Al Manar
Les oppositions syriennes peinent à
s’unifier.
Moscou accuse le groupe de Riyad.
Les groupes armés veulent la part de
lion
Leila Mazboudi
Jeudi 2 mars 2017
L’opposition syrienne a de nouveau
prouvé qu’elle est plutôt des
oppositions, terme apprécié par
l’ambassadeur de la Syrie à l’ONU Bachar
al-Jaafari, tant elle peine à s’unifier.
Au bout de six jours de tractations
ardues, qui ont frisé l’absurde
lorsqu’elles ont achoppé sur le terme à
choisir, entre l’union et l’unification,
aucune lueur d’espoir ne se profile.
Refus
d’égalité
Ce jeudi, Moscou a accusé la branche
pro saoudienne de l’opposition syrienne
de chercher à « saboter » les
pourparlers de paix entamés à Genève le
23 février mais qui piétinent depuis.
« Le Haut comité des négociations
(HCN) refuse de collaborer à niveau égal
avec le groupe de Moscou et le groupe du
Caire et sabote de facto le dialogue
tant avec la délégation du pouvoir
qu’avec les autres groupes de
l’opposition », a déclaré la
porte-parole du ministère russe des
Affaires étrangères, Maria Zakharova.
L’AFP estime que les groupes dits du
Caire et de Moscou sont des opposants
syriens considérés comme proches de la
Russie. Mais l’agence française ne fait
pas remarquer que le HCN connu aussi
sous l’appellation du groupe de Riyad
est très proche du royaume wahhabite.
Groupe de Riyad: la
transition politique d’abord
Le groupe de Riyad souhaite aborder
les questions relatives à la transition
politique, alors que le régime veut
prioritairement parler de la lutte
contre le terrorisme, constate l’AFP.
C’est aussi l’une des questions
litigieuses et qui a trait à l’ordre
des thèmes à soulever et qui fait
piétiner les tractations.
Damas insiste à tout prix pour que la
lutte contre le terrorisme soit en tête.
« Nous ne sous sommes pas étonnés par
le refus du président et des membres de
l’opposition de Riyad d’inscrire la
question de la lutte contre le
terrorisme sur l’ordre de jour des
pourparlers inter-syriens de Genève,
parce qu’une partie de cette opposition
comprend des groupes terroristes, dont
certains combattent aux côtés des forces
turques qui envahissent nos territoires
au nord, alors que d’autres sont dirigés
par Israël », a fait noter M. Jaafari
lors de sa conférence de presse ce
jeudi.
« Certains sont en cheville avec
Israël, ce qui représente la pire forme
de trahison, d’autres avec les
Saoudiens, d’autres avec les Turcs. Le
tout pour combattre leurs compatriotes.
Ces groupes ne sont pas indépendants, et
nous les considérerons comme terroristes
jusqu’à preuve du contraire », a-t-il
ajouté sans citer les noms des groupes
en question.
Appel à l’aide US
Groupe de
Riyad de l’opposition syrienne
Auparavant, le chef des négociateurs
de ce groupe à Genève, Nasr al-Hariri,
avait appelé le président américain
Donald Trump à jouer un « rôle
constructif » dans la recherche d’une
solution politique au conflit, et à
corriger « les erreurs catastrophiques »
de l’administration Obama.
« Nous payons le prix des erreurs
catastrophiques d’Obama, qui a menti au
peuple syrien, qui n’a jamais tenu ses
promesses, qui a dressé des lignes
rouges et les a effacées… », a accusé le
responsable de l’opposition.
« Je pense qu’il est temps pour le
président Trump de penser à adopter une
réelle stratégie pour un processus
politique » afin de régler le conflit
syrien, a-t-il poursuivi.
« Nous avons des intérêts communs, la
lutte contre le terrorisme et
l’endiguement de l’influence iranienne »
en Syrie. « Nous voulons dire à
l’administration américaine que nous
sommes ceux qui travaillent pour la paix
et la sécurité en Syrie. Nous sommes le
vrai partenaire dans la lutte contre le
terrorisme sur le terrain », a-t-il
prétendu.
Groupe de Moscou: les
puissances internationales veulent faire
perdurer le terrorisme
Pour le groupe de Moscou, dont une
délégation est également présente dans
la capitale helvétique, « toutes les
questions devraient être abordées en
parallèle, les unes aux autres, et non
pas successivement, la question du
terrorisme étant bien sérieuse devant
être discutée de par son lien avec les
autres questions », comme l’a expliqué
son chef Hamza Mounzer.
« La question du terrorisme est une
affaire extrêmement grave et à laquelle
participent des puissances
internationales qui voudraient le faire
perdurer, d’où la nécessité de le
stopper », avait-il insisté auparavant,
selon la télévision al-Mayadeen TV.
Selon lui, les rencontres que sa
délégation a réalisées ces dernières
jours durant la conférence sont d’une
grande importance, que ce soit avec le
vice-ministre russe des Affaires
étrangères Guinadi ou avec la délégation
iranienne ou autre.
Les groupes armés veulent la
part de lion
Une autre source de discorde subsiste
et n’a rien à voir avec l’agenda de la
rencontre: elle provient des
représentants des groupes armés à
l’adresse du HCN en particulier.
Selon la télévision al-Mayadeen, les
premiers ont envoyé un message au
second, en l’occurrence le groupe de
Riyad, lui faisant part qu’il leur
revient la moitié des sièges de la
délégation de l’opposition.
« C’est nous qui combattons sur le
terrain, qui mourrons et qui sommes
arrêtés. Alors que vous autres vous
promenez d’un hôtel à l’autre et par
conséquent la réelle représentativité de
l’opposition devrait nous revenir »,
est-il aussi écrit dans ce message.
Selon al-Mayadeen, cette note a mis
hors de lui le coordinateur du HCN, Riad
Hijab, qui a tout de suite convoqué une
réunion dans la capitale saoudienne,
pour la fin de la semaine en cours, afin
de discuter de tous les détails pour une
délégation unie.
Le plan B: une délégation
tripartite
Comme les tractations en cours à
Genève, portant principalement sur la
formation d’une délégation unifiée de
l’opposition n’ont pas abouti, les
Russes auraient en coopération avec les
Turcs et l’Onu élaboré un plan B, lequel
consistera à former une délégation
tripartite.
La première partie pourrait
comprendre les groupes armés qui ont
participé à la rencontre d’Astana et
auxquels pourraient se rallier d’autres
groupes armes opérant dans le sud
syrien, et parrainés par la Jordanie.
Quant à la deuxième partie, elle
pourrait englober les groupes de Moscou,
du Caire, ainsi que le Comité de
coordination présidé par Hassan Abdel
Azim, et qui jusque là faisait partie du
HCN.
Alors que ce dernier devrait former
la troisième partie, au côté de la
coalition de l’opposition syrienne.
Source: Divers
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