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Syrie

De l’ONG humanitaire au Conseil de sécurité,
la campagne « crimes de guerre à Alep-Est »

Marie-Ange Patrizio


Photo aérienne des raids des avions de combat
sur les positions des terroristes à Ramoussa à Alep - Sana

Dimanche 11 décembre 2016

Episode 1. «Cherchez à raid aérien, raid aérien ! »
Episode 2. Les « bains de sang » de Samantha Power et MSF

Episode 3. «Calvaire», «miracles» et « Prix spécial »

L’Armée arabe syrienne avance dans les quartiers occupés par les terroristes. Alors le 9 octobre France2 arrive à Alep Ouest, où elle a envoyé Franck Génauzeau (et G. Messina, images) : au JT de 20h reportage-document dans des ruines des quartiers Ouest. Dont on ne nous dit pas qu’ils sont sous les bombes de l’ «opposition modérée » depuis quatre ans.

  Le 12, dès 8h à France Culture « les bombes pleuvent à nouveau sur Alep », avec, sur le site, une image venant d’un autre photographe spécialisé dans le sauvetage des Casques Blancs :


« Alep, 11 octobre 2016 : un enfant syrien blessé par un bombardement russe.
Crédits : Jawad al Rifai / ANADOLU AGENCY - AFP ».
Maquillage CB: peinture rouge et  « poussière » de décombres.

Au JT de France2 à 13 nouveau reportage de Génauzeau depuis Alep Ouest : pendant que les soldats de l’Arme arabe syrienne le conduisent « jusqu’à 5-6m de la ligne de front », il explique qu’il est « suivi en permanence par l’agent du ministère de l’information », qui le précède pourtant pour l’amener sur les lieux repris aux «rebelles » ; commentaire au conditionnel sur la fabrication artisanale des engins explosifs -qu’il a sous le nez- tirés par l’opposition pas trop modérément armée sur le reste de la ville : bonbonnes de gaz recyclées et « canons de l’enfer ». On ne dira pas que «notre équipe » est partiale : sur les 3’38 de ce reportage, 45’’ sont consacrées au Dr Nabil Antaki, à l’hôpital Saint-Louis. Dans les quartiers non contrôlés par les « rebelles », les hôpitaux ont un nom.
  Et au JT de 20h ? Dies irae !
Martine Laroche-Joubert avec un nouveau récit pour 59’’ seulement d’images, toutes signé
es Aleppo Media Center[1] et Casques Blancs, de « la ville d’Alep dévastée, des quartiers contrôlés par la rébellion bombardés sans relâche » sauf pendant les tournages.
  MLJ va compenser cette fois les « images absentes » en nous la jouant lacrimosa : « calvaire », « miracles » mais « qui ne durent pas longtemps à Alep». « C
e mercredi 12 octobre [quasiment du direct], un garçon de 13 ans a été extrait vivant des décombres après quatre heures d'acharnement des Casques blancs » qui «implorent qu'on leur apporte davantage d'outils pour plonger dans les entrailles de la terre », oro supplex et acclinis, cor contritum quasi cinis…

  Dans les semaines qui suivent, accalmie médiatique occidentale sur Alep Est : on est occupé à Mossoul.
Les frappes aériennes de l’aviation russe sont arrêtées depuis le 18 octobre. Profitant de l’accalmie les Casques Blancs font le déplacement à l’Elysée le 19 octobre
[2], avec le maire « en quelque sorte » des quartiers Est d’Alep.

  Aux Nations Unies la bataille continue. D’abord au Conseil de sécurité. Le 26 octobre, Bachar al Jaafari : « J’aurais bien aimé demander à la représentante des États-Unis [qui est sortie avec ses acolytes avant l’intervention du représentant de la Syrie] pourquoi son gouvernement n’a pas ouvert un couloir humanitaire au terroriste qui s’en est pris à une boîte de nuit en Floride ? Pourquoi ce terroriste n’a-t-il pas reçu nourriture et médicaments afin de continuer à terroriser pour des raisons humanitaires que M. O’Brien doit connaître ? Et pourquoi le gouvernement français n’a-t-il pas fourni aux terroristes qui ont attaqué le Bataclan aide alimentaire et couloir de sortie de Paris, pour des raisons humanitaires que, là aussi, M. Obrien doit connaître ? »
  Hors du CS, le 7 novembre, à la 71ème session de l’Assemblée générale plénière de l’ONU : « Mr Alexis Lamek (France) a regretté l’absence de progrès tangibles sur la question de la réforme du Conseil de sécurité depuis prè
s de 20 ans. […] Le représentant français a par ailleurs appelé à suspendre l’usage du droit de veto en cas d’atrocités de masse. Cela ne nécessite pas une réforme du Conseil, a-t-il dit, mais un engagement politique qu’a déjà pris unilatéralement le Président de la France. Cette proposition, que la France a co-présentée avec le Mexique, est aujourd’hui soutenue par au moins 100 pays, a-t-il affirmé. […] Il a espéré que, parallèlement à la réforme globale du Conseil, des initiatives telles que celle concernant le droit de veto en cas d’atrocités de masse permettront d’y contribuer ». 
   Le 15 novembre, à la Troisième Commission de l’ONU, chargée de la promotion et de la protection des droits de l’homme, le projet de résolution sur la situation des droits de l’homme en Syrie, avancé par 17 pays, [Arabie saoudite, Australie, Bahre
ïn, Canada, Émirats arabes unis, États-Unis, France, Jordanie, Koweït, Maroc, Micronésie, Palau, Qatar, Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord, Sénégal, Turquie, Ukraine], « condamnant  la récente escalade des attaques dirigées contre la population civile à Alep, et dans d’autres zones assiégées et difficiles d’accès, et exigeant que l’aide humanitaire soit acheminée en toute sécurité vers l’ensemble des populations dans le besoin », a été adopté par 116 voix pour, 15 contre et 49 abstentions. Non contraignant.
  Extrait de la réponse de B. al-Jaafari : « Comment se fait-il que l’Arabie saoudite, cet État rétrograde sans rapport avec aucun pacte international relatif aux droits civiques et politiques jusqu’ici, puisse se permettre de soumettre un projet de résolution concernant les droits de l’homme ? ».
   Pour la fourniture des « témoignages » nécessaires aux atrocités de masse, c’est  l’UOSSM qui prend le relai, avec moins d’écho médiatique que sa grande soeur MSF
[3].

21 novembre, nouvelle réunion du Conseil de Sécurité sur la Syrie :
« Mme Elizabeth Hoff, repré
sentante de l’OMS en Syrie, a demandé au Conseil d’approuver la mise en place d’« un système garantissant que toutes les parties soient informées [y compris par MSF ?] des coordonnées de tous les convois humanitaires et infrastructures de santé […] Le Conseil devrait également tenir un décompte de toutes les attaques perpétrées » et a tenu à rappeler que ce pays, avant le début du conflit, disposait de l’un des systèmes de santé les plus performants du Moyen-Orient, avec un taux de vaccination de 95% et une industrie pharmaceutique florissante. […] près de cinq millions de Syriens ont quitté le pays, parallèlement aux plus de six millions de ceux qui ont été déplacés par les combats. » Et pas « 10 millions de réfugiés hors de Syrie » comme Ayrault l’avait déclaré à France Inter le 10 octobre, c’est-à-dire quasiment un Syrien sur deux ! Enfin, elle dénonce « l’utilisation, à des fins militaires, des infrastructures de santé »…
  Note de la traductrice
[4] de l’intervention du Dr al-Jaafari :« [invité à prendre la parole, il observe et attend. Nous comprenons que certaines délégations quittent la salle. Cette fois-ci la caméra de web.tv.un ne les a pas filmées] . Et c’est le délégué de la Fédération de Russie, M. Vladimir K. Safronkov, qui demande la parole pour dire : "J’interviens juste pour qu’il soit noté que ce à quoi nous venons d’assister introduit une culture de comportements inacceptables au sein du Conseil de sécurité. Quand de distingués représentants de certains pays quittent ostensiblement la salle parce que le distingué représentant de la République arabe syrienne prend la parole, nous pensons que cela signifie qu’ils n’ont pas suffisamment de courage pour écouter le communiqué d’un collègue de notre profession. Et c’est inacceptable !" ».
  De la réponse du représentant syrien aux interventions des « trois mousquetaires », citons (extrait) : « Je ne ré
pondrai évidemment pas à toutes les déclarations de mes collègues, réservant mes réponses à la déléguée des États-Unis qui a dit qu’un "témoin oculaire", protégé de son gouvernement, l’avait informée que les aviations russe et syrienne avaient mené 180 raids samedi dernier [19 novembre]. 180 raids en une seule journée ! [ le délégué russe vient de rappeler que «depuis le 18 octobre, l’aviation russe n’a lancé aucune frappe aérienne à Alep et dans un rayon de 10 kilomètres »]. Naturellement et étant donné sa qualité de diplomate avertie et expérimentée, c’est en toute naïveté qu’elle a cru ce témoin qui n’est rien moins qu’un terroriste du Front al-Nosra, reconnu comme entité terroriste par le gouvernement de son pays devant ce respecté conseil. […] Après tout, si certains gouvernements sont tellement intéressés par le sort de ces terroristes retranchés à l’est d’Alep, qu’ils les prennent ! Qu’ils leur accordent visas et nationalité et qu’ils les prennent !
  Si la déléguée américaine pense que l’arrivée aux États-Unis de 8000 terroristes, venus de l’est d’Alep, peut aider le peuple syrien, qu’elle les prenne, d’autant plus que la plupart ne sont pas Syriens ! […] « Des groupes armés terroristes présents dans le quartier Al-Boustane de l’est d’Alep, que certains États et certaines parties prenantes se plaisent à qualifier d’"opposition armée non étatique", ont commis hier [20 novembre] un autre hideux massacre et prémédité, lorsqu’ils ont lancé plusieurs roquettes sur deux établissements scolaires, Al-Mouhadatha et Saria Hassoun, situés dans le quartier Forkane à l’ouest d’Alep. Parmi les victimes, 10 enfants âgés de 7 à 12 ans et 59 blessés dont une institutrice ayant dû subir une amputation de jambe.
  Voici des photos [déposées au Conseil de sécurité] de ces écoles d’Alep bombardées par des groupes armés génétiquement modifiés en "opposition armée modérée". Des photos que personne ne vous montrera. Soit dit en passant, l’école nommée « Saria Hassoun »  porte le nom du fils du grand mufti de la République arabe syrienne, dont je vous avais parlé il y a cinq ans alors qu’il venait de perdre ce fils, tué par des terroristes. Hier, c’était au tour de l’école qui porte son nom »
[5].

 28 novembre, JT de 20h de France2 : précédant la nouvelle réunion en urgence demandée par la France pour le 30, MLJ apporte, peu que peu, 1’22 de reportage : « Alep : avancée décisive de l'armée du régime syrien ».
  « L’armée régulière [!] a conquis ces derniers jours un tiers de la ville. […] Les bombardements sont intenses. Pour les civils en fuite, l'armé
e russe met en scène (sic) son aide humanitaire. Ce sont des soldats qui distribuent de la nourriture à ceux qu'ils ont bombardés pendant des mois». On remarque que MLJ n’a pas dit « bombardements aériens » : ce n’est plus l’aviation russe mais, au sol, l’Armée arabe syrienne -qui a des services de renseignements, l’a-t-on oublié maintenant après nous en avoir gavé pendant des années ?- qui cible les repères et QG des terroristes par des tirs d’artillerie depuis les quartiers libérés. Mais qui relèvera la différence, après le pilonnage médiatique des « raids aériens sur Alep Est » depuis la mi-septembre ?
   Toutes les images ont des logos différents de France2. Pour montrer les gens qui fuient les quartiers contrôlés par les terroristes, « notre équipe » a utilisé cette fois en partie des images des Services d’information de l’armée syrienne, et d’une chaîne iranienne : logos non floutés.« Premier exode de cette ampleur depuis 2012. Il est encadré par l'armée syrienne alors les témoignages qui nous parviennent sont contrôlés». Exemple de la parole contrôlée ? : "Merci de nous avoir sortis de là, amenez moi à l’hôpital" dit une vieille femme». C’est seulement à la fin du reportage qu’on va retrouver la parole libre par skype à laquelle MLJ nous a habitués : pour la première fois, c’est une femme qui parle. « Nous joignons par skype cette mère de famille encore sur place ». Anonyme… Pour la première fois, de tous les skypes de MLJ, c’est le premier témoin qui n’est pas nommé. Personne n’a songé à demander ou à donner au moins un prénom à « la mère de famille » ? La voix serrée, « elle aurait voulu que ses enfants grandissent et s’épanouissent ici ». Les deux fillettes souriantes ne sont plus là ? Ni «Icham» l’ancien professeur d’arabe qui collectionne les enveloppes de bombes au phosphore russes, ni «Amr» le grassouillet ancien étudiant en droit de 25 ans ? Partis en laissant négligemment derrière eux, et derrière la femme anonyme voilée de noir, le tableau de la dernière réunion de « quartier rebelle » dans l’abri sous-terrain
[6] ?

   Le lendemain 29 novembre, France2 diffuse un «récit F. Génauzeau, montage G. Messina, images de l’ONG Syria Charity » : « Syrie : des images saisissantes des ambulanciers qui sauvent des vies à d’Alep « pour le compte d’une ONG française ».
   Vous avez aimé les Casques Blancs ? Vous allez adorer Syria Charity
[7].
« Dans ces quartiers, la population est laissée à elle-même. Des ambulanciers tentent l'impossible, tous les jours. "Syria Charity", une ONG française,
de bat pour sauver des vies. Ils sont électriciens, couturiers ou étudiants (sic) et filment leur quotidien grâce à des caméras fixées sur leur front. »
  Et nos Casques Blancs  ? Auraient-ils -déjà- quitté le navire ?

  Au CS le 30 novembre, réunion à la demande de la France, où son représentant, à cours de formules face à l’urgence, parle à nouveau de Guernica ; où le secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et coordonnateur des secours d’urgence de l’ONU, Steffen O’Brien, déclare depuis Genève : « "L’intensification des combats au sol et les bombardements aériens aveugles au cours des derniers jours auraient tué et blessé des dizaines de civils" alors que plus aucun hôpital ne fonctionne et que "les stocks alimentaires sont pratiquement épuisés", a-t-il déploré ». Mais pas les stocks d’armes qui permettent aux groupes terroristes de continuer leurs bombardements quotidiens sur les autres quartiers de la ville. L’agence de presse syrienne Sana rend compte précisément au jour le jour du nombre de morts et blessés, sans conditionnel, sans chiffres arrondis à la dizaine.
   Power : « La Russie pouvant encore (sic) exercer son droit de veto pour empêcher les civils de bénéficier de l’aide, nous devrons alors réfléchir aux moyens d’agir plus efficacement, par exemple dans le cadre de l’Assemblée générale ».
   Comme à chaque fois, les représentants de USA, France et Grande-Bretagne se lèvent et quittent la salle, cette fois avant même l’intervention du représentant russe.
  Le texte exact de l’intervention du Dr al-Jaafari est disponible, hors des services de l’ONU
[8]. Extraits : « […] dire à ma collègue américaine que Daech, le Front al-Nosra et tous ces terroristes qui capturent les femmes, les vendent au marché des esclaves à un prix fixé par une liste établie en fonction de leur âge. Dans une telle situation, il semble que mes collègues féminines au sein de ce Conseil risquent, malheureusement, d’être vendues pour seulement 40 dollars. Une femme capturée par ceux-là est vendue 40 dollars seulement… 40 dollars ! […] Je renouvelle mon appel aux cœurs tendres de ce Conseil, qui s’apitoient sur les terroristes modérés ou génétiquement modifiés en modérés, pour qu’ils ramènent leurs déchets ensauvagés expédiés chez nous ces cinq dernières années, afin qu’ils en prennent soin et, s’ils le souhaitent, qu’ils leur réservent des « zones d’administration autonome » dans leurs villes, en Europe, aux États-Unis ou ailleurs.
  Si vous tenez tant au Front al-Nosra, emmenez ses éléments chez vous. Donnez-leur des permis d’entrée et de séjour. Ils seront de bons terroristes dans vos pays ! ».

 Le 1er décembre la France du président Hollande valorise ses investissements dans la campagne. Tribune conjointe de Jean-Marc Ayrault et Frank-Walter Steinmeier : « Cette semaine, la France et l’Allemagne rendent hommage à des femmes et des hommes courageux qui luttent pour les droits de l’Homme à travers le monde. Un prix spécial a été décerné, cette année, aux « casques blancs » qui par leur action contribuent, au péril de leur propre vie, à sauver des civils visés par des bombardements en Syrie […] Avant le conflit syrien, Raed al-Saleh était un homme d’affaires qui vendait du matériel électrique ; il est maintenant à la tête des Casques blancs syriens, des bénévoles qui risquent leur vie pour secourir les victimes des frappes aériennes et reconstruire les infrastructures détruites » : c’est à lui, pour les Casques Blancs, qu’est remis le Prix spécial. Des droits de l’Homme et -oui- promotion de l’Etat de droit. Pas de photo de l’événement.

  Lundi 5 décembre  : à New York, Conseil de Sécurité, réunion pour un « projet de résolution qui visait notamment à mettre fin à toutes les attaques menées dans la ville d’Alep pour une période renouvelable de sept jours ». Résolution bloquée avec trois votes négatifs (Russie, Chine et Vénézuela).
« Accusant la Russie d’avoir abusé de sa qualité de membre permanent au sein du Conseil de sécurité, la représentante des États-Unis a souligné qu’il était nécessaire de trouver d’autres moyens pour augmenter les pressions sur ce pays. Chaque fois qu’un moyen sera anéanti, nous en trouverons d’autres pour mettre fin à une intervention militaire barbare en Syrie, a-t-elle assuré avant de conclure »
[9].
   Le même jour, un hôpital mobile russe qui venait d’être installé à Alep Ouest, pour soigner les enfants fuyant les quartiers Est, est bombardé par des tirs de missiles des «rebelles ». Deux infirmières russes (non anonymes
[10]) tuées, et des blessés dans le personnel médical et les civils. Les tentes de l’hôpital étaient signalées par une croix rouge et ses coordonnées communiquées aux « parties belligérantes »[11].
 «Immédiatement, les autorités russes ont accusé les États-Unis, la France et le Royaume-Uni d’avoir fourni aux jihadistes les coordonnées de leur hôpital. Plusieurs membres de l’Otan ont répondu en accusant la Russie de "bloquer le Conseil de sécurité de l’Onu"
[12]. Après vérification, il apparaît que les jihadistes ont directement touché l’hôpital sans procéder aux tirs de réglage habituels de l’artillerie ; qu’ils ont effectivement reçu les coordonnées de l’hôpital sous forme d’image satellitaires ; que ces images ont été fournies par le LandCom —le centre de commandement des Forces terrestres de l’Otan, situé à Izmir (Turquie). Comme en Libye où les moyens de l’Otan ont été utilisés par quelques États membres sans autorisation du Conseil atlantique et donc en violation des statuts de l’Organisation, la guerre contre la Syrie est menée depuis le premier jour sous la coordination de l’Alliance atlantique»[13]

  Mercredi 7 décembre, au JT de 13h de France2, nouveau reportage (1’28’’) : « Martine chez les déplacés » (mais on ne la voit pas).
« Toute la nuit des bombes incendiaires lancées par le régime de Bachar al-Assad et ses alliés russes ont frappé les quartiers rebelles» : images signées THIQA. Qui est-ce ? « Média révolutionnaire fondé par un groupe de journalistes et militants qui continue la Révolution Syrienne depuis son lancement»
[14].  Rappel : aucun avion russe ou syrien n’a bombardé Alep depuis le 18 octobre. Alors où et par qui  les bombes incendiaires rapportées par THICA ont-elles été lancées ?
  La propagande dont parle MLJ serait celle du « régime » et alliés, pas des images qu’elle a empruntées à THICA. Suivent : des images des civils « déplacés », qui quittent ces quartiers, comme « cet homme [qui] embrasse un soldat, une accolade de propagande (sic) peut-être (re-sic), comme les interviews ». Chers lecteurs, regardez ce « reportage »
[15] ne serait-ce que pour voir le visage de « cet homme », son émotion mais aussi son impressionnante maigreur.
  Au JT de 20h, E. Leenhardt « fait le point sur la situation »
[16] : « qui contrôle quoi en Syrie ?» et au direct de France2  ? Où « notre spécialiste » fait un lapsus devant une carte de la Syrie : « L’opposition au régime se trouve dans ces zones déguisées, euh, dessinées, pardon, en jaune »…
   Deuxième « reportage »
[17] de la journée ; images rapides en introduction de l’Aleppo Media Center avec quelques CB dans leurs nuées de poussière : « asphyxiés, les rebelles savent que leurs jours sont comptés ». Ensuite : images de médias militaires syriens et iranien, de « propagande » nous prévient-on au cas où on n’aurait pas encore compris, sur les habitants d’Alep Est qui fuient les « rebelles ». Pour Arnaud Comte qui a pris le relai de MLJ comme récitant « les bombardements sont ininterrompus »,« l’offensive du régime est dévastatrice », « comme nous le confirme cet habitant joint cet après-midi par Internet  (skype) : "les forces du régime sont très proches, à quelques mètres d’ici, vous voyez là je suis dehors et je suis sûr qu’un sniper m’a dans le viseur [en marchant avec sa kalach le long de corps, au milieu d’une rue sans bruit] nous sommes tous pris au piège dans cette poche"». Non, pas tous, même ça c’est faux.
   Sur France Culture dès 7h30, Valérie Crova, enfin arrivée à Alep, pour « Le choix de la rédaction »
[18] pose des questions neutres de journaliste de chaîne publique qui fait de l’information indépendante : à une femme qui lui dit qu’ils étaient affamés par les rebelles, elle corrige : « mais le fait que vous ne vous mangiez pas c’était aussi parce que l’armée empêchait la nourriture d’entrer» et caetera dans tous les journaux qui suivent depuis.
  Pendant ce temps, « la correspondante de RT Lizzie Phelan a été conduite par des sapeurs de l’armée syrienne dans les parties de la ville nouvellement libérées. Son équipe a pu filmer des débris de munitions et des sachets de produits chimiques abandonnés dans une école qui servait de base aux rebelles ». Elle donne la parole aux démineurs qui -sans les Casques Blancs ni Syria Charity - sécurisent la zone pour que les habitants puissent rentrer chez eux. Le lieutenant-colonel des ingénieurs de combat syriens : « le problème ça n’est pas la mort. Le problème c’est la maison… Rester ou partir »
[19]. Depuis plus de cinq ans.

  Vendredi 9, Oeil-de-lynx[20] continue à voir des avions bombarder Alep-Est. Pourtant «le chef du Commandement opérationnel principal de l'État-major général a tenu à souligner que les forces aérospatiales russes n'ont réalisé aucune opération à Alep depuis le 18 octobre. "Je souligne que ces résultats ont été atteints par les troupes terrestres de l'armée syrienne et que l'aviation russe et l'aviation syrienne n'ont participé à aucune opération à Alep depuis le 19 octobre. Les quartiers libérés reçoivent chaque jour des dizaines de tonnes d'aide humanitaire, voient les infrastructures sociales se remettre en place, leurs habitants reçoivent l'aide médicale nécessaire", a affirmé M. Roudskoï» [21].
  Dorothée Olliéric (avec B. Gazet) fait un reportage étonnamment proche de l’objectivité au JT de 13h de France2 :  les militaires russes « mettent en place une vraie organisation humanitaire » pour venir en aide aux réfugiés
[22]. On ne le repassera pas. Et Olliéric retournera le soir-même sur le Charles de Gaulle, où le chef des armées françaises (totalement indépendant du commandement intégré de l’Otan) déclare qu’il n’a pas dit son dernier mot.
  Au JT de 20h, face à ce que D. Olliéric appelait le matin « la fulgurante avancée » de l’armée syrienne, Arnaud Comte -sans MLJ- doit contrôler une amorce de virage. Logos floutés pour les images par drones et pour la séquence : «les rebelles, acculés, n’ont aucunement l’intention de baisser les armes comme le montrent ces images de propagande » ! Comme disait l’autre, ce n’est pas la girouette qui tourne, c’est le vent… Et « justement, quels sont ces rebelles encore présents ? ». Les rebelles modérés de l’ASL, mais « à côté il y aurait plusieurs groupes islamistes », à n’en pas douter les seuls auteurs de toutes les exactions que les rescapés commencent à raconter à l’ »armée de Bachar al-Assad « . Et, pour finir, un mot de l’inquiétude de l’ONU sur les hommes qui auraient disparu en arrivant dans la zone contrôlée par « les forces du régime »
[23].
  La question corollaire « Mais qui sont ces soldats syriens qui se battent à Alep ? » n’a pas été posée par Arnaud Comte mais par les journalistes russes de Sputnik . « 
Basil, diplômé de la faculté du droit de Deir ez-Zor, manie à la perfection un lance-roquettes RPG-7. Il n'a pas vu sa famille depuis quatre ans. Les siens habitent dans la partie occupée de la ville (Deir ez-Zor), et il est pratiquement impossible de les voir. "Je regarde leurs photos, et cela me fait du bien. J'aurais préféré combattre non loin de mes proches" »[24].

   L’Armée arabe syrienne et ses alliés sont en train de débarrasser Alep des groupes terroristes. Et nous, quand nous débarrasserons-nous des mercenaires journalistes et faux humanitaires, et de leurs patrons ?

A la mémoire de Nadejda Douratchenko et Galina Mikhaïlova,
du Service de santé des armées russe, hôpital pédiatrique mobile d’Alep.
Marseille, 10 décembre 2016

Moscou, Galerie Tretiakov (photo m-a patrizio)

 

[1] http://www.mondialisation.ca/le-quai-dorsay-lue-et-les-usa-financent-le-aleppo-media-centre-qui-defend-la-cause-des-djihadistes/5548392?print=1

[10] Les infirmières Nadejda Douratchenko et Galina Mikhaïlova ont été tuées sur le coup. Le pédiatre Vadim Arsentiev, grièvement blessé, a été évacué lundi https://fr.sputniknews.com/russie/201612081029068852-russie-syrie-poutine/

[14] http://thiqa-agency.com/en/ et http://thiqa-agency.com/en/about/ : « Thiqa Agency .Objectives : To cover the Revolutionary movement in Aleppo city in private and the rest of the revolutionary movement in Syria city in general and stands for documenting the crimes of Assad regimes criminal and militias supporting him and the advancement of the revolutionary media to the global level and expose the Assad regimes practices in the face of the Syrian revolution ».

[20] « Œil de Lynx au Mont Kassioun », Marie-Ange Patrizio, septembre 2013   http://www.palestine-solidarite.org/analyses.Marie-Ange_Patrizio.090913.htm

 

 

 

   

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Source: Marie-Ange Patrizio

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