FOCUS
La guerre de libération du Vietnam dans
sa
perspective historique et géopolitique
Luc Michel
Vendredi 1er mai 2015
PCN-SPO / Focus / 2015 04 30 /
Focus : Le fait du jour décrypté
par Luc MICHEL
pour le Service de Presse du PCN /
PCN-SPO
Lu sur le Fil de l’AFP (Paris)
Ce 4 octobre 2013 :
La guerre de
libération du Vietnam est un événement
historique majeur : la défaite en 1975
de l’impérialisme américain. Car le
Vietnam est la seule guerre que les USA
ont perdu depuis 1945. Et cette défaite
va bien au-delà de la Guerre de
Libération et d’unification de la Nation
vietnamienne.
Que représente la
défaite américaine au Vietnam ?
Comment cette défaite se situe-t-elle
dans les perspectives géopolitiques du
combat anti-impérialisme mondial et de
la lutte de libération européenne ?
# I : LA GUERRE DE
LIBERATION ET D’UNIFICATION DE LA NATION
VIETNAMIENNE DANS LA PERSPECTIVE DU
COMBAT ANTI-IMPERIALISTE MONDIAL
"Quand j'étais
jeune, je rêvais un jour de voir mon
pays libre et unifié"
- Vo Nguyen Giap (entretien à PBS)
Le 30 avril 1975,
les chars de l'Armée nationale populaire
du Vietnam appuyés par les forces de
guerillas Vietcong s'emparaient du
palais présidentiel de Saigon. Le
pouvoir fantoche des Kollabos
sud-vietnamiens des USA s'effondrait,
l'ambassadeur yankee quittait la ville
dans la honte, la bannière étoilée
roulée comme une serpillière sous son
bras. Le long combat pour la libération
nationale et sociale du Vietnam,
commencé à l'aube des Années 20, était
enfin terminé. L'alliance du Parti
communiste et du mouvement nationaliste
vietnamien avait vaincu, un petit peuple
courageux de paysans-soldats avait
chassé la première puissance
impérialiste du monde.
Le
National-communisme vietnamien a donné
aux peuples du monde, et singulièrement
à la Révolution européenne, une leçon de
courage et d'espoir : OUI L'AMERIQUE
PEUT ETRE VAINCUE !
1975 : LIBERATION
ET UNIFICATION DE LA NATION VIETNAMIENNE
40 ans après la fin
de la guerre de libération, le peuple
vietnamien souffre encore des séquelles
innombrables des armes chimiques
odieuses utilisées par les impérialistes
prêts à tout, à l'époque, comme
aujourd'hui dans d'autres régions du
monde, pour détruire les nations qui
résistent à leur domination. Trois
millions de soldats et de civils
vietnamiens ont été tués pendant la
guerre, qui fit seulement 58.000 morts
côté américain, où l’on a l’habitude de
faire la guerre avec le sang des autres.
Des années de
négationnisme américain, de propagande
occidentale visant à réécrire l'histoire
de la guerre en faisant passer les
valeureux combattants communistes de la
péninsule indochinoise pour des
monstres, des années de diabolisation,
de xénophobie dans les livres, les films
et les discours des impérialistes, n'ont
pas effacé l'une des plus grandes
victoires des révolutionnaires
progressistes et n'ont pas empêché leur
lutte historique de devenir un exemple
pour tous les peuples confrontés
aujourd'hui aux stratégies terroristes
de Washington et de ses alliés
« européens » du NATO.
La honte hypocrite
des Etats-Unis, son mea culpa cynique
vis à vis des méthodes utilisée aux
Vietnam et, en général, du soutien
américain au dictatures réactionnaires
de nombreux pays – ce qu’était le régime
sud-vietnamien -, masque de nouvelles
exactions perpétrées de nouveau au nom
du monde libre, de la démocratie
capitaliste et de la morale
impérialiste.
La victoire du
national-communisme au Vietnam, unissant
étroitement libération nationale et
sociale, est l'héritage de tous les
militants révolutionnaires européens et
internationaux. C’est le leg du Vietnam
…
LA GUERRE DE
LIBERATION DU VIET-NAM AU-DELÀ DE LA
PROPAGANDE YANKEE
De la guerre du
Vietnam, la mémoire collective garde une
foule d'images choc, des photos qui ont
la particularité d'avoir été prises par
un seul camp, celui des Sud-Vietnamiens
et des étrangers. Vingt-cinq ans plus
tard seulement, on découvrit les clichés
de photographes nord-vietnamiens, restés
quasi-inconnus en dehors de la presse
communiste.
Un exemple ? La
libération de Saigon …
Des Vietnamiens affolés escaladant le
mur de l'ambassade américaine. Un
hélicoptère US décollant, alors que des
grappes de désespérés tentent encore
d'embarquer. Ces images exemplaires de
la chute de Saïgon, le 30 avril 1975, ne
reflètent qu'un seul côté de l'histoire.
Dans le camp d'en face, un trio des plus
grands photographes de guerre
nord-vietnamiens montre un tout autre
livre d'images. Leur photos, extraites
d'albums et de dossiers poussiéreux,
racontent, elles, la joie de la
libération de Saigon, aujourd'hui Ho Chi
Minh Ville. Dinh Quang Thanh, qui suivit
un char du Viet Minh jusqu'aux marches
du palais présidentiel, a saisi les
foules saigonaises couvrant de vivats et
de vivres les soldats du Nord.
« Nous écoutions la radio
sud-vietnamienne, qui disait qu'il y
aurait un bain de sang si les
communistes prenaient le pouvoir. Nous
savions que c'était de la propagande, et
je voulais montrer la vérité avec mon
appareil », expliqueait à l’AFP en 2005
Thanh, aujourd’hui retraité. La
vérité
:
quatre soldats se ruent à
l'intérieur du palais pour y hisser le
drapeau victorieux, ou encore les
ministres et soldats du Sud, l'air
résigné mais pas effrayé.
Les photographes
nord-vietnamiens ont partagé
l'impitoyable dureté de cette guerre de
la jungle, combattants à part entière. «
Je me considérais comme un soldat,
l'appareil photo était mon arme »,
ajoute Thanh. Les journaux du Nord n'ont
certes jamais publié les images qui
auraient pu mettre à mal l'effort de
guerre. Mais ces photographes estiment
que leur travail rend parfaitement
compte des terribles souffrances
endurées pendant cette guerre, qui fit
trois millions de morts, Nord et Sud
confondus. Aucun des photographes n’a
attendu reconnaissance ou fortune d'un
travail quasiment jamais montré dans le
monde non-communiste.
Mais les choses
finirent par changer. En 1997, deux
photographes de l'époque, l'indépendant
Tim Page et Horst Faas, devenu éditeur à
l'Associated Press, ont publié « Requiem
», livre-hommage aux photojournalistes
des deux camps morts dans le conflit. De
son côté, Trong Thanh a fini par
connaître le succès, en tout cas à
l'aune de ces modestes photographes
nord-vietnamiens: il a publié deux
livres, l'un aux Etats-Unis, l'autre au
Japon. Sa photo préférée n'a jamais été
publiée pendant la guerre: un soldat du
Nord, agenouillé, partage sa ration avec
un soldat du Sud, blessé, en 1971.
Exposée pour la première fois en 1991
aux Etats-Unis, elle choqua de nombreux
Américains, qui la jugèrent forcément
truquée...
# II : LE VIETNAM
ET SES REPERCUSSIONS GEOPOLITIQUES POUR
LA LUTTE DE LIBERATION EUROPENNE
"La grande victoire
du 30 avril représente le triomphe de
toute la nation, de la justice sur la
brutalité et de l'humanité sur la
tyrannie"
- Vo Viet Thanh (maire de Ho Chi Minh
Ville, pour le 25e anniversaire de sa
libération)
La guerre du
Vietnam, à travers les leçons que tous
les militants révolutionnaires du monde
peuvent encore en tirer, ne s'est pas
terminée pourtant à Saigon en 1975, mais
continue sa marche implacable au cœur
même de l'Europe aujourd’hui. L'unité du
Vietnam, l'union d'un peuple divisé trop
longtemps par l'impérialisme occidental,
doit être un exemple pour une Europe
occidentale que la domination bourgeoise
cosmopolite cherche à morceler et à
démanteler.
LES HERITIERS DE
VALMY
Le peuple
vietnamien, par un élan qui symbolise
des milliers de Valmy – et on se
souviendra que Ho Chi Minh et Giap
furent de grands admirateurs de la
Révolution française, celle de
Robespierre et des Jacobins -, par ses
sacrifices, ses millions de victimes
assassinées par les soudards yankee qui,
malgré leur supériorité technologique,
ont finis brisés par les paysans-soldats
de la révolution nationale-communiste
vietnamienne, montre à présent comment
il faut traiter l'envahisseur
impérialiste.
Et si l'uranium
appauvri d’Irak et de Yougoslavie a
remplacé le gaz orange du Vietnam, la
stratégie meurtrière de l'impérialisme
est toujours la même, à une différence
près. La guerre du Vietnam a été perdue
car l'opinion internationale dans son
ensemble s'est retournée contre les
exactions américaines, et depuis
Washington a développé une machine de
propagande médiatique si puissante
qu'elle est à même de manipuler des
nations entières. Les média occidentaux,
esclaves de l'impérialisme et de son
bras armé l’OTAN, prostitués de la
domination capitaliste, petits Kollabos
stipendiés, empêchent à dessein le
peuple européen d'ouvrir les yeux sur le
colonialisme moderne des Etats-Unis.
Nous ne devons
jamais oublier que si la guerre là-bas
s'est arrêté en 1975, elle a recommencé
sur notre sol européen. Ouvertement
lorsque que Washington a déclaré la
guerre à la Yougoslavie
national-communiste du président
Milosevic. Sournoisement ailleurs, dans
les Balkans ou le Caucase. Sans oublier
la Méditerranée, le Proche-Orient et
l’Afrique, où Washington et son
allié-complice sioniste frappent les
indépendances européennes, arabes et
africaines.
Les dizaines de
milliers de soldats américains et les
centaines de milliers de collabos
impérialistes du Sud-Vietnam qui ont
perdu la vie face à l'indomptable élan
du communisme national et
révolutionnaire, doivent être autant de
signes d'espoir pour chaque militant
européen progressiste, à l'Ouest comme à
l'Est, et l'impérialisme occidental, qui
triomphe à présent là où le Nazisme
avait été finalement vaincu, a trop vite
oublié, lui, l'avertissement donné par
Ho Chi Minh et son peuple libéré à tous
ceux qui veulent réduire le monde en
esclavage.
POUR EN FINIR
DEFINITIVEMENT AVEC LA SUPERPUISSANCE
YANQUEE !
Depuis la fin de la
Guerre froide, les Etats-Unis se
définissent eux-mêmes comme la « suprême
superpuissance ». Les prétentions
américaines à la domination mondiale
exposées dès 1943, notamment par James
BURNHAM (l’ancêtre des neocons) dans «
The Struggle for the World » sont
devenues une réalité omniprésente.
En mars 1992, après
l’implosion de l’URSS et le début du
démembrement de la Yougoslavie, le
Pentagone publiait, en liaison avec le «
Conseil national de sécurité », la plus
haute instance de politique
internationale yanquee, un "Rapport
Wolfowitz" (qui sera 10 ans plus tard un
des ministres du régime de Bush II et un
leader des neocons) qui expliquait
comment les USA entendent rester la
seule superpuissance : « La politique
étrangère américaine doit se donner pour
but de convaincre d'éventuels rivaux
qu'ils n'ont pas besoin de jouer un plus
grand rôle. Notre statut de
superpuissance unique doit être perpétué
par un comportement constructif et une
force militaire suffisante pour
dissuader n'importe quelle nation ou
groupe de nations de défier la
suprématie des Etats-Unis. Ceux-ci
doivent tenir compte avec intérêt des
nations industrielles avancées pour les
décourager de défier le leadership
américain ou de chercher à mettre en
cause l'ordre économique et politique
établi. Une puissance militaire
dominante doit être maintenue pour
dissuader d'éventuels rivaux ne
serait-ce que d'aspirer à un rôle
régional ou global plus grand. L'ordre
international est en définitive garanti
par les Etats-Unis et ceux-ci doivent se
mettre en situation d'agir
indépendamment quand une action
collective ne peut être mise sur pied.
».
Le Rapport visait
directement l’Europe, ce « groupe de
nations » : « Nous devons agir en vue
d'empêcher l'émergence d'un système de
sécurité exclusivement européen qui
pourrait déstabiliser l'Otan ». Le Japon
est aussi visé : « En Extrême-Orient, il
faut rester attentif aux risques de
déstabilisation qui viendraient d'un
rôle accru de nos alliés, en particulier
du Japon ».
Les alliés sont-ils
les ennemis ? Paul-Marie de La Gorce
commentait le Rapport Wolfowitz dans «
Le Monde Diplomatique »: « Le rapport
Wolfowitz se signale par l'insistance
qu'il met à privilégier la puissance
militaire comme instrument essentiel de
la prépondérance internationale des
Etats-Unis qu'il s'agit de préserver. Le
souci fondamental de préserver le statut
de superpuissance unique des Etats-Unis
ne vaut pas seulement pour leurs anciens
adversaires, mais aussi pour leurs
alliés. De façon très symptomatique, le
rapport qualifie de victoire "moins
visible", remportée au terme de la
guerre froide, "l'intégration de
l'Allemagne et du Japon dans un système
de sécurité collective dirigé par les
Etats-Unis". Il exclut naturellement
l'accession des deux pays au rang de
puissance nucléaire militaire ».
L’OTAN n’est pas
une alliance, c’est un harnais destiné à
perpétuer l’occupation de l’Europe. Les
politiciens européens qui s’y soumettent
sont des traîtres, les nouveaux Kollabos.
Face à l’impérialisme de la
superpuissance yanquee, une seule
solution : Libération et unification de
la Nation européenne, de Reykjavik à
Vladivostok ! Il y a 25 ans le Vietnam
nous a montré l’exemple. Un milliard
d’européens politiques peuvent-ils moins
que 25 millions de Vietnamiens ?
Luc MICHEL
Photos : Couverture
de NAZIONE EUROPA, hebdo italien du PCN
en 2000 (on était encore là à la presse
papier) pour le 25e
anniversaire de la Libération de Saigon,
"Pour un Vietnam européen". 15 ans après
rien à dire de plus ...
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