L'art de la guerre
Le business des armes s'envole
Manlio Dinucci
Mardi 21 octobre 2014
Il y a à peine un an -avec le retrait
des troupes de l’Irak et de
l’Afghanistan et les coupes annoncées
dans le budget militaire- les gros
actionnaires des industries guerrières
étasuniennes
voyaient en noir l’avenir de
leurs profits. Mais à présent, avec les
opérations militaires du Pentagone en
Syrie et Irak et la nouvelle
confrontation avec la Russie, l’avenir
est redevenu radieux.
Le 23 septembre, premier jour des
attaques aériennes en Syrie, deux
navires étasuniens ont lancé 47 missiles
Tomahawk, chacun d’un coût de 1,4
millions de dollars, en détruisant des
sites pétrolifères et autres
installations syriennes sous le prétexte
qu’ils étaient aux mains de l’Emirat
Islamique. Quelques jours après la firme
Raytheon, productrice des Tomahawk, a
emporté l’adjudication d’un contrat de
251 millions de dollars pour la
fourniture d’autres missiles et ses
actions ont augmenté de 4% en moins d’un
mois, alors que l’indice général en
Bourse est descendu dans la même période
de 2%. Des augmentations analogues ou
supérieures ont été enregistrées par les
autres plus grands contractants du
Pentagone : Northrop Grumman +4%,
General Dynamics +4,5%. Les actions de
Lockheed Martin, qui produit entre
autres les missiles Hellfire de plus en
plus utilisés par les drones Reaper de
General Atomics, ont enregistré une
augmentation record de 9,5%. Lockheed
encore a lancé le 18 octobre le septième
navire de combat de littoral (Lcs) qui,
doté d’une haute manoeuvrabilité et
capacité de naviguer dans des fonds peu
profonds, peut s’approcher des côtes
ennemies pour lancer des attaques en
profondeur dans le territoire. Peu de
temps avant, en avril, avait été livré à
la US Navy le premier des 10 navires
d’assaut amphibie de la nouvelle classe
America, d’où peuvent décoller aussi les
chasseurs F-35 de Lockheed.
Excellentes nouvelles aussi pour
le business guerrier sur le front
spatial. Le 10 octobre General Dynamics
a expérimenté la liaison, par
l’intermédiaire du système satellitaire
Muos (dont une des quatre stations
terrestres se trouve à Niscemi, en
Sicile), entre un avion en vol sur le
Pacifique et une base aux USA avec une
capacité de transmission dix fois
supérieure à la précédente. Le 14
octobre, la US Navy a installé le
système d’arme Aegis de la firme
Lockheed (dont sont déjà dotés 74 de ses
navires de guerre) dans la base Deveselu
en Roumanie, qui devient la première
base terrestre (la seconde sera en
Pologne) du « bouclier » de missiles
étasunien en Europe, dotée d’un radar
Spy-1 et d’une batterie de missiles Sm-3
: ceux-ci -assure le Pentagone-
« n’auront pas de capacité offensive
mais seulement celle d’intercepter des
missiles balistiques lancés par des pays
hostiles » (avec un référence claire
aussi à la Russie, qui devrait se fier à
la parole du Pentagone à propos des
missiles en Roumanie et Pologne qui ne
seront pas pour l’attaque nucléaire). Le
17 octobre, a atterri à la base
Vandenberg en Californie, après être
resté 22 mois en orbite, l’avion spatial
robot X-37B fabriqué par Boeing. Lancé
dans l’espace par un missile, l’avion
(long de 9 mètres et pesant 5 tonnes)
est en mesure de rentrer de façon
autonome à la base. Ce qu’est sa mission
reste top secret, mais il y a des
raisons fondées de penser qu’il est
projeté pour mettre hors d’usage les
satellites ennemis, avant de lancer une
attaque nucléaire, ou même pour
transporter des armes nucléaires dans
l’espace.
Rendant vaine la promesse de
l’administration Obama de réduire le
budget militaire, le Pentagone déclare
que, comme « les Etats-Unis doivent
rester en mesure de projeter leur propre
puissance dans des aires où nous sont
refusés l’accès et la liberté d’opérer,
nous conserverons un vaste portefeuille
de capacités militaires ».
Ainsi continuera à se gonfler,
avec des centaines de milliards de
dollars transvasés des caisses
publiques, le portefeuille des boss de
l’industrie guerrière.
Edition de mardi 21 octobre 2014 de
il manifesto
http://ilmanifesto.info/vola-il-business-delle-armi/
Traduit de l’italien par Marie-Ange
Patrizio
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