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Les faux-semblants du retrait américain
d’Irak,
et l’histoire des 70 m$ pour
faire chanter les Irakiens
Leila Mazboudi
Vendredi 11 septembre 2020 La décision prise
récemment par l’administration
américaine de baisser ses effectifs
militaires en Irak de 5.200 jusqu’à
3.000 soldats ne peut être prise au
sérieux.
Elle pourrait
n’être qu’un faux-semblant -parmi tant
d’autres- destiné à tromper l’opinion
publique irakienne et les partis qui
réclament le départ de toutes les forces
étrangères de la coalition
internationale depuis l’assassinat dans
un raid américain du dirigeant du Hachd
al-Chaabi Abou Mahdi al-Mohandes au côté
du général iranien Qassem Souleimani.
Dans les
déclarations des responsables
américains, lorsqu’ils évoquent ce
retrait, ils préfèrent le lier à la
lutte contre Daech. Il faut rappeler que
c’est la résurgence en Irak de ce
groupuscule jihadiste takfiriste, dont
la doctrine s’inspire du wahhabisme
saoudien, qui a été l’alibi pour le
retour des forces américaines, après
avoir été contraintes de s’en retirer en
2009, à la demande du Premier ministre
irakien de l’époque Nouri Al-Maliki.
En outre, à aucun
moment, ces responsables américains
n’affichent vouloir exécuter la volonté
des députés et des centaines de milliers
d’irakiens qui ont réclamé ce retrait.
D’autre part, ils
ne parlent que d’un retrait partiel et
non total. En deux jours d’intervalle,
le chiffre de ceux qui devraient rester
en Irak a fait l’objet de deux versions
: celle du général Kenneth McKenzie,
chef du commandement militaire américain
au Moyen-Orient, tablé à 3.000. Et celle
du président Donald Trump qui le fixe à
2.000.
Même en Afghanistan, le retrait total
est exclu, le nombre des militaires
américains devant passer de 8.600 à
moins de 5.000.
A noter que la
première réaction américaine lorsque le
parlement irakien a voté à la majorité
cette résolution a été de saper sa
légitimité sous prétexte qu’elle n’a pas
été prise à l’unanimité. Les députés
kurdes s’étant abstenus de faire part au
vote.
Or cette logique
est maintenant véhiculée par certains
acteurs politiques irakiens, dont le
conseiller du Premier ministre Moustafa
al-Kazimi, Daoud Hachem, rapportent les
observateurs irakiens avisés. Ces
derniers constatent que les Américains
font dire à leurs subordonnés locaux
leurs propres desseins, chaque fois que
leur diktat est contesté.
En plus de celui du
Kurdistan d’Irak, les Etats-Unis
seraient en train de mettre sur pied un
bloc parlementaire qui leur serait
fidèle, ont révélé ces sources sous le
couvert de l’anonymat pour le site web
de la télévision iranienne arabophone
al-Alam. Et ce sont les Emirats arabes
unis qui vont être chargés de le
soutenir financièrement.
Faute de quoi,
Washington pourrait avoir recours aux 70
milliards de dollars des fonds irakiens
bloqués par les Etats-Unis dans le
compte bancaire de la banque fédérale,
et qui ne peuvent être restitués à
l’État irakien que selon ses conditions.
Fondé en 2003, ce fond est
l’accumulation des rentrées pétrolières
irakiennes qui auraient dû être
transférées à Bagdad, mais qui ne l’ont
jamais été. Pour des raisons inconnues.
Depuis, ce sont les Américains qui
décident le montant à accorder au
gouvernement irakien, pour payer les
salaires des employés de la fonction
publique ou des dépenses publiques.
« C’est l’une des causes principales qui
freinent la reconstruction de l’Irak
durant ces 17 dernières années »,
assurent ces sources.
Ayant demandé le
transfert de 5 milliards de dollars lors
de sa récente visite à Washington, le
Premier ministre Moustafa al-Kazimi
s’est vu afficher une fin de
non-recevoir de la part de
l’administration américaine. Elle lui a
en revanche proposé 13 milliards, à
condition qu’ils soient dépensés là où
elle le précise.
Et Trump a menacé
de les bloquer si le gouvernement
irakien insiste pour le retrait des
troupes américaines, assurent ces
sources irakiennes.
Il faut croire que
c’est là que réside la réelle position
américaine, que les déclarations du
président américain ne sauraient
occulter, en arguant vouloir retirer les
troupes américaines de ce pays. Des
allégations qui s’inscrivent aussi dans
le cadre de ses promesses aux visées
électorales, en cette période proche de
l’échéance présidentielle , où sa
réélection est sérieusement compromise.
Ces promesses qui
rappellent celles de 2016, vu qu’elles
répondent aux aspirations des
contribuables américains qui payent de
leurs poches et de leur niveau de vie
les coûts de ces guerres, alors que
c’est leur élite économique et
financière qui en rafle les bénéfices,
n’ont jamais vu le jour !
Dans ce genre de
manipulations mensongères, force est de
constater qu’elles trompent aussi bien
l’opinion publique irakienne
qu’américaine.
Comme lorsque la porte-parole de la
Maison Blanche veut faire croire que
Trump « veut mettre fin à une lignée de
présidents américains qui pendant 39 ans
ont soit déclaré une guerre soit
impliqué les Etats-Unis dans un conflit
international armé ».
Ou d’adosser la responsabilité de la
non-exécution de ses promesses au
Pentagone et aux entreprises américaines
de fabrication d’armements.
«Les
hauts-responsables du Pentagone ne
veulent rien faire d’autre que mener des
guerres pour que toutes ces
merveilleuses entreprises qui fabriquent
les bombes, les avions et tout le reste,
restent en bonne santé», a déclaré Trump
lors d’un discours électoral, le 7
septembre. Sans expliquer comment se
fait-il que durant son mandat il n’a pas
jugulé les velléités des uns et des
autres.
Face à ce double
langage sournois, reste à savoir si les
électeurs américains vont lui
accorder, le mois de novembre prochain,
leur confiance. Mais pour les Irakiens,
le doute l’emporte, et le choix semble
être décisif. Leurs opérations de
résistance contre les troupes
américaines se poursuivent.
Source:
Divers
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