PANAFRICOM
Déstabilisation de l'Afrique made in USA
(1):
Comment la presse africaine se fait
intoxiquer par les ‘sondages’ des
vitrines légales de la CIA !
Luc Michel

Jeudi 28 mai 2015
Luc MICHEL pour PANAFRICOM/
Avec PCN-SPO/ 2015 05 27/
http://www.scoop.it/t/panafricom
Ces 25 mai, la presse africaine
reprenait massivement un « sondage » qui
affirmait que « 73% des Africains sont
favorables à une limitation à 2 du
nombre de mandats présidentiels ». Un
sondage qui tombe à pic pour justifier
la politique de changements de régime
planifiée par Washington en Afrique. Une
information qui va sans aucun doute
contribuer à la déstabilisation des
états visés par l’administration Obama
et relancer l’agitation dans ceux déjà
touchés (dont le Burundi au cœur du
sondage).
La dépêche largement reprise dans tous
les médias africains précisait ce qui
suit : « Une enquête publiée le 25 mai
par le consortium d'instituts de
sondages Afrobarometer a révélé que 73%
des Africains sont favorables à une
limitation à deux du nombre de mandats
présidentiels. Ce chiffre est le
résultat de la compilation d'une série
de sondages qui ont eu lieu dans une
trentaine de pays du continent depuis
2011 ». Info reprise pour argent
comptant par des centaines de médias et
de journalistes, sans aucun recul, sans
aucune critique, sans aucune
vérification, sans aucune préoccupation
sur le fait que le standard des « deux
mandats » est précisément celui des USA.
Pas un ne s’est demandé qui avait publié
ces « sondages », qui se cachait
derrière cet « Afrobarometer ». Nous
allons le faire pour eux !
UNE VASTE OPERATION DE DESTABILISATION
DE L’AFRIQUE DECIDEE A WASHINGTON EN
AOUT 2014
Mais faisons un détour indispensable
pour comprendre.
Début Août 201 à Washington se tenait le
« Sommet USA-African Leaders » sur
invitation d’Obama. Un piège tendu aux
chefs d’état africains. Obama et Kerry y
annoncent une vague de changements de
régimes en Afrique (1), désignant même
13 chefs d’état. Le modèle : le
soi-disant « printemps arabe ». Le but :
recoloniser l’Afrique au profit des USA
(2), en liaison avec le travail de prise
en main des armées africaines par
l’AFRICOM (créé par Bush II en 2007), le
Commandement US pour l’Afrique.
Au même moment, se tenait aussi à
Washington un « sommet alternatif » (3)
organisé par un organisme d’état US
(créé par Ronald Reagan), financé sur le
budget américain, la NED, que certains
analystes qualifient de « vitrine légale
de la CIA ». En collaboration avec une
de ses filiales, la NDI (lui aussi un
organisme d’état US, financé sur le
budget américain), l’USAID, l’Open
Society de Soros et un ensemble d’ONG et
médias que l’on retrouve depuis 15 ans
dans les « révolutions de couleur » en
Eurasie et le « printemps arabe ». Des
centaines d’activistes, de
syndicalistes, de journalistes surtout y
sont pris en main.
Car pas de « révolution de couleur »
sans une intense préparation médiatique,
à la fois au niveau du pays déstabilisé,
mais aussi international. Ici soutien
dans les autres pays africains. Support
dans les grandes capitales occidentales.
Rapidement les groupes de jeunes
activistes sont organisés, sur le modèle
des Serbes dOTPOR/CANVAS (les tombeurs
de Milosevic en 2000, la première des
révolutions de couleur). Et tout aussi
vite la conformisation de la presse
africaine est mise en place, d’autant
plus facilement qu’un vaste réseau dONG,
Instituts et médias existe déjà.
Soutenu, financé, organisé à la fois par
les Réseau Soros et la NED et ses
pseudopodes. Voici le décor planté.
AFROBAROMETER DANS LA GALAXIE DE SOROS
ET DE LA NED
Afrobarometer se présente sur son site
comme « un projet d’enquête et de
recherche, non partisan, dirigé en
Afrique, qui mesure les attitudes des
citoyens sur la démocratie et la
gouvernance, l'économie, la société
civile, et d'autres sujets ».
En fait, Afrobarometer est directement
lié à une Galaxie d’ONG, d’instituts, de
fondations, dont les pôles sont les
Réseaux Soros et la NED, contrôlée par
Washington.
L’histoire d’Afrobarometer commence en
1999 : « Trois projets indépendants de
recherche, conduit par le Dr Michael
Bratton, le Dr Robert Mattes, et le Dr
Emmanuel Gyimah-Boadi, ont été fusionné
pour créer Afrobaromètre. Les trois
principaux partenaires d'Afrobaromètre
sont: Michigan State University (MSU),
Institute for Democracy in South Africa
(IDASA), et le Center for Democratic
Development in Ghana (CDD-Ghana). »
Quelques exemples sont plus parlant que
de longs discours.
Parmi les fondateurs, dirigeants ou
experts d’Afrobarometer, on
retrouve Michael Bratton est lié à
l’USAID, Robert Mattes est lié à la NED,
lIDASA est lié à la Soros Founation, le
CDD-Ghana appartient aux mêmes réseaux.
* Qui est Michael Bratton ?
Il est américain, professeur émérite en
science politique et en études
africaines à l'Université d'État de
Michigan (MSU). Il a travaillé comme
consultant pour la Banque Mondiale, le
Programme de Développement des Nations
Unies, l'USAID, et d'autres bailleurs de
fonds internationaux ainsi que des ONGs.
Il est co-fondateur et ancien directeur
exécutif d’Afrobaromètre et maintenant
joue le rôle de conseiller principal.
Il est aussi « Research Council Member »
de la NED (4).
* Qui est Robert Mattes ?
Il est professeur de science politique
et directeur de l'Unité de Recherche sur
la Démocratie en Afrique dans le Centre
de Recherche en Sciences Sociales à
l'Université de Cape Town. Il est
également co-fondateur d’Afrobaromètre.
Nommé en l'honneur de deux des
principaux fondateurs de la NED,
l'ancien président Ronald Reagan et lex
Congressman Dante Fascell, le programme
boursier REAGAN-FASCELL DEMOCRACY
FELLOWS PROGRAM a été créé en 2001 par
le Congrès américain « pour activer la
démocratie, les militants, les
décideurs, les universitaires et les
journalistes du monde entier, afin
d'approfondir leur compréhension de la
démocratie et de renforcer leur capacité
à promouvoir un changement démocratique.
Les Bourses Reagan-Fascell sont
généralement de cinq mois dans la durée
et se concentrent sur les aspects
politiques, sociaux, économiques,
juridiques, culturels ou de
développement démocratique.
En 2004-2005, le REAGAN-FASCELL
DEMOCRACY FELLOWS PROGRAM a accueilli
des militants, des journalistes et des
universitaires de toutes les régions du
globe, y compris l'Australie,
l'Azerbaïdjan, la Biélorussie, la
Tchétchénie, la Chine, l'Equateur, le
Kirghizistan, le Malawi, le Monténégro,
le Nigeria, la Corée du Sud, l'Afrique
du Sud, le Tadjikistan, la Turquie et
les Etats-Unis. Grâce à ses efforts de
sensibilisation, le programme Reagan-Fascell
cherche à relier ses semblables avec les
médias, la politique et les milieux
universitaires à Washington DC. Le
programme organise un calendrier actif
de présentations publiques par les
boursiers, et favorise les contacts
entre les boursiers et les experts du
Congrès américain, du Département d'Etat
et d'autres organismes gouvernementaux,
ainsi que dans les universités, les
think tanks et les organisations des
médias ». En Mars-Juillet 2005, Robert
Mattes est l'hôte du programme de
formation continue de la NED. Le 17 Juin
2005, Mattes présente une conférence
publique à la NED, intitulée «La
démocratie sans le peuple: Réévaluer le
miracle sud-africain" (5).
* Le CDD-Ghana sur son site donne parmi
15 liens … la NED (6) !
Normal puisque la NED finance le
CDD-Ghana, partenaire principal d’Afrobarometer,
auquel il est lié organiquement ! Voici
ce que confirme la NED sur son site : «
Ghana Center for Democratic Development.
$ 60,000. Pour renforcer le
réseau
West Africa Election Observers Network
(WAEON), nouvellement créé, et
renforcer la capacité de ses membres à
effectuer des observations crédibles
comme observateurs électoraux nationaux,
CDD-Ghana organisera trois réunions
sous-régionales au Libéria, au Sénégal
et au Mali pour discuter des prochaines
élections, familiariser les membres de
WAEON avec les systèmes
électoraux en Afrique de l'Ouest, et
démontrer un soutien sous-régional pour
l'observation citoyenne des élections.
CDD-Ghana servira de secrétariat pour le
réseau et fournira l'expertise
administrative et logistique. CDD-Ghana
et
WAEON
recevront également une assistance
technique du
National Democratic Institute
(NDI). (7) »
* L'un des fondateurs d’Afrobaromètre,
le Professeur Gyimah-Boadi « est
également le directeur exécutif du
Centre pour le Développement
Démocratique (CDD-Ghana) à Accra. Il est
professeur dans le Département de
Science Politique à l'Université du
Ghana-Legon et titulaire d'un doctorat
de l'Université de Californie-Davis ».
Il est aussi un « Research Council
Member » de la NED.
« La vaste gamme d'organismes
internationaux auxquels Gyimah-Boadi a
fourni des services de conseil comprend
la Banque Africaine de Développement,
UNECA, UNDP, DFID, USAID, GTZ/GIZ, la
Banque Mondiale, et Transparency
International. » (8)
IDASA, « PRINCIPAL PARTENAIRE »
D’AFROBAROMETER, AU CŒUR DES RESEAUX
SOROS EN AFRIQUE
La remarquable enquête « GEORGE SOROS
AND SOUTH AFRICA'S ELITE TRANSITION » de
Michael Barker explique comment IDASA
(fermée en 2013), « principal
partenaire » dAfrobarometer,
a été au cœur de la stratégie
d’implantation des réseaux Soros en
Afrique, au départ le l’Afrique du Sud :
Extraits: «Depuis ces jours (ndla : de
la lutte contre l’Apartheid),
l’Institute for Democracy in South
Africa
(Idasa) est devenu un
bénéficiaire privilégié de l'aide
étrangère, l'obtention de subventions
lucratives d'organismes comme l'Agence
américaine pour le développement
international USAID, et de plus petits
mais importants financements
d'organismes comme le National Endowment
for Democracy (NED). Rien d'étonnant
donc que cette organisation médiatrice,
IDASA, ait joué un rôle clé dans le
lissage de la transition de l'apartheid
(…) la diffusion de l'idéologie en
faveur du projet néo-libéral a continué
sans relâche dans l'ère post-apartheid.
Dans cette période, IDASA a des idées
avancées qui semblent propager l'idée
que le maintien des personnes à l'écart
des véritables leviers du pouvoir,
c’est-à-dire l'économie, est une bonne
chose. Des exemples des rapports
entretenus par IDASA et les élites
libérales, en 1996 le chef de
l'Institut, Wilmot James, est devenu un
administrateur de la Fondation Ford (un
poste qu'il a conservé jusqu'en 2008);
également le dernier président de IDASA,
Njabulo Ndebele, est un ancien chercheur
résident de la Fondation Ford. Ndebele
est également administrateur de la
Fondation Nelson Mandela et il servait
aussi dans la Fondation Open Society
actuelle de l'Afrique du Sud aux côtés
du membre du conseil (et ancien
administrateur de la Fondation
Rockefeller) Mamphela Ramphele. Ancien
membre du conseil d'administration de la
Fondation Open Society de l'Afrique du
Sud, Khehla Shubane, a aidé à établir la
Fondation Nelson Mandela, tout en
servant de chef de la direction du
commerce de la Map Foundation (…)
L'Open Society Foundation d'Afrique du
Sud se trouve être au centre des
entreprises de George Soros, et Soros a
recruté Slabbert pour devenir le
président fondateur de cette
organisation quand elle a été fondée en
1993. En plus de Ramphele, deux autres
membres notables du conseil
d'administration de la Fondation sont
l'éditeur du Financial Mail, Barney
Mthombothi (qui est membre du conseil de
l'Institut international de la presse de
la démocratie), et Jody Kollapen,
l'ancien président du principal organe
des droits de l'homme de l'Afrique du
Sud, la Commission des droits.
Incidemment, Kollapen était un membre du
conseil de IDASA et le président de son
Centre de ressources juridiques. Le Juge
Fikile Bam, un ancien membre du conseil
d'administration de la Fondation Open
Society de l'Afrique du Sud, a servi en
tant que directeur du Centre de
ressources juridiques à Port Elizabeth
en 1985, et est actuellement membre du
conseil d'administration du Centre de
développement de l'entreprise, un think
tank qui met l'accent sur "les questions
de développement et de leur relation à
la croissance économique et la
consolidation démocratique», qui a reçu
une subvention de la NED en 2006. »
De l’Afrique du Sud, la grande ombre de
Soros s’étendra sur toute l’Afrique.
Suivons toujours Michael Barker :
«En 1997, George Soros a l'intention
d'étendre ses ambitions en Afrique, et
part de la Fondation Open Society pour
l'Afrique du Sud pour aller travailler
dans dix pays d'Afrique australe, et
encore Slabbert l'a aidé à mettre en
place son dernier géant philanthropique.
Le vice-président actuel de cette
fondation est l'épouse de Max Sisulu,
Elinor Sisulu, qui est la porte-parole
et le directeur du bureau de la Zimbabwe
Crisis Coalition, financée par la NED, à
Johannesburg, dont elle a contribué à
létablissement en 2004. En outre,
Reginald Matchaba-Hove, l'ancien
président de la Fondation Open Society
pour l'Afrique australe, est membre du
comité de direction du Mouvement mondial
de la NED pour la démocratie (aux côtés
du directeur exécutif d’IDASA, Paul
Graham), et il est le président du
Zimbabwe Election Support Network,
soutenu par la NED. Deux autres membres
du conseil de la fondation de la
démocratie, liée à la NED, de Soros
comprennent Godfrey Kanyenze, qui a
servi pendant une longue période, comme
directeur de la Zimbabwe Congress of
Trade-Unions, financée par la NED, et
Immaculée Birhaheka, (…)
qui était le gagnant du Prix 2006
de la démocratie de la NED et est le
co-fondateur et président de la
Fondation Appui aux Initiatives des
femmes, financée par la NED (...) Un
membre particulièrement
importante du conseil consultatif de la
Fondation Free Africa est le théoricien
"de la promotion de la démocratie" Larry
Diamond, qui est membre du conseil
d'administration du Bureau américain des
amis d’ IDASA, et est co-directeur du
Forum international pour les études
démocratiques de la NED. »
PARLONS ARGENT. QUI FINANCE
L’AFROBAROMETER ?
Sur son site, Afrobarometer explique
sans vergogne qui sont ses financiers
officiels : « Pour nous aider à
atteindre notre objectif, nous sommes
financés par les organisations et
institutions ci-dessous » (9).
« Les principaux donateurs pour les
séries 5 et 6 d’Afrobaromètre
comprennent » :
•Mo Ibrahim Foundation
•Swedish International Development
Cooperation Agency (SIDA).
Que l’on retrouve dans les attaques (sur
les ventes de pétrole) contre le
gouvernement de Guinée Equatoriale, du
Cameroun et du Tchad.
•Department for International
Development (DFID) (Royaume-Uni)
•United States Agency for International
Development (USAID) (que lon retrouve
dans le financement de la plupart des
révolutions de couleur)
•Banque Mondiale
« Des financements supplémentaires sont
fournis par » :
•Institute for Security Studies (Afrique
du Sud)
•United States Institute of Peace
•Transparency International Que l’on
retrouve dans les attaques contre le
gouvernement de Guinée Equatoriale.
•Bill & Melinda Gates Foundation
Voilà. Vous savez maintenant ce qu’est
Afrobarometer.
Plus un journaliste africain ne pourra
dire “je ne savais pas”. Voici les
manipulateurs de foules en détresse et
les spécialistes des changements de
régime qui sont derrière Afrobarometer
et ses forts opportuns « sondages » …
Luc MICHEL
A suivre :
Comment on finance la « nouvelle presse
africaine ».
Comment on manipule une jeunesse en
colère.
NOTES ET RENVOIS
(1) Cfr. LES USA PREPARENT-ILS UN «
PRINTEMPS AFRICAIN » ?
https://vimeo.com/102962474
(2) Cfr. Mon interview pour LA VOIX DE
LA RUSSIE :
LUC MICHEL SUR LA VOIX DE LA RUSSIE/
INTERVIEW CHOC : REVOLUTIONS DE COULEUR.
VOICI LE TOUR DE L’AFRIQUE ET DE LA
CHINE !
sur
http://www.lucmichel.net/2014/12/22/luc-michel-sur-la-voix-de-la-russie-interview-choc-revolutions-de-couleur-voici-le-tour-de-lafrique-et-de-la-chine/
et
http://www.lucmichel.net/2014/12/24/luc-michel-sur-la-voix-de-la-russie-interview-choc-2-revolutions-de-couleur-voici-le-tour-de-lafrique-et-de-la-chine/
(3) Cfr. PCN-TV/ LA FABRIQUE DES
REVOLUTIONS DE COULEUR EN AFRIQUE (2) /
CONFERENCE AFRIQUE DE LA NED
(WASHINGTON, 5-6 AOUT 2014)
sur
https://vimeo.com/115084012
et PCN-TV/ LA FABRIQUE DES REVOLUTIONS
DE COULEUR EN AFRIQUE (1) / CLIP DE
PROPAGANDE DU SOMMET AFRIQUE DE LA NED
(AOUT 2014)
sur
https://vimeo.com/115083906
(4) Cfr. Sur le site de la NED :
http://www.ned.org/research/research-council/michael-bratton
(5) Cfr. Document pdf de la NED sur le
REAGAN-FASCELL DEMOCRACY FELLOWS
PROGRAM :
http://www.ned.org/docs/05annual/fellows05.pdf
(6) Cfr. La page « Liens recommandés »
du Site du CDD-Ghana :
http://www.cddgh.org/cdd-ghana-people/recommended-links
(7) Cfr. sur le site de la NED :
http://www.ned.org/publications/annual-reports/2011-annual-report/africa/west-africa-regional
(8) Cfr. sur le site de la NED :
http://www.ned.org/research/research-council/e-gyimah-boadi
(9) Cfr. sur le site dAfrobarometer :
http://www.afrobarometer.org/fr/propos-de-nous/financement

http://www.scoop.it/t/panafricom
Le sommaire de Luc Michel
Le dossier Afrique noire
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