Al
Manar
Après le Qatar, le sultanat d’Oman sur
le point
de subir l’opprobre de l’Arabie saoudite
Leila Mazboudi
Lundi 1er octobre 2018
Fidèle à sa politique d’emprise totale
sur le monde arabe en général et les
pays du Golfe en particulier, l’Arabie
saoudite semble foncer droit vers un
autre membre du Conseil de coopération
des pays du Golfe, le sultanat d’Oman.
La discorde se profile déjà par médias
interposés, première étape avant
d’impliquer les niveaux politiques
supérieurs.
Elle a été
déclenchée par le rédacteur en chef du
journal pro régime saoudien, Ar-Riadh,
Sami Al-Othman. Au lendemain de
l’annonce faite par Mohamad Abdel Salam,
le dirigeant de l’organisation yéménite
Ansarullah que son celle-ci a bombardé
l’aéroport de Dubaï, via un drone de
type Samad-3, M. Othmane s’est offusqué.
D’autant que cette déclaration avait été
faite depuis la capitale omanaise.
« Depuis Mascate,
ce morveux de terroriste houthi et
porte-parole du projet perse houthi au
Yémen écrit sur sa page Twitter que
l’armement aérien téléguidé a exécuté la
deuxième attaque du genre en un mois
contre l’aéroport de Dubaï ! Bien sûr
qu’il parle de la superpuissance houthie
! Les voyants sont des menteurs même
quand ils parlent juste. Dubaï est plus
loin pour les cochons que les étoiles du
ciel », a-t-il tweeté, rapporte le site
d’information arabe en ligne Watan Serb.
Critiquant le fait
que le sultanat omanais ait permis au
responsable yéménite de donner cette
déclaration hostile au Emirats arabes
unis (EAU) depuis son sol, le
journaliste saoudien a tenté de ne pas
forcer la dose contre le sultanat. Il
l’a mis sur le compte des responsables
omanais, épargnant le sultan Qabous.
Première étape
aussi, dans la campagne menée contre
Oman.
« Il semble que Sultan Qabous, que Dieu
le sauvegarde, n’est pas au courant que
certains de ses responsables soutiennent
les terroristes houthis et leur
facilitent la tache terroriste
d’éliminer le peuple yéménite. Sinon
comment aurait-il permis au cochon du
projet perse Mohamad Abdel Salam de
parler au nom du projet perse houthi
depuis le siège de son séjour presque
permanent à Mascate, pour attaque les
EAU », a-t-il ajouté.
M. Othmane avait
auparavant critiqué Oman, sous prétexte
qu’elle accorde son soutien à Ansarullah,
parce qu’elle permit à ses responsables
de prendre un avion omanais pour se
rendre à Genève, et participer aux
négociations parrainées par l’Onu.
« Il s’agit d’une déclaration de guerre
contre les pays du Golfe arabe », a-t-il
averti.
Selon le site Watan
Serb, cette campagne saoudienne hostile
à Mascate intervient deux jours après le
discours du ministre omanais des
Affaires étrangères Youssef Ben Alawi
devant l’Assemblée générale des Nations
unies. Il avait alors assuré que les
issues terrestres, aériennes et
maritimes de son pays resteront ouvertes
devant les yéménites, après avoir
déploré la détérioration de la
conjoncture humanitaire et économique de
ce pays.
Le journal yéménite
pro saoudien « Al-Machhad al-Yamani »
(La scène yéménite) avait pour sa part
fait état d’« un renversement sans
précédent dans la politique omanaise »
sur le dossier yéménite.
« Un nouveau rôle omanais s’impose dans
les provinces (yéménites, ndlr) libérées
en particulier, en soutenant des
personnalités politiques et tribales
hostiles à la coalition arabe et au
gouvernement légitime », avait écrit ce
quotidien proche du président
démissionnaire contesté Abed Rabbo
Mansour Hadi et de la coalition.
Il faisait allusion
entre autre aux rencontres qu’un
ex-ministre yéménite vivant à Mascate,
Ahmad Hussein, avait réalisées avec des
chefs de tribus, des notables et des
dirigeant locaux yéménites pour les
pousser à prendre position contre la
coalition arabe et à « lui imputer la
responsabilité des dommages causés par
le coup d’état houthi », selon les
termes du journal pro saoudien.
Citant des sources
non identifiées, le journal accuse « les
dirigeants omanais de pousser les
responsables yéménites qui vivent sur
leur sol ou d’autres vivant à l’étranger
de jouer un rôle en faveur des milices
houthies, directement ou indirectement
», rapporte l’agence russe Sputnik.
Plus est-il que le régime saoudien
grogne le fait qu’Oman accueille chez
elle le dirigeant yéménite du sud,
Hassan Baoum, (photo à gauche) connu
pour ses affinités avec l’Iran et le
Qatar.
Riad semble ne plus
supporter la politique neutre que le
Sultanat d’Oman a toujours suivi, sur
plus d’un dossier, fondée sur sa
démarcation des axes régionaux en place.
Elle voit d’un mauvais œil aussi bien le
refus de Mascate de rejoindre la
coalition arabe qu’elle mène contre le
Yémen en 2015, que son parrainage des
négociations en cours entre les
différentes forces yéménites, dont
Ansarullah, pour lui mettre fin.
Auparavant, elle
lui en a voulu aussi d’avoir accueilli
les premiers contacts entre
l’administration américaine de Barak
Obama et le gouvernement iranien, et qui
avaient alors débouché sur l’accord
nucléaire de 2015. Un accord dont
le sabotage lui a coûté bien cher.
Après le Qatar, le
tour est arrivé à Oman pour subir
l’opprobre du royaume wahhabite.
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Le
dossier Arabie saoudite
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