LUC MICHEL’S
GEOPOLITICAL DAILY
Géopolitique du sport et soft power (II)
:
les JO d'hiver 2018 et le Mondial 2018
de football
arènes de la confrontation Usa-Russie
Luc Michel
Mardi 5 décembre 2017/
LUC MICHEL (ЛЮК
МИШЕЛЬ) & EODE/
Luc MICHEL pour
EODE/
Quotidien
géopolitique – Geopolitical Daily/
2017 12 05/ « C’est fait (le
scandale du dopage) pour présenter la
Russie comme l’axe du mal, mais nous
sommes une grande puissance sportive. »
- Vitali Moutko,
vice premier ministre russe
(ex-ministre des
sports).
J’avais longuement
abordé en 2014 dans un entretien radio
(1) la question de la « Géopolitique du
sport » et de la « Géopolitique du
football » (qui lui est subsidiaire),
éléments de ce « soft power » qui prend
de plus en plus de place dans les
affrontements entre la Russie et le Bloc
américan-occidental. Cet affrontement a
pour arènes la FIFA (y compris le «
Fifagate ») et la Coupe du monde de
football, ainsi que les prochains Jeux
olympiques et JO d’Hiver 2018 (après
ceux de Sotchi) …
« Malraux avait
tort. Le XXIe siècle ne sera pas
religieux avant tout : il sera sportif.
Nous sommes entrés dans l’ère du sport
mondialisé, affirme Pascal Boniface dans
sa GEOPOLITIQUE DU SPORT. Le sport est
devenu le nouveau terrain d’affrontement
– pacifique et régulé – des États. C’est
la façon la plus visible de montrer le
drapeau, d’être un point sur la carte du
monde et d’exister aux yeux de tous.
Lorsque la globalisation efface les
identités nationales, le sport devient
le moyen le plus efficace pour ressouder
la nation, autour d’un projet commun et
fédérateur. Dans ce « village global »
qu’est devenue la planète, les champions
sont les habitants les plus connus et
les plus populaires. Tout le monde a
entendu parler d’Usain Bolt ou de
Cristiano Ronaldo. Qui connaît le nom du
Premier ministre jamaïcain ou portugais
? Qui se souvient du nom du président du
Brésil en 1970 ? Celui de Pelé est gravé
à tout jamais dans les mémoires. Le
sport aujourd’hui c’est donc plus que du
sport. C’est de l’émotion, des
sensations, des moments de désespoir, de
joie, de fraternité, etc., mais aussi de
la géopolitique, de la puissance en
version « soft ». Bref, un élément
essentiel de rayonnement pour un État. »
I-
LA BATAILLE POUR
LES JEUX OLYMPIQUES D’HIVER A
PYEONGCHANG EN 2018 : LA RUSSIE
CONTRE-ATTAQUE
J’ai déjà évoqué
ici l’offensive américaine contre la
Russie sur les Jeux olympiques d’hiver
2018 à Pyeongchang (2). Voici Moscou qui
contre-attaque !
« Confronté à des
accusations de dopage généralisé, le
Kremlin dénonce un complot américain »,
commente Le Monde (en pointe dans la
Russophobie) : « Dans l’attente de la
décision du Comité international
olympique (CIO), mardi 5 décembre, sur
une éventuelle interdiction de la Russie
aux Jeux olympiques d’hiver, en février,
à Pyeongchang (Corée du Sud), les
chaînes de télévision russes sont sur le
pied de guerre. A l’unisson avec les
autorités, elles dénoncent par
anticipation une sanction décrite par le
Kremlin comme une « punition »
orchestrée par les Etats-Unis. Les
tenues officielles de la délégation
russe pour les JO ont certes été
présentées à la presse, mais le Kremlin
s’attend à une décision négative. La
liste des sportifs suspendus pour dopage
par le CIO, pour avoir bénéficié de
manipulations de leurs échantillons aux
Jeux olympiques de Sotchi en 2014,
s’allonge chaque semaine : 25 d’entre
eux ont été rétrospectivement
disqualifiés et la Russie a perdu sa
première place au tableau des médailles
».
Depuis le 9
novembre, Vladimir Poutine a lancé la
contre-attaque : « En réponse à notre
prétendue ingérence dans leur élection,
a-t-il déclaré, ils [les Etats-Unis]
veulent provoquer des problèmes lors de
l’élection présidentielle russe. »
Le Monde expose les
raisons des attaques contre la Russie :
« A moins de quatre mois du scrutin,
prévu le 18 mars, qui, sauf surprise,
devrait reconduire le chef de l’Etat
dans ses fonctions, la décision du CIO
d’exclure les athlètes russes serait une
mauvaise nouvelle pour le Kremlin. Elle
priverait M. Poutine du prestige dont il
s’est prévalu sur la scène
internationale avec les JO de Sotchi.
Les sports d’hiver sont, en Russie,
beaucoup plus populaires que la Coupe du
monde de football.
Le vice-premier
ministre, Vitali Moutko, s’est
longuement exprimé sur le sujet, ce
vendredi 1er décembre, lors du tirage au
sort pour le Mondial 2018 que la Russie
accueillera cet été. Plutôt que de
parler football, il a consacré son
intervention aux éventuelles sanctions
lors des prochains JO. C’est une «
tentative de présenter [la Russie] comme
un axe du mal, a-t-il tempêté. On a fait
de nous une sorte de monstre.
Maintenant, tout le monde, n’importe
quel expert, a le droit de dire : “Il
faut punir la Russie” ».
« La défense russe
consiste à dénoncer une machination
ourdie outre-Atlantique » commente Le
Monde. « Les Etats-Unis contrôlent tout
car les principales sociétés qui paient
pour les droits de télévision, les
principaux sponsors, les principaux
acheteurs de publicités se situent
là-bas », a lancé Poutine. « Il y a un
sens particulier dans tout cela, a
renchéri ce 30 novembre le premier
ministre, Dmitri Medvedev, parce que les
gens aiment le sport, soutiennent nos
athlètes et cela provoquerait une
profonde déception s’ils étaient
sanctionnés. C’est de la politique et il
n’y a aucun doute à ce sujet. »
Le Monde, malgré
son tropisme anti-russe, est en aveux :
« Des institutions américaines ont, de
fait, joué un rôle majeur dans la
révélation de la triche russe aux JO de
Sotchi. Accueilli aux Etats-Unis par le
réalisateur américain Bryan Fogel, avec
qui il collaborait dans le cadre d’un
documentaire sur le dopage, Grigory
Rodchenkov a été mis en relation avec
les autorités américaines. Le
département de la justice a ouvert une
enquête sur les accusations de fraude
dans le sport russe au printemps 2016,
selon plusieurs médias américains, et M.
Rodchenkov vit désormais sous le
programme de protection des témoins. Par
ailleurs, le patron de l’agence
américaine antidopage, Travis Tygart,
très influent auprès de ses pairs, est
l’un des avocats les plus médiatiques
d’une exclusion totale de la Russie à
Pyeongchang ».
II-
SECONDE ARENE : LE
MONDIAL DE FOOTBALL 2018
Le tirage au sort
de la Coupe du monde de football 2018 a
eu lieu, ce 1er décembre, au Kremlin en
présence de mille trois cents invités
triés sur le volet.
C’est en effet au
Kremlin « et non dans une enceinte
sportive, que le coup d’envoi de la
Coupe du monde de football 2018 a été
donné, vendredi 1er décembre, par le
tirage au sort des équipes. En Russie,
tout part et tout revient au pouvoir
(dixit Le Monde). L’événement, qui
attire des millions de fans et de
téléspectateurs, s’y déroulera pour la
première fois de son histoire du 14 juin
au 15 juillet 2018, et la cérémonie de
ce vendredi ne pouvait pas avoir d’autre
origine que celui-ci, répété dans toutes
les langues : le « Kremlin ». »
« Le président
russe était bien sûr de la partie. Pour
une fois pile à l’heure, Vladimir
Poutine a fait son entrée à 18 heures
sur la scène, peu avant le tirage au
sort, au côté de Gianni Infantino, le
président de la Fédération
internationale de football ». « Notre
pays attend avec impatience ce
championnat », a déclaré le chef du
Kremlin, promettant : « Nous ferons tout
pour qu’il se transforme en fête
sportive grandiose. » La Russie a
dépensé près de dix milliards d’euros
pour ce Mondial, pour les stades, les
infrastructures, et les transports. A
Moscou, les stations de métro sont
désormais annoncées en deux langues,
russe et anglais. Une première.
Mais Le monde se
montrait ravi de gâcher le fête russe :
« Mais ce vendredi, il planait comme une
ombre au tableau. Le 5 décembre, le
Comité olympique international (CIO)
devrait annoncer sa décision quant à la
participation des sportifs russes aux
Jeux olympiques d’hiver, en février, à
Pyeongchang (…) Or, vendredi, trois
athlètes ont de nouveau été
disqualifiés, ce qui porte à vingt-cinq
le nombre d’athlètes suspendus des Jeux
de Sotchi ». Infantino a du voler au
secours de Vladimir Poutine : « S’il y
avait un problème sérieux de dopage dans
le football, on le saurait. »
Là aussi, Le Monde
est en aveux sur les motivations de
l’offensive contre Moscou, pilotée
depuis les USA : « le problème est que
l’impact international du football n’a
pas la même résonance en Russie
qu’ailleurs. Elle est bien moindre que
celle des JO. La Sbornaïa, l’équipe
nationale, classée 63e par la FIFA, ne
déchaîne pas les passions. Vendredi
soir, l’assistance au Kremlin est restée
compassée, et la plupart des cafés et
des bars de la capitale russe n’ont rien
transmis sur le tirage au sort. Un
manque d’enthousiasme agaçant alors que
se profile l’élection présidentielle
russe, le 18 mars, à laquelle Vladimir
Poutine compte bien se représenter ».
III-
GÉOPOLITIQUE ET
DIPLOMATIE DU FOOTBALL AU CŒUR DU
MONDIAL 2018
L’emprise du « soft
power » (3) (qui rappelons le est une
dimension de la puissance géopolitique)
et de sa variante que la France appelle
la « diplomatie culturelle » apparaît
pleinement dans d’autres multiples
aspects du Mondial 2018, comme le révèle
le tirage au sort effectué au Kremlin. «
A la suite du tirage au sort de la Coupe
du monde 2018, certaines rencontres du
premier tour résonnent au-delà du simple
enjeu footballistique », commente Le
Monde.
Voici une vision
rapide de deux de ces dossiers :
* Russie et Arabie
saoudite :
« Match d’ouverture
de la 21e Coupe du monde, ce
Russie-Arabie saoudite est peut-être
plus attendu par les spécialistes de
relations internationales que par les
amateurs de ballon rond (…) Ce match,
c’est aussi la rencontre de deux
superpuissances pétrolières, qui à elles
deux représentent près d’un quart de la
production mondiale. Si la Russie
n’appartient pas à l’OPEP (Organisation
des pays exportateurs de pétrole), elle
a récemment fait le choix de s’aligner
sur la position portée par l’Arabie
saoudite : réduire la production
pétrolière pour relancer le cours du
baril de brut. La rencontre intervient
en plein réchauffement des relations
entre deux pays, historiquement opposés
compte tenu de l’alliance entre Ryad et
Washington d’un côté, et Moscou et
Téhéran de l’autre. Leur politique des
prix pétroliers a souvent été différente
et la Russie soupçonne l’Arabie saoudite
d’avoir financé l’opposition tchétchène.
L’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine
a bouleversé les relations diplomatiques
entre les deux pays.
Lire :
Moscou et Riyad remanient
l’opposition syrienne avant la reprise
des pourparlers de paix. Début octobre,
le roi Salman d’Arabie saoudite a
réalisé une première visite en Russie
pour un chef d’Etat saoudien, événement
qui symbolise une recomposition des
équilibres géopolitiques au
Moyen-Orient. Allié historique des
Etats-Unis, Riyad veut diversifier ses
options, à l’heure où la Russie et
l’Iran font front commun en Syrie. »
* Espagne et Maroc
:
En pleine crise de
l’immigration en Europe et en Afrique,
Maroc – Espagne détonne. « Malgré la
règle qui empêche que plus de deux
membres d’une même confédération se
retrouvent dans le même groupe,
l’Espagne affrontera en juin prochain
deux pays avec lesquels elle partage des
frontières : le Maroc et le Portugal. La
démarcation avec le Maroc est l’une des
plus petites frontières terrestres du
monde, puisqu’elle consiste en deux murs
de séparation autour des enclaves
espagnoles de Melilla et Ceuta, longues
d’une quinzaine de kilomètres au total.
Depuis soixante ans, le Maroc revendique
ces deux enclaves qu’il considère comme
des vestiges de la colonisation. Situées
sur une route migratoire de plus en plus
fréquentée, ces deux enclaves sont les
portes de l’Europe pour tous les
migrants qui privilégient la route de
Gibraltar. Le Maroc, dont les méthodes
de répression sont plus dures, est
indispensable à l’Espagne si elle veut
stopper les migrants avant qu’ils ne
commencent à escalader les grillages de
barbelés aux lames tranchantes, hauts de
six mètres. C’est la raison pour
laquelle Madrid tente de conserver les
meilleures relations possibles avec
Rabat, que certains observateurs et ONG
locales soupçonnent d’utiliser pour
faire pression sur l’Europe sur le sujet
brûlant du Sahara occidental. »
(Sources : Le Monde
– AFP – Tass – EODE Think-Tank)
NOTES :
(1) Cfr. sur
EODE-TV/ RADIO CAMEROUN : LUC MICHEL.
FIFAGATE A QUI PROFITE LE SCANDALE ?
sur
https://vimeo.com/130627045
(2) Cfr. LUC
MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/
GEOPOLITIQUE DU SPORT ET SOFT POWER :
POUTINE ACCUSE LES ETATS-UNIS D’ŒUVRER
EN SOUS-MAIN POUR EMPECHER LA RUSSIE
D’ETRE PRESENTE AUX JEUX OLYMPIQUES
D’HIVER 2018, A PYEONGCHANG.
sur
http://www.lucmichel.net/2017/10/24/luc-michels-geopolitical-daily-geopolitique-du-sport-et-soft-power-poutine-accuse-les-etats-unis-doeuvrer-en-sous-main-pour-empecher-la-russie-detre-presente-aux-jeux-o/
(3) Voir sur
EODE-TV/ LUC MICHEL: A BATONS ROMPUS SUR
LE ‘SOFT POWER RUSSE’ ET LA ‘DIPLOMATIE
PARALLÈLE’ D’EODE – (SOFT POWER PARTIE 1
+ 2)
sur
https://vimeo.com/242079030 et sur
https://vimeo.com/242637227
LUC MICHEL (ЛЮК
МИШЕЛЬ) & EODE
* PAGE SPECIALE Luc
MICHEL’s Geopolitical Daily
https://www.facebook.com/LucMICHELgeopoliticalDaily/
* Luc MICHEL (Люк
МИШЕЛЬ) :
WEBSITE
http://www.lucmichel.net/
PAGE OFFICIELLE III
– GEOPOLITIQUE
https://www.facebook.com/Pcn.luc.Michel.3.Geopolitique/
TWITTER
https://twitter.com/LucMichelPCN
* EODE :
EODE-TV
https://vimeo.com/eodetv
WEBSITE
http://www.eode.org/
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