France-Irak
Actualité
Plus un sou pour Israël !
Maurice Buttin
Samedi 10 janvier 2015
Ni pour son gouvernement
Ni pour ses institutions
Ni pour son armée
Par Maurice Buttin (revue
de presse : Courrier du C.V.P.R –
décembre 2014)*
C’est la seule solution pour mettre
fin à l’occupation de la Palestine par
ce « peuple d’élite, sûr et
dominateur », comme l’avait dit le
général De Gaulle dans sa célèbre
conférence de presse du 27 novembre
1967, quelques mois après la guerre dite
des « Six jours ». Au lendemain
aussi de la déclaration 242 du Conseil
de sécurité du 22 novembre 1967 qui
demandait la fin de l’occupation des
territoires occupés par Israël.
Après tant d’années de misère – plus
de quarante ans d’occupation ! – 2014 a
été une année particulièrement
éprouvante pour le peuple palestinien.
Troisième guerre de Gaza en août
dernier. 2 200 morts en 50 jours. Un
vrai massacre. Plus de 80 000 morts à
l’échelle de la France. Des milliers de
blessés et de nouveaux bombardements ces
derniers jours. Une situation de plus en
plus tendue à Jérusalem avec des
centaines d’arrestations ; des attaques
d’extrémistes juifs contre des
conducteurs d’autobus ou des chauffeurs
de taxi palestiniens ; un ministre
palestinien Ziad Abu Ein, tué en
Cisjordanie au cours d’une manifestation
pacifique… Face à ces événements,chacun
a été témoin du courage et du calme
(encore !) des Palestiniens.
Mais trop, c’est trop. Un changement
est enfin intervenu dans divers pays, au
sein même de plusieurs Parlements
nationaux. Tour à tour le britannique,
l’espagnol, le français - Assemblée
Nationale et Sénat - le portugais,
l’irlandais… ont demandé à leur
gouvernement de reconnaître l’Etat de
Palestine, suivis le 17 décembre par le
Parlement européen lui-même. La Suède,
elle, avait antérieurement reconnu cet
Etat, premier grand pays occidental à le
faire. Le même jour, au Luxembourg, le
Tribunal de l’U.E. a retiré le Hamas des
Etats terroristes., et à Genève, les
Hautes parties contractantes à la IV
Convention de Genève ont rappelé que
l’obligation de respecter le droit
international humanitaire s’imposait à
tous, y compris à Israël…
Tous ces pas sont intéressants, mais
ils ne font pas plié Israël. Ainsi,
toujours le même 17 décembre, les
Palestiniens présentaient un projet de
résolution au Conseil de sécurité de
l’ONU « ouvrant un accord de paix
final avec Israël » par la
reconnaissance de leur Etat ; la réponse
du Premier ministre israélien ne s’est
pas fait attendre : « Nous
n’accepterons jamais le dictat
palestinien ! ». Jamais, est-ce si
sûr ? La campagne BDS se développant de
plus en plus dans de nombreux Etats, et
peut-être enfin, demain, des sanctions
contre l’Etat israélien, brisant
l’immunité totale dont il bénéficie à ce
jour, pourraient faire taire l’arrogant
Benyamin Netanyahou.
Chacun sans doute de sourire à mes
propos. Des sanctions ont-elles un jour
fait reculer Israël? Oui, et un rappel
historique nous le prouve.
26 juillet 1970. Nasser, mécontent de
ne pouvoir obtenir l’aide des Etats-Unis
pour la construction du barrage
d’Assouan, proclame la nationalisation
du canal de Suez ! Un accord secret est
passé à Sèvres, courant octobre, entre
la France (G. Mollet), la
Grande-Bretagne (A. Eden) et Israël (D.
Ben Gourion) au terme duquel les trois
Etats décident d’engager des opérations
militaires contre l’Egypte en vue
d’éliminer Nasser – et pour Ben Gourion,
au surplus, d‘enlever tout le Sinaï à
l’Egypte et de l’annexer, au fin de
bénéficier des grands gisements
pétroliers récemment découverts.
Malgré une demande insistante du
président Eisenhower, à la veille de sa
réélection, « de ne rien faire qui
pourrait menacer la paix », Israël
entre en guerre le 29 octobre. Le 31,
les Français et les Anglais passent à
leur tour à l’action. Un projet de
résolution est présenté au Conseil de
Sécurité par les Etats-Unis et l’URSS,
exigeant un cessez le feu immédiat et le
retrait des territoires occupés par
Israël. La France et la Grande-Bretagne
bloquent le projet par leur veto. Mais,
chacun se souvient que les deux pays
cèdent devant la pression grandissante
en particulier des Etats-Unis et de
l’URSS. L’opération franco-anglaise se
solde par un échec.
Israël, pour sa part, ne bouge pas et
le 7 novembre, radieux, Ben Gourion,
dans son discours de la victoire, trahit
son intention d’annexer le Sinaï et les
Iles du Golfe d’Akaba…
Mais ce n’est pas si simple. Dès le
lendemain, les interventions virulentes
des Etats-Unis et de l’URSS le font
déchanter. Il reçoit une note très dure
du président Eisenhower qui vient d’être
réélu, et qui est désormais libre d’agir
: « Israël est averti des
menaces que les Etats-Unis pourraient
mette à exécution si Israël refusait de
retirer ses troupes : interruption de
toute aide gouvernementale ou privée ;
sanctions économiques et financières des
Nations Unies ; expulsion des Nations
Unies ».
L’URSS menace de son côté, mais c’est
aux Etats-Unis que le « lion blessé
» annonce sa capitulation – non
s’en faire un effort pour garder et
annexer le détroit de Tiran et la bande
de Gaza « vitaux pour nous et pour
lesquels nous préférerions la mort à la
capitulation ». La position du
Président étasunien se durcit. Il menace
à nouveau Israël de sanctions si
l’évacuation n’est pas achevée sans
délai, conformément aux résolutions des
Nations Unies. A la mi-février,
Eisenhower explique sa position à ses
compatriotes dans une allocution
radiodiffusée : « Je crois que dans
l’intérêt de la paix, les Nations Unies
n’ont pas d’autre choix que d’exercer
des pressions sur l’Etat d’Israël pour
qu’il applique les résolutions sur le
retrait (…). Une nation qui attaque et
occupe un territoire étranger, malgré la
désapprobation des Nations Unies
devrait-elle être autorisée à dicter ses
conditions pour son propre retrait ? ».
Le 1er mars 1957, Ben Gourion
capitule définitivement. « Une
victoire militaire éclatante s’est
transformée en une défaite politique ».
(Cf. BEN GOURION - Michel Bar-Zohar -
Fayard 1986).
A la veille de la nouvelle année
2015, le géant Goliath n’est plus
Philistin, mais Israélien. Le jeune
David est Palestinien. Et, chacun
connait la suite de l’histoire.
*Maître Maurice Buttin est
président du CVPR PO (Comité de
Vigilance pour une Paix Réélle au
Proche-Orient)
Photo : Maître
Maurice Buttin
Lire aussi :
Un client pour le T.P.I. : Benyamin
Netanyahou , par Maurice Buttin
© G. Munier/X.
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Publié le 10 janvier 2015 avec
l'aimable autorisation de Gilles Munier
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