Trump annonce la
sortie imminente du Traité FNI
Le retour des euromissiles se
prépare
Manlio Dinucci
© Manlio
Dinucci
Vendredi 26 octobre 2018
L’annonce que “Trump met à la
casse le traité nucléaire historique
avec Moscou” -le Traité sur les forces
nucléaires intermédiaires (Inf en
anglais)- n’était pas inattendue. Mais
maintenant c’est officiel. Pour
comprendre la portée de cet acte, on
doit rappeler le contexte historique
dont est issu le Traité.
Il est signé à Washington, le 8 décembre 1987, par le président des USA
Ronald Reagan et par le président de
l’URSS Michail Gorbatchev, mis d’accord
l’année précédente au sommet de
Reykjavik. Sur la base de ce traité les
États-Unis s’engageaient à éliminer les
“euromissiles” : les missiles
balistiques Pershing 2, basés en
Allemagne de l’Ouest, et les missiles de
croisière lancés du sol, basés en
Grande-Bretagne, Italie, Allemagne de
l’Ouest, Belgique et Pays-Bas ; l’Union
Soviétique s’engageait à éliminer les
missiles balistiques SS-20, basés sur
son propre territoire.
Le traité FNI (Inf) déterminait non seulement un plafond au déploiement
d’une catégorie spécifique de missiles
nucléaires, mais l’élimination de tous
les missiles de cette catégorie :
jusqu’en 1991 il en fut éliminé au total
2692. La limite du traité consistait
dans le fait qu’il éliminait les
missiles nucléaires à portée
intermédiaire et courte lancés du sol,
mais pas ceux qui étaient lancés depuis
la mer et l’air. Malgré cela, le Traité
FNI constituait un premier pas sur la
voie d’un réel désarmement nucléaire.
Cet important résultat était dû substantiellement à l’”offensive du
désarmement” lancée par l’Union
Soviétique de Gorbatchev : le 15 janvier
1986, elle avait proposé non seulement
d’éliminer les missiles soviétiques et
étasuniens à portée intermédiaire, mais
de mettre au point un programme complet,
en trois phases, pour le bannissement
des armes nucléaires pour l’an 2000.
Projet qui resta sur le papier parce que
Washington profita de la crise et de la
désagrégation de la super-puissance
rivale pour accroître la supériorité
stratégique, y compris nucléaire, des
États-Unis, demeurés unique
super-puissance sur la scène mondiale.
Il n’est pas fortuit que le Traité FNI ait été mis en discussion
par Washington quand les États-Unis ont
vu diminuer leur avantage stratégique
sur Russie, Chine et autres puissances.
En 2014, l’administration Obama a accusé
la Russie, sans apporter aucune preuve,
d’avoir expérimenté un missile de
croisière de la catégorie interdite par
le Traité, annonçant que “les États-Unis
sont en train de considérer le
déploiement en Europe de missiles avec
base à terre”, c’est-à-dire l’abandon du
Traité FNI (il manifesto, 9 juin
2015).
Le plan a été confirmé par l’administration Trump : dans l’année
fiscale 2018 le Congrès a autorisé le
financement d’un programme de recherche
et développement d’un missile de
croisière lancé du sol par plateforme
mobile sur route. Le plan est soutenu
par les alliés européens de l’Otan. Le
récent Conseil Atlantique Nord au niveau
ministres de la Défense, auquel a
participé pour l’Italie Elisabetta
Trenta (M5S), a déclaré que “le traité
FNI est en danger à cause des actions de
la Russie”, accusée de déployer “un
système de missiles déstabilisant, qui
constitue un sérieux risque pour notre
sécurité”. Moscou nie que ce système de
missiles viole le Traité FNI et, à son
tour, accuse Washington d’avoir installé
en Pologne et Roumanie des rampes de
lancement de missiles intercepteurs
(ceux du “bouclier”), qui peuvent être
utilisées pour lancer des missiles de
croisière à tête nucléaire.
Selon des informations filtrées par l’Administration, les États-Unis se
préparent à déployer des missiles
nucléaires à portée intermédiaire lancés
du sol non seulement en Europe contre la
Russie, mais aussi dans le Pacifique et
en Asie contre la Chine.
Édition de mardi 23 octobre 2018
de il manifesto
https://ilmanifesto.it/la-casa-bianca-prepara-il-ritorno-degli-euromissili/
Traduit de l’italien par M-A P.
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