Au Palazzo
Vecchio à Florence
Le petit parlement de l’Otan appelle à
la guerre
Manlio Dinucci
Mercredi 25 novembre 2015
L’abattage du chasseur russe engagé en
Syrie par un chasseur turc made in USA,
avec la rupture consécutive entre Moscou
et Ankara non par hasard à la veille de
l’accord sur le gazoduc qui aurait dû
apporter le gaz russe jusqu’au Bosphore,
met en évidence de façon dramatique
l’événement qui se déroule jeudi et
vendredi à Florence : l’Assemblée
parlementaire de l’Otan qui, le 12
octobre dernier, avait « recommandé aux
gouvernements Otan d’augmenter la
dépense de la défense, face à une Russie
de plus en plus imprévisible et à la
croissante instabilité au
Moyen-Orient ».
La session de l’Assemblée parlementaire de l’Otan, qui se déroule au
Palazzo Vecchio, n’est pas un « Summit
Nato » comme quelqu’un l’a dit.
L’Assemblée, en fait, « constitue une
institution séparée de la structure
Otan ». L’organe politique
« décisionnel » de l’Otan est au
contraire le Conseil Nord Atlantique,
qui se réunit à divers niveaux jusqu’au
summit des chefs d’Etat et de
gouvernements des 28 pays de l’Alliance
: son principe conducteur est qu’« il
n’y a pas de votes ou de décisions à la
majorité, mais les décisions sont prises
à l’unanimité et de commun accord »,
c’est-à-dire d’accord avec les
directives de Washington. Et ce sont
toujours les USA qui ont les postes clé
dans la structure militaire de
l’Alliance : le Commandant suprême allié
en Europe est toujours un général ou
amiral désigné par le président des
Etats-Unis.
Mais alors, si ça n’est pas une institution de l’Otan, à quoi sert
l’Assemblée parlementaire réunie à
Florence ? Composée de représentants des
parlements des pays de l’Alliance, pour
la majeure partie membres des
commissions défense, l’Assemblée est
présidée par l’Etasunien Hon Turner,
membre du Congrès faisant partie à la
fois de la commission sur les services
secrets et de celle sur les services
armés. Parmi les cinq vice-présidents on
a le parlementaire italien Paolo Alli,
Nuovo Centrodestra, ancien bras droit de
Formigoni et avec lui sous enquête de la
magistrature milanaise. La fonction de
l’Assemblée, financée (avec de l’argent
public) par les 28 gouvernements, est de
« constituer un lien essentiel entre
l’Otan et les parlements des pays de
l’Alliance », en particulier celle de
« sensibiliser les milieux
parlementaires sur les principales
questions relatives à la sécurité de la
zone euro-atlantique, contribuant au
renforcement des relations
transatlantiques ».
Ce qui se réunit au Palazzo Vecchio à Florence est le Groupe spécial sur
la Méditerranée et le Moyen-Orient (une
des cinq commissions dans lesquelles est
articulée l’Assemblée parlementaire),
dans un séminaire conjoint avec le
Sous-comité sur les relations
économiques transatlantiques.
L’événement, sous l’égide du Sénat et de
la Chambre représentés par les
présidents Grasso et Boldrini, est promu
par le président de la Délégation
italienne à l’Assemblée Otan, Andrea
Manciulli (Pd). Seront présents plus de
cent parlementaires représentant 40
pays : des 28 membres de l’Otan aux pays
européens et méditerranéens associés à
l’Otan et à d’autres alliés de la rive
Sud, jusqu’aux monarchies du Golfe.
Le thème « Le terrorisme international, en particulier celui djihadiste,
et son financement » sera traité par
certains des plus grands experts, y
compris ceux des monarchies du Golfe (Koweit
et Bahreïn présents à Florence) qui ont
contribué avec des milliards de dollars
à la formation et à l’armement de
groupes djihadistes et de l’Isis (Etat
islamique) dans le cadre de la stratégie
USA/Otan. Les mêmes, qui ont participé à
la guerre contre la Libye, traiteront le
thème « Libye entre entité étatique et
conflit civil », avec le ministre des
affaires étrangères Gentiloni et le Chef
d’état-major de la défense Graziano,
c’est-à-dire avec les représentants de
cette Italie qui a contribué à démolir
par la guerre l’Etat libyen. Le thème
« Iran et l’ordre régional émergeant»
sera traité par des représentants non
pas de l’Iran mais d’Israël, qui a
contribué à cet ordre avec des
opérations comme « Plomb durci »
(invitation démagogique à Florence du
Conseil national palestinien) et qui
continue à tenir l’Iran sous la menace
de ses missiles nucléaires. De
« sécurité régionale et internationale »
parleront, avec le ministre de
l’intérieur Alfano et le sous-secrétaire
Minniti avec délégation aux services
secrets, les représentants de l’Ukraine,
c’est-à-dire de ce régime qui est en
train de recruter secrètement des
néo-nazis de toute l’Europe lesquels,
après avoir été entraînés par des
instructeurs étasuniens, se trouvent
rapatriés chez eux pour des opérations
de type « Gladio ».
Après une intervention en télétransmission de Mogherini, Haut
représentant de l’Union pour les
affaires étrangères et la politique de
sécurité, le séminaire se conclura avec
les interventions de la ministre de la
défense Pinotti et du vice-amiral
Franken du Commandement USA pour
l’Afrique (celui qui a ouvert la guerre
contre la Libye), lesquels
recommanderont à l’Otan de renforcer la
« sécurité » par d’autres interventions
militaires en Afrique du Nord et au
Moyen-Orient.
Dans la ville Médaille d’Or de la
Résistance de qui est né l’Article 11 de
la Constitution, qui répudie la guerre
comme instrument d’offense à la liberté
des autres peuples et comme moyen de
résolution des controverses
internationales.
Edition de mercredi
25 novembre de il manifesto
http://ilmanifesto.info/a-firenze-il-gruppo-speciale-sul-mediterraneo-e-il-medio-oriente-della-nato/
Traduit de l’italien par Marie-Ange
Patrizio
Note de la
traductrice :
On trouvera grâce aux liens
ci-dessous la liste des membres de la
délégation française à l’Assemblée
parlementaire de l’Otan :
http://www2.assemblee-nationale.fr/europe-et-international/activites-parlementaires-internationales/les-assemblees-parlementaires-internationales/assemblee-parlementaire-de-l-otan#node_9286
Et coordonnées (avec la photo)
http://www2.assemblee-nationale.fr/instances/fiche/OMC_PO58974.
Pour le moment, le site de l’Otan
n’indique pas quels membres de cette
délégation participeront –à nos frais- à
la réunion de Florence.
Et les téléphones des « contacts »
mentionnés ne répondent pas.
Liste des participants français:
Patricia Adam, Gilbert Le Bris, Nicole
Ameline, Pierre Lellouche et Jean-Luc
Reitzer
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