L'art de la guerre
Psyop : opération Syrie
Manlio Dinucci
© Manlio
Dinucci
Mardi 27 septembre 2016
Les « Psyop » (Opérations
psychologiques), dont sont chargées des
unités spéciales des forces armées et
des services secrets étasuniens, sont
définies par le Pentagone comme des
« opérations planifiées pour influencer
à travers des informations déterminées
les émotions et motivations et donc le
comportement de l’opinion publique,
d’organisations et de gouvernements
étrangers, afin d’induire ou renforcer
des attitudes favorables aux objectifs
préfixés ».
Exactement l’objectif de la
colossale psyop politico-médiatique
lancée sur la Syrie.
Après cinq années pendant
lesquelles on a cherché à démolir l’Etat
syrien, en le démantelant de l’intérieur
par des groupes terroristes armés et
infiltrés de l’extérieur et en
provoquant plus de 250mille morts,
maintenant que l’opération militaire est
en train d’échouer on lance l’opération
psychologique pour faire apparaître
comme agresseurs le gouvernement et tous
ces Syriens qui résistent à l’agression.
Fer de lance de la psyop : la diabolisation du président Assad (comme
auparavant Milosevic et Kadhafi),
présenté comme un dictateur sadique qui
prend plaisir à bombarder des hôpitaux
et à exterminer des enfants, avec l’aide
de son ami Poutine (dépeint comme un
néo-zar de l’empire russe
renaissant de ses cendres).
C’est à cet effet que sera présentée à Rome, début octobre, à
l’initiative de diverses organisations
« humanitaires », une exposition
photographique financée par la monarchie
absolue du Qatar et déjà montrée à l’Onu
et au Musée de l’holocauste à Washington
à l’initiative des USA, de l’Arabie
saoudite et de la Turquie : elle
contient une partie des 55 mille photos
qu’un mystérieux déserteur syrien, nom
de code Caesar, dit avoir prises pour le
gouvernement de Damas dans le but de
documenter les tortures et les meurtres
des prisonniers, c’est-à-dire ses
propres crimes (sur la crédibilité des
photos voir le rapport de Sibialiria et
de l’Antidiplomatiqo).
En ce point une autre
exposition est donc nécessaire, pour
montrer toutes les documentations qui
démolissent les « informations » de la
psyop sur la Syrie.
Par exemple, le document
officiel de l’Agence de renseignement du
Pentagone, daté du 12 août 2012
(déclassifié le 18 mai 2015 grâce à
l’initiative de « Judicial Watch ») : il
rapporte que « les pays occidentaux, les
Etats du Golfe et la Turquie soutiennent
en Syrie les forces d’opposition pour
établir une principauté salafiste en
Syrie orientale, chose voulue par les
puissances qui soutiennent l’opposition
afin de d’isoler le régime syrien ».
Cela explique la rencontre en mai 2013 (documentée photographiquement)
entre le sénateur étasunien MacCain, en
Syrie pour le compte de la Maison
Blanche, et Ibrahim al-Badri, le
« calife » à la tête de l’Isis.
Cela explique aussi pourquoi le président Obama autorise secrètement en
2013 l’opération « Timber Sycamore »,
conduite par la Cia et financée par Ryad
avec des millions de dollars, pour armer
et entraîner les « rebelles » à
infiltrer en Syrie (voir le New York
Times du 24 janvier 2016).
Une autre documentation se trouve dans
les emails de Hillary Clinton
(déclassifiés «number case F-2014-20439,
Doc N° C057944983), où, en habit de
secrétaire d’état, elle écrit en
décembre 2012 que, étant donné la
« relation stratégique » Iran-Syrie,
« le renversement d’Assad constituerait
un immense bénéfice pour Israël, et
ferait aussi diminuer la crainte
israélienne compréhensible de perdre le
monopole nucléaire ».
Pour démolir les « informations » de la psyop, il faut aussi une
rétrospective historique sur la façon
dont les USA ont instrumentalisé les
Kurdes dès la première guerre du Golfe
en 1991. A l’époque pour « balkaniser »
l’Irak, aujourd’hui pour désagréger la
Syrie.
Les bases aériennes installées aujourd’hui par les USA dans la zone kurde
en Syrie servent à la stratégie du
« diviser pour régner », qui vise non
pas la libération mais l’asservissement
des peuples, y compris kurde.
Edition de mardi 27 septembre 2016
de il manifesto
http://ilmanifesto.info/psyop-operazione-siria-2/
Traduit de l’italien par Marie-Ange
Patrizio
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