L'art de la guerre
Comment l'Italie viole le Traité de
non-prolifération nucléaire
Manlio Dinucci
Mardi 4 novembre 2014
Pour la deuxième fois consécutive s’est
déroulée en Italie la Steadfast Noon
(Mezzogiorno risoluto[1]), la
manoeuvre Otan de guerre nucléaire : en
2013 à Aviano (Province de Pordenone),
cette année à Ghedi Torre (Province de
Brescia), où on célèbre le 50ème
anniversaire du dépôt d’armes nucléaires
étasuniennes dans cette base. A la
Steadfast Noon 2014, qui s’est déroulée
dans la dernière décade d’octobre, ont
pris part les Etats-Unis, l’Italie, la
Pologne, l’Allemagne, la Belgique, la
Hollande et la Turquie. L’élément de
nouveauté a été la participation, pour
la première fois à une manoeuvre
nucléaire, de chasseurs-bombardiers
F-16 polonais.
Sous
commandement USA, les
chasseurs-bombardiers se sont entraînés
à l’attaque avec les B61, les bombes
nucléaires étasuniennes stockées à Ghedi
et à Aviano pour un nombre estimé à
70-90. Leur nombre effectif exact est
secret militaire. Ce qu’on sait
officiellement c’est que les B61 seront
transformées de bombes à chute libre en
bombes « intelligentes » B61-12, qui
pourront être larguées à grande distance
de l’objectif. La B61-12 à guidage de
précision, dont le coût prévu est de
8-12 milliards de dollars pour 400-500
bombes, se configure comme une arme
polyvalente, avec une puissance moyenne
de 50 kilotonnes (environ quatre fois la
bombe de Hiroshima). Elle remplira la
fonction de plusieurs bombes, y compris
celles projetées pour « décapiter » le
pays ennemi, en détruisant les bunkers
des centres de commandement et d’autres
structures souterraines dans un first
strike nucléaire. Dans ce but la
B61-12 « sera intégrée avec le chasseur
F-35 Joint Strike Fighter ».
Les
chasseurs-bombardiers polonais, qui ont
pris part en Italie à la manœuvre de
guerre nucléaire, ont été transférés à
Ghedi depuis la base de Lask en Pologne,
où la US Air Force a déployé un
détachement de la base aérienne de
Spangdahlem en Allemagne. A Spangdahlem
a aussi son siège le 52ème
Munitions Maintenance Group, chargé de
la manutention des environ 200 bombes
nucléaires étasuniennes stockées en
Allemagne, Italie, Belgique, Hollande et
Turquie. En décollant de Lask, un
chasseur étasunien F-16, armé de bombes
nucléaires, peut rejoindre l’enclave
russe de Kaliningrad en 12 minutes et
Moscou en moins d’une heure.
Les F-16
que la Pologne a achetés à la société
étasunienne Lockheed, dans une dépense
de 5 milliards de dollars, sont à
présent armés de missiles de croisière
Agm-158 de Lockheed encore, en mesure de
détruire avec leurs têtes pénétrantes
des postes de commandement souterrains à
400 Kms de distance. Et les pilotes
polonais des F-16 sont en même temps
entraînés à l’attaque nucléaire. Moscou
ne se contente pas de regarder : à la
fin du mois d’octobre, environ 25
chasseurs et bombardiers russes ont
survolé la Mer Baltique, la Mer du Nord
et l’Atlantique pour démontrer leur
capacité d’atteindre des objectifs en
Pologne
et dans d’autres pays de l’Otan.
L’Italie,
en accueillant des armes nucléaires
étasuniennes et des manoeuvres de guerre
nucléaire, viole le Traité de
non-prolifération des armes nucléaires
ratifié en 1975. Il est violé par tous
les autres participants à la Steadfast
Noon, qui ont ratifié le Tnp. Les
Etats-Unis, en tant qu’Etat en
possession d’armes nucléaires, sont
obligés par le Traité de ne pas les
transférer à d’autres (Article 1).
L’Italie, la Pologne, l’Allemagne, la
Belgique, la Hollande et la Turquie, en
tant qu’Etats non-nucléaires, ont selon
le Traité l’obligation de ne pas les
recevoir de qui que ce soit (Article 2).
Le 29 octobre, pendant que les F-16
polonais participaient en Italie à la
manoeuvre de guerre nucléaire, le
président Napolitano recevait au
Quirinal le président polonais
Komorowski, en déclarant que « la
Pologne partage avec nous les puissants
élans idéels du
premier projet européen
fondé sur la paix ».
Edition de mardi 4
novembre 2014 de il manifesto
http://ilmanifesto.info/ecco-come-litalia-viola-il-trattato-di-non-proliferazione-nucleare/
Traduit de l’italien
par Marie-Ange Patrizio
[1]
Littéralement « Midi résolu »… :
proposé par des camarades
italiens pour le concours du
meilleur nom de code.
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