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Islam en France :
les USA ne comprennent pas Macron, qui
s’insurge… Monstequieu doit se retourner
dans sa tombe
Leila Mazboudi

Mercredi 18 novembre 2020
Prônant une laïcité féroce qui légitime
les mesures liberticides à l’encontre
des Musulmans pratiquants dans son pays,
sous prétexte de combattre les
soi-disant « séparatismes islamistes »
ou « l’islam politique », le président
français Emmanuel Macron a du mal à
comprendre les critiques que lui oppose
la presse américaine.
Dans un article publié par le New York
Times, il se plaint de ce qu’il
considère être la réticence de la presse
anglo-américaine à exprimer sa
solidarité dans une «République
assiégée», accusant ces médias de
«légitimer ces violences» et de
qualifier la France de «raciste et
islamophobe».
Dans ces médias
américains, les attentats s’expliquent
en gros par les échecs de la politique
française envers les Musulmans, plutôt
que par la menace terroriste mondiale.
Une analyse où prévalent les facteurs
internes aux causes externes de cette
crise.
Il est vrai que
c’est surtout en France que la question
de l’islam et des musulmans est la plus
conflictuelle. Ce qui n’est pas le cas
aux Etats-Unis, pourtant pays mutli
ethnique et multi communautaire avec une
importante communauté musulmane. C’est
en suivant une politique tolérante
envers le phénomène religieux, toutes
tendances confondues d’ailleurs, qu’ils
ont été généralement épargnés des actes
terroristes jihadistes pour la simple
raison qu’ils ne lui fournissent pas le
terreau qui leur permet d’y pulluler.
Quand bien même leur territoire a été
l’objet de la plus grande attaque
terroriste de l’histoire perpétrée par
des éléments qaïdistes wahhabites venus
de l’extérieur. Ils ont su tourner cette
page sans continuellement stigmatiser
leurs Musulmans.
Les propos de M.
Macron dévoilent cette incompréhension
qui est elle-même la source de
l’exacerbation de cette crise et la
cause des soubresauts islamistes
violents qui en découlent.
«Et quand je vois,
dans ce contexte, de nombreux journaux
qui je pense viennent de pays qui
partagent nos valeurs, qui écrivent dans
un pays qui est l’enfant naturel des
Lumières et de la Révolution Française,
et qui légitiment ces violences, qui
disent que le cœur du problème, c’est
que la France est raciste et
islamophobe, je dis: les fondamentaux
sont perdus», enchaîne le Président.
Autre amalgame chez
le président français : les médias
américains ne légitiment pas la violence
mais l’attribuent aux égarements de la
politique française dans le traitement
de cette question et non au terrorisme
mondial.
Un amalgame qui
reflète le gros problème dans la
mentalité de cette classe dominante : un
ethnocentrisme qui n’arrive pas à
concevoir que c’est cette laïcité
exercée à l’état féroce, c’est-à-dire
aux relents éliminateurs des différences
culturelles et religieuses qui est la
cause essentielle aux problèmes de la
France avec ses Musulmans. Elle
est d’autant plus insidieuse qu’elle les
stigmatise beaucoup plus les autres
communautés, attisant davantage
leur frustration.
S’y ajoute une
certaine perception arrogante qui place
« l’enfant naturel des Lumières et de la
Révolution Française » au dessus de tout
soupcon.
Au lieu de
comprendre cette perception, le chef de
l’Etat français préfère s’abriter dans
une plaidoirie victimaire en estimant
que «la laïcité à la française n’est pas
comprise », l’incluant dans sa devise
historique sur « la séparation entre
l’Etat et l’Eglise ».
Il est vrai que
cette nécessité ne semble pas non plus
intéresser les Etats-Unis où le paysage
politique grouille de tout.
Il est vrai aussi
que la démocratie américaine a pu
accepter une députée voilée dans sa plus
grande instance politique, le Congrès,
Mme Ilhan Omar. Ce qui parait impensable
dans la France actuelle.
Les opinions des
médias américains ne sont pas une
nouveauté en soi.
L’ex-président américain démocrate
Barack Obama avait lors des attaques
contre Charlie Hebdo fustigé cette
politique française, qui n’arrive pas à
s’adapter à la présence de ses
Musulmans, contre lesquels la classe
dominante française s’insurge.
Entrainant derrière elle une opinion
publique pas entièrement conquise à ses
thèses alarmistes, mais apeurée
par les campagnes médiatiques
frénétiques insidieusement islamophobes.
Caractéristique
distinctive de cette politique que l’on
retrouve une fois de plus, après les
deux récents attentats terroristes
perpétrés en France : elle s’engouffre
dans un amalgame entre pratique
religieuse de la vie courante, comme le
voile pour les femmes, la non absorption
d’alcool, l’observation de la nourriture
halal, l’observation de la prière
individuelle ou en groupe, du jeûne du
mois de Ramadan, de la non mixité.
Pratique qui relève du choix individuel
défendu par le principe de la liberté du
culte… Et entre l’islam politique lequel
lui-même est sujet aux amalgames
français qui ne sauraient distinguer
entre ses thèses et ses expériences
pacifistes et ses dérives terroristes.
Pour rappel, son
ministre de l’intérieur Gérard Darmarin
a proposé un projet de loi au Conseil de
l’Etat pour interdire aux patients de
refuser de se soigner par une femme.
Elle vise certains musulmans pratiquants
qui observent la non-mixité. Quand bien
même on pourrait protester ce choix, il
n’en relève pas moins de la liberté du
choix garanti par le ministère français
de la Santé, et n’a surtout rien à voir
avec l’islam politique. Ce sont des
mesures pareilles qui crispent davantage
les Musulmans et fournissent un
environnement favorable aux plus
extrémistes.
Et dans une
illustration encore plus gravissime des
égarements de la mentalité de la classe
dominante en France, M. Darmarin propose
dans son projet de loi de sanctionner
ces personnes de 5 années de prison ou
de 72 mille Euros d’amende.
C’est dire à quel
point cette proposition dénigre l’un des
principes fondamentaux de la notion de
la Justice française : la
proportionnalité entre le crime et le
châtiment.
Élément clé de « De l’Esprit de lois »
ouvrage qui a contribué à établir les
fondements de la démocratie en France
avant la Révolution française, son
auteur le philosophe et écrivain
français des Lumières Montesquieu doit
se retourner dans sa tombe. « La
sévérité des peines diminue ou augmente
selon que le peuple possède plus ou
moins de liberté », avait-t-il écrit.
La France est hélas
en train de trahir ses valeurs. Elle ne
le voit pas. Mais tout le monde le voit.
Source :
Divers
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