The Electronic
Intifada
Israël isole les universités
palestiniennes
Maureen Clare Murphy
Lundi 15 juillet 2019
Israël procède à l’isolement des
universités palestiniennes en obligeant
les professeurs étrangers à abandonner
les postes qu’ils occupent en
Cisjordanie.
Deux organisations de défense des droits
de l’homme ainsi que l’université Bir
Zeit appellent Israël à lever les
restrictions qui empêchent des
professeurs d’exercer en Cisjordanie et
à publier "une procédure précise et
légale pour l’obtention de visas
d’entrée et de permis de travail."
La politique israélienne consistant à
refuser les entrées internationales en
Cisjordanie et à ne pas traiter les
demandes d’extension de visas à temps,
nuit à des dizaines de chercheurs qui
travaillent dans les universités
palestiniennes.
Classement menacé
Les défenseurs des droits de l’homme et
la direction de Bir Zeit soutiennent que
les restrictions israéliennes menacent
le classement de l’université dans les
3% des meilleurs établissements au
monde, une liste déterminée selon la
proportion de professeurs et d’étudiants
étrangers qui y travaillent.
"En empêchant Bir Zeit d’employer des
chercheurs étrangers, Israël entrave sa
capacité à fonctionner comme une
université répondant au normes
internationales", explique les deux
organisations des droits de l’homme,
Al-Haq et Adalah.
Au cours des deux dernières années,
quatre personnes à temps complet et
trois autres à temps partiel de Bir Zeit,
la plus ancienne université de
Cisjordanie, ont été obligées de quitter
le pays sans pouvoir revenir face au
refus d’Israël de renouveler leurs
visas.
Cette année, deux professeurs embauchés
à plein temps se sont vus refuser leur
entrée en Israël. Six membres de
l’université travaillent sans visa
valable et cinq autres, dont un chef de
département, "sont actuellement à
l’étranger sans être sûrs de pouvoir
revenir."
Ces deux dernières années, des dizaines
de maîtres de conférence "ont été
affectés par les demandes israéliennes
de nouveaux visas ou de nouvelles
prorogations de visa ou le refus de les
autoriser à entrer en Cisjordanie."
Beaucoup sont des Palestiniens
détenteurs de passeports internationaux,
la majorité venant des Etats-Unis ou de
l’Union européenne.
La politique israélienne à leur égard
"viole la liberté de l’université
d’étendre ses domaines de recherche et
d’études offerts aux étudiants. De ce
fait, Israël empêche la population
palestinienne occupée de décider
elle-même le genre d’enseignement qu’ils
voudraient proposer."
Un règlement de l’Administration civile
israélienne dans les Territoires
palestiniens autorise "les maîtres de
conférences et les conseillers" à
demander un visa d’une durée maximale de
trois mois seulement.
Les établissements israéliens, eux,
"peuvent recruter des universitaires
selon une procédure différente qui
permet la délivrance d’un visa d’une
durée maximale de 5 ans."
Un régime de permis
Le système de permis appliqué par Israël
empêche les Palestiniens de Gaza de
venir étudier en Cisjordanie et
vice-versa.
À l’époque, les étudiants de Gaza
représentaient 35% des inscrits en
Cisjordanie.
À cause du blocus israélien, le taux de
chômage chez les étudiants fraîchement
diplômés a atteint près de 80% l’année
dernière.
Les organisations internationales comme
la Middle East Studies Association, la
California Scholars for Academic Freedom
et la British Societies for Middle East
Studies ont condamné les restrictions
imposées par Israël aux professeurs
étrangers exerçant dans les universités
palestiniennes.
Dans le même temps, les chercheurs et
les professeurs européens ont appelé
l’Union européenne à suspendre le
financement d’institutions académiques
qui "entretiennent des liens avec
l’industrie militaire israélienne".
L’UE soutient la recherche israélienne à
hauteur de 800 millions de dollars dans
le cadre du programme Horizon 2020.
Depuis 2004, des acteurs de la société
civile palestinienne appellent à
boycotter les établissements
universitaires israéliens. De telles
institutions "ont contribué directement
ou maintenu, défendu ou justifié"
l’oppression d’état exercée par Israël
ou en ont été complices "par leur
silence", souligne le texte de leur
appel.
Dans ce qui parait être une première,
l’association européenne de santé
mentale vient d’annuler la tenue de sa
conférence annuelle de 2021 prévue à
Jérusalem.
L’ENMESH explique avoir pris sa décision
après une réaction violente de la part
de membres du conseil d’administration
qui ne souhaitaient pas que
l’organisation passe les deux prochaines
années sous la pression des militants de
la solidarité avec la Palestine.
Selon Haaretz, "c’est la première fois
qu’une organisation de ce type revient
sur une décision déjà approuvée de tenir
une conférence en Israël, ce qui montre
que la campagne pour le boycott des
universités israéliennes est en train de
gagner du terrain."
Traduit de l’anglais original par
l’AFPS
https://electronicintifada.net/blogs/maureen-clare-murphy/israel-isolates-palestinian-universities
Les dernières mises à jour
|