EODE Think Tank/
Géopolitique
Le sommet ‘USA African Leaders’ ou
les mauvaises vues de Washington sur
l'Afrique
Photo:
D.R.
Samedi 23 août 2014
Analyse du Sommet des ces 4-5-6 août
2014 à Washington …
Luc MICHEL pour EODE Think Tank /
Avec EODE Zone Africa - AP – EODE Press
Office / 2013 08 15/
https://www.facebook.com/EODE.Think.Tank
https://www.facebook.com/EODE.africa
http://www.eode.org/
Ces 4-5-6 août 2014 les chefs d’état
africains étaient convoqués par Obama à
Washington, pour un sommet intitulé
« USA-African Leaders ». U nsommet, où
ce qui est officiel et ce qui se trame
en coulisses doivent inquiéter
profondément les panafricanistes et tous
les africains.
LES « YALI » OU COMMENT POUSSER LES
CHEFS D’ETAT AFRICAINS VERS LA SORTIE …
Le sommet USA-Afrique s'est donc ouvert
le 4 août sur une offensive politique
des USA. Déjà la veille 3 août, des
rencontres, telle que celle d’Obama avec
les « Young African Leaders », les YALI,
une initiative d’Obalma et surtout un
réseau américain en Afrique, ont donné
le ton. Washington a lourdement insisté
ce lundi sur les composantes de la
démocratie made in USA au premier jour
d'un sommet USA-Afrique sans précédent,
et largement centré sur l'économie.
Il faut voir la video sur le Meeting des
YALI, la « Young African Leaders
Initiative » avec Obama le 3 août. Sans
aucun doute la plus grande menace pour
l’Afrique. Il faut assister à l’ « américanolatrie »
de ces jeunes africains, formatés pour
servir les intérêts US en Afrique. Et
avec qui Obama entend remplacer les
chefs d’état africains actuels et
asservir l’Afrique.
EBOLA EN INVITE SURPRISE
Mais c'est une crise sanitaire, celle du
virus Ebola, à l'origine de déjà près de
900 morts en Afrique de l'Ouest lors de
l’ouverture du sommet, qui était dans
tous les esprits au lancement de ce
sommet. Accaparés par la gestion de la
crise, le président sierra-léonais
Ernest Bai Koroma et son homologue
libérienne Ellen Johnson Sirleaf ont
renoncé à venir aux Etats-Unis.
Cinquante pays étaient donc finalement
représentés dans la capitale fédérale
américaine: 35 présidents, neuf Premiers
ministres et un roi, celui du Swaziland,
dernière monarchie absolue d'Afrique,
avaient notamment fait le déplacement
pour cette rencontre de trois jours qui
débutait au moment où le continent fait
face à l'épidémie d'Ebola la plus
meurtrière jamais enregistrée.
Des contrôles médicaux ont été mis en
place à l'arrivée sur le sol américain
pour les délégués venant de pays
affectés, avec un éventuel placement en
quarantaine si un individu présente des
symptômes de la maladie. Imposés même
aux chefs d’état, comme celui du
Sud-Soudan, ils ont indigné l’Afrique et
révélé le peu de poids des chefs d’état
africains aux USA …
L’ECONOMIE OU LES CHANGEMENTS DE
REGIME ?
« Tisser des liens économiques plus
solides entre les Etats-Unis et
l'Afrique, région prometteuse à la
croissance supérieure à celle du reste
du monde » (le FMI table sur 5,8% en
2015): tel est l'objectif central
officiel de ce sommet annoncé il y a un
an par le président US Barack Obama.
La prolongation de l'Agoa, le programme
américain accordant des avantages
commerciaux à certains produits
africains, ou encore l'initiative "Power
Africa", qui vise à doubler l'accès à
l'électricité en Afrique subsaharienne,
étaient au menu des discussions.
Mais au premier jour des discussions, le
vice-président Joe Biden a d'abord
appelé les leaders africains à lutter
contre "le cancer de la corruption"
tandis que le secrétaire d'Etat
américain John Kerry insistait sur la
nécessité d'"une société civile forte,
le respect pour la démocratie, l'Etat de
droit et les droits de l'homme". Dans la
ligne de mire, pour commencer : Teodoro
Obiang Nguema, Paul Kagame, Yoweri
Museveni, Eduardo dos Santos et Paul
Biya, tous invités à Washington.
Au fur et à mesure que la grand messe du
Sommet US-AFRICA LEADERS bâtait son
plein à Washington, de plus en plus la
cible américaine apparaissait en pleine
lumière : implication US en Afrique,
contre la Chine mais aussi l’UE, et
surtout les changements de régime.
Ce 5 août, Kabila rencontrait John
Kerry. Et le président de RDC a du se
faire sonner les cloches sans aucun
doute. La RDC est, avec le Rwanda, le
centre de la nouvelle implication des
USA dans la région des Grands Lacs. Et
Washington ne veut pas d’un troisième
mandat de Kabila et le fait savoir
inlassablement. On notera que c’est la
seule rencontre bilatérale en marge du
sommet.
Le 5 août, Obama, lui, dans une journée
pourtant consacrée à l’économie, a
réussi à insister lourdement sur les
changements de régime. Obama a insisté
sur « la responsabilité des dirigeants
africains dans la mise en place d'un
environnement politique propice au
développement économique ».
La grand messe américaine sur l’Afrique
s’est terminée le 6 août.
Les chefs d’état africains, mêlés à une
multitude d’intervenants américains et
africains, ONG, intellectuels, militants
pro-américains, tous qualifiés
indistinctement de « leaders
africains », ont assisté aux trois
sessions du Sommet proprement dit :
« investir dans l’avenir de l’Afrique »,
« paix et stabilité régionale » et
« bonne gouvernance ». Un grand show de
communication de l’administration Obama.
Certains diront de propagande.
LA SECURITE ET LA « GUERRE AU
TERRORISME » :
ETERNELS CHEVAUX DE TROIE DE L’AFRICOM
Obama, qui recevait l'ensemble des
dirigeants à la Maison Blanche le 5 août
soir pour un dîner, a également souligné
qu'il entendait "parler de sécurité et
de paix". Thématique qui a été
effectivement soulevée lors du « Sommet
des chefs d’état et de gouvernement »,
ce 6 août.
Sans vergogne, le prix nobel qui mène,
entre autres, des guerres sanglantes en
Afghanistan, en Irak, organise la guerre
en Syrie, a détruit la Jamahiriya
libyenne et légalisé les frappes
permanentes de ses drones, n’a pas
hésité à déclarer : "L'avenir appartient
à ceux qui construisent, pas à ceux qui
détruisent. Il est difficile d'attirer
des investissements et extrêmement
compliqué de bâtir des infrastructures
et d'encourager l'esprit d'entreprise au
beau milieu d'un conflit".
Les USA apportent-ils la sécurité à
l’Afrique ? Washington peut-elle assurer
la paix sur le continent africain ?
Telles sont les véritables questions qui
se posent à l’Afrique.
Sur le dossier sécurité, la menace
d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi),
les attaques répétées de Boko Haram, la
guerre civile au Soudan du Sud ou encore
les offensives meurtrières des shebab
somaliens au Kenya ont été
immanquablement abordés.
Pour le président des Etats-Unis, l'un
des sujets centraux du sommet sera "de
trouver les moyens de renforcer les
capacités africaines dans les efforts de
maintien de la paix et de résolution des
conflits".
Avant son départ pour Washington, le
président camerounais Paul Biya a
souligné que cette rencontre devait être
l'occasion de mettre en place, avec le
Nigeria, le Niger et le Tchad, une
véritable "stratégie régionale" pour
lutter contre Boko Haram. Toujours la
« guerre au terrorisme » comme cheval de
Troie américain. Souvent ce sont les
africains eux-mêmes qui l’introduisent.
John Kerry s'est entretenu dès le lundi
avec le président burundais Pierre
Nkurunziza devant qui il a plaidé pour
le "respect de la loi, de l'appareil
judiciaire, de l'armée et d'institutions
qui protègent les citoyens". Le chef de
l'Etat burundais lui a répondu, en
français, que son pays était en
"post-conflit" et qu'il "savourait
aujourd'hui les dividendes de la paix".
La communauté internationale et des
organisations occidentales des droits de
l'homme, toujours les mêmes,
s'inquiètent depuis plusieurs mois d'une
montée des tensions sur fond de violence
politique et d'entraves aux libertés au
Burundi, à l'approche du scrutin de 2015
dans ce pays des Grands Lacs sorti en
2006 de 13 ans de guerre civile.
LA FAILLITE DE LA PRESSE AFRICAINE
Le Sommet a été aussi la grande faillite
des médias africains. Qui se sont
contentés de diffuser, sans recul,
critique ou explications, les videos de
propagande fournies toutes faites par la
Maison Blanche et le Ministère de la
défense US. Beaucoup de journalistes
africains se sont laissés prendre à
l’intérêt soudain d’Obama pour
l’Afrique, y voyant à tort, selon eux,
« une Afrique qui compte enfin ». Alors
que ce n’est que l’intérêt du prédateur
pour sa proie !
Deux faits significatifs.
* La presse européenne, russe ou
chinoise a accordé peu d’importance au
Sommet. A part quelques images rapides
dans les JT (30 secondes sur France 24
hier par exemple), un dossier dans
Libération (Paris) et une interview sur
RT, l’ex Russia Today, rien. Et une
seule interview des services Afrique de
LA VOIX DE LA RUSSIE, la grande radio
d’état russe, précisément de Luc MICHEL,
notre analyste.
* Le service de presse du State
Department US à lui beaucoup communiqué
mais n’a publié aucune interview ou
intervention des chefs d’état africains
au Sommet !
Ce 6 août se tenait la Session
« gouvernance pour les générations
futures » du Sommet. Dans laquelle on
voit le véritable enjeu de cette grand
messe américaine. Et dont, mais ne n’est
pas hasard, les médias occidentaux ont
peu parlé.
Je ne partage pas les visions optimistes
sur ce Sommet, naïves et mal informées.
Après les « révolutions de couleur » et
le pseudo « printemps arabe », j’annonce
la préparation d’une vague de
déstabilisation et de tentatives de
changements de régime en Afrique.
Luc MICHEL / EODE Think Tank
#
EODE-TV & AFRIQUE MEDIA/
LE SOMMET USA-AFRICAN LEADERS DECRYPTE
AFRIQUE MEDIA, la grande télévision
panafricaine, a co-produit 3 émissions
spéciales en direct avec Luc MICHEL et
sa chaîne EODE-TV.
Au menu, le dessous des cartes de ce
Sommet de Washington, tous ses enjeux
développés et décryptés un par un, des
analyses percutantes.
Et en prime grâce à une journaliste
d’EODE-TV qui a pu se faire accréditer,
malgré des refus massifs du State
Department, des images de tous les
grands événements…
Emission 1 sur :
LES USA PREPARENT-ILS UN « PRINTEMPS
AFRICAIN » ?
https://vimeo.com/102962474
Emission 2 sur :
LES USA AIDENT-ILS A SECURISER L’AFRIQUE
?
https://vimeo.com/102962475
Emission 3 sur :
LES USA BIEN PLACES POUR PARLER DE
« BONNE GOUVERNANCE »?
https://vimeo.com/102962473
https://www.facebook.com/EODE.Think.Tank
https://www.facebook.com/EODE.africa
http://www.eode.org/
Le sommaire de Luc Michel
Le dossier
Afrique noire
Les dernières mises à jour
|