PANAFRICOM
Intervention de Luc Michel lors du
colloque d'Abidjan:
« Le nouveau panafricanisme. Des idéologies
du XXe siècle à la géopolitique du XXIe
siècle »
Mardi 19 avril 2016
Version écrite mise en forme/
PANAFRICOM/ 2016 04 04/
Avec EODE PRESS OFFICE/
http://www.panafricom-tv.com/
https://www.facebook.com/panafricom/
Colloque des 7-8 avril 2016 sur le
Panafricanisme
à l'Assemblée Nationale de Côte
d'Ivoire :
‘REPENSER LE PANAFRICANISME POUR
UNE GRANDE GÉNÉRATION AFRICAINE’
(4ième Colloque du
Club International de Conférences
de l'Assemblée
Nationale de Côte d'Ivoire)
* La video complète sur :
https://vimeo.com/162151604
INTERVENTION DE LUC
MICHEL LORS DU COLLOQUE D’ABIDJAN :
« LE NOUVEAU
PANAFRICANISME.
DES IDEOLOGIES DU XXe
SIECLE A LA GEOPOLITIQUE DU XXIe
SIECLE »
Merci, Monsieur le
président,
Je vous salue. Je remercie le
président de l'Assemblée nationale, et
l'Assemblée nationale d'accueillir ce
colloque. C'est la preuve que le
panafricanisme est en train de se
répandre partout et que bien entendu, et
comment cela pourrait-il en être
autrement, cela est également le cas en
Côte d'Ivoire.
# Intro
1) QUELQUES MOTS SUR MON PARCOURS:
POURQUOI LE « PANAFRICANISTE BLANC » ?
* Pour ceux qui ne me connaissent pas
sur Afrique Médias: Qui est le
panafricaniste blanc ?
* 25 ans de combats aux coté de Kadhafi
et de la Jamariyah
Je voudrais vous
dire un mot sur mon parcours africain,
pourquoi je me suis retrouvé
« panafricaniste blanc ». Le grand
Nkrumah disait que « l'on ne naît pas
Africain mais que l'Afrique naît en
vous ».
Moi, j'ai découvert
l'amour de l'Afrique en Libye, il y a
longtemps. Ceux qui me suivent sur
Afrique Media doivent savoir que j'ai un
parcours africain de plus de 25 ans
avant nos jours.
J'ai été de ceux
qui ont suivi le colonel Kadhafi. J'ai
défendu la Jamahiriya. J'ai été en
Europe l'organisateur du Mouvement
paneuropéen des Comités Révolutionnaires
libyens (le MCR). Et cela jusqu'au bout,
puisque en avril 2011 j'ai organisé la
seule Conférence internationale de
soutien à la Jamahiriya sous les bombes
de l'OTAN à Tripoli (1).
C'est aussi grâce à
Kadhafi que je suis devenu
panafricaniste. Le Panafricanisme, c'est
une initiation. Je suis arrivé dans une
Libye qui était encore panarabe. Puis,
nous avons vu arriver ce panafricanisme
et nous avons découvert aussi - car ne
croyez pas que je suis un cas isolé,
nous sommes nombreux en Europe des deux
côté de l'ancien rideau de fer à penser
la même chose - avec surprise que ce
mouvement panafricaniste ressemblait
très fort au mouvement paneuropéenniste
du 19e siècle. Que les grands noms de
Marcus Garvey jusqu'à Nkrumah
ressemblaient à nos Victor Hugo et nos
Mazzini.
J'ai donc suivi le
colonel Kadhafi. Et lorsque la grande
nuit s'est abattue après la destruction
de la Jamahiriya, nous avons décidé de
continuer le combat avec des camarades
européens et avec des camarades
africains.
J'ai une vie, bien
évidemment, en dehors d'Afrique Média.
Je suis le
dirigeants d'une organisation
internationale qui est établie sur deux
continents : en Eurasie et en Afrique.
Nous avons deux Secrétaires-généraux. Un
pour l'Eurasie qui est français mais qui
vit en Russie, Fabrice BEAUR. Et un pour
l'Afrique qui est Camerounais, Gilbert
Kanto.
Je suis évidemment
quelqu'un de controversé parce que je ne
suis pas un vendeur d'eau tiède. Je suis
quelqu'un qui sers de l'eau glacée ou de
l'eau brûlante.
Il y a notamment
une controverse sur ma venue à votre
colloque. Elle échappe par sa brutalité
et sa vulgarité foncière aux limites du
débat, ce pourquoi on n'en parlera pas.
Cela n'en vaut pas la peine.
J'ai découvert avec
bonheur, car lorsque l'on mène un combat
comme le mien c'est important d'être
soutenu, de nombreux membres de mon
public en Côte d'Ivoire et je les en
remercie pour leurs marques d'amitié
depuis ce matin.
# Partie I
2) L'EMPREINTE DES IDÉOLOGIES SUR LE
PANAFRICANISME DU XXe SIÈCLE
* Quel panafricanisme?
* Panafricanisme ou Panafricanismes ?
* Le Panafricanisme d'hier est
inséparable des idéologies du XXe siècle
* Ces idéologies en ont limité la
portée: pourquoi il a toujours manqué
une ligne pragmatique
* Le Panafricanisme dans les conflits
idéologiques du XXe siècle
* Pourquoi les visions idéologiques
conduisent aux contradictions internes
du Panafricanisme
Pour en revenir au
sujet, le panafricanisme en fait ? et
c'est un de ses grands problèmes, est né
on va dire globalement entre le Congrès
panafricain de 1900 et la naissance de
l'Union africaine le 09 09 1999.
Il a
malheureusement épousé toutes les
idéologies européennes du 19e et du 20e
siècle. Ce fut dans certains cas sa
force mais également sa limite et son
malheur.
Il y a eu le
nationalisme évidemment. Il y a eu les
idéologies de Libération nationale. Il y
a eu le Marxisme. On se souvient du
Grand George Padmore avec son livre
« Communisme et Panafricanisme » dont la
couverture a marqué tous ceux qui l'ont
lu : une carte de l'Afrique au couleur
du drapeau panafricain avec la faucille
et le marteau.
Il y a eu aussi des
choses moins bonnes, non libératrices.
Il y a au sein du courant que l'on
appelle « afrocentriste » une
orientation qui malheureusement reprend
ce qu'il y avait de pire dans les
idéologies européennes. C'est
l’idéologie du repli identitaire. Celle
du Fascisme et du Nazisme. Il y a encore
aujourd'hui des afrocentristes qui
affirment l'idée d'une « supériorité
raciale de l'Homme noir ». Cela n'est
pas plus défendable que les théories qui
avaient cours autour de Berlin à partir
de 1933. Ce sont des impasses. Des
impasses qui ont évidemment coûté très
cher au Panafricanisme.
Car si l'alliance
avec le courant communiste a été
positif, et s’il ne faut pas contester
le rôle des Cubains ou des Soviétiques
dans la libération des pays soumis aux
empires coloniaux, notamment du
Portugal. Positif aussi le soutien à
Lumumba, dont je salue ici mon ami, son
fils Roland. Mais ce même côté positif a
aussi conduit le Panafricanisme et les
hommes politiques panafricanistes dans
la guerre froide. Une des grandes
raisons pour laquelle le Panafricanisme
a été laminé au cours des 60 dernières
années, c'est parce qu'il a été pris
dans l'affrontement Est-Ouest. Dans la
naissance de la Françafrique de de
Gaulle et de Foccart, si vous ne prenez
pas l'anticommunisme comme fondement de
cela, vous ne pouvez pas comprendre. Il
n'y a pas seulement la volonté de voler
aux Africains leurs indépendances. Il y
a évidemment la question de
l'anticommunisme. On voit d'ailleurs
Foccart intervenir contre Lumumba au
Congo. On voit les réseaux Foccart
intervenir dans la césession du Katanga.
Et il le font pourquoi ? Ils le font par
anticommunisme pur !
3) MORT DES IDÉOLOGIES ET ÉCHECS DU
PANAFRICANISME
* Pourquoi la fin des idéologies a
marqué l'échec du Panafricanisme
* L'impasse du Panafricanisme au début
du XXIe siècle
* Pourquoi les questions posée par le
panafricanisme restent de pleine
actualité ?
On a vu donc
malheureusement au cours de ce
qu’appellent les historiens « le long
19e siècle et le long 20e siècle », qui
ne forment qu'une seule période, la
lente dérive du Panafricanisme. Et on
arrive à l'implosion du Bloc soviétique.
Et c'est la fin des idéologies. On voit
même cette idéologie marxiste-léniniste
qui avait prétendu faire des idéologues
« les ingénieurs des âmes » s'effondrer.
On voit l'Orthodoxie qu'on avait chassé
sous Staline prendre la place de
l'idéologie marxiste-léniniste en
Russie.
Et l'Afrique est à
ce moment-là devant un défi. Elle est
dans une impasse !
L’O.U.A. ne
fonctionne pas. La brillante oratrice
qui m'a précédé l’a très bien expliqué.
Elle a aussi expliqué ce
« Panafricanisme qui détruit ». C’est
pourquoi je ne reviendrai pas là dessus
car je partage totalement son analyse.
Lorsque Kadhafi intervient dans le
processus panafricaniste, il est devant
ce constat d'échec. Il tente de résoudre
ce constat. Et il le fait à partir de ce
moment-là avec quelque chose de nouveau
qui est une vision géopolitique.
Kadhafi, c'est à la
fois une étape mais c'est aussi un
échec. Un échec que j'expliquerai plus
loin. Pourquoi ? Parce que la Jamahiriya
est détruite par l’agression
occidentale. La plupart des choses que
Kadhafi a proposé, on les propose aussi
et à nouveau aux sommets de l'Union
africaine depuis des années. Et la
« mayonnaise ne prend pas ».
Pourtant toutes les
questions que pose le Panafricanisme
restent des questions actuelles. La
question de la recolonisation de
l'Afrique que ce soit par Washington ou
par Paris en première ligne. Et on voit
même revenir dans ce cadre-là Berlin,
qui fait son grand retour en Afrique et
qui fut l’organisatrice de la fameuse
Conférence de Berlin de 1885. La
grande-Allemagne de Madame Merkel
revient en Afrique avec une nostalgie
coloniale d'un autre temps.
On voit l'Afrique
incapable de se dégager de l'aide
financière de l'Union Européenne par
exemple. C'est ce qui explique les
problèmes de l'Afrique en matière
électorale et ainsi de suite. Vous
connaissez tout cela. Tous les gens qui
ont au cœur l'intérêt de l'Afrique
connaissent ces problèmes.
# Partie II
4) LA GÉOPOLITIQUE SCIENCE MAJEURE DU
XXIe SIÈCLE.
QUELLE DEFINITION ? QUELS GRANDS AXES ?
* Pour une vision pragmatique de la
géopolitique
* Les impératifs de la géopolitiques
pour être une science: sortir de la
confusion actuelle
* La géopolitique est inséparable d'un
point de vue géographique
* Quand la géopolitique porte une vision
du monde: l'Etat géo-idéologique
* La dimension c'est la puissance, la
puissance c'est la liberté !
Kadhafi avait alors
proposé, un peu de manière intuitive et
sous l’influence de la « Géopolitique
des grands espaces » européenne, comme
base au Panafricanisme non plus
l'idéologie mais la Géopolitique.
La Géopolitique, je
le dis, et c'est une affirmation
personnelle, est la science majeure du
21e siècle.
Au 19e siècle, la
science majeure était l'économie
politique. L'économie politique de Marx.
L'économie politique de Friedrich List
qui est le père du Nationalisme
économique. La science également d'Adam
Smith, le père du libéralisme. A
l'époque, l'économie politique
expliquait le monde. Aujourd'hui, et
vous pouvez faire le tour des
laboratoires idéologiques, il n'y a que
la Géopolitique qui explique le monde.
Mais il faut que cela soit une
Géopolitique scientifique. Il faut que
cela soit une Géopolitique pragmatique.
Actuellement, la Géopolitique est passée
du statut de science maudite en 1945, en
un ornement du discours de la plupart
des commentateurs politiques.
La Géopolitique
comme science, naît aux États-Unis avec
des gens comme Mahan. Elle domine et
elle n'a jamais cessé de dominer la
politique internationale américaine
jusqu'à Brzezinski. Et Brzezinski est
encore jusqu'à aujourd'hui le conseiller
géopolitique d'Obama. Ce qui explique
d'ailleurs que les Africains ont très
mal appréhendé Obama, qui n'est pas un
« président noir », qui est un président
américain évidemment.
La géopolitique
s'est aussi développée en Allemagne. Et
elle a eu comme problème d'être une des
choses qui n'ont pas permis mais ont
servi à justifier l'expansion du
Deuxième Reich de Bismarck et Guillaume
II, et surtout celle du Troisième Reich
nazi. En 1945, c'est une science
discréditée à cause de cette
cohabitation contre laquelle la
géopolitique n'y peut rien. Staline
l’avait même interdite alors que
lui-même la pratiquait en maître.
La géopolitique
ressurgit dans l’univers universitaire
en France à la fin des années 70 avec
des gens comme le géographe Lacoste et
d'autres. Aujourd'hui, c'est quelque
chose qui est accepté par tout le monde
mais que la plupart ne comprennent pas.
Je m'en explique.
On met de la « géopolitique » partout.
On confond avec elle les relations
internationales, l'histoire
diplomatique, la diplomatie secrète, les
statistiques économiques. Tout devient
« géopolitique ». La géopolitique, ce
n'est pas ça.
La géopolitique
c'est quoi alors ?
Tout d'abord, c'est
une science qui vise à la viabilité des
états en définissant les conditions de
leur puissance. La géopolitique fournit
une grille de lecture actuelle. Elle
permet la prospective politique. C'est
ce que l'on appelle la « géopolitique
d'analyse prospective ». Elle permet
aussi de comprendre le passé. Il y a des
conflits géopolitiques classiques comme
les guerres puniques entre Rome et
Carthage il y a 2400 ans. Il y a des
schémas directeurs. Tout cela donne une
vision claire à condition que l'on reste
dans le cadre géopolitique stricto
sensu. Evidemment, des journalistes qui
veulent avoir l'air intelligent mettent
la géopolitique à toutes les sauces. Et
on en arrive à parler d'un concours
comme de l'Eurovision... ça n'a pas de
sens.
Ensuite, la
géopolitique ne peut se comprendre qu'à
partir d'un point de vue particulier
(2). Elle est vue de Washington, elle
est vu de Pékin ou elle est vue de
Moscou. Mais le même problème vu de
Washington, de Pékin ou de Moscou n'aura
pas la même analyse et la même solution.
Si vous perdez de vue cela, vous perdez
toute compréhension de cette science.
J'y reviendrai plus
tard. Car c'est un des problèmes de
l'Afrique. Il n'y a pas une
« Géopolitique vue de l'Afrique ». Donc,
on adopte des points de vue, des
analyses, des grilles de lecture qui
sont celles de la Géopolitique
anglo-saxonne, française ou parfois de
la géopolitique russo-chinoise. On a
donc par conséquence une vue qui est
faussée.
Car la géopolitique
détermine une vision du monde. La
géopolitique américaine a une vision du
monde qui est d'appliquer à la planète
entière « l'American way of life ». Et
parlons franchement. La mondialisation,
c'est quoi ? C'est la normativité
mondiale selon l'économie et la
politique américaine.
Il y a une autre
géopolitique à Moscou que l'on appelle
le « néo-eurasisme » à laquelle j'ai
contribué dans les années 80 (3). Là,
c'est de faire une Grande-Europe
indépendante avec les puissances
anglo-saxonnes qui en soient chassées.
On est dans un autre point de vue.
Enfin, la dernière
chose qu'il faut dire de la géopolitique
et on peut la résumer dans une maxime
utile pour l'Afrique et les Africains de
la manière suivante : « la dimension,
c'est la puissance ! La puissance, c'est
la liberté ! »
Qu'est-ce qui fait
la puissance ? C'est la dimension des
états, ce que l'on appelle en
Géopolitique les « grands blocs
continentaux », les « grands espaces ».
Et cette dimension donne la vraie
liberté.
La liberté, c'est
alors quoi ? C'est de choisir son modèle
politique, de choisir son modèle
économique, de choisir son type de
démocratie.
Tout ça – et
évidemment vous faite le même constat
que moi - n'existe pas en Afrique. En
Afrique, on vient vous proposer des
schémas qui ont fait faillite ailleurs.
Le « parlementarisme de type bourgeois »
par exemple, qui a échoué dans la
plupart des pays européens. Un Français
sur deux par exemple ne va plus voter.
Il n'y a plus d'adhésion au Système.
Mais on vient vous dire en Afrique, où
les réalités sont toutes autres, que
c'est la panacée universelle.
5) UNE VISION GÉOPOLITIQUE POUR LE
PANAFRICANISME.
L'HÉRITAGE DE KADHAFI.
* La géopolitique des « grands espaces »
et l’unification du continent africain
* Afrique – Europe - Méditerranée:
confrontation ou nouvelle « Mare nostrum »,
bâtir des murs ou lancer des ponts ?
* Obiang et Deby dans la ligne de
Kadhafi
* Pourquoi la vision de Kadhafi ne
pouvait être acceptée par le Bloc
occidental
* Les conditions de l'unification et de
l'indépendance africaines : armée
africaine - monnaie africaine - Bloc
continental africain
* Pour une géopolitique africaine sans
complexes
Il y a un homme, il
y a 20 ans maintenant, qui a réfléchi à
tout cela. C'est Kadhafi ! Kadhafi, on
en a eu et on en a donné une perception
fausse qui est celle des schémas
occidentaux : un dictateur, un homme
fou, un homme autiste. C'était au
contraire quelqu'un qui lisait beaucoup,
qui écoutait beaucoup. Il avait un
groupe d’intellectuels qui lui résumait
les tendances du monde, que l'on
appelait « la main » parce qu'ils
étaient cinq. Et lorsqu'il a lancé le
mouvement d'unification qui a donné
naissance à l'Union africaine, Kadhafi a
regardé ce qui s'était fait avant. Et il
a voulu adapter à la réalité africaine
le mouvement d'unification européenne
(4). Il s'est trompé, il faut le dire,
dès le départ. Il n'avait pas compris
qu'il y avait un cheval de Troie
occidentaliste qui faussait tout en
Europe et qui se nomme l'Alliance
atlantique.
L'alliance
Atlantique est un harnais entre les
mains des Etats-Unis, qui tiennent sous
contrôle tout le processus européen.
Kadhafi pensait que les Européens
pouvaient s'en affranchir. Il a
notamment été l'un des grands soutiens
de l'Euro. Et lorsqu'il y a eu la grande
crise des banques mondiales, il a
soutenu les banques européennes en 2008
en Italie, en Allemagne, en France, en
Belgique, en Espagne. Je pense
d'ailleurs que c'est une des raisons
pour lequel il a été abattu car ces pays
ne pouvaient plus le rembourser. Il y a
d'autres raisons mais c'est une des
raisons qui ont provoqué cette tragédie
libyenne.
Comment Kadhafi
voyait-il l'Afrique ?
Il voulait des
Etats-Unis d'Afrique. Lui parlait plus
précisément « d'Etat continental fédéral
africain ». Il voulait une articulation
entre le mouvement d'unification de
l'Europe et celui d'Afrique. Une
Méditerranée qui soit redevenue la Mare
nostrum. La vieille idée de la « Mare
nostrum » romaine, qui ne soit plus une
frontière et où la Libye serait un pont
(5).
C'est la raison
pour laquelle le fossé entre lui et les
dirigeants de l'Union européenne s'est
agrandi.
Car pour les
dirigeants de l'Union européenne, le
« processus de Barcelone » concevait la
Méditerranée comme la frontière
extérieure de l'Union Européenne, de la
« forteresse Europe » (qui s’inspire
honteusement de la « Festung Europa »
des nazis) et non comme une opportunité
de symbiose. Pour eux, il fallait que
cette frontière soit infranchissable.
C'est la grande panique du non-contrôle
des flux migratoires. Kadhafi leur avait
pourtant annoncé en mars 2011. Il leur
avait dit « après moi, vous aurez
al-Qaïda, vous aurez l'immigration
sauvage » ! On a tout ça maintenant et
les drames qui vont avec. C'était la
vision de Kadhafi.
Il y a donc une
opposition idéologique qui s'est
développée à partir de 2007-2009 entre
lui et les dirigeants de l’UE.
Kadhafi posait ce
qui restent encore aujourd'hui les trois
conditions d'une Afrique indépendante :
- Première
condition : un Etat autour d'un Bloc
continental. Un « Bloc continental »
qu'est-ce que c'est ? Cela suppose une
économie intégrée. J'y reviendrai. Ca
suppose une intégration politique. Ca
suppose la libre circulation des biens
et des personnes.
- Deuxième
condition : Cet Etat doit avoir la
charge des fonctions régaliennes :
battre la monnaie pour contrôler son
économie. Kadhafi a proposé la Banque
africaine de développement. Il a proposé
une monnaie africaine, qu’il voulait
l'appeler le « Dinar or ». On parle
aujourd'hui d'Afro. Et ainsi de suite.
Vous retiendrez déjà que dans le
Panafricanisme qui a surgi des ruines de
la destruction de la Jamahiriya, la
question de la monnaie est une des
batailles centrales ; que ce soit la
question du franc CFA ou que ce soit la
question d'une monnaie africaine.
- Troisième
condition : battre monnaie c’est bien,
mais si vous ne savez pas protéger votre
monnaie, votre modèle économique, cela
ne sert à rien. Il faut une Armée
panafricaine. Là, il faut suivre la
démarche de kadhafi. Allez voir pourquoi
l'Europe est devant un échec politique.
L'Union Européenne est devant un échec,
parce qu'elle a été incapable de passer
de l'intégration économique, de la
monnaie unique à justement un Etat
supranational et à l'Armée européenne.
Dans le Traité de Maastricht il est
contenu directement une disposition qui
explique l'échec annoncé de l'Union
Européenne, que vous voyez tous les
jours.
Cette disposition
confie la défense de l'Europe à l'OTAN.
A partir de ce moment-là, c'est une
terrible leçon pour l'Afrique. Ne rêvez
pas d'une monnaie africaine, si vous
n'avez pas une armée africaine pour la
protéger.
Voilà ce que voyait
Kadhafi. Il avait surtout une démarche
intellectuelle qui est la mienne. Il
faut sortir les Africains de tous les
complexes. Du complexe d'infériorité qui
vient de l'esclavage, qui vient de la
traite négrière, qui vient des années du
colonialisme. Mais aussi du complexe
inversé opposé qui fait que l'Africain
par lui-même serait capable de tout.
C'est un discours que l'on rencontre
chez certains afrocentristes et qui ne
conduira à rien. Il faut des Africains
décomplexés qui aillent voir ailleurs
comment cela se passe. Qu'on le veuille
ou non, nous sommes dans un monde
globalisé. La globalisation, ce n'est
pas seulement l'économie. Elle a
commencé avec le « Village Global » de
la communication de Mc Luhan. On ne
sortira plus de cela. Le jeune Africain,
le jeune Russe, le jeune Européen, le
jeune Américain, tous ces jeunes
s'abreuvent tous aux mêmes médias, au
mêmes réseaux Internet. Facebook est là
pour le démontrer. Facebook n'a jamais
pu déboucher, malgré ses tentatives, sur
une division par continent. c'est un
phénomène mondial.
# Partie III
6) QUE’EST CE QUE LE NEO-PANAFRICANISME
?
LA NOUVELLE GENERATION PANAFRICAINE.
* Les quatre générations du
panafricanisme : comment chaque
génération naît des échecs de la
précédente
* La quatrième génération panafricaniste
: la nôtre
* Des idéologies à la géopolitique et au
pragmatisme
* Panafricanisme d'en haut et
Panafricanisme d'en bas : comment chefs
d'état panafricanistes et masses
panafricaines font avancer la cause
J'en viens
maintenant à ce qui est un futur
possible du Panafricanisme, ce que j'ai
appelé justement le NEO-PANAFRICANISME.
C'est un
Panafricanisme qui est soutenu par des
gens comme moi qui animent Afrique
media. Je m'expliquerai aussi sur le
combat d'Afrique média.
Il y a eu en fait
quatre générations de panafricanistes :
- La toute
première, celle des Congrès
panafricains.
- La deuxième
génération, çe fut celle du père de
Roland Lumumba, de Nasser, de Nkrumah.
Celle de ces chefs africains qui ont cru
- mais les Européeistes y ont cru aussi
sur le vieux continent - qu'il suffisait
de vouloir une nation africaine, de
combattre pour une idée transnationale
pour qu'elle prenne corps, pour qu'elle
se propage. Cela n'a pas fonctionné.
- La troisième
génération, c'est celle de l'Union
Africaine. Celle de Kadhafi.
- La quatrième,
c'est évidemment celle que nous
représentons tous, celle à laquelle,
pour la première fois dans l'histoire du
Panafricanisme, adhèrent des masses
populaires considérables.
Le Panafricanisme,
aujourd'hui, ce n'est plus une affaire
d'intellectuels, c'est l'affaire de gens
du peuple parfois peu éduqués. C'est une
affaire de masses considérables dans la
jeunesse de tous les pays africains. Une
chaîne de télévision comme Afrique Media
est née de cela principalement. C'est
une interaction entre une chaîne qui a
trouvé son public. Mais aussi un public
qui a été conscientisé par sa chaîne.
Cette génération
elle ne croit plus aux idéologies. Elle
ne veut plus entendre parler de tout ce
qui a raté. Elle croit au Panafricanisme
en lui-même. Elle pense, et c'est mon
avis aussi, que le Panafricanisme peut
devenir une idéologie complète, globale
avec sa vision du monde et sans devoir
épouser quelque chose d'autre pour
exister, un « Communautarisme
africain » !
Vous noterez que
l'Afrique suit la marche du monde parce
qu'au centre du Vieux Continent, il y a
ce que l'on appelle le « néo-Eurasisme.
C'était une curiosité intellectuelle
dans les années 80. C'est en fait une
idéologie russe des années 20, dont j'ai
été le premier à reparler dans les
années 80. Mais, aujourd'hui, c'est
l'idéologie officieuse de l'Etat russe.
Les Russes pensent
que l'on peut tout bâtir autour de cela.
Il faut que l'Afrique suive évidemment
la même démarche.
C'est un
panafricanisme qui touche à la fois
l'Afrique d'en haut et l'Afrique d'en
bas. Avec les gens que je rencontre,
avec les gens avec qui je discute,
particulièrement dans les sommets de
l'Union Africaine et ailleurs, il y a
des gens qui me disent suivre ce
Panafricanisme. Ce sont des
ambassadeurs, ce sont des chefs d'État,
ce sont des ministres. Il y en a
quasiment dans tous les pays africains,
même si certains gouvernements n'ont pas
pris l'option panafricaine, il y a des
panafricanistes en leur sein.
C'est aussi une
idéologie d'en bas parce que parce
qu'elle touche vraiment les gens des
masses populaires. Il y a par exemple au
Cameroun un mouvement contre le Franc
CFA. C'est la « Coalition pour
l'abolition du Franc CFA ». Elle est
animée par des artistes de rue, elle est
animée par des étudiants très jeunes qui
sont par exemple encore au collège.
C'était un phénomène qui auparavant
était tout à fait impensable.
7) LES GRANDS AXES DU NEO-PANAFRICANISME
* Praxis et action : une idée en marche
* Un humanisme. Contre tout repli
identitaire
* Une vision géopolitique continentale :
vers un Bloc continental africain
auto-centré
* Pourquoi les africains doivent lire
Friedrich List ?
* L'Etat africain : un impératif
inévitable
* Un panafricanisme des masses
* Quand la conscience des masses précède
celle des élites (une première
historique)
* Pour une démocratie africaine
souveraine: l'Afrique doit cessé de
suivre l'agenda et les thématiques
occidentales
* Le rôle d'Afrique Média. La bataille
des médias au coeur de la grande
politique du XXIe siècle
* La recherche des nouvelles alliances
Les grands axes de
ce NEO-PANAFRICANISME reposent sur une
IDEE CENTRALE : tout d'abord il faut de
l'action ! Le Panafricanisme c'est « une
idée en marche » L'idée en marche est-ce
que Mazzini le grand européen de 1830
disait du mouvement de libération et
d’unification de l'Europe, il disait
« nous sommes une idée en marche ». Le
Grand Victor Hugo disait LUI « je suis
une force qui va » ! C'est la même idée,
c'est ce que les marxistes appellent
n'avait pas tort surtout évidemment au
contraire c'est ce que donc les
marxiste appelaient la
« Praxis ». Marx n'avait pas tort sur
tout évidemment, au contraire !
LA DEUXIEME CHOSE –
et j'étais extrêmement heureux
d'entendre les autres intervenants, dont
mon ami Roland Lumumba parler de son
père - : c’est la centralité mise sur
l'humanisme, le Panafricanisme
aujourd'hui c'est un humanisme. C'est
l'opposition même à ce qui est le repli
identitaire, les idées racialistes, les
idées de division,
les Petit-nationalismes … L'Africain
aujourd'hui est un citoyen du monde, il
a son mot à dire dans ce monde et il a
beaucoup à apporter au monde. Il faut
aller redécouvrir l'histoire africaine
et beaucoup d'autres choses !
LA TROISIEME CHOSE
c'est évidemment la centralité mise sur
les thèses géopolitique. L'idée du Bloc
continental parce que cela c'est
fondamental. Derrière l'idée du bloc
continental, il y a l'idée du
développement. Le grand théoricien du
développement des états, c'est un
allemand qui vivait aux États-Unis et
qui s'appelle Friedrich List, au milieu
du 19e siècle. C'est lui qui pose les
jalons de ce que l'on a appelé - et
c'est péjoratif chez certains
intellectuels, alors que cela ne devrait
pas l'être, le « Nationalisme
économique ». Il pose les conditions du
développement des États qu'il appelle
« en voie de développement ».
Les États en voie
de développement pour lui ce sont les
États-Unis de 1830, c'est
l'Allemagne1830. Mais ce sera aussi la
Communauté européenne de 194. Les idées
de List était partagées par les
concepteurs de la CECA et de la CEE,
mais cela était caché parce que l'on ne
voulais pas donner à l'Europe qui se
construisait sur les cendres du nazisme
une caution allemande. Il lance une
série d'idées économique : il dit tout
d'abord qu'il faut faire tomber à
l'intérieur les barrières douanières, en
Allemagne il lance un mouvement qui
s'appelle le « Zollverein » (l’Union
douanière). C'est ce qui permet
l'unification allemande, le IIe eich de
Bismarck de 1871. Aux Etats-Unis c'est
la même chose : il n'y a plus de droits
de douane entre États américains, mais
il y en avait avant 1810 par exemple.
C'est la même chose
sur laquelle l'Afrique doit réfléchir
aujourd'hui !
Friedrich List
défini un deuxième concept, qui n'est
pas née du tout dans les laboratoires du
Fonds monétaire international : c'est
l'idée de « l'émergence ». Certains
économistes ont l'impression que le
concept d'émergence apparaît dans les
années 80, mais en fait c'est un thème
qui apparaît en 1820 ! Il faut en
Afrique relire Friedrich List !!! Ce
sont vraiment les clés du démarrage
économique et unitaire du continent
africain.
LA CARACTERISTIQUE
SUIVANTE du NEO-PANAFRICANISME c'est que
c’est « un panafricanisme des masses ».
Les masses populaires sont prêtes pour
le panafricanisme. Et je vais ajouter
pour ceux qui connaissent bien les
théories de Lénine sur la « spontanéité
révolutionnaire » que nous sommes dans
un schéma en Afrique aujourd'hui qui est
inédit dans l'histoire ! De tous temps
dans l'histoire, ce sont les élites qui
ont précédé les masses ; aujourd'hui au
niveau du Panafricanisme ce sont les
masses africaines qui précèdent les
élites, qui précèdent les chefs d'État,
qui précèdent les partis politiques.
Allez écouter les
jeunes, les ouvriers dans les rues de
Douala, de Yaoundé ou de Ndjaména et
vous aurez une immense surprise ! Ils
vont infiniment plus loin dans leur
désir d'Afrique que les gouvernements.
C'est un phénomène tout à fait nouveau
qui me rend optimiste, parce que ce
désir d'Afrique des masses on ne pourra
pas l'étouffer ! Et je vais ajouter que
dans les 20 années qui vont venir les
hommes politiques africains qui voudront
aller à l'encontre de cela - que ce soit
par petit-nationalisme, que ce soit par
pesanteur politique, ou encore pire
parce qu'il y a une bourgeoisie
africaine qui est très heureuse dans son
statu quo néocolonial -, il faut le
dire, ces gens vont se heurter aux
masses panafricaines !
LA DERNIERE
CARACTERISTIQUE : le néo panafricanisme
dit que l'Afrique doit choisir sa voie
vers le développement économique et vers
la démocratie.
Il faut aussi voir
ce qui se fait en Chine, il faut aller
voir ce qu'il se fait en Russie. Il ne
faut pas aller uniquement prendre ce
modèle occidental qui va d'une crise
économique à l'autre et dont je ne pense
pas que cela soit une réussite.
Il y a également la
question des institutions politiques.
Moi je prône ce que j'appelle « la
démocratie africaine souveraine ».
C'est ce que l'on
essaye de mettre en place par exemple en
Guinée Equatoriale avec le président
Obiang Nguema Mbassogo, un système
démocratique qui fonctionne avec un
dialogue avec l'opposition patriotique,
avec des ministres de l'opposition dans
le gouvernement. Il faut mettre un terme
à ces guerres civiles qui déchirent les
peuples africains. Une des raisons de
l'hostilité à ma venue ici que j'ai
rencontrée avec une petite minorité, ce
sont les scories de la guerre civile en
Côte d'Ivoire … Il faut sortir de ça.
L'Afrique ne s’unira pas, ne se
développera pas, si elle n'adopte pas
l'esprit qui a été celui des Européens
en 1945, malgré Auswitch, malgré le 3e
Reich nazi. De Gaulle, qui est un des
vainqueurs de l'Allemagne, va quand même
tendre la main à Bonn et il y parle en
allemand. C'est de cette démarche là
donc je parle aujourd'hui …
8) LA PLACE DE L'AFRIQUE DANS LE MONDE
MULTIPOLAIRE.
REPLI ISOLATIONNISTE AFRICAIN OU
NOUVELLES ALLIANCES GEOPOLITIQUE ?
* La tentation du repli isolationniste
africain
* Pourquoi l'Afrique ne peut plus se
libérer seule
* La dimension est la clé du monde de
demain : des Grands espaces aux
Léviathans géopolitiques
* La nécessité de nouvelles alliances
géopolitiques : vers un Axe
Eurasie-Afrique
* Pourquoi la globalisation s'oppose à
l'émergence africaine
* Pourquoi l'Afrique doit refuser les
idéologies du monde globalisé : ni Mc
World ni Djihad
* Ne plus subir les visions
géopolitiques des autres
J'en arrive au bout
de ma démarche qui est de vous résumer
les grands axes du NEO-PANAFRICANISME.
Ma conviction profonde c'est que
l'Afrique seule ne s'en sortira pas.
Il y a actuellement
au sein du Panafricanisme des gens qui
disent que « nous devons nous replier
sur nous-mêmes », que « les africains
doivent se replier sur la culture
africaine », que « l’Afrique doit
s’isoler pendant une génération » … Ne
rêvez pas, vous êtes dans un monde
globalisé, avec une superpuissance
agressive, avec d'autres qui aspirent à
le devenir, on ne va
pas vous oublier pendant une génération.
Il n'y aurait alors pas de
sursaut africain dans 20 ou 30 ans ! Il
ne faut pas un isolationnisme africain,
l'Afrique ne peut pas se libérer seule
parce que ce sont les lois d’airain de
la Géopolitique. Lorsque j'ai dit que
« la géopolitique explique le monde »,
elle explique aussi comment on a
une concentration de la puissance. La
montée dans la dimension, on l’a déjà
connue dans l'Antiquité classique. Donc
dans l'Antiquité, on est passé des
Cités-États aux royaumes, puis on est
allé aux empires Chaque fois c'est la
même chose ! Ce qui est possible avec
des petits groupes d'états dans l'Europe
à six ou à huit de 1958, ce que l'on a
appelé le Panarabisme qui a échoué et
qui était celui de Nasser, du Ba’ah, ou
encore tcelui de Kadhafi Kadhafest, ont
échoué Car Les pays arabes avaient perdu
cette dimension dès les années 80. Et
qui était possible pour l'Afrique dans
les années 80 et 90, cela ne tient plus
aujourd'hui
Quel est le futur
du monde, non pas dans deux ou trois
siècles, mais dans 25 ou 30 ans ?
Ce sont les « super
blocs géopolitiques » ! Les Américains
nous montrent ça : il y a actuellement
le Traité Nafta, que beaucoup de monde
n’ont pas compris, qui organise
l’intégration de l’Amérique du Nord dans
un bloc économique Rappelez-vous que les
États-Unis suivent les préceptes de
Friedrich List. Du bloc économique vous
partez vers le bloc politique : c'est
l'intégration du Mexique, des États-Unis
et du Canada Et il y a aussi le Traité
TAFTA, qui vise à l'intégration de
l'Union Européenne, pour qu’elle échappe
à la Russie.
Nous avons aussi
l'exemple de l'Eurasie avec la Russie,
qui est tout de même la deuxième
puissance militaire mondiale forte de
ses 9000 tête atomique, et celui
conjoint de la Chine puissances
régionales de premier plan :
ils se sont unis dans une union
géopolitique que l'on appelle
« l'Organisation de coopération de
Shanghai ». C'est une union de 13
républiques ex-soviétiques, de la
Russie, de la Chine. Viennent d'y
adhérer en juillet dernier l'Inde, le
Pakistan et l’Iran. Si tous ces gens
ensemble, dont le but
est un monde multipolaire, pensent que
seuls ils n'ont aucune chance, est-ce
que vous pensez que l'Afrique, qui n'a
pas d'industrie lourde, qui n'a pas de
grande armée, qui n'a pas d'armes
nucléaires, pourra peser sur la balance
mondiale ??? Non évidemment !
Il faut donc pour
l'Afrique de nouvelles alliances
géopolitiques. Et elles sont logiques :
il faut se tourner vers cette union de
l'Eurasie et faire un « Axe géopolitique
Eurasie-Afrique » (6) ! Egalitaire car
il n'est pas question évidemment de
revenir un quelconque colonialisme. J'ai
entendu dans des discours précédents, et
particulièrement ceux de mon ami
Franklin, évoquer une « Chinafrique »
qui est une réalité,
une « Usafrique » … Faut-il craindre une
« Russafrique » ? Le
leader idéologique de ce Bloc de
Shanghai eurasien c'est la Russie.
Mais avec elle il n'y aura pas de
Russafrique. Parce que la Russie n'est
pas en Afrique pour vous recoloniser ou
pour les matières premières. Allez voir
une planisphère : la Fédération de
Russie y est plus grande que l'Afrique,
un Etat-continent, ils ont tout ce que
l'Afrique a, pétrole, gaz, uranium …
Il faut que
l'Afrique échappe aux griffes du bloc
américano-occidental !
Parce que si elle
ne le fait pas, il n'y aura jamais de
monde multipolaire Et la Russie
recherche des partenaires géopolitiques.
C'est ce qu'un chef d'État comme le
président Obiang Nguema Mbassogo (dont
je soutiens l'action depuis plusieurs
années, parce que lui a une vision pour
l'Afrique) a compris. Et il a signé des
accords militaires ouvrant les ports de
Guinée Equatoriale à la Flotte russe par
exemple au mois de juillet dernier. Cela
assure un équilibre des puissances et on
en revient à cet équilibre qui existait
en Afrique avant 1991 et qui a permis la
libération de beaucoup de pays africains
.
# Conclusion
9) LE CHEMIN DU MONDE NOUVEAU COMMENCE
EN AFRIQUE !
* L'Humanisme panafricain porte la
libération intégrale de l'homme
* Pourquoi l'unification africaine est
la première clé du monde multipolaire
* Paraphraser Marx : les géopoliticiens
doivent changer le monde !
Je terminerai sur
deux idées centrales !
LA PREMIERE c'est
que l'Afrique doit arrêter de subir et
de voir le monde avec les idéologies et
la géopolitique des autres. Un livre
indique ce que l'Afrique doit refuser :
c'est un livre qui s'appelle « Mac Word
versus djihad ». C'est ce que nous
vivons aujourd'hui ,les deux grandes
idéologies globalisées, celle de la
globalisation capitaliste made in USA et
celle du djihadisme ou de l'islamisme
radical. La vision américaine du livre
est évidemment que l'on devrait choisir
entre les deux … Moi je dis « ni Mac
word ni djihad » ! Et surtout en
Afrique.
LA SECONDE IDEE
c’est qu’il faut comprendre une chose :
c'est que le monde multipolaire où il va
naître en Afrique où il ne naîtra
jamais !!! L'Afrique
c'est le continent neuf, c'est le
continent de l'avenir, c'est la réserve
de beaucoup de choses pour les autres.
Suivant que ce sera une Afrique devenue
indépendante, qui va se faire respecter,
qui va venir à la table des autres
puissances qui veulent un monde
égalitaire, ou suivant que cette Afrique
va être recolonisée par ce bloc
américano-occidentale, l'avenir du monde
va changer !
Une Afrique qui n'est pas libre, cela
veut dire un monde qui ne le sera pas.
S'imaginer que tant qu'un homme africain
connaîtra ce que moi j'appelle » la
troisième génération de l'esclavage »,
celle de la Finance mondiale, celle des
modèles étrangers imposés, un homme ne
pourra être libre sur terre, c’est une
illusion.
C'est une des
raisons de mon combat panafricain, parce
que j'aime l'Afrique, parce que j'ai été
conquis par l'Afrique. Il y a aussi des
raisons intellectuelles, c'est-à-dire
que le combat pour l'Afrique est la
première étape vers un monde nouveau. Il
implique ensuite les autres étapes,
comme par exemple la libération de
l’Europe occidentale. Et il n'y aura
jamais d'Europe occidentale qui sortira
de ce bloc américano- atlantiste s'il
n'y a pas une Afrique libre.
Je terminerai
simplement par une réflexion qui
paraphrasera celle de Marx au 19e
siècle :
Le grand Marx
disait que « les philosophes jusque-là
avaient interprété le monde et qu’il
était temps qu’ils changent désormais le
monde » … J’affirme aujourd'hui que la
géopolitique offre au monde la seule
vision pour le changer. Les
géopoliticiens doivent aujourd’hui jeter
les fondations de ce nouveau monde !
je vous remercie
LUC MICHEL /
PANAFRICOM
# NOTES ET RENVOIS
(1) Videos et
photos sur :
Conférence
internationale « Hands off Libya » :
http://www.facebook.com/ELAC.April.2011.Tripoli.Conference
(2) EODE THINK TANK
/ LA GEOPOLITIQUE VUE DES USA
sur
http://www.lucmichel.net/2015/02/11/eode-think-tank-la-geopolitique-vue-des-usa-les-analyses-geopolitiques-et-geostrategiques-de-stratfor-intelligence-sur-eode/
(3) Cfr.
PCN-TIMELINE / IDEOLOGIE / 1984 : LE PCN
REINVENTE L’‘EURASISME’ MODERNE
sur
http://www.lucmichel.net/2014/05/30/pcn-timeline-ideologie-1984-le-pcn-reinvente-leurasisme-moderne/
Et : PCN-SPO /
L’EURASIE EST UNE IDEE EN MARCHE. MAIS
QUI PARLAIT DE L’EURASIE ET DE
L’EURASISME IL Y A 30 ANS ?
Sur
http://www.lucmichel.net/2014/05/31/pcn-spo-leurasie-est-une-idee-en-marche-mais-qui-parlait-de-leurasie-et-de-leurasisme-il-y-a-30-ans/
(4) Cfr. Kornel
Sawinsky (Université de Silésie,
Pologne) : « La Libye dans les concepts
géopolitiques du PCN », in ZNACZENIE
LIBII W GEOPOLITYCZNYCH KONCEPCJACH
NACJONAL-EUROPEJSKIEJ PARTII
KOMUNITARNEJ (PCN), Intervention au 3e
Congrès des Géopoliticiens polonais –
III Zjazd Geopolityków Polskich
–,Wroclaw (Pologne, 21 et 22 octobre
2010),
sur
http://www.elac-committees.org/2013/02/18/pcn-spo-znaczenie-libii-w-geopolitycznych-koncepcjach-nacjonal-europejskiej-partii-komunitarnej-pcn
(5) Voir la
géopolitique de Kadhafi sur :
http://www.lucmichel.net/2014/01/14/ceredd-analyse-luc-michel-geopolitique-de-la-destruction-de-la-jamahiriya-libyenne/
(6) Ecouter en
podcast audio sur EODE-TV :
L'AXE GÉOPOLITIQUE
"EURASIE-AFRIQUE" (PAR LUC MICHEL)
https://www.youtube.com/watch?v=R4h-rDNk-oM
http://www.panafricom-tv.com/
https://www.facebook.com/panafricom/
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