Opinion
« L'homme de l'année 2013 » :
Le soldat syrien
Le Saqr

Jeudi 26 décembre 2013
Oui, je sais, ces histoires d’ « Homme
de l’année » sont absurdes. Mais lorsque
je vois les
choix pathétiques d’ « homme de
l’année » faits par les médias
institutionnels, je me dis que s’ils
ne sont même pas capables de faire un
boulot à peu près décent dans une tâche
assez facile, pourquoi ne pourrais-je
pas me faire plaisir et choisir mon
propre homme (ou ma propre femme) de
l’année ? Alors quoi qu’il en soit,
voilà mon choix.
Finaliste : Vladimir Poutine
Tout d’abord, j’ai pensé à désigner
Vladimir Poutine. C’est assez évident,
je dirais. Non seulement
il a arrêté les États-Unis dans leur
attaque planifiée contre la Syrie,
mais ce faisant, il a par là même
également empêché un
effet domino presque inévitable qui
aurait entraîné l’Iran puis peut-être
même la Russie. Tout au long de la
guerre syrienne, Poutine a fait preuve
d’une cohérence à toute épreuve dans la
défense de la primauté du droit
international et l’exigence qu’une
solution soit trouvée à travers des
négociations. Si nous considérons que
l’attaque américaine contre la
Yougoslavie au nom des guérilleros du
Kosovo a officiellement marqué la
mort du droit international, la
manœuvre russe pour arrêter l’attaque
des États-Unis quelques jours seulement
avant qu’elle soit lancée a marqué,
assez littéralement,
la résurrection du droit international.
Rien que pour cela, Poutine mérite le
Prix Nobel de la paix tandis qu’Obama
devrait se voir retirer le sien.
Poutine a également fermement résisté à
l’offre d’argent saoudienne visant à le
faire céder sur le problème syrien,
et même quand Bandar l’a menacé
d’attaques terroristes sur Sotchi,
Poutine a tenu bon. Lorsque Netanyahu
est arrivé à Moscou avec, au fond, les
mêmes exigences, Poutine l’a également
accueilli chaleureusement, il a beaucoup
souri, puis il l’a renvoyé chez lui les
mains vides.

Poutine a également fait un travail
absolument fabuleux dans sa lutte contre
la machine de propagande Anglo-sioniste
: il n’a pas cédé à la
campagne du lobby homo visant à
organiser une « Gay Pride » à Moscou,
et à la place, il a effectivement fait
passer une loi faisant de la propagande
en faveur de l’homosexualité auprès des
mineurs une infraction pénale. Il n’a
pas non plus cédé sur
la tristement célèbre affaire des « Pussy
Riot » – Amnesty International a
appelé ces créatures des
« prisonniers de conscience », mais
cela ne l’a pas empêché de les coller
exactement là où elles le méritaient :
dans un camp de travail en compagnie
d’autres petits délinquants. Poutine n’a
pas non plus cédé d’un millimètre aux
foules libérales qui ont tenté
d’organiser
un coup d’Etat coloré similaire à celui
qu’ils ont tenté plus tard sur la place
Maïdan à Kiev. Et lorsque les
intérêts pétroliers occidentaux ont
envoyé
les activistes de Greenpeace pour
essayer d’empêcher la Russie d’explorer
et d’exploiter son plateau arctique,
Poutine a montré qu’il n’avait pas non
plus l’intention de céder à ce genre de
pression, et au contraire,
il a fait en sorte que la Russie
développe les moyens et capacités de
défendre ses intérêts nationaux au pôle
Nord. Dernier point, mais non le
moindre, il a obtenu que deux de ses
plus redoutables adversaires (Berezovsky
et Khodorkovski) implorent sa
miséricorde (le premier a été tué pour
cela, et le second a quitté la Russie).
Tout cela a prouvé aux Anglo-sionistes
que la Russie n’était plus leur colonie
et que la Russie avait récupéré la
plupart, mais pas toute, sa
souveraineté. C’est une grande réussite
car pour la première fois depuis Février
1917, une Russie souveraine est
réapparue sur la carte du monde.
Et pourtant, je pense qu’il y a
quelqu’un qui mérite encore plus
d’éloges, et c’est lui que je vais
désigner comme mon « homme de l’année
2013 » :
L’Homme de l’année
2013 pour Le Saqr : Le soldat syrien
En termes simples – sans le courage
incroyable du soldat syrien, Poutine
n’aurait pas eu la possibilité de
maintenir sa position de principe sur la
Syrie tout simplement parce que la Syrie
aurait été renversée par les
mangeurs de foie wahhabites et il
n’y aurait plus eu de Syrie à défendre.
Pire encore, la « ligne de défense »
politique et militaire aurait été
déplacée à la frontière iranienne et
dans le golfe Persique. Quant au
Hezbollah, il aurait été confronté à un
environnement beaucoup plus dangereux,
coincé comme il aurait été entre les
sionistes d’une part et les singes
médiévaux des monarchies du Golfe et
leurs agents stipendiés au Liban.
Certes, l’armée syrienne a bien obtenu
de l’aide de l’Iran et du Hezbollah, et
probablement aussi de la Russie, mais
celle-là est restée largement secrète.
Pourtant, le soldat syrien était
littéralement la pierre angulaire de
toute la Résistance dans le Moyen-Orient
et si ce soldat syrien avait été vaincu
ou découragé, toute la Résistance aurait
beaucoup souffert.

Bien sûr, le soldat syrien a dû faire
preuve de courage pour lutter contre la
coalition internationale qui a réuni des
officiers occidentaux des forces
spéciales et des hordes wahhabites
meurtrières de tous les coins de la
planète. Mais il dut aussi faire preuve
d’un autre type de courage afin de ne
pas être découragé par les soi-disant «
Amis de la Syrie » qui se sont réunis
dans cette rencontre internationale sur
la manière d’écraser la Syrie. Il a
fallu un courage très spécial au soldat
syrien afin de ne pas être dégoûté et
amer quand il a vu la vague de trahisons
venant de partout dans le monde arabe et
musulman, en particulier de la part des
prostituées politiques du Hamas et
du reste des « intellectuels »
Palestiniens qui se sont mis
du côté de l’Oncle Sam et de son Empire.
Je peux seulement imaginer l’angoisse
ressentie par les soldats syriens quand
on leur a dit que la Russie, l’Iran et
le Hezbollah n’auraient rien à offrir de
plus que des mots, tandis que l’Occident
allait offrir de l’argent, des armes et
de l’entraînement à l’insurrection. Et
malgré tout, l’esprit combatif du soldat
syrien n’a pas été brisé, même lorsque
certains généraux syriens ont trahi
leurs collègues officiers et fait
défection vers leurs maîtres
occidentaux.
Et pourtant, d’une certaine manière,
même ceux qui veulent vraiment que le
peuple syrien soit libre semblent
considérer comme un acquis que l’armée
syrienne serait unie dans la lutte, sans
hésitation ou doute. Pourquoi ? Ce ne
sont pas des robots. Et je suis
absolument sûr que la plupart d’entre
eux sont tout à fait conscients du fait
que le régime syrien actuel est,
dirons-nous, moins-que-parfait, et que
les services de sécurité syriens ne sont
pas précisément bien-aimés par la grande
majorité de la population. À l’ère
d’Internet, je suis tout à fait
convaincu que la grande majorité des
Syriens sont pleinement conscients de
tous les aspects repoussants du régime
que Bachar al-Assad a hérité de son
père. Je suppose qu’ils se rendent
compte qu’on ne lui a tout simplement
pas donné le temps de mettre en œuvre
les réformes qu’il avait méditées dès
ses années au Royaume-Uni et qu’ils lui
ont pardonné sa gestion maladroite des
premiers stades de l’insurrection. Quoi
qu’il en soit, les soldats syriens
avaient beaucoup de raisons de douter et
de craindre qu’ils seraient balayés
comme le régime de Kadhafi. Et pourtant
ils ont tenu bon, durant une longue
période de deux ans et demi, et ils ont
tenu assez longtemps pour enfin
entrevoir au moins les grandes lignes
d’une fin possible à ce conflit.
À la fin de l’année 2013, les choses
ont vraiment l’air d’aller mieux qu’en
2012 ou en 2011 pour la Syrie, et même
si les Saoudiens
menacent désormais clairement de mener
une campagne terroriste, il est
désormais possible d’espérer que 2014
sera une année meilleure en comparaison
pour le peuple syrien.
Mention spéciale :
Hassan Nasrallah
Je dois mentionner une autre personne
qui a agi héroïquement en 2013 : Hassan
Nasrallah. À un moment où la grande
majorité du monde musulman et arabe
avait trahi le peuple syrien et s’était
essentiellement vendue aux Anglos, aux
sionistes et aux Wahhabites, Hassan
Nasrallah a pris la décision très
délicate de se tenir aux côtés du régime
syrien, même si je suis sûr qu’il avait
peu d’amour pour Assad ou sa marque de
baasisme. Nasrallah doit aussi avoir su
à quel point le régime syrien était
corrompu, qu’il était plein à craquer
d’agents de la CIA, du MI6, du Mossad et
de la DGSE ainsi que de fonctionnaires
tout simplement corrompus, et pourtant
il prit la bonne décision, très tôt, de
se tenir aux côtés de la Syrie et de son
Président moins-que-parfait. Et quand
les choses ont vraiment mal tourné,
Hassan Nasrallah a bien envoyé des
combattants du Hezbollah pour aider
l’armée syrienne, même si cela l’a mis
dans une situation politique délicate au
Liban. Quant aux combattants du
Hezbollah,
ils se sont comportés comme toujours
– d’une manière absolument
extraordinaire – et ils ont le rôle
crucial d’avoir renversé la tendance de
toute la guerre au cours de la bataille
d’Al-Qusayr.

La principale raison pour laquelle je
n’ai pas donné le titre d’ « Homme de
l’année » à Hassan Nasrallah est qu’il
serait plus digne du titre d’ « Homme de
la décennie ». Par ailleurs, pensez-y de
cette façon : début 2011, qui aurait pu
attendre de Hassan Nasrallah qu’il
agisse avec sagesse et héroïsme ? Tout
le monde, bien sûr. Mais qui se serait
attendu à ce que le soldat syrien montre
tant de courage et de force ? Pas
beaucoup de gens, je pense. Ce qui est
sûr, c’est que Hassan Nasrallah reste
l’un des dirigeants les plus populaires
au Moyen-Orient alors que très peu de
personnes rendent hommage au soldat
syrien, et c’est pourquoi j’ai décidé de
le désigner comme mon « Homme
(collectif) de l’année 2013 ».
Quels sont vos candidats ?
Le Saqr
Article original :
http://vineyardsaker.blogspot.fr/2013/12/sakers-man-of-year-2013-syrian-solider.html
Traduction :
http://www.sayed7asan.blogspot.fr
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