Al Manar
Ghouta-Khan Cheikhoun :
Y a-t-il un lien entre l’attaque
chimique d’Idleb
et les dernières positions américaines ?
Leila Mazboudi
Mardi 4 avril 2017
Chaque fois qu’il y a une attaque
chimique en Syrie d’envergure, il faut à
tout prix ramener à l’esprit l’attaque
chimique de la Ghouta orientale en 2013
et scruter la conjoncture dans laquelle
elle intervient.
Plus que toute
autre attaque, celle de Khan Cheikhoun à
Idleb qui a causé ce mardi la mort de 58
personnes au moins dont 11 enfants,
nécessite cette précaution.
Dans ce pays en
proie depuis 7 années à une guerre
internationale, dans le but de renverser
son régime, pilier de l’axe de la
Résistance au Moyen Orient, toutes les
horreurs ont été utilisées. Dont celles
la plus infâme est sans aucun doute
lorsqu’elles sont conjuguées à un
mensonge éhonté. La crise syrienne
regorge de crimes commis par les
rebelles syriens et dont la
responsabilité a été attribuée au
pouvoir syrien, dans le but de le
diaboliser et de ternir son image.
Mais plus jamais la
dernière attaque s’inscrit dans une
conjoncture qui désinculpe le pouvoir,
et inversement suspecte ses adversaires.
Et pour cause :
Du côté du pouvoir
syrien, son arsenal chimique a été
démantelé et transféré en dehors du pays
depuis 2014. Alors que ce n’est pas le
cas avec le front al-Nosra, branche
d’Al-Qaïda en Syrie, lequel contrôle
cette localité d’Idleb dans le cadre de
la coalition de rebelles baptisée Hayat-
Fateh al-Cham et qui détient aussi des
agents chimiques.
De plus, il n’a pas
besoin de recourir à un tel armement
dans sa lutte contre les groupes
terroristes, d’autant plus qu’il se sait
très bien sous la supervision de
plusieurs acteurs internationaux et
régionaux prêts à le massacrer dans les
instances internationales. Alors que le
contraire n’est pas du tout vrai : les
cas qui impliquent les rebelles et
l’opposition ne sont jamais stigmatisés.
De plus, et c’est
l’essentiel, la conjoncture actuelle
aussi bien sur le terrain qu’au niveau
politique lui est nettement favorable.
Militairement, dans
la foulée de la reconquête d’Alep, ses
offensives dans la province nord-est
d’Alep, et la province nord de Hama,
réalisent des avancées importantes.
Et politiquement,
et c’est là que culmine son avantage :
la nouvelle administration américaine
vient de prendre une position mémorable,
en affichant ne pas du tout être
intéressée par le renversement du
président syrien. Comme l’ont déclaré
haut et fort la semaine passée aussi
bien le secrétaire d’Etat pour les AE,
Rex Tillerson et la représentante des
Etats-Unis aux Nations Unies.
Et il est même
question d’un message envoyé par le
président américain Donald Trump au
président Bachar al-Assad, via la
sénatrice démocrate Tulsi Gabbard, dans
le but de coordonner les efforts dans la
lutte contre les jihadistes takfiristes
: désormais première priorité de la
nouvelle administration américaine.
Ce qui reflète un
bouleversement majeur dans la politique
américaine, laquelle ne répugne plus de
dialoguer avec le pouvoir syrien et
consacre sa légitimité internationale.
Or c’est là que le
mât blesse pour les adversaires du
pouvoir syrien.
Les mêmes raisons
qui écartent la thèse de l’implication
des forces syriennes dans cette attaque
justifient son attribution aux groupes
terroristes, de concert avec leurs
alliés et sponsors régionaux et
internationaux.
Ils ont un
précédent inoubliable : celui de
l’attaque de la Ghouta orientale en
2013, laquelle avait couté la vie à des
centaines de civils.
Elle avait été
perpétrée lors de l’arrivée d’une
délégation onusienne en Syrie, chargée
d’enquêter sur des attaques chimiques
commises dans plusieurs régions, mais
surtout quelques jours après la mise en
garde de l’ex-président américain Barack
Obama d’intervenir directement en Syrie
au cas où le régime utilisait des armes
chimiques. Chose que les rebelles et
leurs sponsors régionaux et
internationaux ambitionnaient coûte que
coûte.
La réaction de ces
derniers rappelle fortement leurs
réactions en 2013.
Accusations
frénétiques contre le pouvoir syrien de
la part des capitales occidentales et
régionales concernées par la guerre
contre la Syrie : Paris, Londres et
Ankara en tête. Lesquelles ne prennent
nullement en compte les dénis syriens.
Ni russes cette fois-ci.
Exploitation
mesquine en grandes pompes de la
tragédie par des opposants à l’étranger.
Ceci s’est visiblement manifesté lors de
la conférence internationale sur
l’avenir de la Syrie – autre élément de
la conjoncture actuelle- réunie ce
mercredi à Bruxelles lorsque Diaeddin
al-Zamel, un travailleur pour l’Union
des organisations syriennes de secours
et soins médicaux (UOSSM), une ONG basée
en France, a été le premier à informer
les autres participants, venus de 60
pays. Usant de toute une mise en scène
sur « des images sinistres de cadavres,
dont beaucoup d’enfants, les yeux noirs
grands ouverts. Mais sans vie ».
Loin de cette mise
en scène macabre, aux dépens du sang du
peuple syrien, comme lors de l’attaque
de la Ghouta, il est bien clair que
c’est la position américaine qui est
dans le collimateur de l’attaque d’Idleb.
En 2013, Obama
avait fini par suspecter la version de
l’opposition des faits et
s’est abstenu de toute frappe militaire,
se contentant de réclamer le
démantèlement de l’arsenal chimique
syrien.
Cette fois-ci, il
faudrait attendre la position de Donald
Trump . Les Russes aussi ne devraient
pas tarder à interférer.
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