LUC
MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY
L'Iran dans le chaudron caucasien
Luc Michel
Samedi 3 octobre 2020
LES DESSOUS DU CONFLIT ENTRE BAKOU ET
EREVAN (VI): L’IRAN
DANS LE CHAUDRON CAUCASIEN (COMMENT ON
INTERNATIONALISE UNE GUERRE REGIONALE
PAR PROCURATION - PARTIE III)
LUC MICHEL (ЛЮК
МИШЕЛЬ) & EODE/
Luc MICHEL pour EODE/
Quotidien
géopolitique – Geopolitical Daily/
2020 10 02/
(Série
III/2020-1251)
L’internationalisation de la guerre
régionale entre l’Arménie et
l’Azerbaidjan a des conséquences
globales et des répercussions beaucoup
plus importantes que le même phénomène
en Libye. Nous avons vu hier que le Bloc
USA-OTAN-Turquie visait à détourner
l’attention de la Russie des fronts
syrien et libye. Mais Israël suit son
propre agenda et vise à fixer l’Iran, et
même la Russie, dans le Caucase …
L’« AXE
US/ISRAËL/SULTAN REUSSIRA-T-IL A PIEGER
POUTINE....ET L'IRAN ? » (PARS TODAY)
« Qui tire profit
de l'embrasement de cette région
stratégique ? Si la Turquie emploie ses
F-16 dans le Haut- Karabakh, l’Arménie
n’aura d’autre choix que de recourir à
tout son arsenal, y compris aux missiles
Iskander dont est doté son armée depuis
2016, d’après les déclarations de
l’ambassadeur arménien en Russie. Cette
menace devrait être prise
particulièrement au sérieux par le camp
d'en face, à savoir la Turquie, puisque
ce n'est plus seulement la voix
d'Erevan, mais aussi celle de Moscou et
de ses alliés », commente Pars Today.
Après avoir tenté
d'enliser la Russie (et partant la Syrie
et la Résistance, NDLR) à Idlib, puis en
Libye, la Turquie otanienne, « partie
par la quelle la guerre au Levant a
commencé » (disent les iraniens fort
justement), se tourne vers le Caucase,
« l'objectif dicté par les officines US
étant très clairement d'embraser les
frontières de la Russie, de la Chine et
pourquoi pas de
l'Iran ». Ce Lundi 29 septembre, le
commandant en chef des garde-frontières
iraniens, le général Ghassem Rezaei, a
très clairement mis en garde Erevan et
Bakou contre toute atteinte visant le
territoire iranien, « façon de faire
comprendre au scénariste US que son jeu
est bien décanté » : défaits au
Moyen-Orient et craintifs à l'idée d'en
être chassé bientôt par l'Iran, la Chine
et la Russie, Washington aimerait bien
voir le Sultan refaire le coup "syrien"
et "libyen" au Caucase, région avec qui
l'Iran, la Russie et la Chine partagent
des frontières.
Les déclarations de
l’autorité arménienne sur le recours au
missile Iskander si Ankara utilise des
avions F-16 dans le Haut- Karabakh
interviennent alors que les médias
rapportaient la poursuite du conflit
entre l'Arménie et la République
d'Azerbaïdjan. La reprise des
affrontements frontaliers dans la zone
contestée du Haut-Karabakh,
après l'appel étrange des
ambassades US à Erevan et à Bakou
lesquelles ont demandé demandé aux
ressortissants américains de ne pas se
rendre dans la zone contestée. Signe que
le scénario est bien prémédité. « Des
observateurs politiques font relever
deux coïncidences, analysent les
iraniens : le début de ce conflit se
superpose à l'échec de la tentative US
de faire une percée dans l'arrière-cour
de la Russie, en Biélorusse. Mais il y a
une autre coïncidence encore plus
étrange, la tenue juste avant de ce
conflit d'un vaste exercice baptisée
Caucase 2020 qui a l'air d'une alliance
militaire à naître ».
QUI EMBRASE LE
CAUCASE?
la Russie avec la
participation de 6 pays - la Chine, la
Russie, l'Iran, le Pakistan, la
Biélorussie et l'Arménie - sur terre,
dans l’air et en mer. Il s'agit d'un
exercice qui est important à plusieurs
égards : Des participants s'opposent
d'une manière ou d'une autre aux
politiques américaines, quitte à défier
les USA et leurs alliés occidentaux.
Puis la plupart des pays participant à
cet exercice sont des puissances
militaires de l'Est.
Sur la
participation de l'Iran avec des
puissances telles que la Chine et la
Russie à un exercice militaire au niveau
stratégique, le message est clair :
« ainsi que l'a laissé paraître
l'engagement iranien aux côtés de la
Chine, et ce, dans le cadre de leur
accord stratégique, l'Iran s'éloigne
définitivement du bloc occidental
puisque ceci est une garantie du
maintien de sa souveraineté et de son
indépendance ». Certains analystes sont
d’avis que « cet exercice témoigne d’une
alliance militaro-sécuritaire
non-déclarée entre l'Iran d'une part et
la Chine, la Russie, le Pakistan et
l'Arménie d'autre part », ce qui peut
être totalement vrai.
La date à laquelle
se déroule cet exercice militaire
suscite également des interrogations : A
l'approche de la présidentielle
américaine où un aventurisme militaire
de Trump n'est pas à écarter, et où ce
dernier cherche à redorer son blason
auprès de l’opinion publique dans
une concurrence avec les Démocrates de
Biden, une guerre que ce soit contre
l'Iran ou contre la Russie ou n'importe
quel autre membre de cette coalition, ne
laissera pas indifférents les autres.
Bref, l'exercice "Caucase 2020" envoie
le message suivant : « les puissances du
bloc de l’Est et leurs alliés se sont
unies face aux menaces militaires
américaines contre chacune d’entre
elles ».
LA QUESTION DU
PAKISTAN …
Le Pakistan balance
entre les deux blocs géopolitiques. La
participation du Pakistan en tant que
pays militaire puissant du monde
musulman, qui ces dernières années s’est
rapprochée du bloc de l'Est, mais qui
est un allié étroit de l’Azerbaidjan,
pose problème. D’autant plus que malgré
des liens étroits avec l'Arabie
saoudite, Islamabad ne s'est pas rangé
du côté des Arabes du golfe Persique
dans la guerre contre le Yémen et n'a
pas établi de relations avec Israël.
Nous y reviendrons dans une prochaine
analyse …
Le Pakistan
participe aux corridors géoéconomiques
des « Nouvelles routes de la Soie » et
s’est plutôt rangé du côté de l'Iran. Il
possède des armes nucléaires sans
oublier que c’est est aujourd’hui un
allié stratégique de la Chine.
… RETOUR AU CAUCASE
The last but not
the least, l’Azerbaïdjan et la Géorgie
qui ces quinze dernières années se sont
éloignés du bloc de l'Est pour se
rapprocher de l'Occident, n'ont pas
participé à cet exercice. L'Iran et la
Russie sont profondément préoccupés par
l'influence de l'Organisation du Traité
de l'Atlantique Nord (OTAN) dans le
Caucase et ils la considèrent comme une
menace pour leurs sécurités nationales.
La Géorgie et l'Azerbaïdjan, proches
alliés de l'OTAN, entretiennent des
relations étroites avec les États
membres de l'alliance militaire
atlantique. La Géorgie, étant membre
observateur de l'OTAN et l'Azerbaïdjan
entretenant des relations étroites avec
les États membres de cette même alliance
militaire. Tout ceci pour dire que les
flammes de la guerre au Caucase
brûleront les doigts de ceux qui l'ont
allumé.
L’ARMENIE, POUR LE
RAPPROCHEMENT AVEC L’IRAN, PAS INTERESSE
PAR UNE ADHESION A L’OTAN
Lors d’une
conférence de presse, le lundi 10
décembre dernier, le Premier ministre
arménien, Nikol Pachinian, a évoqué
l’importance vitale de l’Iran pour son
pays qui, d’ailleurs, « n’envisage pas
de devenir membre de l’OTAN ». « Pour
nous, l’Iran n’est pas simplement un
voisin ordinaire ; l’Iran offre un
itinéraire vital pour l’Arménie, si bien
que la vie [économique] de notre pays
dépend strictement de nos relations avec
l’Iran. Nous sommes donc bien conscients
de l’exigence de maintenir nos relations
avec l’Iran. » Selon l’agence de presse
Tasnim, le Premier ministre arménien,
Nikol Pachinian, a affirmé que « malgré
des restrictions et empêchements qui
s’imposent à l’échelle internationale à
cause des sanctions anti-iraniennes des
États-Unis, l’Arménie a la ferme volonté
de préserver ses liens avec l’Iran ». Le
chef du gouvernement par intérim
arménien, Nikol Pachinian a également
affirmé que son pays « n’envisageait pas
la possibilité de devenir un pays membre
de l’Alliance du Traité de l’Atlantique
nord ».
Pachinian avait
pris part, le 12 juillet, à la rencontre
des chefs d’États et de gouvernements
des pays non membres de l’OTAN impliqués
dans la mission « Resolute support » en
Afghanistan. Le Premier ministre
arménien n’a pas manqué déjà de parler
de la donne turco-arménienne et
d’évoquer aussi la question du
Haut-Karabakh qui reste toujours sujette
à controverses entre Erevan et Bakou. «
Nous sommes prêts à négocier sans aucun
préalable avec la Turquie et nous
espérons que la Turquie, aussi, sera
disponible à le faire. Nous espérons
pouvoir franchir des pas pour atteindre
un très important objectif qu’est la
normalisation. Et le règlement de la
question du Karabakh pourra sans doute
impacter également nos relations avec la
Turquie. » Le bloc politique de Nikol
Pachinian est arrivé en tête des
législatives anticipées organisées le
dimanche 9 décembre 2018 en Arménie.
(Sources : Interfax – Pars today –
Tasnim - EODE Think Tank)
LUC MICHEL (ЛЮК
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Géoidéologie – Géohistoire –
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