Al
Manar
Netanyahu à Varsovie, parmi les
djellabas :
qui se ressemblent
s’assemblent
Leila Mazboudi
Mercredi 20 février 2019
A Varsovie, on
s’attendait à une photographie du
Premier ministre israélien Benjamin
Netanyahu parmi les djellabas… La grande
majorité des dirigeants des pays Golfe
qui y étaient conviés ont
exceptionnellement abandonné leur tenue
traditionnelle et se sont cantonnés au
costume-cravate. Peut-être dans un
effort de communication destiné à passer
inaperçu, par crainte des réactions de
leurs opinions publiques. Ou serait-ce
pour mieux ressembler à leur prochain
allié israélien… N’empêche,
Netanyahu a paru très fier de lui, comme
s’il était entouré des siens.
Ces derniers temps il s’est
beaucoup vanté d’avoir rallié des pays
arabes à son camp, s’en attribuant le
mérite, comme s’il s’agissait de son
exploit à lui seul.
Pour ceux qui
savent les méandres du conflit arabo
israélien, il est bien apparent que cela
fait bien longtemps que la plupart des
dirigeants arabes avaient admis Israël
dans le concert de leurs nations.
Il suffit de se
mémoriser l’initiative du roi Fahd en
1981, un an avant l’invasion israélienne
du Liban, et l’expulsion de la
résistance palestinienne et de la Syrie
du pays du Cèdre et qui avait proposé
une reconnaissance d’Israël en échange
d’un Etat palestinien sur les
territoires de 1967.
Avant cette
concession gratuite, les défaites
militaires des ِِِArabes avaient
illustré leur manque de volonté de
combattre Israël et de le vaincre. Leur
dernière guerre en 1973 le montre bien:
alors que ses troupes réalisaient des
avancées importantes contre les forces
israéliennes, le président égyptien
Anouar Sadate a décidé de stopper la
guerre et de reconnaitre Israël en 1979.
L’Égypte était un poids lourd dans le
monde arabe.
Trois années plus
tard, le flambeau de la capitulation a
été repris par l’Arabie saoudite,
un autre poids lourd qui impose son
leadership du monde arabe via ses
pétrodollars.
Mais plusieurs choses ont attardé son
exécution. En tête la résistance qui a
éclaté au Liban contre les attentes
tous. Et l’existence de pays réticents,
attachés sincèrement à la Palestine et
aux droits du peuple palestinien:
l’Irak, la Syrie, la Libye, l’Algérie,
le Yémen. Mais aussi et surtout l’Iran.
Le destin divin a voulu que sa
révolution l’emporte, pour qu’elle porte
la bannière de la Palestine, au moment
même où l’Egypte capitulait à Israël. On
le lui fait payer cher.
C’est aussi le cas de la plupart des
autres pays. Ils ont tous été le théâtre
de conflits sanguinaires qui les ont
sortis affaiblis, noyés dans leurs
problèmes internes, et pourraient
paraitre neutralisés, hors d’état
d’entraver les efforts vers la
normalisation.
De même, il fallait
préparer l’opinion arabe pas tout à fait
disposée à une telle démarche et qui
risquait de l’entraver. Elle a fait
l’objet toutes sortes de
manipulation et d’intox médiatique pour
lui faire oublier son hostilité à Israël
et l’endiguer vers l’Iran.
L’exacerbation des différences
sunnites-chiites et les allégations d’un
projet d’hégémonie iranienne au
Moyen-Orient ont été les armes les plus
utilisées.
Plus est-il que
cette fois-ci, et pour éviter l’erreur
égyptienne et jordanienne, les
dirigeants arabes sont allés vers la
normalisation avant la conclusion d’un
accord. L’effet d’approvisionnement des
masses y serait plus perspicace car plus
hypocrite.
Dès lors, pour ceux
qui mènent le jeu, de loin comme de
près, le moment serait venu pour la
conclusion de cet accord. Et en groupe
cette fois-ci. Une autre différence par
rapport aux deux processus précédents
avec l’Egypte et la Jordanie qui avaient
été conduits avec chacun d’eux à part.
Quant aux autres
pays arabes, des poids légers quant à
leur impact, ils ne devraient pas tarder
très longtemps à suivre le pas. Il est
clair que la Palestine fait partie de
l’histoire pour eux. Tout comme pour
Netanyahu et Cie.
En oiutre, d’autres
traits communs unissent ce dernier aux
dirigeants arabes qu’il a rencontrés à
Varsovie.
Comme eux, son entité a été édifiée et
imposée par le colonialisme britannique
et sa survie dépend de ses sponsors
internationaux. Comme eux, il a conquis
les territoires des autres par le feu et
le sang et usurpé le pouvoir à leur
population originelle. Et comme eux il
utilise la religion à des fins
politiques et promeut un tribalisme
communautaire archaïque qui devrait
avoir été révolu. Qui se ressemble
s’assemble. On ne devrait plus tarder
pas à voir Netanyahu, parmi les
djellabas. Et pourquoi pas lui-même en
djellaba!
Source:
Al-Manar
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