Al Manar
Le Liban veut-il vraiment s’armer auprès
des Russes?
Leila Mazboudi
Jeudi 14 septembre 2017
La proposition faite par le Premier
ministre libanais Saad Hariri en visite
en Russie d’importer des armements
russes n’a rien d’une nouveauté. En
février 2010, avait eu lieu la
conclusion d’un accord de coopération
militaire et technique entre le Liban et
la Russie avait qu’il ne soit entériné
par le gouvernement libanais en novembre
2012.
Comprenant 10 articles, il stipulait que
le Liban importe des armements et de
l’arsenal de combat de la Russie
laquelle devrait garantir leur
fonctionnement et leur réparation. Y
sont également évoquées la contribution
russe pour l’édification d’installations
militaires et la formation d’experts
dans des instituts d’enseignement et de
formation qui puissent prendre en
considération les besoins des deux
protagonistes.
Mais son
application n’a jamais vu le jour.
Et pour cause, il
est bloqué, quoique la majeure partie de
la procédure à suivre pour sa
ratification ait été réalisée.
En 2012, il a été
transmis au Parlement libanais où sa
première clause aurait du être
modifiée et une clause supplémentaire
aurait du lui être ajoutée, stipulant
que « la Russie doit offrir l’aide
militaire et technique », au Liban.
Il est passé par la
commission des affaires étrangères et
des immigrés, puis par celle de la
Défense et des mairies, où il a été
ratifié.
Depuis mai 2012, il
se trouve bloqué dans les tiroirs de la
commission du budget, d’où il aurait du
être dépêché à l’Assemblée générale,
pour y être voté. Il n’a jamais été
inscrit à l’ordre du jour.
« Il y a une grande
décision entre les Etats-Unis, la Grande
Bretagne et la France pour que l’armée
libanaise reste sous la soutane de
l’occident », explique le journal
libanais al-Akhbar. Manifestement, le
but en est de préserver la supériorité
militaire de l’entité sioniste, en terme
surtout de force aérienne et
d’artillerie lourde.
Dès lors, tout est
fait pour interdire à n’importe quel
acteur international ou régional
d’équiper l’armée libanaise.
Wikileaks a révélé
comment les Etats-Unis ont menacé de
couper leur aide au cas où le Liban
acceptait une aide militaire russe.
En effet, en 2008,
Moscou avait fait part de sa disposition
à livrer au Liban des Mig-29, ou six
hélicoptères de combat, ainsi qu’une
brigade de chars relativement modernes.
Et lorsque l’Iran a
proposé de faire de même, en 2013, c’est
l’Arabie saoudite qui s’est jetée de
l’avant, proposant sa fameuse somme
copieuse de trois milliards de dollars
d’aides à l’armée libanaise en armes
françaises. Puis elle s’est rétractée.
Une bonne partie de
la classe politique libanaise semble
jouer le jeu des occidentaux et de leurs
alliés des monarchies arabes, pour
empêcher une diversification des sources
d’armements de l’armée libanaise. Bien
sûr tout en se gardant de l’avouer
ouvertement.
Le Premier ministre
libanais Saad Hariri ne devrait pas
faire exception à la règle. Plus que
quiconque, il sait le rejet occidental à
sa proposition russe et ne saurait le
repousser. De quoi rendre légitime la
question sur les visées réelles de sa
visite russe.
Elle intervient
après celle du ministre des Affaires
étrangères saoudien, Adel Al-Jubeir.
Laquelle intervient après celle du
Premier ministre israélien.
Devenu un acteur
incontournable au Moyen-Orient, Moscou
semble être convoitée aussi pour sa
collaboration scellée avec Téhéran.
Toute tentative de l’approcher ne
saurait se discerner de la volonté de
l’en écarter.
Avec Al-Akhbar.
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