L'art de la guerre
La stratégie de diabolisation de
la Russie
Manlio Dinucci
© Manlio
Dinucci
Mardi 25 septembre 2018
Le contrat de gouvernement,
stipulé en mai dernier par le M5Stelle
et par la Lega, confirme que l’Italie
considère les États-Unis comme son
“allié privilégié”. Lien renforcé par le
Premier ministre Conte qui, dans sa
rencontre avec le président Trump en
juillet, a établi avec les USA “une
coopération stratégique, presque un
jumelage, en vertu duquel l’Italie
devient un interlocuteur privilégié des
États-Unis pour les principaux défis à
affronter”. En même temps cependant le
nouveau gouvernement s’est engagé dans
le contrat à “une ouverture à la Russie,
à percevoir non pas comme une menace
mais comme un partenaire économique” et
même comme “potentiel partenaire pour
l’Otan”. C’est comme concilier le diable
avec l’eau bénite.
On ignore de ce fait, au
gouvernement comme dans l’opposition, la
stratégie USA de diabolisation de la
Russie, visant à créer l’image de
l’ennemi menaçant contre qui nous devons
nous préparer à combattre.
Cette stratégie a été
exposée, dans une audition au Sénat (21
août), par Wess Mitchell,
vice-secrétaire du Département d’État
pour les Affaires européennes et
eurasiatiques : “Pour faire face à la
menace provenant de la Russie, la
diplomatie USA doit être soutenue par
une puissance militaire qui ne soit
seconde à personne et pleinement
intégrée avec nos alliés et tous nos
instruments de puissance”.
Augmentant le budget
militaire, les États Unis ont commencé à
“re-capitaliser l’arsenal nucléaire”, y
compris les nouvelles bombes nucléaires
B61-12 qui à partir de 2020 seront
déployées contre la Russie en Italie et
d’autres pays européens.
Les États-Unis,
précise le vice-secrétaire, ont dépensé
depuis 2015 11 milliards de dollars (qui
monteront à 16 en 2019) pour l’
“Initiative de dissuasion européenne”,
c’est-à-dire pour potentialiser leur
présence militaire en Europe contre la
Russie.
À
l’intérieur de l’Otan, ils sont arrivés
à faire augmenter de plus de 40
milliards de dollars la dépense
militaire des alliés européens et à
établir deux nouveau commandements, dont
celui pour l’Atlantique contre “la
menace des sous-marins russes” situé aux
USA. En Europe, les États-Unis
soutiennent en particulier “les États
sur la ligne de front”, comme la Pologne
et les pays baltes, et ils ont supprimé
les restrictions à la fourniture d’armes
à la Géorgie et à l’Ukraine
(c’est-à-dire aux États qui, avec
l’agression contre l’Ossétie du Sud et
le putsch de Place Maïdan, ont amorcé
l’escalade USA/Otan contre la Russie).
Le représentant du
département d’état accuse la Russie non
seulement d’agression militaire mais
d’opérer aux États-Unis et dans les
États européens des “campagnes
psychologiques de masse contre la
population pour déstabiliser la société
et le gouvernement”. Pour conduire ces
opérations, qui entrent dans le
“continuel effort du système poutinien
pour la domination internationale”, le
Kremlin uti lise “la panoplie de
politiques subversives employé autrefois
par les Bolcheviques et par l’État
soviétique, mis à jour pour l’ère
digitale”.
Wess Mitchell accuse
la Russie de ce dans quoi les USA sont
les maîtres : ils ont 17 agences
fédérales d’espionnage et subversion,
parmi lesquelles celle du Département
d’État. Celui-là même qui vient de créer
une nouvelle figure : “le Conseiller
senior pour les activités et tendances
malveillantes de la Russie”(1), chargé
de développer des stratégies
inter-régionales. Sur ces bases, les 49
missions diplomatiques étasuniennes en
Europe et Eurasie doivent mettre en
oeuvre, dans leurs pays respectifs, des
plans d’action spécifiques contre
l’influence russe.
Nous ne savons pas quel est le plan d’action de l’ambassade USA en
Italie. Mais, en tant qu’”interlocuteur
privilégié des États-Unis”, le premier
ministre Conte le saura. Qu’il le
communique au parlement et au pays,
avant que les “activités malveillantes”
de la Russie ne déstabilisent l’Italie.
Edition de mardi 25 septembre 2018
de il manifesto
https://ilmanifesto.it/la-strategia-di-demonizzazione-della-russia/
Traduit de l’italien par M-A P.
(1)
Senior advisor for Russian
malign activities and trends”
ou SARMAT, nom aussi du
dernier missile intercontinental russe.
“Réaction amusée de la porte-parole du
ministère russe des Affaires étrangères
: «C'est une violation des droits
d'auteur», a déclaré Mme Zakharova.
https://fr.sputniknews.com/russie/201808241037798441-departement-etat-sarmat-poste-missile-plagiat/
(NDT pour la version française)
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