L'art de la guerre
L’Italie sous l’emprise USA/Otan
Manlio Dinucci
© Manlio
Dinucci
Mardi 13 mars 2018
Dans la première
moitié du mars, sont simultanément en
cours deux grands exercices de guerre
-l’un en Méditerranée devant les côtes
siciliennes, l’autre en Israël- tous
deux dirigés et soutenus par les
commandements et par les bases USA/Otan
en Italie.
Au Dynamic Manta 2018
-exercice de guerre sous-marin, appuyé
par les bases de Sigonella et Augusta et
par le port de Catane- participent des
forces navales des Etats-Unis, Canada,
Italie, France, Belgique, Allemagne,
Grande-Bretagne, Espagne, Grèce et
Turquie, avec 5000 soldats, navires de
surface, sous-marins, avions et
hélicoptères. L’exercice est dirigé par
le Commandement Otan de Lago Patria (Jfc
Naples), aux ordres de l’amiral
étasunien James Foggo. Nommé par le
Pentagone comme ses prédécesseurs, il
commande en même temps les Forces
navales USA en Europe et les Forces
navales USA pour l’Afrique, dont le
quartier général est à Naples
Capodichino.
C’est l’amiral Foggo lui-même qui explique à quoi sert le Dynamic Manta
2018 : la “Quatrième bataille de
l’Atlantique” a commencé, après celles
des deux guerres mondiales et de la
guerre froide. Elle est menée contre
“des sous-marins russes de plus en plus
sophistiqués qui menacent les lignes de
communication maritime entre les
Etats-Unis et l’Europe de l’Atlantique
Nord”. L’amiral accuse la Russie de
conduire “une activité militaire de plus
en plus agressive”, en citant comme
exemple des chasseurs russes qui
survolent à basse altitude des navires
USA. Mais il ne dit pas que ces navires
de guerre croisent dans la Baltique et
en Mer Noire tout près du territoire
russe. Même chose pour les
drones-espions USA Global Hawk qui,
décollant de Sigonella, volent deux ou
trois fois par semaine le long des côtes
russes au-dessus de la Mer Noire.
L’amiral Foggo,
tandis qu’avec sa casquette de
commandant Otan il prépare en Italie les
forces navales alliées contre la Russie,
avec celle de commandant des Forces
navales USA en Europe envoie depuis
l’Italie la Sixième Flotte au Juniper
Cobra 2018, exercice conjoint USA-Israël
dirigé principalement contre l’Iran.
Partant de la base de Gaeta, est arrivé à Haifa le Mount Whitney,
navire amiral de la Sixième Flotte,
accompagné du navire d’assaut amphibie
Iwo Jima. Le Mount Whitney est un
quartier général flottant, relié au
réseau mondial de commandement et
contrôle du Pentagone y compris à
travers la station Muos de Niscemi
(Sicile).
Le Juniper Cobra 2018 -auquel participent 2500 militaires USA et autant
d’Israéliens- a commencé le 4 mars,
alors que le premier ministre Netanyahu,
dans sa rencontre avec le président
Trump, soutenait que l’Iran “n’a pas
renoncé à ses ambitions nucléaires”
(sans dire qu’Israël est l’unique
puissance nucléaire au Moyen-Orient) et
concluait : “l’Iran doit être stoppé,
c’est là notre devoir commun”.
L’exercice simule la riposte israélienne au lancement simultané de
missiles depuis Liban, Iran, Syrie et
Gaza. Le scénario réel peut au contraire
être celui d’un lancement de missiles
faussement attribué aux Hezbollah
libanais alliés de l’Iran, comme
prétexte pour attaquer le Liban en
visant l’Iran. Au maximum 72 heures plus
tard, déclarent des officiers étasuniens
et israéliens, arriveraient d’Europe (en
particulier des bases en Italie) des
forces étasuniennes pour épauler Israël
dans la guerre.
La présence au
Juniper Cobra du général Scaparrotti,
chef du Commandement Européen des
Etats-Unis, confirme ce plan, qu’il a
défini dans une rencontre avec
l’état-major israélien le 11 mars. Comme
Scaparrotti est aussi Commandant suprême
allié en Europe (charge qui revient
toujours à un général USA), le plan
prévoit une participation Otan, surtout
italienne, en soutien à Israël dans une
guerre à grande échelle au Moyen-Orient.
Edition de mardi 13 mars 2018 de
il manifesto
Traduit de l’italien par M-A P.
L’Alliance atlantique écrit au
journal il manifesto
À Madame Rangeri,
(directrice actuelle de
il manifesto, ndt),
Je vous prie de noter que l’article
intitulé “L’Italie sous l’emprise
USA/Otan”, publié le 13 mars 2018, sous
la signature de Manlio Dinucci, contient
des informations imprécises et
trompeuses.
Paragraphe 3 :
Il est faux que :
“L’exercice soit dirigé par le
Commandement Otan de Lago Patria (Jfc
Naples), aux ordres de l’amiral étasunien
James Foggo”.
Il est vrai que
: Le Commandement Maritime de l’Otan
(MARCOM), dont le siège est à Northwood,
en Grande-Bretagne, détienne le
commandement et contrôle de l’exercice
guidé par l’Amiral Clive Johnstone.
Paragraphe 4 :
Faux ce qui suit : “C’est
l’amiral Foggo lui-même qui explique à
quoi sert le Dynamic Manta 2018 : la «Quatrième
bataille de l’Atlantique» a commencé,
après celles des deux guerres mondiales
et de la guerre froide”.
Vrai que : Dans son article
intitulé “La quatrième bataille de
l’Atlantique”, publié en 2016, l”Amiral
Foggo avait fourni des indications
concernant la vision OTAN/U.S. Cette
même vision, cependant, ne peut pas être
utilisée pour “expliquer” le Dynamic
Manta de 2018. Je vous renvoie à ce qui
a été publié par MARCOM au sujet du
Dynamic Manta 2018 sur son site web
mc.nato.int .
Paragraphe 6 :
Il est faux de dire que
: L’amiral
Foggo, tandis qu’avec sa
casquette de commandant Otan il prépare
en Italie les forces navales alliées
contre la Russie, avec celle de
commandant des Forces navales USA en
Europe envoie depuis l’Italie la Sixième
Flotte au Juniper Cobra 2018, exercice
conjoint USA-Israël
dirigé principalement contre l’Iran.
Il est vrai que
: L’Amiral Foggo conduit le JFC Naples
dans la “préparation, planification et
conduite d’opérations militaires visant
à préserver la paix, la sécurité et
l’intégrité territoriale des états
membres de l’Alliance…”. Pour de lus
amples détails, vous pouvez consulter le
site web de l’Allied Joint Force Command
Naples, à la rubrique “mission statement”.
En outre, dans la version anglaise de
l’article utiliser le mot “captain” est
inapproprié. Par contre, est appropriée
l’utilisation du mot “Commander”. Sur
les compétences nationales de l’Amiral
on consultera avec profit le site web
www.c6f.navy.mil/
.
Je voulais soumettre aussi à votre
attention une autre imprécision dans
l'article en question à propos du
dernier paragraphe où l’auteur dit que
“Comme Scaparrotti est aussi Commandant
suprême allié
en Europe (charge qui revient toujours à
un général USA), le plan prévoit une
participation Otan, surtout italienne,
en soutien à Israël
dans une guerre à grande échelle au
Moyen-Orient”.
Le vrai concept est que : Le Juniper Cobra est un exercice bilatéral
Israélo-Etasunien. En outre, toute
intervention de l’Otan nécessite
l’approbation inconditionnelle du
Conseil Atlantique. C’est un aspect
important que l’auteur laisse
complètement de côté.
Tout en appréciant, dans l’ensemble,
l’article publié, je vous prie de
rectifier votre version online (en
ligne, ndt) avec les modifications
ci-dessus et j’espère vivement que notre
collaboration réciproque dure dans le
temps.
Cordiales salutations,
Richard W. Haupt
Capitaine de la
Marine étasunienne, Chef de Service
Relations Publiques du commandement Otan
de JFC Naples basé à Lago Patria, Naples.
La réplique de Manlio Dinucci
Nous apprécions l’attention que
l’Otan prête à notre journal. Il
manifesto et moi-même prenons acte
de la rectification -la seule juste,
mais franchement un détail- sur le
commandement spécifique du Dynamic Manta
2018.
Pour le reste, en tous cas demeure
central le rôle du JFC-Naples de Lago
Patria, un des deux commandements
permanents de la Force conjointe Otan au
niveau opérationnel, sous les ordres de
l’amiral étasunien James Foggo.
Ce dernier commande en même temps les
Forces navales USA pour
Europe-Afrique/Sixième Flotte USA, dont
l’aire de responsabilité couvre la
moitié de l’Océan Atlantique et les mers
adjacentes, Méditerranée comprise.
À un séminaire en Norvège le 26
février, l’amiral a parlé de “Quatrième
bataille de l’Atlantique” contre “des
sous-marins russes de plus en plus
sophistiqués qui menacent les lignes de
communication maritime entre Etats-Unis
et Europe”.
Comme ces lignes passent aussi en
Méditerranée, le Dynamic Manta 2018
entre dans cette “vision Otan/USA”.
Vision fausse : quelles preuves y a-t-il
que des sous-marins russes soient en
embuscade, prêts à couler les navires
sur les lignes maritimes entre Europe et
Etats-Unis ?
Il est faux en outre que le
JFC-Naples ait comme mission la
“préparation, planification et conduite
d’opérations militaires visant à
préserver la paix, la sécurité et
l’intégrité territoriale des états
membres de l’Alliance”. Il suffit de
rappeler les guerres par lesquelles
l’Otan a démoli deux Etats, la
Yougoslavie et la Libye, d’où ne
provenait aucune menace contre les
membres de l’Alliance.
Concernant la présence du général
Scaparrotti à l’exercice Israël-USA
(auquel Foggo a envoyé l’amirale
de la Sixième Flotte), il serait ingénu
d’ignorer qu’il n’est pas seulement
commandant du Commandement Européen des
Etats-Unis, mais en même temps
Commandant suprême allié en Europe.
Par curiosité : sur la base de
quelle norme cela doit-il toujours être
“traditionnellement un commandant USA” ?
Merci encore de votre attention
pour notre travail.
Manlio Dinucci
Publié sur la version en ligne de
il manifesto le 16 mars 2018
Traduit de l’italien par M-A P.
https://ilmanifesto.it/litalia-nella-morsa-usanato/
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