La guerre psychologique contre Julian
Assange
(2ème partie) : Le tribunal de l’opinion
publique
et une histoire inédite à vous glacer le
sang
Lissa JOHNSON
IMAGE :
DJANDYW.COM, Flickr
Lundi 4 mars 2019
Vendredi 14 février, le rédacteur en
chef du site d’information
Consortium News, Joe Lauria, s’est
rendu à Sydney pour organiser un
événement ’Politics in the Pub’ :
Whistleblowing, Wikileaks and the Future
of Democracy [Lanceurs d’alerte,
Wikileaks et l’avenir de la démocratie].
L’événement a eu lieu en prévision des
prochains rassemblements pour libérer
Assange, à Sydney ce dimanche 3 mars et
à Melbourne le dimanche 10 mars.
Le journaliste et cinéaste de renom John
Pilger prendra la parole au
rassemblement de Sydney, dans
l’amphithéâtre de Martin Place, à partir
de 14 heures. Le journaliste Chris
Hedges, lauréat du prix Pulitzer,
a soutenu les manifestations en
déclarant : ’J’implore tous ceux qui
le peuvent d’assister aux
rassemblements. Il est impératif que
nous fassions pression sur le
gouvernement australien pour que son
citoyen, Julian Assange, soit protégé du
non-droit de l’Empire américain.’
En inaugurant la
soirée Politics in the Pub,
Lauria a décrit la lutte pour la défense
de Julian Asssange comme un ’cas
historique de liberté de la presse.
C’est pour cela que je me suis engagé
davantage’.
La
carrière journalistique de Joe
Lauria est passée par les médias grand
public et aussi indépendants, y compris
en tant que correspondant de l’ONU
pendant 25 ans, où il a couvert toutes
les grandes crises mondiales qui ont
traversé l’ONU. Au cours de sa carrière,
Lauria a fait l’expérience directe de la
répression contre les journalistes et
comment les récits officiels étaient
imposés, notamment avant la guerre en
Irak. Il est donc particulièrement bien
placé pour animer des discussions sur
l’importance de Wikileaks et de Julian
Assange.
Après avoir été
nommé rédacteur en chef de Consortium
News en avril 2018, lors d’un
service commémoratif pour le
regretté Robert Parry, fondateur du site
Web et journaliste d’investigation
chevronné, Lauria a expliqué comment il
en est venu à écrire pour le site
d’information indépendant de Parry en
2011.
Il a dit : « Si
vous regardez les différentes
conférences de Bob disponibles sur
YouTube, vous verrez qu’on lui a souvent
demandé pourquoi il avait créé
Consortium News. Bob dit qu’il en a
eu assez de la résistance qu’il
rencontrait de la part de rédacteurs en
chef qui refusaient ses articles,
souvent d’une grande importance
nationale. »
« Un rédacteur
en chef de Newsweek lui a dit
qu’ils supprimaient un article pour ’le
bien du pays’. Les faits qu’il
avait déterrés étaient allés trop loin
en exposant le côté obscur de la
puissance américaine. Son rédacteur en
chef, bien sûr, voulait dire pour le
bien des dirigeants du pays, et non de
la population en général. »
« Comme John
Pilger vient de le dire, Bob a créé un
consortium pour les journalistes qui se
heurtent à une obstruction similaire de
la part de leurs rédacteurs en chef : un
endroit pour publier ce qu’ils ne
pouvent pas publier dans la presse
dominante. »
Soit dit en
passant, Chris Graham est devenu
rédacteur en chef de New Matilda
pour des raisons similaires : créer une
plate-forme pour des articles sur les
affaires Aborigènes qu’il ne pouvait pas
publier dans les médias grand public.
Lauria a poursuivi
en décrivant certains des actes
spécifiques de censure qu’il avait
lui-même vécus au cours de sa carrière.
Il s’agit notamment d’avoir été licencié
après avoir rendu compte de la
dissidence au sein de l’ONU avant la
guerre en Irak, du silence fait autour
des 130 nations de l’ONU qui avaient
reconnu la Palestine lors d’un vote sur
le statut de la Palestine et de la
censure d’un article ’sur un document
déclassifié de la Defense Intelligence
Agency (DIA) qui prévoyait dès 2012 la
montée de Daech, et qui fut ignoré à
Washington. Il disait que les États-Unis
et leurs alliés en Europe, en Turquie et
dans le Golfe soutenaient une
principauté salafiste dans l’est de la
Syrie qui pourrait se transformer en un
État islamique’.
Censuré. Pour le
bien du pays.
’L’omission de
telles informations jour après jour dans
les journaux et à la télévision, dit
Lauria, au fil des décennies... donne
au peuple américain une vision déformée
de son pays, un sens presque caricatural
de la prétendue moralité de l’Amérique
dans les affaires internationales’.
Sur l’importance de
Wikileaks dans un tel paysage
médiatique, lors d’une interview avec
Chris Hedges, qui a également perdu son
emploi principal après avoir
critiqué la guerre en Irak, Lauria a
dit : ’Nous avons vu au fil des
ans... le
déclin du journalisme américain...
cette acceptation des positions et
déclarations officielles, et le fait de
simplement les relayer sans poser de
questions’.
Julian
Assange dans l’ambassade de l’Equateur
en 2016
(IMAGE : Cancillería
del Ecuador,
Flickr)
Hedges, ancien
correspondant à l’étranger et chef du
bureau du New York Times pour le
Moyen-Orient, a ajouté lors d’une
veillée en ligne pour Assange : « J’ai
encore des collègues là-bas [au New
York Times], qui sont très francs sur
le fait que le journalisme
d’investigation sur le fonctionnement
interne du pouvoir a été complètement
stoppé, grâce à une surveillance
généralisée. Les représentants du
gouvernement, parce qu’ils savent qu’ils
sont surveillés, les journalistes, parce
qu’ils savent qu’ils sont surveillés, ne
peuvent plus faire la lumière sur les
rouages internes du pouvoir. »
« Le seul
mécanisme qui nous permet de comprendre
les crimes commis par les puissants, par
les élites, ce sont les fuites... Ôtez
ce mécanisme et c’est la tyrannie et la
corruption qui sévit. »
Ce que vous ne
savez pas peut vous faire du mal.
Quand Lauria a
repris les vigiles d’Unity4J pour
Assange
en décembre de l’année dernière,
c’était une période mouvementée dans la
lutte pour défendre Julian Assange.
Alors que 2018
touchait à sa fin, on craignait que
l’extradition d’Assange vers les
États-Unis
ne soit imminente. Des protocoles de
plus en plus stricts lui avaient été
imposés à l’ambassade équatorienne,
peut-être pour créer des prétextes à son
expulsion. l’Ambassadeur et le ministre
des affaires étrangères équatoriens
avaient conseillé à Assange de quitter
l’ambassade et de se rendre aux
autorités britanniques, et six élus
Démocrates avaient écrit une lettre au
secrétaire d’État Mike Pompeo, lui
recommandant d’inviter l’Equateur à
’résoudre’ le ’problème’ Julian Assange.
Si les efforts
visant à expulser M. Assange de
l’ambassade aboutissent, il
sera probablement extradé vers les
États-Unis pour faire face à des
accusations pour ses activités
d’éditeur.
Cette perspective a
incité le Groupe de travail des Nations
unies sur la détention arbitraire et 33
parlementaires de l’UE à faire des
déclarations très fermes aux
gouvernements britannique et équatorien
en décembre de l’année dernière, mettant
en garde contre le fait de faciliter des
poursuites contre un journaliste,
rédacteur en chef et éditeur, pour ’avoir
publié la vérité’. Ces déclarations
exigeaient la ’ libération immédiate
d’Assange, ainsi que son
passage en toute sécurité vers un pays
sûr’, et rappelaient au
Royaume-Uni ses obligations légales ’
obligatoires ’ de garantir la
liberté d’Assange.
Cependant, au début
de l’année
nous avons appris que le Fonds
Monétaire International (FMI) avait
offert à l’Équateur un plan de sauvetage
de 10 milliards de dollars en échange de
la remise de Julian Assange aux
États-Unis. Cette prime s’ajoutait
aux pressions et aux incitations
américaines antérieures, dont
l’augmentation des
exportations de pétrole, la
coopération militaire et
1,1 milliard de dollars
supplémentaires en prêts du FMI, le
représentant US du FMI ayant
demandé à l’Équateur de ’résoudre’
ses relations avec Julian Assange afin
de recevoir l’argent du FMI.
Les médias grand
public ont dit que ce n’était pas
grand-chose. Tout comme les faits qui
auraient pu gêner le déclenchement de la
guerre contre l’Irak, des détails tels
qu’une prime de 10 milliards de dollars
du FMI sur la tête de Julian Assange ont
été occultées aux opinions publiques
occidentales, et omis du récit général
sur Wikileaks et Julian Assange.
En fait, dès le
début, le récit officiel sur Assange et
Wikileaks a été bâti autant sur des
omissions que des diffamations.
Au sujet de la
diffamation, John Pilger
a déclaré lors du rassemblement
l’année dernière à Sydney pour la
libération Assange : « Je connais
bien Julian. Je le considère comme un
ami proche : une personne d’une
résistance et d’un courage
extraordinaires. J’ai vu un tsunami de
mensonges et de calomnies l’engloutir,
sans fin, avec vindicte, avec perfidie,
et je sais pourquoi ils le calomnient.
»
« En 2008, un
plan pour détruire Wikileaks et Julian
fut présenté dans un
document secret daté du 8 mars
2008. Le document fut rédigé par la
Cyber Counter-intelligence Assessment
Branch du Département de la Défense
des États-Unis (DoD). Il décrit en
détail combien il était important de
détruire, et je cite, ’le sentiment de
confiance’ qui est le ’centre de
gravité’ de Wikileaks. »
Au cours de la
décennie qui a suivi, comme nous l’avons
vu dans la première partie, fidèle au
modus operandi du contre-espionnage, qui
cherche à ’tirer parti’ des
connaissances sur les ’vulnérabilités’
de l’adversaire, chaque vulnérabilité
majeure du système humain pour traiter
de la réalité a été employée et
exploitée afin de salir Julian Assange
et Wikileaks.
Dans ce cas,
l’adversaire dans la ligne de mire US
n’a pas seulement été Julian Assange et
Wikileaks, mais les populations
mondiales que Wikileaks cherche à
informer. Ce sont nos propres
vulnérabilités - les vulnérabilités du
système d’information de tout être
humain - qui ont été manipulées et
exploitées afin de saper et discréditer
Wikileaks.
En outre, la
perception de la réalité humaine, comme
je l’examinerai plus en détail dans un
article ultérieur, est intrinsèquement
fragile. Elle est mue par une série
d’influences psychologiques
inconscientes qui ne demandent qu’à être
manipulées.
L’une de ces
vulnérabilités, dont dépend l’ensemble
de la campagne de diffamation d’Assange,
touche à la « nature narrative » des
prises de décisions chez les êtres
humains. Si les êtres humains se
perçoivent comme des penseurs rationnels
qui analysent soigneusement les éléments
à leur disposition de manière logique,
la vérité est que nous sommes enclins à
comprendre le monde, et en particulier
le monde social, à travers des
histoires.
Par exemple, plutôt
que de parvenir à un verdict en pesant
soigneusement les faits et les preuves,
il a été constaté que les jurés
décidaient de la culpabilité ou de
l’innocence en
élaborant des récits. Avec
l’information qui leur est présentée au
tribunal, ils créent des histoires
tissées à partir de ce qui leur a été
raconté.
L’histoire qui
relie le plus facilement les éléments de
preuves pour en faire un récit
cohérent, conforme aux connaissances et
à la vision du monde des jurés,
deviendra la version qu’ils sont les
plus disposés à accepter. Comment
l’accusé y sera perçu déterminera les
verdicts d’innocence ou de culpabilité.
Les chances de
réussite d’une campagne de diffamation
auprès de l’opinion publique, comme
celle contre Julian Assange, dépendent
de sa capacité à tisser un récit de
culpabilité. La clé est de présenter la
victime comme quelqu’un d’antipathique,
d’antagoniste.
Les faits qui
rompent la cohérence narrative et
interfèrent avec un tel récit, comme le
cas des ’gentils’ qui placent une prime
de 10 milliards de dollars sur la tête
d’un journaliste, doivent être écartés.
Il faut que la narrative occulte avec
fluidité et cohérence les ’faits’ clés
d’une affaire pour influencer le
verdict.
Comme l’a dit le
professeur Piers Robinson, titulaire de
la chaire de politique, société et
journalisme politique à l’Université de
Sheffield, dans une interview sur
la propagande moderne, « l’omission
- ce dont on ne parle pas - est l’un des
principaux éléments de la propagande et
de la manipulation des opinions
publiques ».
Une tâche critique
pour les propagandistes - comme ceux qui
mènent une guerre psychologique contre
Wilkileaks - est donc d’alimenter le
public avec des données qui confirment
le récit officiel et d’exclure tout ce
qui va à son encontre. A cet égard,
depuis sa création, la campagne de
diffamation contre Julian Assange et
Wikileaks a été remarquablement
cohérente.
Les données omises
dans le cas d’Assange ne sont pas
seulement celles qui sapent, par des
éléments factuels, le récit officiel
(comme l’enquête suédoise et Russiagate),
mais aussi tout ce qui pourrait donner à
l’opinion publique occidentale des
raisons de s’intéresser au sort de
Julian Assange.
Si de telles
informations étaient intégrées dans
l’histoire officielle, le public
risquerait de s’identifier à Assange. Ce
dernier pourrait être perçu comme un
simple protagoniste, dont le sort mérite
notre attention. Et ça, c’est pas bon
pour une campagne de diffamation, car
les protagonistes sont difficiles à
diffamer.
Cependant, le fait
est que, que vous vous souciez ou non du
sort de Julian Assange, il y a des
raisons très importantes pour vous
soucier du sort de Julian Assange. C’est
pourquoi les grands médias ont travaillé
dur pour ne pas vous donner envie de le
faire.
A vous glacer le
sang
Il était une fois
le récit officiel selon lequel Assange
s’était mis tout seul dans le pétrin en
évitant de répondre à des questions de
la justice suédoise sur des allégations
d’agression sexuelle. Le message
subliminal était « Il ne mérite pas
votre sympathie ». Tout était de sa
faute.
Une fois l’affaire
suédoise classée, en 2017, le récit de
’l’évasion de la justice suédoise’ a
cédé la place au récit de ’l’évasion de
la justice britannique’. D’après ce
nouveau récit, Julian Assange se serait
’terré’ à l’ambassade de l’Équateur pour
échapper à un mandat d’arrêt britannique
en raison de la
concoction pseudo-légale d’une
violation des conditions de sa liberté
sous caution, elle-même liée à une
enquête suédoise désormais close.
L’implication
sous-jacente est toujours la même :
Julian Assange s’est rendu lui-même
coupable de son propre emprisonnement.
Dans ce nouveau récit, il reste un
fugitif, et non un journaliste qui a
demandé l’asile contre une persécution
des Etats-Unis.
Malgré leur
inexactitude factuelle, ces récits ont
survécu dans l’esprit de nombreuses
personnes pendant des années, en grande
partie grâce à une campagne concertée
d’omissions, comme je vais l’expliquer.
Cependant, à la fin
de l’année dernière, le ministère de la
Justice (DoJ) a
accidentellement confirmé ce que
Wikileaks disait depuis au moins 2012 :
que des charges secrètes attendent
Julian Assange aux États-Unis s’il
quittait l’ambassade équatorienne,
très probablement pour des
publications de 2010 relatives aux
guerres en Irak et en Afghanistan.
En conséquence, le
récit du ’fugitif de la justice
britannique’ a maintenant été abandonné.
Il est évident que les Etats-Unis visent
Julian Assange, et qu’ils le font avec
acharnement. Mike Pompeo l’a admis dans
son premier discours en tant que
directeur de la CIA l’année
dernière.
Pour sa part,
l’Equateur fait de son mieux pour
pousser Assange à quitter l’ambassade
équatorienne, après l’avoir coupé du
monde extérieur depuis mars 2018, en lui
imposant un isolement effectif, dans un
effort pour ’le
briser psychologiquement’ , selon
l’ancien président équatorien Rafael
Correa.
Julian Assange,
dans l’ambassade équatorienne in 2014,
avec Ricardo Patiño, alors ministre
des
affaires étrangères de l’Equateur
(IMAGE : David G Silvers,
Cancillería del
Ecuador, Flickr)
Les conditions
imposées à Assange sont ’essentiellement
le genre de
techniques de torture [utilisées]
dans les sites noirs, à Guantanamo et
dans les prisons irakiennes’,
explique
William Binney, ancien directeur
technique de la NSA. ’C’est une
technique que les psychologues ont
développée avec la CIA afin que les
victimes se sentent très isolées et
qu’elles se retournent psychologiquement
contre elles-mêmes.’
La santé physique
et mentale d’Assange, telle que
rapportée dans le
British Medical Journal Opinion,
fait l’objet d’attaques soutenues,
équivalant à ’un traitement cruel,
inhumain et dégradant’, mettant
peut-être sa vie en danger selon l’ONU.
Les récits
officiels incitent le public occidental
à l’indifférence. Bien que plus personne
ne nie la détermination des États-Unis à
s’en prendre à Julian Assange, quelque
chose d’autre a été omis pour tenir à
distance l’attention et les
préoccupations de l’opinion publique.
Oui, il y a
Russiagate, qui provoque de la
colère face à la ’collusion’, que
j’analyserai plus loin comme une
illusion collective. Mais Russiagate
s’appuie sur une omission critique, sans
laquelle ses prétentions à ’défendre la
démocratie’ s’effondreraient.
Quelle omission ?
Qu’est-ce qui n’est pas inclus dans le
récit officiel ?
Une omission
essentielle pour maintenir le désintérêt
du public envers Julian Assange (et
maintenir son attention tournée vers
Russiagate) concerne les implications
juridiques plus larges si Assange devait
être extradé et poursuivi en justice aux
Etats Unis.
Quelles
implications juridiques plus larges ?
Si des poursuites
sont engagées aux États-Unis, Assange
sera
jugé soit en tant que conspirateur
dans l’obtention de fuites, soit en
vertu de la loi draconienne sur
l’espionnage de 1917, adoptée pendant la
Première Guerre mondiale dans le
contexte de la première alerte rouge,
lorsque ’des gens étaient
littéralement jetés en prison simplement
pour avoir envoyé une lettre à la
rédaction d’un journal’, explique
American Civil Liberties Union (ACLU).
Et ?
Ainsi, bien que
l’administration Trump semble vouloir
emprunter cette voie juridique
autoritaire, les gouvernements US
précédents n’ont jamais franchi la
ligne, par crainte de criminaliser le
journalisme.
Le Département de
Justice d’Obama, par exemple, aussi
désireux que quiconque de fermer
Wikileaks, a examiné de près la
possibilité de poursuivre Assange pour
avoir publié des documents classifiés,
mais a conclu qu’il
était impossible de le faire sans
faire subir le même sort à d’autres
journaux, comme The New York Times.
L’administration Obama a appelé cela son
’problème du New York Times’.
James Goodale,
ancien conseiller juridique en chef du
New York Times, devenu célèbre pour les
Pentagon Papers, aujourd’hui professeur
adjoint à la Fordham Law School,
qualifie les implications juridiques
des poursuites contre Julian Assange
comme ’à vous glacer le sang’.
Goodale a déclaré
au Columbia Journalism Review que
’le
plus grand défi pour la presse
aujourd’hui est la menace de poursuites
contre WikiLeaks, et c’est absolument
effrayant... Si vous poursuivez
WikiLeaks, vous poursuivez le Times.
C’est la criminalisation de tout le
processus.’
L’avocat général
adjoint actuel du New York Times
a fait à peu près la même remarque
lorsqu’il s’est adressé à un
groupe de juges en juillet de
l’année dernière. Il a dit que ’la
poursuite de [Assange] serait un
très, très mauvais précédent pour les
journaux... D’après ce que je sais, il
est en quelque sorte dans la position
d’un éditeur classique et je pense que
la loi aurait beaucoup de mal à faire la
distinction entre The New York Times
et WikiLeaks.’
De même, le
directeur exécutif de Human Rights Watch
(HRW), Kenneth Roth,
a tweeté en 2018, qu’il serait « profondément
troublant si l’administration Trump, qui
a montré peu de respect pour la liberté
de la presse, inculpait Assange pour
avoir reçu d’un fonctionnaire du
gouvernement et publié des informations
confidentielles - exactement ce que font
tout le temps les journalistes. »
En bref, si Assange
devait être poursuivi de cette manière
transfrontalière, extraterritoriale et
en créant un précédent, n’importe qui,
n’importe où dans le monde, pourrait
être arrêté pour avoir publié de
l’information qui génerait les élites
américaines, quelle que soit son
exactitude ou sa véracité.
Malgré cela, ou à
cause de cela, en 2017, en tant que
procureur général de Trump, Jeff
Sessions a déclaré que l’arrestation d’Assange
était une ’priorité’.
Interrogées sur les implications pour le
journalisme en général, Sessions a
refusé d’exclure la possibilité de
poursuivre d’autres médias dans le
sillage de Wikileaks.
L’ancien juge et
avocat Bill Blum
écrit : ’Aucune publication ne
serait à l’abri de la vengeance et de
l’emprise de l’administration. Les
petites agences de presse indépendantes
– pensez à Truthdig, The Intercept, The
Nation et d’autres à gauche - seraient
particulièrement vulnérables.’
Pour que les
intentions des Etats-Unis soient claires
comme de l’eau de roche, Mike Pompeo,
dans son premier discours en tant que
directeur de la CIA, a promis de s’en
prendre aux ’valeurs de liberté
d’expression’ de Wikileaks,
décrivant l’éditeur comme un ’service
de renseignement non étatique hostile’.
Pompéo a également confirmé que les
États-Unis ’travaillent
pour faire tomber’ Wikileaks, en le
mettant dans le même sac qu’Al-Qaïda.
Ancien directeur de
la CIA, Mike Pompeo (IMAGE : Gage
Skidmore, Flickr)
Pompeo
a ajouté que les ’ennemis’ de sa CIA
ne comprenaient pas seulement Wikileaks,
mais aussi ’ceux qui accordent une
plateforme’ aux fuites de matériel.
En d’autres termes : les éditeurs,
journalistes, médias indépendants, sites
web, blogueurs. Les groupes visés par
Pompéo ’peuvent être petits’, a
dit Pompéo, mais ils représentent une ’nouvelle
menace... et je suis sûr que cette
administration les poursuivra avec une
grande vigueur’.
Et l’administration
les poursuit, avec l’aide d’un complexe
médiatique bipartite, sans frontières,
de renseignements militaires et de
médias. La
censure du ministère orwellien de la
vérité et des
campagnes de diffamation telles que
PropOrNot ont été déployées, par
exemple, par le biais du programme
Integrity Initiative de l’Institute
for Statecraft intitulée ’political
smear unit’ [unité de diffamation
publique]et, plus récemment, avec
NewsGuard, un outil de censure
intégrable à votre navigateur web et
permettant de filtrer les informations
alternatives.
Newsguard s’efforce
d’imposer son système de classement à
toutes les utilisations d’Internet aux
États-Unis, et s’est
associé à Microsoft, qui prévoit
d’intégrer NewsGuard dans tous ses
produits.
Le ’conseil
consultatif de l’outil de censure se lit
comme la
liste des membres d’un groupe de
réflexion néoconservateur’, écrit
Caitlyn Johnstone, une journaliste
indépendante et qui se définit comme
telle. L’un des membres du conseil
d’administration, par exemple, est un
ancien sous-secrétaire d’État, qu’on
peut voir
ici en train de préconiser
l’utilisation de la propagande contre
les populations nationales. (La vidéo
est vraiment révélatrice à 1m50).
At a Council on Foreign Relations forum about "fake news," former Editor at Time Magazine Richard Stengel directly states that he supports the use of propaganda on American citizens - then shuts the session down when challenged about how propaganda is used against the third world pic.twitter.com/ClAT5POv7G
NewsGuard a vu le
jour dans un contexte politique où des
hauts responsables de Google, Facebook
et Twitter ont comparu devant une
commission sénatoriale du renseignement
en 2017, au cours de laquelle ils ont
été invités à ’agir maintenant sur le
champ de bataille des médias sociaux
pour réprimer les rébellions
d’information’. Il a été conseillé
aux responsables techniques d’élaborer
des ’énoncés de mission’ sur la
prévention de la ’discorde fomentée’
par les internautes en ligne.
Les enquêteurs du
gouvernement américain ont même demandé
à Facebook et Twitter de transmettre des
informations sur le profil, y compris
éventuellement les noms, numéros de
téléphone et adresses e-mail, des
utilisateurs de médias sociaux affichant
un contenu ’clivant’.
Il est clair qu’il
est de plus en plus difficile de monter
un récit diffamatoire par omission avec
un Internet libre et ouvert. L’unité de
diffamation de Integrity Initiative,
financée par le gouvernement, a
récemment
fermé son site Web après qu’un
groupe d’universitaires
britanniques indépendants et de
journalistes sur le Web l’eurent
dénoncé.
Mais où trouve-t-on
tout cela dans les médias sur la
situation critique de Julian Assange ?
Où sont les références aux mises en
garde des avocats actuels et anciens du
New York Times sur les implications
juridiques de poursuites contre Assange
qui ’vous glacent le sang’ ?
Où est la
couverture de la promesse de Pompéo de
poursuivre les ’petites’ plate-formes
médiatiques dans le sillage de Wikileaks ?
Ou les rapports sur les campagnes de
diffamation orwelliennes et les
campagnes de censure des entreprises
d’État déjà en cours ?
Tout a disparu.
Tout comme avaient disparu les voix
dissidentes dans la période qui a
précédé la guerre en Irak. Tout comme la
voix de Julian Assange a disparu
aujourd’hui.
Tout comme d’autres
voix et ’plates-formes’ indépendantes et
dissidentes, pour reprendre les mots de
Pompeo, aussi ’petites’ soient-elles,
disparaîtront à l’avenir si les
Etats-Unis gagnent leur guerre juridique
et psychologique contre Wikileaks.
Le but
psychologique de cette guerre n’est pas
simplement de fermer Wikileaks. Elle
réussit à obtenir le consentement du
public pour traiter le journalisme
d’intérêt public comme l’ennemi public
numéro un. Russiagate, avec son armée
d’exécuteurs en ligne, fonctionne comme
un outil psychologique dans cette guerre
pour marquer des voix indépendantes
comme des combattants ennemis.
Comme
nous met en garde Chris Hedges, la
mission est de ’criminaliser toute
surveillance ou enquête journalistique
sur l’État’ et de ’transformer
les fuites et les dénonciations en
trahisons’. Il note que ’la
persécution d’Assange s’inscrit dans le
cadre d’une vaste attaque contre les
organisations de presse anticapitalistes
et anti-impérialistes [faisant]
des journalistes, écrivains, dissidents
et intellectuels... des cibles de choix’.
L’observateur
politique et auteur
CJ Hopkins de Consent Factory
conseille de ’boucler
vos ceintures. Ce qui vient
reléguera l’opération
COINTELPRO à une œuvre d’amateur.
Les médias d’entreprise néolibéraux, les
psy-ops comme Integrity Initiative, les
applications de censure sur Internet
comme NewsGuard, ShareBlue et d’autres
groupes de
David Brock, et une légion de
générateurs d’hystérie de masse nous
bourreront le crâne avec de l’absurdité,
de la désinformation et tout simplement
des mensonges (comme leurs homologues à
droite, bien entendu, si vous pensez que
c’est une alternative). Ça va devenir
extrêmement loufoque.’
Pacifistes, de la
nourriture pour chats et une cuvette de
WC à Guantanamo
Si la
criminalisation imminente du journalisme
est omise du récit sur Julian Assange et
Wikileaks, quoi d’autre a été omis en
cours de route ? Quelles preuves ont été
exclues du tribunal de l’opinion
publique afin de tisser un récit de
culpabilité autour de Julian Assange, de
le faire passer pour le méchant, de nous
empêcher de nous en soucier et d’ouvrir
la voie psychologique à la guerre en
cours contre les médias indépendants ?
Il y a, bien sûr,
le document de 2008 qui a fait
l’objet d’une fuite de la Direction du
contre-espionnage du ministère de la
Défense et qui décrit un plan, depuis
des années, pour détruire la confiance
qui est le centre de gravité de Wikileak.
Il va sans dire qu’il s’agit d’une
information qui ne sera pas diffusée
dans les médias de masse.
Deux ans plus tard,
lors de la première attaque majeure
contre la confiance du public dans
Wikileaks, la couverture de l’enquête
suédoise sur Assange, qui a commencé
avec deux femmes lui demandant de passer
un test de dépistage de MST, a omis un
contexte et des détails extrêmement
importants. Par exemple, le mois même où
l’enquête suédoise fut lancée, un
document de renseignement indiquait que
’l’administration Obama [avait]
exhorté ses alliés étrangers à
porter des accusations criminelles
contre Assange’.
C’était peut-être
une coïncidence. Peut-être pas. Quoi
qu’il en soit, l’affaire du viol suédois
se déroula de manière inhabituelle.
L’enquête commença sous la forme d’une
affaire ouverte et close en cinq jours,
le procureur général de Stockholm ayant
conclu
qu’aucun crime n’avait été commis.
L’enquête fut
rouverte quelques jours plus tard par
une autre procureure, ce qui est ’très
inhabituel’ selon le professeur de
droit international et avocat principal
à la retraite du Haut-Commissariat aux
droits de l’homme, Alfred De Zayas.
Une fois rouverte,
l’affaire fut traitée par le biais de
procédures juridiques et policières ’inouïes’,
écrit Naomi Wolf. En outre, les femmes
dans cette affaire
n’avaient pas accusé Assange de viol
dans leur témoignage officiel,
contrairement à ce qui est largement
répété. En fait, la femme au centre de
l’allégation de viol a dit, dans
des SMS vus par les avocats d’Assange,
qu’elle ’ne voulait pas accuser
Assange pour quoi que ce soit’, que
’la police tenait à mettre la main
sur lui’ et que c’était ’la
police qui a fait les allégations’.
Elle a également dit à une amie qu’elle
se sentait ’manipulée’
par la police. Encore une fois, ces
détails sont couramment absents des
médias de masse.
Comme si cela ne
suffisait pas à faire réfléchir,
l’avocate de la femme était associée
dans un cabinet d’avocats avec un ancien
ministre de la Justice (ce qui n’est pas
un choix habituel dans une affaire de
viol, note Wolf), qui
avait auparavant facilité le
transfert d’un suspect de la Suède vers
Égypte, à la demande de la CIA,
entraînant la torture du suspect.
Il n’est pas
étonnant qu’Assange ait exigé une
garantie contre une extradition vers les
Etats-Unis avant de retourner en Suède.
Au total, les
représentants de Women Against Rape ont
écrit en 2012 : ’Les autorités se
soucient si peu de la violence contre
les femmes qu’elles manipulent à volonté
les allégations de viol... dans ce cas
pour faciliter l’extradition d’Assange
ou sa restitution aux États-Unis’.
En 2017, au moment
de la clôture de cette affaire qui a
traîné pendant sept ans, Assange n’a
jamais été inculpé de quoi que ce soit.
Rien du tout. L’affaire n’a jamais
dépassé le stade de l’enquête
préliminaire.
Pour clore
l’enquête, il suffisait que les
autorités suédoises garantissent la
sécurité d’Assange contre une
extradition vers les Etats-Unis ou
qu’elles l’interrogent à l’ambassade
d’Équateur. Le fait que la Suède ait
proposé de le faire en 2013 ne figure
pas dans le récit officiel. ’Le
Royaume-Uni’, cependant, ’n’était
pas d’accord’,
écrit Sefania Maurizi, et ’l’affaire
a traîné en longueur pendant encore
quatre ans’.
Pourquoi le
Royaume-Uni a-t-il prolongé inutilement
l’enquête suédoise ? C’est une question
que les grands médias ne posent pas.
Etait-ce dans
l’espoir qu’Assange craque et sorte de
l’ambassade de l’Equateur pour être
extradé d’abord vers la Suède et de là
vers les Etats-Unis ? Ou était-ce pour
tirer le maximum de propagande de
l’affaire ? Ou pour détourner
l’attention de la vraie histoire qui se
déroulait pendant ce temps à
Washington ?
En juillet 2010, un
mois avant le début de l’enquête
suédoise, le FBI avait ouvert
sa propre enquête sur Wikileaks, en
partenariat avec le Département de la
Défense et le Service de sécurité
diplomatique du Département d’État.
L’enquête est rapidement devenue une
’opération pangouvernementale’,
englobant la DIA, le DoJ, la CIA,
diverses divisions de l’armée, le Comité
consultatif présidentiel du
renseignement et de nombreuses branches
de l’État de sécurité nationale.
Parallèlement à
cette opération menée par le FBI, Julian
Assange fut placé en 2010 par la NSA sur
une ’liste
d’individus recherchés’ et un Grand
Jury fut convoqué dans le District Est
de la Virginie. Une ’salle
de guerre’ fut également mise en
place, sous la direction d’un général de
brigade de la DIA, composée d’une ’suite
de bureaux gouvernementaux proches du
Pentagone’, où ’120 analystes du
renseignement, agents du FBI et autres’
travaillaient ’24 heures sur 24, sept
jours sur sept - en première ligne de la
guerre secrète du gouvernement contre
WikiLeaks’.
Heureusement pour
cette guerre secrète, tous les regards
étaient tournés vers la Suède à
l’époque.
Mais pourquoi une
enquête pangouvernementale ? Qu’avait
fait Wikileaks pour provoquer cela ? La
vie ou la sécurité de quelqu’un
était-elle en danger ?
Bien qu’il n’y ait
« pas
la moindre preuve » que les
révélations [de Wikileaks] aient causé
du tort à qui que ce soit, écrit la
journaliste et auteure Nozomi Hayase, ce
que Wikileaks a fait en 2010, c’est
révéler des milliers de morts civiles en
Irak et en Afghanistan qui n’avaient pas
été signalées auparavant. Parmi ces
morts, on peut citer l’assassinat
insouciant d’enfants, de journalistes et
de leurs sauveteurs, et d’autres ’violences
aveugles... torture, mensonges
[et] corruption’, écrit Chris Hedges.
Selon Daniel Elsberg, dénonciateur des
Pentagone Papers, les fuites ont révélé
’un
camouflage massif pendant
plusieurs années par les autorités
américaines’.
Quelqu’un allait
payer. Et ce n’était certainement pas
les criminels de guerre.
Après ces
publications, les calomnies
’terroristes’ contre Assange ont
commencé à pleuvoir. Le vice-président
Joe Biden l’a qualifié de ’
terroriste high tech’ bien qu’il ait
déclaré quelques jours auparavant que
les révélations sur l’Irak et
l’Afghanistan n’avaient provoqué ’aucun
dégât conséquent’ autre que d’avoir
été ’embarrassants’.
Aujourd’hui, après
toutes ces années de révélations
embarrassantes, les charges secrètes qui
ont été portées contre Assange se
trouvent au même endroit que le Grand
Jury 2010 : le District Est de la
Virginie. Par conséquent, on s’attend à
ce que les accusations soient liées à la
révélation des crimes de guerre US en
2010, et non aux élections américaines
de 2016.
Selon John Kiriakou,
qui a dénoncé les tortures de la CIA, le
district Est de Virginie est connu sous
le nom de ’tribunal des espions’.
C’est ’le
foyer de la CIA, du Pentagone et
de presque tous les sous-traitants
privés du renseignement dans la région
de Washington’, explique Kirakou.
Aucun accusé en matière de sécurité
nationale n’a jamais gagné un procès
là-bas, dit-il.
Si Assange devait
être extradé pour faire l’objet de
poursuites aux États-Unis, le Groupe de
travail des Nations Unies sur la
détention arbitraire a jugé que la
crainte d’une ’persécution politique
et d’un traitement cruel, inhumain et
dégradant’ et d’un ’préjudice
physique’ était ’tout
à fait fondée’.
Tout à fait fondée,
en effet. En 2011,
Fred Burton, alors vice-président de
la société de sécurité privée
Stratfor chargé de la lutte contre
le terrorisme, en collaboration avec le
FBI, le Service de sécurité diplomatique
et le DoD, a annoncé publiquement que
l’extradition d’Assange vers les
États-Unis était ’de plus en plus
probable’. En privé, dans une
correspondance interne, Burton a écrit :
’ Assange va faire
une belle épouse en prison. Au
diable le terroriste. Il mangera de la
nourriture pour chat pour le reste de sa
vie.’
Pourquoi ? Parce
que, selon Burton, ’[Assange] est un
pacifiste. Il a besoin de se faire
plonger la tête dans une cuvette de WC
pleine à Guantanamo.’
Un pacifiste.
Voilà, on y est. Le
monde à l’envers de la guerre contre
Wikileaks. Où les pacifistes sont des
terroristes qui méritent tout ce qui
leur arrive. Un monde loin du récit
officiel.
Dans un univers
moins inversé en termes de valeurs
morales, le fait d’être un pacifiste
justifie une
nomination au prix Nobel de la paix en
2019, comme Julian Assange l’a été
par la lauréate du prix Nobel Mairead
Maguire. Ce qui paraît être beaucoup
plus logique.
Pendant ce temps,
au tribunal de l’opinion publique, après
une décennie de narrations par omission
dans le procès mené par les médias,
Julian Assange est sur le point de se
retrouver aux mains des Etats-Unis. Si
cela devait se produire, ’la CIA et
le FBI seront tous deux dans cet avion’,
prévient John Kiriakou. ’C’est
enchaîné qu’ils le ramèneront aux
États-Unis.’
Si vous souhaitez
prendre position contre un tel
dénouement, vous pouvez faire passer le
mot sur les rassemblements australiens
pour la défense de Julian Asssange, ou y
assister si vous le pouvez, qui se
tiendront à Sydney à l’amphithéâtre
Martin Place le 3 mars à partir de 14h,
et à Melbourne à la State Library le 10
mars à 13h. Gardez un œil sur
ce fil Twitter ou sur
cette page Facebook pour les mises à
jour.
Le mouvement pour
faire libérer Assange, comme Joe Lauria
l’a souligné lors de sa visite à Sydney,
est d’une importance historique. A ce
stade, exprimer son opposition à ce que
le journalisme d’intérêt public soit
considéré comme l’ennemi public numéro
un est peut-être l’une des rares choses
qui séparent la liberté d’expression et
une cuvette de WC à Guantanamo.
Ensuite, avant de
me pencher sérieusement sur l’arsenal de
tactiques déployées dans la guerre
psychologique contre Wikileaks,
j’explorerai le phénomène par lequel des
guerriers libéraux et soi-disant
progressistes de la #Resistance™ et du
RussiaGate se sont alignés derrière
l’administration Trump pour s’en prendre
au journalisme à travers Wikileaks,
le rêve de tout autoritaire, note
Glenn Greenwald.
Ce faisant, je me
demanderai pourquoi quelqu’un - de
gauche, de droite ou indifférent -
ferait confiance aux services de
renseignement US, alors même que
certains des mêmes individus qui nous
ont entraînés dans la guerre en Irak
montrent du doigt Russiagate et
Wikileaks, en s’exclamant ’faites-nous
confiance’.
Dr Lissa Johnson
Traduction « moi
aussi je suis tombé dans leur panneau »
par VD pour le Grand Soir avec
probablement toutes les fautes et
coquilles habituelles
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