Opinion
Le Sénat autorise l'intervention
militaire italienne en Syrie
Manlio Dinucci
Dimanche 7 décembre 2014
La Commission
affaires étrangères au Sénat, dans une
résolution sur la Syrie (Doc.
XXIV, n° 43), a engagé le gouvernement à
« soutenir par tous les moyens, y
compris militaire, l’action de la
coalition internationale »: en d’autres
termes, elle a autorisé (avec un vote
favorable PD-Pdl et un vote opposé du
Sel et 5Stelle [1]) une intervention
militaire directe de l’Italie en Syrie.
La
crise syrienne -déclare la prémisse
approuvée par contre aussi par Sel et
5Stelle- s’est transformée en guerre
civile « à cause de la responsabilité
claire et reconnue du régime du
président Assad », créant « le terrain
idéal pour le renforcement de
l’extrémisme fondamentaliste armé, en
particulier de celui de Daesh » (Emirat
islamique) qui constitue aujourd’hui
« une menace à l’intégrité territoriale
des pays de la région, en plus d’être
une des plus grands défis contemporains
à la sécurité, à la démocratie et à la
liberté ».
Ce sont en réalité les Etats-Unis
et les alliés majeurs de l’Otan qui ont
financé, armé et entraîné en Libye en
2011 les groupes islamistes jusque peu
de temps auparavant définis comme
terroristes, parmi lesquels les premiers
noyaux du futur EI. Ils ont été
approvisionnés en armes à travers un
réseau organisé par
la Cia
(comme l’indique une enquête du New
York Times en mars 2013) quand,
après avoir contribué à renverser
Khadafi, ils sont passés en Syrie pour
renverser Assad ; ce sont, encore, les
USA et l’Otan qui ont favorisé
l’offensive de l’EI en Irak (au moment
où le gouvernement al Maliki s’éloignait
de Washington, en se rapprochant de
Pékin et Moscou). De nombreuses preuves
existent à ce sujet. Par exemple la
photo du sénateur étasunien John McCain,
en mission en Syrie pour le compte de la Maison Blanche, qui
rencontre en mai 2013 Ibrahim al-Badri,
le « calife » à la tête de l’EI. Ou le
reportage télévisé transmis il y a
quelques jours seulement par la chaîne
allemande Deutsche Welle [2], qui
montre comment des certaines de camions
TIR traversent chaque jour sans aucun
contrôle la frontière entre
la Turquie et
la Syrie, en
transportant des chargements destinés à
Raqqa, base des opérations EI en Syrie.
La Commission
du Sénat soutient en outre que
l’intervention militaire en Syrie,
effectuée par la coalition
internationale dont fait partie
l’Italie, est autorisée par les
résolutions 2170 et 2178 du Conseil de
sécurité de l’Onu. Alors qu’en réalité
elles ne stipulent que l’obligation des
pays membres de l’Onu de prévenir le
recrutement, l’organisation, le
transport et l’équipement d’individus
qui se rendent dans d’autres Etats dans
le but d’opérer des actes terroristes
(ce que font justement les Usa et
l’Otan).
L’intervention militaire en Syrie
des Etats-Unis et de leurs alliés n’est
donc pas autorisée par le Conseil de
sécurité. Et, centrée en apparence sur
l’EI (en réalité fonctionnelle à la
stratégie USA/Otan), elle vise la
démolition complète de
la Syrie, jusqu’ici
empêchée par la résistance intérieure et
la médiation russe en échange du
désarmement chimique de Damas, et la
réoccupation de l’Irak. Dans cette
guerre peut maintenant aussi entrer
l’Italie.
Edition de
dimanche 7 décembre 2014 de
il manifesto
Sous le titre
Roma si accoda alla guerra
contro lo Stato Islmico in Siria
http://ilmanifesto.info/roma-si-accoda-alla-guerra-contro-lo-stato-islamico-in-siria/
Traduit de l’italien par
Marie-Ange Patrizio
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