Al
Manar
Haniyeh n’ira pas à Moscou… A qui la
faute ?
Leila Mazboudi
Vendredi 11 janvier 2019
Ajournée ou annulée, la visite du chef
du bureau politique du Hamas Ismail
Haniyeh à Moscou n’aura pas lieu le 15
de ce mois-ci.
C’est la Russie qui en a décidé ainsi.
Et pourtant c’était elle qui l’avait
organisée, en invitant aussi le
mouvement Fatah. Elle voulait parrainer
des tractations entre les deux
mouvements palestiniens pour
promouvoir la réconciliation inter
palestinienne, laquelle trébuche depuis
plus de 10 ans.
Côté palestinien,
le Hamas préfère mettre de l’avant que
la visite a été reportée. D’autant que
la sortie de M. Haniyeh de la bande de
Gaza avait été empêchée par la fermeture
du passage de Rafah, seul voie
communication des Palestiniens entassés
dans cette enclave avec le monde
extérieur.
« L’ajournement de la visite de Haniyeh
en Russie est dû aux préoccupations du
ministre des Affaires étrangères russe,
lequel veille néanmoins à ce qu’elle ait
lieu ultérieurement », a expliqué Moussa
Abou Marzouk, un dirigeant du Hamas.
S’en tenant à la version russe
diplomatique.
Mais pour
l’Autorité palestinienne, cet
ajournement intervenu à la demande de la
Russie, qui « s’est excusé d’accueillir
la délégation du Hamas pour le moment,
réclamant que la visite ait lieu plus
tard », a été à l’origine, une demande
palestinienne, d’après son ambassadeur
dans la capitale russe Abdel Hafiz
Nawfal. Ce dernier faisait sans doute
référence aux réticences de l’AP à
l’encontre de l’initiative russe, au
motif qu’il faut prendre en compte «la
difficulté de la situation dans la
région ».
Les médias
israéliens étant eux aussi intervenus
dans cette affaire insistent pour dire
qu’elle a été annulée une fois pour
toute. Citant une source proche du chef
de l’AP, Mahmoud Abbas, ces médias
attribuent cette annulation aussi bien à
la pression israélienne qu’à celle de
l’AP.
D’ailleurs, Moscou les accusés tous les
deux d’avoir torpillé cette visite,
comme l’indique le communiqué du
ministère russe des Affaires étrangères.
Il est vrai que les
deux protagonistes israélien et AP
pourraient être lésés par la visite du
dirigeant du Hamas à Moscou. Pour le
premier, il s’agit d’une légitimation de
ce mouvement de résistance qu’il oeuvre
d’arrache-pied pour le diaboliser. Sans
oublier que Tel Aviv a tout fait pour
exclure tous les acteurs internationaux,
exceptés les USA, du conflit
israélo-palestinien. Alors que pour
l’Autorité palestinienne, l’invitation
du Hamas est une reconnaissance de son
influence, alors qu’elle tente de
l’affaiblir.
Interrogé par la
télévision libanaise al-Mayadeen, un
responsable du Hamas a assuré que son
mouvement n’a pas été informé que la
visite a été annulée, assurant qu’il
s’agit de « fuites sans aucun fondement
».
Même avis du correspondant de la
télévision libanaise al-Mayadeen, selon
lequel elle a été reportée en raison de
la fermeture du passage de Rafah.
Mais en même temps,
dans les milieux du Hamas dans la bande
de Gaza, on minimise la pression
israélienne pour empêcher cette visite.
« L’entité sioniste n’a rien à voir avec
les complications techniques de la
visite de Haniyeh à Moscou », a dit une
source de ce mouvement pour al-Mayadeen
TV.
A défaut, c’est
l’Autorité palestinienne qui en serait
l’instigatrice.
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