les pouvoirs du président au
profit du Premier ministre.
Evidemment et dès le
départ, c’était une erreur stratégique
de la part de Ianoukovitch, qui
d’ailleurs n’en est de loin pas à sa
première erreur dans l’histoire plus ou
moins récente de l’Ukraine. Cela sans
parler de la mauvaise gestion. Manque de
caractère, faiblesse personnelle ? Que
ce soit l’un ou l’autre, voire autre
chose, la question n’est pas là. Des
accords ont été conclus sous supervision
et garanties de représentants de pays de
l’Union européenne et devaient être
appliqués. Et que se passe-t-il après ?
Des menaces sont proférées à l’encontre
de Ianoukovitch, ainsi que des membres
de sa famille. Plus encore, une
tentative d’assassinat aurait été
organisée alors qu’il se rendait dans la
nuit du 21 février à Kharkov pour
participer au forum du Parti des régions
(dont il est membre) : des extrémistes
armés ont tiré sur son cortège. Au matin
du 22 février, son service de sécurité
lui annonce la présence de groupes
extrémistes radicaux dans la ville.
Parallèlement à Kiev et sous pression
des groupes radicaux armés, les députés
votent un décret transférant les
pouvoirs du chef de l’Etat au président
de la Rada suprême, Alexandre
Tourtchinov, en violation donc des
accords signés précédemment.
Ianoukovitch fuit en Russie.
Les élites politiques
occidentales pensaient alors « avoir
gagné » et avoir accompli leur « mission
», à savoir (au moins) destituer un chef
d’Etat qui avait « osé » se retourner
contre leurs intérêts en refusant au
dernier moment de signer un accord
d’association avec l’UE (sa principale
faute vis-à-vis des occidentaux). Mais
que se passe-t-il par la suite ? Toute
la Crimée et l’Ukraine du Sud-Est se
révoltent massivement : Sébastopol,
Simferopol (capitale de la Crimée),
Donetsk, Kharkov, Odessa, Lougansk,
Marioupol, Dnepropetrovsk, Kherson,
Nikolaïev,…. Le Sud et l’Est du pays
montrent clairement qu’ils ne comptent
nullement reconnaitre les
autorités-putschistes de Kiev. Les
extrémistes des organisations
ultra-nationalistes et néo-nazies de
l’ouest ukrainien (PraviySektor,
Svoboda, UNA-UNSO…) qui font désormais
la loi dans les rues, aussi bien dans la
partie occidentale du pays que dans la
capitale également, menacent alors
directement les régions pro-russes de «
descentes armées » massives afin de «
mâter toute résistance Moskal » (Moskal
: terme péjoratif signifiant « Russe »).
La Crimée organise des
groupes d’auto-défense, l’Est du pays
suit le pas. La République autonome de
Crimée demande la protection de la
Russie. Le président russe Vladimir
Poutine soumet la demande au Conseil de
la Fédération (Chambre haute du
Parlement russe). Les sénateurs donnent
une réponse positive pour l’autorisation
de l’utilisation des forces armées de la
Fédération de Russie en Ukraine jusqu’à
la normalisation de la situation
politique dans le pays. Ils demandent
par ailleurs au président russe de
rappeler l’ambassadeur de Russie aux
USA, suite aux menaces étasuniennes. La
Crimée est sécurisée mais la Russie n’a
pas encore fait usage de la possibilité
d’envoi de troupes russes
supplémentaires. A ce propos, une
défection massive se poursuit dans les
rangs des forces armées ukrainiennes, et
ce à différents niveaux. Fait majeur :
le commandant de la marine ukrainienne,
l’amiral Denis Berezovski, a prêté tout
dernièrement serment à la Crimée.
Sans oublier la frégate
Hetman Sahaidachniy, le navire amiral de
la flotte ukrainienne qui revenait d’une
patrouille dans le golfe d’Aden. Ayant
refusé de reconnaitre et de suivre les
ordres du nouveau pseudo-gouvernement
ukrainien, le navire a hissé le drapeau
de la flotte militaire maritime de
Russie. Un coup très dur pour les
autorités improvisées de Kiev. D’autre
part et à l’heure actuelle, plus de 3000
militaires des forces armées
ukrainiennes ont déjà prêté allégeance
au peuple de Crimée. Apparemment, ce
n’est que le début. Peut-on d’ailleurs
parler de défection ? Certainement pas.
Plutôt d’un engagement moral lorsque le
pays (ou du moins une partie dont la
capitale) est aux mains de forces et de
marionnettes néo-fascistes. La Crimée
elle, est devenue le pôle de résistance
par excellence, à l’image de sa
glorieuse histoire : que ce soit lors de
la résistance face à la coalition du
Royaume-Uni, la France et l’Empire
ottoman au XIXème siècle ou la
résistance farouche aux occupants nazis
durant la Seconde Guerre mondiale.
L’Ukraine est donc divisée
plus que jamais. A qui la faute ? La
Russie et ses canaux diplomatiques ont
prévenu tellement de fois les «
partenaires » occidentaux de ne pas
attiser la haine et la division dans un
pays déjà tellement divisé. Une division
qui ne date pas d’hier car l’Ukraine
dans sa forme actuelle est un Etat (faut
bien le dire) artificiel avec des
composantes qui trop souvent ont une
interprétation de l’histoire, du passé,
du présent et du futur totalement
opposée. Si les Occidentaux avaient
écouté, l’Ukraine aurait peut-être pu
garder ne serait-ce qu’un semblant
d’unité. Ont-ils écouté ? Non, ils ont
préféré poursuivre leurs plans
maléfiques et néfastes dans la
déstabilisation du pays, en espérant par
la même occasion prendre une revanche
sur la Russie pour tous leurs échecs
plus ou moins récents.
Aujourd’hui et on le voit
bien, cela est tout simplement
impossible. Le pays est partagé entre
des populations voyant leur avenir d’une
manière entièrement différente. La
Russie continue pourtant de demander à
ce qu’il y ait un véritable dialogue en
Ukraine. Le problème, c’est que tant
qu’il y a un gouvernement illégitime à
Kiev, qu’une partie du pays est
contrôlée par des éléments racistes et
xénophobes et qu’il y a une menace
ouverte vis-à-vis des populations
russophones et russophiles d’Ukraine,
vraisemblablement le dialogue est très
peu probable.
Maintenant, revenons aux «
menaces occidentales », en premier lieu
des USA (on s’abstiendra de parler des
satellites). Obama a menacé la Russie en
déclarant « qu’elle paiera cher
son intervention (éventuelle)
en Ukraine». La seule chose
à dire ici est qu’avant de parler de
paiement, les USA devraient commencer
par rembourser leur colossale dette
extérieure, le pays le plus endetté du
monde se nourrissant des ressources et
du sang des autres Etats. Quant aux
déclarations du secrétaire d’Etat
étasunien John Kerry qui a affirmé que «
la Russie serait isolée au sein de
la communauté internationale »,
cela avait bien l’air d’une très
mauvaise blague, surtout suite aux
échanges en ce 3 mars entre le ministre
russe des Affaires étrangères Sergueï
Lavrov et son homologue chinois Wang Yi,
desquels il ressort que la Chine
soutient la position de la Russie. «
Les ministres ont procédé à un
échange de vues sur les événements en
Ukraine et constaté la similitude des
positions russe et chinoise face à la
situation qui règne dans ce pays et
autour de lui »,indique le
communiqué publié sur le site
ministériel russe… Une position qui est
et qui sera certainement soutenue par
les autres alliés, et ce au niveau
global. En protégeant la vie de tous
ceux qui ont demandé son aide et
assistance, de même que ses intérêts, la
Russie évite justement qu’il y ait un
bain de sang aujourd’hui en Ukraine. Une
mission qu’elle remplit en ce moment
avec succès. Et ses alliés et
partenaires honnêtes le savent
parfaitement. Donc parler « d’isolation
» est véritablement une bien grande
farce.
Pour revenir aux USA et
mis à part l’alliance de ce pays avec
des extrémistes, que ce soit les
salafistes en Libye et en Syrie, et
maintenant avec les néo-nazis en
Ukraine, ce pays a vraiment du culot
d’oser parler de justice alors que son
rôle dans l’histoire de l’humanité a
justement été non pas d’éviter les bains
de sang mais au contraire de les
accroître. Un pays responsable des pires
crimes contre l’humanité : seules
utilisations d’armes nucléaires contre
la population à ce jour, guerre du
Vietnam, putschs criminels en Amérique
latine, soutien actif des régimes
racistes d’apartheid en Afrique du Sud
et Israël, bombardement de la
Yougoslavie et de la Libye. Financement,
soutiens armés et logistiques de
rébellions responsables de crimes contre
l’humanité, comme en Côte d’Ivoire et
plus récemment en Syrie, maintes
tentatives de déstabiliser aujourd’hui
les alliés de la Russie en Amérique
latine, comme en ce moment au Venezuela,
des victimes aux quatre coins du monde
parmi lesquelles beaucoup de femmes,
d’enfants et d’hommes de tous les âges.
La liste est loin d’être exhaustive.
Maintenant, on dit stop !
Quant aux « menaces » de
faire sortir la Russie du G8, il est à
croire que cela ne pourrait être que
positif. Ce groupe ne représente
aucunement les intérêts de la Russie à
l’heure actuelle. Le temps du G7 + 1 (où
la présence russe était comme une sorte
de « bienfaisance » de la part des
Occidentaux) est aujourd’hui
complètement révolu. La priorité de la
Fédération de Russie est aujourd’hui le
développement de l’alliance au sein des
pays du BRICS (Brésil, Russie, Inde,
Chine, Afrique du Sud), ainsi qu’au sein
de l’Organisation de coopération de
Shanghai (OCS) qui compte en son sein la
Russie, la Chine et les pays d’Asie
centrale (Kazakhstan, Ouzbékistan,
Kirghizistan, Tadjikistan), de même que
plusieurs Etats observateurs, dont
l’Iran. Sans oublier bien évidemment
l’intégration au niveau eurasiatique
avec l’Union douanière et le projet
d’Union eurasiatique. C’est cela la
priorité. Pour finir, rappelons-nous que
l’occident politique n’est aucunement
représentatif de toute la communauté
internationale, très loin de là, et
surtout pas de toute l’humanité. Plus
vite ses élites politiques et
financières le comprendront, mieux ce
sera pour elles-mêmes.
© 2005—2014 La
Voix de la Russie
Publié le 4 mars 2014 avec l'aimable
autorisation de l'auteur
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