LUC
MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY
Poutine publie une importante tribune
historique
pour dénoncer le ʽrévisionnisme
occidentalʼ
Luc Michel
Mercredi 24 juin 2020
DEBAT SUR LA SECONDE GUERRE MONDIALE ET
GEOHISTOIRE (I) :
POUTINE PUBLIE UNE IMPORTANTE TRIBUNE
HISTORIQUE POUR DENONCER LE
‘REVISIONNISME OCCIDENTAL’
LUC MICHEL (ЛЮК
МИШЕЛЬ) & EODE/
Luc MICHEL pour EODE/
Quotidien
géopolitique – Geopolitical Daily/
2020 06 22/
« Les puissances
victorieuses nous ont laissé un système
devenu la quintessence de la quête
intellectuelle et politique de plusieurs
siècles. Une série de conférences -
Téhéran, Yalta, San Francisco et Potsdam
- a jeté les bases d'un monde qui n'a
pas connu de guerre mondiale pendant 75
ans, malgré les contradictions les plus
aiguës. Le révisionnisme historique,
dont nous observons maintenant les
manifestations en Occident, et
principalement en ce qui concerne le
sujet de la Seconde Guerre mondiale et
ses résultats, est dangereux car il
déforme grossièrement et cyniquement la
compréhension des principes du
développement pacifique, énoncés à les
conférences de Yalta et de San Francisco
en 1945. La principale réalisation
historique de Yalta et d'autres
décisions de l'époque est l'accord
visant à créer un mécanisme qui
permettrait aux principales puissances
de rester dans le cadre de la diplomatie
pour résoudre leurs différends »
- VV Poutine, ce 18
juin.
Poutine accuse avec
raison l’Ouest de « révisionnisme »
anti-russe sur la 2e Guerre mondiale
"La faute de la
tragédie dont a souffert Varsovie repose
entièrement sur les autorités
polonaises", qu'il accuse de complicité
avec Hitler dans les mois précédant
l'invasion de 1939.
I-
LA TRIBUNE DE
POUTINE DANS ‘THE NATIONAL INTEREST’:
“THE REAL LESSONS OF THE 75TH
ANNIVERSARY OF WORLD WAR II”
Vladimir Poutine a
publié dans la revue conservatrice
américaine THE NATIONAL INTEREST ce 18
juin une longue tribune historique -
intitulée "Les véritables leçons du 75e
anniversaire de la Seconde Guerre
mondiale" - pour accuser l’Occident de «
révisionnisme » anti-russe sur la
Deuxième Guerre mondiale, à quelques
jours des célébrations en Russie
marquant les 75 ans de la victoire
soviétique sur les nazis. Les médias
russes Nezavissimaïa Gazeta et
Rossiyskaya Gazeta ot également publié
cette tribune. « Le président russe
propose une évaluation complète de
l'héritage de la Seconde Guerre
mondiale », commente la revue, faisant
valoir que « Aujourd'hui, les
politiciens européens, et les dirigeants
polonais en particulier, souhaitent
balayer la trahison de Munich sous le
tapis. La trahison de Munich a montré à
l'Union soviétique que l'Occident les
pays régleraient les problèmes de
sécurité sans tenir compte de leurs
intérêts ».
Cette victoire et
le sacrifice de 27 millions de
Soviétiques pendant la guerre sont au
cœur du discours patriotique et de
restauration de la puissance russe du
président russe. Un grand défilé
militaire doit marquer l’évènement le 24
juin à Moscou, à la place de la
traditionnelle parade du 9 mai reportée
pour cause d’épidémie de nouveau
coronavirus.
« LE REVISIONNISME
HISTORIQUE DONT ON OBSERVE LES
MANIFESTATIONS EN OCCIDENT, AVANT TOUT
CONCERNANT LA SECONDE GUERRE MONDIALE ET
SON ISSUE, EST UNE CHOSE DANGEREUSE »
(VV POUTINE)
« Le révisionnisme
historique dont on observe les
manifestations en Occident, avant tout
concernant la Seconde guerre mondiale et
son issue, est une chose dangereuse »
car il déstabilise « les principes d’un
développement pacifique » du monde tels
qu’établis en 1945 par les Alliés, a
accusé VV Poutine dans les pages de The
National Interest. Dans cet article
attendu depuis des semaines, le
président russe répète ses accusations à
l’égard des Européens, Polonais en tête,
de vouloir faire porter à l’URSS au même
titre qu’à l’Allemagne nazie la
responsabilité de la guerre, les deux
puissances totalitaires ayant signé un
pacte secret organisant le partage de
l’Europe de l’Est, notamment de l’Etat
polonais.
Prenant pour cible
une nouvelle fois Varsovie et une
résolution récente du Parlement européen
dénonçant « l’invasion et le dépeçage de
la Pologne en septembre 1939 », le
président russe répète que « l’URSS
n’avait d’autre choix car Britanniques
et Français avaient cédé aux Nazis, lors
des accords de Munich de 1938, et que
les Polonais avaient torpillé
l’émergence d’une alliance entre Paris,
Londres et Moscou ».
Pour lui, « la faute de la tragédie dont
a souffert la Pologne (avec la double
invasion germano-soviétique) repose
entièrement sur les autorités polonaises
», qu’il accuse aussi de « complicité
avec Hitler dans les mois précédant
l’invasion ».
LA REMISE EN CAUSE
DU ROLE SOVIETIQUE DANS LA DEUXIEME
GUERRE MONDIALE PARTICIPE A SAPER LES
FONDEMENTS DE L’ORDRE INTERNATIONAL NE
DE 1945
Vladimir Poutine
considère que « la remise en cause du
rôle soviétique dans la Deuxième Guerre
mondiale participe à saper les
fondements de l’ordre international né
de 1945 et fondé sur l’ONU ».
« La création du
système moderne de relations
internationales est l'un des principaux
résultats de la Seconde Guerre mondiale,
dit Poutine. Même les contradictions les
plus insurmontables - géopolitiques,
idéologiques, économiques - ne nous
empêchent pas de trouver des formes de
coexistence pacifique et d'interaction,
si le désir et la volonté le font.
Aujourd'hui, le monde traverse une
période assez mouvementée. Tout change,
de l'équilibre mondial du pouvoir et de
l'influence aux fondements sociaux,
économiques et technologiques des
sociétés, des nations et même des
continents. Au cours des époques
passées, des changements d'une telle
ampleur ne se sont presque jamais
produits sans conflits militaires
majeurs. Sans lutte de pouvoir pour
construire une nouvelle hiérarchie
mondiale. Grâce à la sagesse et à la
clairvoyance des personnalités
politiques des puissances alliées, il a
été possible de créer un système qui
s'est abstenu des manifestations
extrêmes d'une telle concurrence
objective, historiquement inhérente au
développement mondial ».
Il renouvelle aussi
son appel à un sommet des cinq Grands –
les membres permanents du Conseil de
sécurité (Russie, Chine, France, Royaume
Uni, Etats-Unis) -, relevant que le «
monde traverse des temps turbulents ».
A l’agenda, il cite
la crise économique née de la pandémie
du coronavirus :
« Notre aptitude à
travailler ensemble et de concert en
tant que vrais partenaires va déterminer
la sévérité de l’impact de la pandémie
et à quelle vitesse l’économie mondiale
sortira de la récession », écrit-il.
Poutine avait
proposé ce format en début d’année, lors
des commémorations de libération
d’Auschwitz en Israël. Selon Moscou, les
autres dirigeants sont d’accord sur le
principe mais aucun calendrier n’a été
fixé.
II-
LES FAITS
HISTORIQUES DONNENT RAISON A POUTINE
Au cœur des
accusations de Poutine contre Varsovie,
les faits sont niés par Varsovie mis
aussi les médias et les politiciens de
l’UE. Poutine « réécrirait l’Histoire »
(sic). Oin est la au cœur de la parabole
de la paille et de la poutre. Les faits
historiques sont pourtant indéniables et
la poutre polonaise bien lourde !
Vladimir Poutine
réitère dans sa tribune ses accusations
contre la Pologne, « complice des nazis
pour récupérer des territoires en
Tchécoslovaquie ». A ses yeux, comme il
l’avait déjà exprimé cet hiver, « la
Pologne a profité au début du conflit,
de la prise de contrôle des nazis dans
les Sudètes, pour s’octroyer des
territoires tchécoslovaques ». En ce qui
concerne la question du très controversé
pacte germano-soviétique, le président
russe convoque ni plus ni moins que
Winston Churchill. Le président russe
loue pour l’occasion sa clairvoyance et
n’hésite pas à le citer directement :
"L’URSS doit rester sur cette ligne pour
préserver sa sécurité contre la menace
nazie".
AU CŒUR DES
ACCUSATIONS DE POUTINE :
LA POLOGNE A-T-ELLE
COLLA BORE AVEC LE REICH
NAZI CONTRE L’URSS ?
Le « Pacte de
non-agression germano-polonais » est
signé le 26 janvier 1934 entre la
Pologne du dfictateur Józef Piłsudski
(Varsovie a un régime fasciste et
antisémite) et le Troisième Reich
d'Adolf Hitler. Ce pacte vise à
« interdire pour dix années le recours à
la force dans la résolution des conflits
frontaliers et économiques entre les
deux pays ». En conséquence du traité,
la Pologne a réussi à maintenir des
relations amicales avec l'Allemagne pour
les cinq prochaines années, tout en
maintenant de bonnes relations avec la
France (avec laquelle elle avait signé
une alliance) et le Royaume-Uni. Il est
dénoncé unilatéralement par Adolf Hitler
le 28 avril 1939 après le refus polonais
d'accepter l'annexion par l'Allemagne du
« corridor de Dantzig ». Le traité est
formellement abrogé lorsque l'Allemagne
envahit la Pologne le 1er septembre
1939. Malgré sa « politique plutôt
conciliante envers l'Allemagne nazie
(signature d'un pacte de non-agression
en janvier 1934, participation conjointe
à l'invasion de la Tchécoslovaquie en
1938 et possibilité d'une alliance avec
l'Allemagne contre l'Union soviétique si
celle-ci venait à faire passer ses
troupes sur son territoire pour aider la
Tchécoslovaquie) », la Pologne est
envahie par les forces allemandes le 1er
septembre 1939. La politique de Varsovie
conduit directement au Pacte
germano-soviétique. ». Le président
russe répète à raison que « l’URSS
n’avait d’autre choix car Britanniques
et Français avaient cédé aux Nazis, lors
des accords de Munich de 1938, et que
les Polonais avaient torpillé
l’émergence d’une alliance entre Paris,
Londres et Moscou ».
UNEC POLOGNE
DICTATORIALE, FASCISTE ET ANTISEMITE
AVANT 1939
En 1926, Józef
Piłsudski, aidé de l'armée, organise un
coup d'État et impose une dictature.
Malgré une nouvelle Constitution, dite
d'avril, adoptée peu avant la
disparition du dictateur, le 12 mai
1935, le régime militaire continue. Le
général Składkowski et le maréchal Rydz-Śmigły
dirigent ainsi la Pologne à partir de
1936. Ils soutiennent l'Allemagne nazie,
notamment en lançant une attaque sur
Teschen (Cieszyn) et en annexant la
partie tchèque de la ville lors de la
crise des Sudètes en 1938.
Dans la Pologne
redevenue indépendante en 1918,
l'antisémitisme devient l'élément
essentiel de la stratégie politique des
nationalistes. Après la mort du maréchal
Pilsudski en 1935, la situation des
Juifs s'avère de plus en plus précaire.
En novembre 1939, l'invasion allemande
ouvre un nouveau chapitre.
En 1918, après la
renaissance de l'État polonais, la «
solution au problème juif » devient une
des questions prioritaires pour les
autorités. « Un an plus tard, pendant
les négociations du « petit traité de
Versailles » (qui visait à protéger les
minorités dans les nouveaux pays de
l'Est), Roman Dmowski, délégué polonais
et leader du Parti national-démocrate,
aborde la situation légale des Juifs
dans la jeune République polonaise. Il
déclare au délégué américain Stephen
Bonsal : « Nous avons en Pologne un
quart de tous les Juifs du monde. Ils
comprennent 10 % de notre population et,
selon moi, c'est au moins 8 % de trop. »
Vingt ans plus tard, Dmowski sera encore
moins généreux : son objectif est
dorénavant l'ostracisme professionnel,
suivi de l'isolement physique et,
finalement, de l'expulsion (« émigration
forcée ») de tous les Juifs de Pologne.
Quelle a été l'origine de cette
évolution idéologique et politique ?
Certes, la montée du fascisme en Italie
et en Allemagne », explique l’historien
Jan Grabowski (Mensuel 421, mars 2016).
(Sources : AFP –
The National Interest)
LUC MICHEL (ЛЮК
МИШЕЛЬ) & EODE
* Avec le Géopoliticien de l’Axe
Eurasie-Afrique :
Géopolitique – Géoéconomie –
Géoidéologie – Géohistoire –
Géopolitismes - Néoeurasisme –
Néopanafricanisme
(Vu de Moscou et Malabo) :
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