Al
Manar
Affaire Khashoggi: les 22 minutes
d’enregistrements consultées par la chef
de la CIA font changer
une énième fois à
l’Arabie son récit…
Leila Mazboudi
Vendredi 19 octobre 2018
Lors de sa visite
en Turquie, l’émissaire du président
américain Donald Trump, la chef de la
CIA Gina Haspel a pu consulter les
enregistrements sonores et vidéos entre
les mains des services de renseignements
turcs sur l’assassinat du journaliste
Jamal Khashoggi dans le consulat
saoudien à Istanbul.
C’est le site en
ligne Arabic Post, citant le journal
turc proche du pouvoir turc Sabah News,
22 minutes enregistrées dans l’enceinte
du consulat lui ont été exposées. Elles rapportent
que la victime a été accueillie par le
consul général en personne Mohammad al-Otaïbi.
Deux minutes plus tard, deux hommes sont
entrés, lui ont dit qu’il était
recherché par les autorités saoudiennes,
et lui ont demandé d’écrire une lettre à
sa famille et à ses fils pour leur dire
qu’il voudrait retourner en Arabie
saoudite de son plein gré.
Toujours selon
Sabah News, les enregistrements montrent
que Khashoggi a refusé d’écrire la
lettre et a commencé à crier.
A ce moment, remarquant qu’ils avaient
une seringue avec eux, il les a mis en
garde qu’une personne qui l’avait
accompagnait l’attendait au portail du
bâtiment, et qu’elle allait entreprendre
des contacts s’il ne sortait pas. Il les
a même avertis qu’ils se trouvent en sol
étranger et ne peuvent s’en prendre à
lui. C’est alors qu’ils se sont
approchés de lui et lui ont administré
la seringue. Alors qu’il leur criait
éloignez cette seringue, je ne vous
permets pas. Mais ils ont fini par le
maitriser.
Selon le journal
turc, à la base des enregistrements, «
la seringue n’a pu tuer Khashoggi et il
semble qu’ils ont utilisé un sac en
plastique pour l’étrangler. Par la
suite, ils ont découpé son cadavre en
morceaux, les ont mis dans des sacs en
plastique, et déposés dans les valises
». Celles-là mêmes qui ont été vues
entre les mains de certains éléments du
groupe des 15 qui étaient venus à
Istanbul quelques heures avant l’entrée
de M. Khashoggi dans le consulat et
l’avaient quitté quelques heures après
l’annonce de sa disparition. Leurs
divers délacements dans la ville ont été
amplement médiatisés .
Enregistrements
et fuites au compte-gouttes
Depuis l’éclatement
de l’affaire du journaliste saoudien
dissident, les médias turcs ont fait
état de la présence d’enregistrements
sonores et vidéos, émanant d’une montre
Apple de la victime, connectée au
programme ICloud, et détaillant ce qui
s’est passé à l’intérieur du consulat ce
2 octobre.
Ces médias, dont en
particulier Yeni Safak et Sabah News ont
depuis distillé eu compte-gouttes ces
informations , citant des sources
sécuritaires turques qui auraient
consulté ces enregistrements, qui à
aucun moment, n’ont été montrés au
public, ni aucun responsable
gouvernemental n’est intervenu
officiellement pour en parler.
Même le président
turc, Recep Tayyep Erdogan ne les a pas
évoquées, lors de son discours mardi 23
octobre dernier.
Or, au fur et à
mesure que leur contenu présumé était
rendu public, les autorités saoudiennes,
qui sont les seules qui savent ce qui
s’est passé réellement, ont fini par
admettre que M. Khashoggi a été tué dans
leur consulat. Après avoir pendant plus
de deux semaines prétendu qu’il était
sorti de leur consulat. Mais elles ont
pendant plusieurs jours avancé qu’il est
mort accidentellement, lors d’une rixe,
et donc involontairement.
Dans son discours
M. Erdogan a rejeté ce récit et les 22
minutes sont venues l’étayer.
Force est de constater que c’est après
le retour de Mme Haspel aux Etats-Unis
que le président américain a exprimé sa
position la plus agacée, avançant que
MBS peutavoir commandité le crime.
Aveu saoudien
perturbé
Plus est-il que les
Saoudiens aussi n’ont cette
fois-ci pas tardé à changer leur récit:
ce jeudi, le procureur général saoudien
en charge de l’affaire a reconnu que les
auteurs du crime avaient perpétré leur
acte « avec préméditation ». Même si son
verdict a été modifié sur la chaine de
télévision officielle Al-Ikhbariyyat,
pour attribuer l’accusation aux
Turcs.
Cet aveu qui
implique en toute évidence la
culpabilité des exécutants du meurtre,
épargne celle de son commanditaire. En
l’occurrence le prince héritier Mohammad
ben Salmane, qui était très critiqué
dans les articles du journaliste tué,
sur les pages du Washington Post.
Là aussi, dans son
allocution, M. Erdogan a insisté sur la
nécessité d’identifier et de condamner
le réel commanditaire.
Les Turcs parviendront ils à pousser les Saoudiens à le
reconnaitre? En détiennent-ils les
pièces à conviction? C’est la dernière
étape cruciale de cette affaire qui
reste à élucider. Et la plus difficile
aussi.
Source:
Divers
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