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Géopolitique : que veut Moscou en
Ukraine ?
Luc Michel
Photo:
D.R.
Jeudi 17 avril 2014
Luc MICHEL / En Bref (2)/
avec Libération - PCN-SPO/ 2014 04 17/
Vous êtes nombreux à m’avoir écrit pour
me poser la question « Que veut Moscou
en Ukraine ? ». Vous êtes aujourd’hui
trop nombreux pour que je puisse
répondre personnellement à chacun. Mais
je vous lis tous et je tiens comte de
vos questions et préoccupations dans mes
éditoriaux d’actu rapide « EN BREF ».
Ce que veut Moscou dépendra de ce que
les Occidentaux voudront de leur côté,
et de leur degré d’agression contre la
Russie. Une chose est certaine sans
respect – ce respect dont ils ont manqué
totalement depuis 1991 – ils
n’obtiendront rien et les claques seront
rendues par deux. L’affaire de Crimée
est un tournant.
1/ LE PLAN A : NEUTRALISATION
Il y a tout d’abord la réunion de
Genève.
Moscou y présentera son PLAN A : la
fédéralisation et la neutralisation de
l’Ukraine. C’est la solution
raisonnable.
Le ministre russe des affaires
étrangères Sergueï Lavrov, souvent
surnommé «monsieur niet» par les médias
de l’OTAN qui aiment les allusions à la
Guerre froide, expliquera sans doute à
Genève ce que veut la Russie: une
«fédéralisation» de l’Ukraine qui
accorde une large autonomie aux régions
de l’est et du sud-est comptant une
forte proportion de russophones (qui ne
sont pas forcément des Russes ethniques
comme c’était le cas en Crimée). « Au
départ, la Russie avait même voulu faire
asseoir à Genève des partisans de cette
décentralisation. Aujourd’hui elle
s’efforce de démontrer que l’Etat
ukrainien est si faible ce que révèlent
tous les jours l’inaction de sa police
et les atermoiements de son armée qui a
perdu la Crimée sans un coup de feu -
qu’il faut pratiquement la mettre sous
tutelle. Pour Moscou, il ne s’agit pas
de négocier avec l’Ukraine sous
médiation internationale une solution à
la crise mais de trouver avec les
Occidentaux un modèle pour décider de
l’avenir de l’Ukraine. Bruxelles et
Washington repoussent la vision russe ».
Mon avis est que Genève est une farce,
comme l’as été Genève I et II pour la
Syrie.
La diplomatie est un théâtre pour amuser
les médias et les opinions publiques.
Les diverses parties ne donnent pas le
même sens aux mots et les « accords »
sont inapplicables. Par exemple «
désarmer les groupes armés illégaux »,
c’est désarmer l’Armée du Donbass pour
les occidentaux et Kiev. Mais c’est
désarmer les milices de la Junte de Kiev
– à commencer par celles de Svoboda et
Praviy Sektor -, un projet qui
signifierait la guerre civile à Kiev
même. Ce fait semble avoir échappés aux
journalistes occidentaux (voir Libé ce
soir). Pendant que les négociations
quadripartites de Genève, le Parlement
européen appelle à des sanctions lourdes
contre Moscou et la Junte de Kiev
organise des mesures répressives
développées.
Pour une fois je serai d’accord avec
Libération (Paris). Le fait que Poutine
n’ait pas reporté ce jour sa conference
de presse-marathon indique clairement le
peu d’importance qu’il accorde à Genève.
Il y a soufflé le chaud et le froid,
alternant la carotte et le gros baton
(le seul que les américains
comprennent).
La fédéralisation de l’Ukraine implique
aussi le dossier Moldavie et
Transdniestrie.
* Lire mon analyse pour EODE Think Tank
:
Géopolitique : Poutine déplace ses pions
sur le ‘grand échiquier’ et propose la
neutralisation de Kiev et de la
Moldavie…
http://www.lucmichel.net/2014/04/01/eode-think-tank-geopolitique-poutine-deplace-ses-pions-sur-le-grand-echiquier-et-propose-la-neutralisation-de-kiev-et-de-la-moldavie/
2/ LE PLAN B : ‘NOVY ROSSIA’ OU LA
‘TRANS-DNIEPR’ ?
Le Plan A représente la dernière chance
de préserver un état ukrainien au coût
finalement modique en géopolitique de la
Crimée.
Mais cette dernière chance qu’est la
fédéralisation est refusée à la fois par
la Junte de Kiev, ultranationaliste dans
la ligne bendériste, et ses maîtres
occidentaux. Qui ne veulent pas la
neutralisation de Kiev mais in fine
l’Ukraine dans l’OTA N. Etape
indispensable à la défaite finale de
Moscou (relire Brezinski et son « grand
chessboard »).
Restera alors le PLAN B pour Moscou, au
prix cette fois d’une nouvelle guerre
froide et sans aucun doute de graves
problèmes économiques. Mais la Puissante
Russie stalinienne s’était bâtie sur un
isolement global de 1918 à 1939. Ce plan
ce serait une PMR à la puissance 1000 :
la ‘Novi Rossia’. Qui fait trembler les
géopolitologues US comme Edward Luttwak
…
* Lire mon analyse pour EODE Think Tank
sur les thèses de Luttwak et les miennes
:
Géopolitique / Crimée et ‘Transdniestrie’
entre géopolitique et répétition de
l’histoire …
http://www.eode.org/eode-think-tank-geopolitique-crimee-et-transdniestrie-entre-geopolitique-et-repetition-de-lhistoire/
Luc MICHEL
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