L'art de la guerre
La ministre italienne de la
Défense en treillis militaire pour la
“paix” en Afghanistan
Manlio Dinucci
© Manlio
Dinucci
Mardi 18 décembre 2018
La ministre de la Défense Elisabetta Trenta (Mouvement 5 Etoiles),
aux micros d’une radio musicale, a
entonné «C’era
un ragazzo che come me amava i Beatles e
i Rolling Stones»(1),
en disant “Cette chanson me fait penser
à la valeur de la paix, une valeur
inestimable que nous devons toujours
préserver”.
Une dizaine de jours plus tard, en Afghanistan, la ministre en treillis
exaltait “notre présence en armes hors
des frontières de l’Italie, guidée par
les valeurs de notre Constitution, dans
une mission fondamentale pour la paix”.
La mission est la Resolution Support (Appui résolu), initiée par
l’Otan en Afghanistan en 2015 à la suite
de l’Isaf, mission Onu dont l’Otan avait
pris le commandement par un coup de
force en 2003.
Ainsi continue la guerre
USA/Otan en Afghanistan, entrée dans la
18ème année. Elle fut lancée
par les USA le 7 octobre 2001 avec la
motivation officielle de prendre en
chasse Oussama Ben Laden, accusé des
attaques du 11 septembre, qui se serait
caché dans une grotte afghane sous
protection des talibans.
Les véritables
objectifs furent révélés par le
Pentagone dans un rapport diffusé une
semaine avant le début de la guerre :
“La possibilité existe qu’émerge en Asie
un rival militaire avec une formidable
base de ressources. Nos forces armées
doivent garder la capacité d’imposer la
volonté des États-Unis à n’importe quel
adversaire, afin de changer le régime
d’un État adversaire ou d’occuper un
territoire étranger jusqu’à ce que les
objectifs stratégiques étasuniens soient
réalisés”.
Dans la période précédant le 11 septembre 2001, il y avait eu en
Asie de forts signaux de rapprochement
entre Chine et Russie, qui se
concrétisaient quand, le 17 juillet
2001, était signé le “Traité de bon
voisinage, d’amitié et coopération”
entre les deux pays. Washington
considérait le rapprochement entre Chine
et Russie était un défi aux intérêts
étasuniens, au moment critique où les
USA essayaient d’occuper le vide que la
désagrégation de l’URSS avait laissé en
Asie centrale : aire de première
importance à la fois pour sa position
géostratégique par rapport à la Russie
et à la Chine, et pour les réserves
limitrophes de pétrole et de gaz naturel
de la Caspienne. La position clé pour le
contrôle de cette aire est celle de
l’Afghanistan.
Cela explique le fort
engagement pour une guerre qui a déjà
coûté aux seuls États-Unis plus de 1000
milliards de dollars. La mission en
cours est présentée par l’Otan comme une
“mission de non combat”. Mais sur la
base des données officielles mêmes,
l’Aéronautique USA a largué en
Afghanistan, dans les dix premiers mois
de 2018, environ 6 mille bombes et
missiles. En plus des chasseurs et
drones armés, sont utilisés les
bombardiers lourds B-52, dotés de
lanceurs rotatifs qui augmentent de deux
tiers le chargement guerrier déjà énorme
de l’avion, en lui permettant de larguer
en une seule mission jusqu’à 30
puissantes bombes à guidage de
précision.
Outre cette guère
visible il y en a une autre, cachée,
menée par les forces spéciales USA et
alliées avec la mission d’assassiner des
chefs talibans, ou présumés tels, et
d’autres jugés dangereux. Le résultat
est désastreux pour l’Otan : tandis
qu’augmentent les victimes civiles, les
talibans gagnent du terrain.
À cette guerre en
Afghanistan participe l’Italie depuis
plus de 15 ans, sous commandement
étasunien, en violant l’Article 11 de la
Constitution. Son contingent est au
troisième rang, sur 39 participants,
après ceux des États-Unis et de
l’Allemagne. Des officiers italiens sont
déployés à Tampa (Floride) auprès du
Commandement USA et au Bahrein en tant
que personnel de liaison avec les forces
USA.
Et pendant que la guerre
continue à broyer des victimes, à
l’Orphelinat de Herat -communique notre
ministère de la Défense- des militaires
italiens ont remis environ deux cent
tenues d’hiver aux “petits enfants les
moins fortunés”.
Édition de mardi 18 décembre 2018
de il manifesto
https://ilmanifesto.it/la-ministra-trenta-in-mimetica-per-la-pace-in-afghanistan/
Traduit de l’italien par M-A P.
(1) Chanson interprétée par Gianni
Morandi en 1967, contre la guerre au
Vietnam, ensuite reprise notamment par
Joan Baez :
https://genius.com/Gianni-morandi-cera-un-ragazzo-che-come-me-amava-i-beatles-e-i-rolling-stones-lyrics
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