L'art de la guerre
Asian Games : Poutine-Obama 2-0
Manlio Dinucci
Photo:
D.R.
Mardi 18 novembre 2014
Un Poutine envoyé dans les cordes par
Obama à Pékin comme à Brisbane, obligé
de quitter le G20 de façon anticipée :
c’est l’image médiatique qu’on nous a
présentée. Exactement l’opposé de ce qui
s’est passé. A Pékin pour le sommet Apec,
Obama a conclu avec la Chine un accord aussi
« historique » que fumeux qui prévoit la
réduction des émissions de gaz à effet
de serre d’ici 2030. Poutine a conclu
avec la Chine 17 accords
opérationnels d’importance stratégique.
Avant tout celui trentennal sur la
fourniture de 30-40 milliards de mètres
cubes de gaz naturel à travers un
couloir énergétique allant de
la Sibérie occidentale
à la Chine nord-occidentale. Une fois réalisé, la Chine deviendra le plus grand
importateur de gaz russe.
Ont en outre été signés des accords sur des projets
énergétiques conjoints dans la région
d’Arkhangelsk et en Extrême-orient
russe. Les plus grandes compagnies
énergétiques russes -Gazprom, Rosneft et
Lukoil- sont sur le point de coter leurs
actions à
la Bourse de Hong Kong,
non pas en dollars mais en monnaies
asiatiques : yuan chinois, dollar de
Hong Kong, dollar de Singapour. Le
processus de dédollarisation des
échanges commerciaux, extrêmement
redouté aux Etats-Unis, accomplit un
nouveau pas avec l’accord entre la Banque centrale russe et la Banque populaire de Chine.
En outre, Exim Bank, qui finance
l’export-import de la Chine, a effectué des
investissements dans des banques russes
(Vnesheconombank, Vtb, Rosselkhozbank)
touchées par les sanctions USA/Ue.
Un autre accord important concerne la réalisation de grands
parcs de haute-technologie dans les deux
pays, destinés en particulier à
développer les systèmes satellites de
navigation mondiale, le Glonass russe et
le Beidou chinois, alternatifs au Gps
étasunien : dans ce cadre seront
installées en Chine diverses stations
terrestres du Glonass.
Le chef d’état-major russe, Valery Gerasimov, a en outre
annoncé que les deux gouvernements se
sont mis d’accord sur
« de nombreux projets de
coopération militaire ». L’un d’entre
eux est le chasseur stealth
(furtif) chinois J-31, analogue au F-35
étasunien, qui, doté de moteurs russes,
a été montré en vol au Salon aérospatial
de Zhuhai en Chine méridionale, pendant
que le président Obama se trouvait à
Pékin.
Les liens entre les deux pays « représentent une tendance
irréversible », a déclaré le président
Xi, lors de sa dixième rencontre avec le
président Poutine depuis qu’il est entré
en fonction en mars 2013. Et, pour
preuve de ceci, les deux présidents ont
annoncé que Chine et Russie célèbreront
ensemble, en 2015, le 70ème
anniversaire de la victoire dans
la Seconde
guerre mondiale. Climat analogue à
Brisbane, en Australie, où s’est tenu un
G20 inconcluant, qui a annoncé
l’objectif d’atteindre une croissance de
2,1% d’ici 2018 (moyenne statistique
entre une Chine dont le pib croit de 8%
par an et une Italie pratiquement à
l’arrêt). L’événement le plus important
s’est tenu à Brisbane en marge du G20,
la réunion des chefs d’Etat et de
gouvernement des pays des Brics :
Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique
du Sud. Leur pib total, à parité de
pouvoir d’achat, est plus haut que celui
du G7.
Ces pays réalisent plus de 20% du
produit brut et du commerce mondiaux et
le commerce interne aux Brics a doublé
en cinq ans, atteignant les 300
milliards de dollars.
A Brisbane les cinq leaders ont confirmé la création,
à l’intérieur des Brics, d’une Banque
pour le développement avec un capital de
100 milliards de dollars (dont 41 versés
par
la Chine) et d’un Fond
de réserve de 100 autres milliards pour
fournir une liquidité ultérieure aux
pays membres. Le « leadership américain
dans la région Asie/Pacifique » proclamé
par Obama à Brisbane, doit compter avec
un monde qui change.
Edition de mardi 18 novembre 2014 de
il manifesto
http://ilmanifesto.info/asian-games-putin-obama-2-0/
Traduit de l’italien par Marie-Ange
Patrizio
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