L'art de la guerre
Les USA
ressuscitent les missiles de Comiso
Manlio Dinucci
Mercredi 21 août 2019
Le Pentagone a
annoncé avoir effectué le 18 août, dans
le Pacifique, le test d’un missile de
croisière (Cruise) avec base au sol.
Lancé d’une plate-forme mobile sur l’île
San Nicolas en Californie, il a frappé
son objectif à plus de 500 km de
distance. Les données recueillies dans
le test -informe le Pentagone- serviront
au “développement de futures capacités
de missiles à moyenne portée”. S’étant
retirés du Traité FNI de 1987 -qui avait
éliminé tous les missiles nucléaires
étasuniens et soviétiques à portée
intermédiaire (entre 500 et 5500 km)
avec base au sol, y compris les Cruise
basés à Comiso (Sicile)- les USA donnent
le feu vert à une nouvelle et dangereuse
course aux armements nucléaires.
Le lancement
du premier missile de la catégorie
auparavant interdite par le Trait FNI a
été effectué à peine 16 jours après le
retrait définitif des États-Unis du
Traité, annoncé par le secrétaire d’état
Mike Pompeo le 2 août. Ceci confirme
que, tandis que le Traité FNI était
encore en vigueur, les États-Unis
réalisaient un premier missile de la
catégorie interdite par le Traité.
En 2014,
l’administration Obama accusait la
Russie, sans apporter aucune preuve,
d’avoir expérimenté un missile de
croisière (sigle 9M729) de la catégorie
interdite par le Traité et, en 2015,
elle annonçait que “face à la violation
du Traité FNI de la part de la Russie,
les États-Unis sont en train de
considérer le déploiement en Europe de
missiles avec base au sol”. Le plan a
été confirmé par l’administration Trump
: en 2018 le Congrès a autorisé le
financement d’un “programme de recherche
et développement d’un missile de
croisière lancé du sol depuis une
plate-forme mobile sur route”.
Les
images du test diffusées par le
Pentagone montrent que le missile sort
d’un lanceur vertical, du type de ceux
utilisés par le système étasunien Aegis
de “défense de missiles”, déjà installés
dans le site de missiles OTAN de
Deveselu en Roumanie (et l’an
prochain en Pologne) et sur quatre
navires de la US Navy qui, déployés dans
la base espagnole de Rota, croisent en
Méditerranée, Mer Noire et Mer Baltique.
C’est l’industrie guerrière même qui a
réalisé le système Aegis, Lockheed
Martin, qui documente que le système
“est projeté pour installer n’importe
quel missile dans n’importe quelle rampe
de lancement”, donc adapté à “n’importe
quelle mission de guerre”, y compris
“l’attaque contre des objectifs
terrestres”.
Ne
pouvant pas vérifier quels missiles sont
installés dans les rampes verticales à
proximité de son territoire, la Russie
tient pour sûr qu’il y ait aussi des
missiles nucléaires et opère en
conséquence.
Une
fois réalisés de nouveaux missiles
nucléaires (aussi bien de croisière que
balistiques) de la catégorie interdite
par le Traité FNI, les USA demanderont
aux alliés européens de les “héberger”,
et ainsi d’être en première ligne dans
la confrontation nucléaire avec la
Russie.
Quelle sera la réponse du prochain gouvernement italien ?
Édition de
mercredi 21 août 2019 de il manifesto
https://ilmanifesto.it/cruise-sparato-per-prova-nel-pacifico-torneranno-anche-a-comiso/
Traduit de l’italien par M-A P
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