L'art de la guerre
Les partenaires de l'Otan élargie
Manlio Dinucci
Photo:
D.R.
Mardi 16 décembre 2014
C’est la saison des anniversaires à
l’Otan. A Amman (Jordanie), les 9 et 10
décembre, ont été célébrés les vingt ans
du « Dialogue méditerranéen ». Etaient
présents le secrétaire général de l’Otan
Jens Stoltenberg et les 28 représentants
du Conseil nord-atlantique, avec les
ambassadeurs des 7 pays partenaires :
Algérie, Egypte, Jordanie, Israël,
Maroc, Mauritanie et Tunisie. Il y a
trois ans, a rappelé Stoltenberg,
« pendant l’opération dirigée par l’Otan
pour protéger le peuple libyen, aussi
bien la Jordanie que le Maroc ont
apporté d’importantes contributions
militaires : cela a été possible grâce à
des années de coopération militaire
entre nos pays ». Le « Dialogue
méditerranéen » prévoit en effet la
formation d’officiers des pays
partenaires dans les académies
militaires Otan, parmi lesquelles le « Defense
College » de Rome, et celle de forces
spéciales par les «Equipes mobiles
d’entraînement » envoyées sur place par
l’Otan. A ces activités s’ajoutent
celles prévues par les « programmes de
coopération individuelle » de l’Otan
avec chacun des sept partenaires. Le
plus important est celui avec Israël,
ratifié par l’Otan en décembre 2008,
trois semaines avant l’opération
israélienne « Plomb durci » contre Gaza.
Il établit la connexion d’Israël au
système électronique Otan,
l’augmentation des manoeuvres militaires
conjointes et de la coopération dans le
secteur des armements, et jusque
l’élargissement de la « coopération
contre la prolifération nucléaire » (en
ignorant qu’Israël, unique puissance
nucléaire de la région, refuse de signer
le Traité de non-prolifération et a
rejeté la proposition ONU d’une
conférence pour la dénucléarisation du
Moyen-Orient). « Avec la naissance
d’Isis (Emirat islamique, EI) et la
façon dont se répand la violence et la
haine dans toute l’Afrique du Nord et le
Moyen-Orient -a souligné Stoltenberg aux
partenaires- cette synergie entre nous
est plus que jamais nécessaire ». Et, se
référant à la Jordanie, il la définit
comme « une île de stabilité dans une
mer de turbulence », en faisant des
louanges sur « sa contribution à la
stabilité de la région et aux opérations
conduites avec les pays de l’Otan ».
Louanges méritées : la Jordanie a
contribué à créer la « mer de
turbulence », en participant d’abord à
la guerre Otan qui a démoli l’Etat
libyen, puis à la guerre conduite par
l’Otan en Syrie de façon secrète. La
Jordanie, comme la Turquie, constitue la
base avancée de cette opération qui,
menée en synergie avec Israël, vise à
démolir non pas l’EI (fonctionnel à
cette stratégie) mais l’Etat syrien. Par
leurs mérites, a annoncé Stoltenberg,
les forces armées jordaniennes vont
maintenant faire partie de la « Force de
riposte de l’Otan ». Le vingtième
anniversaire du « Dialogue
méditerranéen » étant célébré, le
secrétaire général de l’Otan et les 28
représentants du Conseil nord-atlantique
sont allés à Doha (Qatar) pour célébrer,
le 11 décembre, le dixième anniversaire
de l’ « Initiative de coopération
d’Istanbul », le partenariat entre
l’Otan et quatre monarchies du Golfe :
Bahrein, Emirats Arabes Unis, Koweit et
Qatar. Stoltenberg a cité « la campagne
de Libye comme exemple de la façon dont
l’Otan et les partenaires du Golfe
peuvent travailler ensemble ». Dans la
guerre contre la Libye s’est distingué
le Qatar, comme l’avait déclaré le chef
d’état-major lui-même (The Guardian,
26 octobre 2011), avait infiltré en
Libye des milliers de commandos aux
ordres du Pentagone. Ce même Qatar qui
aujourd’hui, comme il résulte aussi
d’une enquête du Financial Times,
dépense des milliards de dollars pour
financer et armer les groupes islamistes
qui combattent en Syrie, y compris l’EI,
soutenu aussi par le Koweit et l’Arabie
saoudite.
Est-ce un hasard si, à Doha, le
secrétaire général de l’Otan n’a jamais
nommé l’EI ?
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