LUC
MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY
Retour à la géopolitique du Japon (I) :
vu des Usa
Luc Michel
Lundi 18 juin 2018
La crise coréenne a remis à l’ordre du
jour un des grands acteurs géopolitiques
asiatiques, la Japon, bien oublié par
Trump et les médias internationaux. Mais
la Géopolitique a horreur du vide, elle
déteste aussi les perspectives
tronquées. Ce qu’est la question
coréenne sans le joueur japonais. Nous
entamons donc une série d’analyses sur
le « retour de la Géopolitique
japonaise » sur le devant de la scène en
Mer de Chine …
LUC MICHEL (ЛЮК
МИШЕЛЬ) & EODE/
Luc MICHEL pour EODE/
Quotidien
géopolitique – Geopolitical Daily/
2018 06 17/
Résumé français
d’une analyse de Luc MICHEL
publiée
originellement en anglais.
* Version anglaise
complète (avec l’article intégral de G.
Friedman) sur :
LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/
BACK TO THE GEOPOLITICS OF JAPAN (I):
SEEN FROM THE USA
sur
https://www.facebook.com/Pcn.luc.Michel/posts/1301539253313823
"La diplomatie en
tant qu'œuvre d'art:
Il s'agit de créer
des illusions et de convaincre les
autres qu'ils sont réels "
- «Futurs
géopolitiques», Weekly Digest, 16 mai
2017).
« Vouloir faire de la Géopolitique sans
raisonner sur les cartes et les atlas, à
commencer par les atlas historiques,
c’est comme vouloir naviguer sans
regarder les étoiles »
- Jean Thiriart (1922-1992),
le géopoliticien de « l’Empire
euro-soviétique ».
Le Japon est la pièce manquante du
puzzle de la crise coréenne. Où plutôt
la « Stratégie nationale du Japon », qui
depuis la défaite japonaise de 1945 pour
la domination du Pacifique et de l’Asie,
est étroitement, intimement liée aux
USA. Comprendre comment Washington voit
la question japonaise dans la crise
coréenne est donc essentiel. George
Friedman (l’ancien patron du Think Tank
‘Stratfor’, qui dirige maintenant
‘Geopolitical Futures’) vient de publier
une analyse importante sous le titre
“The Trap in Japan’s National Strategy”,
qui recentre l’analyse sur la Corée
autour du point de vue japonais. La
quatrième grande puissance autour de la
question coréenne, où tout le monde
parle des USA, de la Chine et de la
Russie, mais oublie la puissance
japonaise. Au moment même où Tokyo est
entré dans une phase de recherche et de
réflexion sur précisément sa « stratégie
nationale ». Et où la puissance
militaire et le militarisme, y compris
dans ses aspects révisionnistes sur
l’impérialisme japonais d’avant 1945,
est à nouveau à l’agenda nippon.
LES DILEMMES QUI SE POSENT AU JAPON
J’ai esquissé pour PRESS TV (Iran) les
questions qui se posent au Japon, à la
fois dans sa stratégie nationale, mais
aussi quant à son avenir, où la crise
coréenne n’est qu’un des aspects des
choix qui se posent à Tokyo :
* Voir sur PCN-TV/
PRESS TV (IRAN) INTERROGE LUC MICHEL:
LE JAPON, L’OUBLIE DU SOMMET DE
SINGAPOUR, PREND POSITION
sur
https://vimeo.com/275422034
QUE DIT FRIEDMAN ?
Friedman commence par analyser le rôle
des USA qui garantissent la sécurité
japonaise depuis 1945, en échange d’une
souveraineté limitée. Le Japon est en
fait un porte-avion américain en Mer de
Chine : "Depuis la Seconde Guerre
mondiale, le fondement de la stratégie
nationale japonaise a été le recours aux
Etats-Unis pour protéger les intérêts
nationaux du Japon. Les États-Unis
veillent à ce que les voies maritimes
alimentant le Japon en matières
premières essentielles restent ouvertes.
Il garantit la sécurité physique du
Japon - contre les menaces de l'Union
soviétique pendant la guerre froide, et
de la Chine par la suite. Et cela donne
au Japon un accès aux marchés
américains, d'abord pendant sa reprise
financière après la guerre, puis dans le
cadre de son développement dans la
troisième plus grande économie du monde.
En retour, les Japonais ont accepté la
présence des forces américaines au
Japon, fournissant une base d'opérations
visant à préserver le contrôle du
Pacifique Nord-Ouest que les États-Unis
ont atteint pendant la Seconde Guerre
mondiale. De ces bases, les États-Unis
pourraient bloquer la flotte soviétique
à Vladivostok, soutenir des opérations
en Corée du Sud et ainsi de suite (…) La
stratégie a bien fonctionné pour le
Japon pendant plus de 70 ans, jusqu'à ce
que le solde de la péninsule coréenne
montre des signes de changement. Au
début, à mesure que la menace nucléaire
augmentait en Corée du Nord, les
États-Unis sont devenus plus alertes et
agressifs face à la menace. Les
Sud-Coréens ont soutenu une politique
américaine agressive, et l'appel pro
forma aux Chinois à raisonner avec la
Corée du Nord n'a pas apporté de
solution. Les États-Unis ont menacé
d'une action militaire pour détruire les
armes nord-coréennes et, bien que des
bases japonaises puissent être
utilisées, le Japon ne serait pas
impliqué militairement."
COMMENT LA CRISE COREENNE A CHANGE LE
ROLE STRATEGIQUE DE LA PENSINSULE VU DE
TOKYO ?
Mais la crise coréenne, et
paradoxalement le rapprochement –
possible – entre les deux Corée, pose un
défi stratégique au Japon, car il change
le rôle stratégique que joue la
péninsule pour la protection du Japon.
Et ceci que ce soit avant ou après 1945
! Friedman expose
clairement ce changement, décisif pour
Tokyo : "Mais la stratégie japonaise a
commencé à déraper récemment avec une
tentative de rapprochement entre la
Corée du Nord et la Corée du Sud. Dans
sa stratégie d'avant la Seconde Guerre
mondiale, le Japon considérait depuis
longtemps la péninsule coréenne comme un
tampon entre lui et le continent. Les
Japonais ont occupé la péninsule pour
s'assurer que ce tampon reste. Après la
guerre, la division de la péninsule et
la présence américaine au sud
garantissent le tampon. Mais le
rapprochement olympique de l'année
dernière s'est produit, et il a modifié
une hypothèse stratégique significative
des Japonais: que le statu quo était
acquis. Il y avait soudainement un
potentiel d'accommodement entre le Nord
et le Sud et même potentiellement, avec
le temps, une influence chinoise accrue.
Même comme une possibilité lointaine et
improbable, c'était un problème sérieux
pour le Japon. Si les États - Unis
acceptaient une entente entre le Nord et
le Sud, et si cette entente comprenait
le retrait de certaines ou même de
toutes les troupes américaines de Corée,
alors l 'équilibre stratégique
changerait. "
LA FRONTIERE CHINE-JAPON EN MER DU JAPON
OU EN MER JAUNE ?
Telle est la conséquence stratégique des
évolutions de la crise coréenne pour le
Japon : "Le Japon perdrait son tampon
contre la Chine. La mer du Japon, et non
la mer Jaune, deviendrait le centre
naval, et avec l'intérêt décroissant des
États-Unis pour la région, ce serait la
marine japonaise qui aurait pour mission
principale de contrôler la mer du Japon.
La Corée du Nord pourrait abandonner ses
missiles intercontinentaux, qui menacent
les États-Unis, mais garder ses missiles
à courte portée capables d'atteindre le
Japon, et le Japon devrait donc créer
ouvertement sa propre force de
dissuasion nucléaire. Et en fonction de
l'ampleur du recul de la région en
provenance des États-Unis, le Japon
pourrait ne plus pouvoir compter sur les
États-Unis pour garantir son accès aux
matières premières."
LE JAPON PIEGE DANS LA NOUVELLE EQUATION
STRATEGIQUE - POSSIBLE - EN COREE !
"Pour la première fois depuis la Seconde
Guerre mondiale, le Japon doit se
demander si la réalité stratégique dans
sa région pourrait évoluer dans une
direction" pas nécessairement à
l'avantage du Japon ", selon le discours
de capitulation de Hirohito en 1945. Un
tel changement obligerait le Japon à
repenser il se voit et son rôle dans le
monde (…) si la réconciliation se
produit, le Japon n'aura peut-être pas
le temps de créer la force militaire
dont il aura besoin pour défendre ses
intérêts. Le Japon ne peut pas attendre
jusqu'à ce qu'il y ait une clarté, ni ne
puisse aller de l'avant sans une crise
politique. Le Japon est pris au piège
entre une nouvelle réalité et sa vieille
stratégie."
C’est cela le véritable arrière-plan du
nouveau round diplomatique autour de la
crise coréenne, entre le Japon et la
Corée du Nord. Le Premier ministre
japonais, Shinzo Abe, a appelé ce samedi
le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un à
surmonter ensemble leur méfiance
mutuelle, et confirmé que des efforts
étaient en cours en vue d'un sommet.
Dans un entretien télévisé, Shinzo Abe a
expliqué que son gouvernement avait
contacté la partie nord-coréenne « par
différents canaux » afin de mettre sur
pied une rencontre avec Kim Jong-un.
Lors d’un sommet historique mardi à
Singapour avec le président américain
Donald Trump, le leader nord-coréen
s’était montré, selon des médias
japonais, prêt à rencontrer Shinzo Abe.
« Pendant le sommet, M. Kim a dit à M.
Trump "Je peux rencontrer le Premier
ministre Shinzo Abe" », a notamment
rapporté le quotidien ‘Sankei’. Le Japon
était resté à l'écart de l'intense
ballet diplomatique des derniers mois …
* Voir aussi sur :
LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/
DEBAT : COMMENT INTERPRETER LA RENCONTRE
KIM JONG UN – TRUMP ET LEURS POURPARLERS
DIPLOMATIQUES SUR LA PENINSULE COREENNE
?
sur
http://www.lucmichel.net/2018/06/13/luc-michels-geopolitical-daily-debat-comment-interpreter-la-rencontre-kim-jong-un-trump-et-leurs-pourparlers-diplomatiques-sur-la-peninsule-coreenne/
LUC MICHEL (ЛЮК
МИШЕЛЬ) & EODE
* Avec le Géopoliticien de l’Axe
Eurasie-Afrique :
Géopolitique – Géoéconomie –
Géoidéologie – Géohistoire –
Géopolitismes - Néoeurasisme –
Néopanafricanisme
(Vu de Moscou et Malabo) :
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МИШЕЛЬ) :
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